GHOST TRACK au Théâtre Claude Lévi-Strauss, Musée du Quai Branly (jeudi, 20 mars 2014)

 

iwan gunawan,kyai fatahillah,ghost track,leineroebana dance company,harijono roebanaAvant, hier soir, je ne connaissais pas encore le Théâtre Claude Lévi-Strauss. Heureuse découverte. Après avoir traversé les jardins du Musée du Quai Branly, il faut entrer dans l’enceinte du Musée et s’enfoncer dans ses entrailles. Ici, une salle de plus de 400 places propose des banquettes de cuir brun face à une large scène. Concerts, projections, conférences et spectacles, l’espace est très occupé, on y parle de singularité, de métissage, de tradition mais aussi de techniques contemporaines et de nouveaux langages. «Danse au Quai Branly» est donc une première approche, et GHOST TRACK de la «LeineRoebana Dance Company»  arrive en ouverture de ce cycle printanier.

Harijono Roebana et Leine Andrea dirigent cette compagnie de danse néerlandaise. Les origines indonésiennes du chorégraphe Harijono Roebana ont trouvé leur écho au travail du compositeur indonésien Iwan Gunawan, directeur de l’ensemble de gamelan contemporain et de l’ensemble Kyai Fatahillah.

Cinq danseurs néerlandais et trois danseurs indonésiens confondent leur maîtrise du geste, soutenus par sept musiciens indonésiens entourés par leurs instruments traditionnels. L’ensemble est une réussite. Les musiciens entament chants sensuels, cris étranges, percussions envoûtantes et mélodies suaves selon d’astucieux mélanges, la musique contemporaine puise sans détour dans le répertoire traditionnel des éléments, fastes ou minimalistes, nécessaires à son existence. Dans la veine des contemporains Steve Reich ou Philip Glass, la création musicale assume sa contemporanéité autant que la création chorégraphique. En fait, l’un ne va pas sans l’autre.

Les danseurs déroulent une chorégraphie inventive, l’empreinte de la danse est bien celle du nord, Mats Ek et Pina Bausch veillent ; mais la courbure des mains et des pieds, les équilibres complexes et les regards farouches des danseurs sont inspirés du théâtre d’ombres, des danses rituelles ou des danses guerrières javanaises.

L’ensemble porté sur la scène du Théâtre Claude Lévi-Strauss est mue par une énergie forte, les danseurs se jettent littéralement sur scène. La danse répond à la musique, une conversation tout à fait naturelle s’est engagée. Les décors et les lumières participent à l’échange, même l’intervention d’une chanteuse, à l’allure kitchissime à souhait, ne parvient pas à troubler le voyage. Les histoires fantasques racontées par les danseurs indonésiens se nouent intimement à l’expression intuitive et radicale des danseurs néerlandais ; le langage corporel et l’intention musicale atteignent une sorte d’universalité, aboutie, et c’est là certainement le souhait révélé par le Musée du Quai Branly, Musée des Arts et Civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques.

Laurence Caron-Spokojny

17:35 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : iwan gunawan, kyai fatahillah, ghost track, leineroebana dance company, harijono roebana | |  Facebook | | |  Imprimer | | Pin it! |