Wonder.land au Théâtre du Châtelet jusqu’au 16 juin 2016 (mardi, 07 juin 2016)

14616780405939_photo_hd_24850.jpgAfficher et partager sa vie sur les réseaux sociaux, musarder de mur en mur, piéger l’information inédite, fournir et influencer la toile à coups de commentaires dont la syntaxe n’est pas toujours dès plus élégantes, user d’ailleurs d’un vocabulaire dédié, et puis aussi transposer sa vie dans un jeu sur des rythmes synthétiques, projeter ses performances, s’imaginer autrement, être un autre. Cet avatar fabriqué de toutes pièces par les envies autant que par les frustrations accompagne désormais le quotidien d’un bon nombre d’entre nous et en particulier les adolescents. Accrochée à ses smartphones et autres tablettes démoniaques, la jeunesse a trouvé un espace de jeux qui la fait se sentir plus libre, en apparence, une sorte d’échappatoire contrôlée où tout semble possible. 

Lewis Caroll avait inventé un de ces mondes rêvés dans son livre « Alice's Adventures in Wonderland», le compositeur pop-rock britannique Damon Albarn l’a formidablement ré-enchanté sur la scène du Théâtre du Châtelet dans "wonder.land".

Complètement déjantée, wonder.land est une comédie musicale qui s’inscrit dans un présent inévitable, si terriblement proche, si terriblement familier. Le contexte est sombre, cette Angleterre esquintée socialement ne semble pas s’éloigner des romans de Charles Dickens. Mais c’est sans compter sur la vague pop de la fin des années 60, qui des Beatles à Bowie, transmet toute son inspiration à Wonder.land.

En 2007, il y avait eu Monkey, Journey to the west, le retour de Damon Albarn au Théâtre du Châtelet offre une partition étonnante : des éclats quasi-symphoniques, des rifs rock, du swing jazzy, des mélodies sucrées, de l’électro eighties… Le registre du chanteur, pianiste et compositeur notamment des groupes Blur et Gorillaz, est infini et totalement débridé.

Les images vidéos issues d’une imagination boostée aux hallucinogènes, les costumes extravagants ou étriqués dont Vivienne Westwood pourrait revendiquer la filiation, sont mis en scène sur une musique radicalement pop aussi planante que les substances fumées par le chat d’Alice, aussi dévergondée que le lapin après lequel il faut courir et délirante comme cette chenille psychédélique totalement barjot !  

Chaussures à plateformes, torses gonflés et biscottos façon super-héros de comics, tulles aériens, strass et paillettes, personnages surdimensionnés, l’univers pop a des allures baroques sous acides. Et, pour servir cette œuvre, destinée à tous les publics, la scène du Châtelet est tenue par une véritable troupe dont les interprètes sont bourrés de talents, les voix sont parfaites et les jeux inventifs…  It’s amazing ! Fantastic ! I love "wonder.land", I wish to live with you ❤️❤️❤️ !

Laurence Caron-Spokojny

10:50 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : damon albarn, théâtre du châtelet, wonder-land | |  Facebook | | |  Imprimer | | Pin it! |