« Traîne pas trop sous la pluie », Richard Bohringer au Théâtre de l’Atelier (jeudi, 10 mars 2016)

richard bohringer,romane bohringer,ne traine pas sous la pluie,j'avais un beau ballon rougeCréé en 2010 au Théâtre de l’Européen à Paris, Traîne pas trop sous la pluie est aujourd’hui sur la scène du Théâtre de l’Atelier pour 30 représentations exceptionnelles. 

Foudroyé par la maladie alors qu’il jouait J’avais un beau ballon rouge avec sa fille Romane, Richard Bohringer est un rescapé. L’homme revient de loin, du fin fond des arrières salles des bistrots de la banlieue parisienne, des très obscurs faubourgs de Harlem et encore plus loin de sa vibrante et adorée Afrique. C’est tout cela qu’il nous raconte, avec ses  mots. Seul en scène.

Sur une des piles des livres qui bordent mon lit, il y a toujours eu C’est beau une ville la nuit paru en 1988. Le livre mince se glisse parfois entre Lettre à un jeune poète de Rainer Maria Rilke ou à côté du Vieil homme et la mer d’Hemingway. J’aime ces livres courts, efficaces, directs. A mi-chemin entre Bukowski et Prévert, quand Richard Bohringer raconte une histoire, il slam, et quand il choisit la confidence, il fait des vers. Une pudeur timide, ou une retenue élégante, filtre le flot des mots et des sentiments sincères qui émanent de l’artiste. Sincérité, toujours plus de sincérité. Entre envolées lyriques, mots absurdes, ou métaphores crues, il y a les apartés du comédien, des respirations, souvent drôles, qui nous libèrent un rire bizarre secoué par des larmes. 

Le public n’est pas séparé de l’artiste par le noir infranchissable, cette frontière artificielle qui sépare la scène du public. Richard Bohringer regarde son public droit dans les yeux, chacun à son tour, comme si ses mots bouleversants et ses images colorées ne suffisaient pas à étourdir son auditoire. Il en a vu le bougre et c’est à son tour de nous en faire voir. C’est un peu douloureux, un peu joyeux, on ne sait plus : vogue la galère ! 

Richard Bohringer est un homme fleuve sur lequel il voyage, un voyage au long cours aux mille contes et rencontres : acteur, auteur, scénariste, réalisateur, chanteur, poète et citoyen du monde engagé, la vie s’étire. Elle ne lui a pourtant pas toujours fait de cadeau cette vie, mais il a su la vaincre. Il parle d’amour comme on jette de la peinture sur une toile, avec élan et concentration : sa femme, ses enfants et ses copains, de franches et formidables amitiés de celles que l’on envie, beaucoup ne sont plus là, mais ils demeurent des vrais, des originaux, des talentueux, des terribles…

Allez le voir, allez l’écouter, il vous dira tout ça en beaucoup mieux… 

Laurence Caron

14:03 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : richard bohringer, romane bohringer, j'avais un beau ballon rouge, traîne pas sous la pluie, theatre de l'atelier, théâtre | |  Facebook | | |  Imprimer | | Pin it! |