Rétrospective Bernard Buffet au Musée d’Art Moderne, jusqu’au 26 février 2017 (vendredi, 14 octobre 2016)
La rétrospective tracée par le Musée d’Art Moderne commence par le Voyage autour de ma chambre, ensuite de nombreux autoportraits et portraits de précipitent jusqu’aux scènes de guerre et bibliques de crucifixion et la monumentale « Passion ». Bernard Buffet colle son œuvre à une culture des Beaux Arts indiscutable et dense, les thèmes des grands Maîtres ne lui échappent pas.
Jeune artiste, il peint partout, il cloue des draps sur les murs pour y jeter sa peinture. Il ne s'arrêtera pas jusqu'à La Mort, ce sera aussi le titre de sa dernière série d'oeuvres.
Ce sont des traits qui semblent se détacher de leurs supports comme pour signifier une sorte d’indépendance rageuse. Les expressions fortes des visages parfois grimaçants, les corps nus, qui se moquent bien de toutes formes de pudeur, révèlent une grande humanité. Il n’y a rien d’inutile dans la peinture de Bernard Buffet, il n’y a pas de fioritures quand les choix des couleurs se limitent à un essentiel de gris, d’ocre et de bleu. Puis, quand les couleurs se multiplient (Le Cirque, Les Singes, …) il y a comme une fureur qui fait entendre des rugissements et qui explose à la figure.
Le parcours de l’exposition est riche et varié jusqu’aux gravures graphiques annonciatrices aussi des prochains courants artistiques du 20ème siècle. Les époques se franchissent dans le recueillement, il est de bon ton de se camoufler dans cette introspection intellectuelle plutôt que de se mettre à crier d’extase ou à éclater en sanglots, chaque œuvre est un choc. Même si les plus célèbres de ces toiles sont déjà bien imprégnées dans nos mémoires, l’effet et la vérité qui s’en dégagent surprennent par leur force impitoyable.
Une source passionnante de documents arrive à point : des parenthèses légères qui tentent de raconter l’homme à la lecture d’un carnet de voyage. Giono, Sagan Bergé,…l’après-guerre et sa créativité débridée fait la part belle aux mélanges des arts et des genres, aux rencontres et à la nuit ; les photos, articles de presse, extraits manuscrits révèlent un homme complexe dont le succès ne fut pas toujours bien accueilli par la critique.
Il faut apprendre à exercer son regard, affronter l’ambiguïté, éviter ses craintes, avoir un esprit pur, se laisser aller... puis, peut-être pleurer ; enfin, s’échapper du Musée d’Art Moderne le souffle court, le cœur plein, les idées en mouvement. Je me heurte aux mots, le vocabulaire se bouscule. Comment écrire et décrire ces émotions traversées par toutes ces toiles, par toute cette vie ? En reprenant pied dans la vie, en courant pour attraper le métro qui fera gagner cinq minutes de plus sur l’instant prochain, toute l’œuvre de Bernard Buffet se déroule à nouveau et apparaît comme une révélation, un émerveillement sans fin, un témoignage vrai de la condition humaine.
Magnifique !
Laurence Caron
22:29 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bernard buffet, musée d'art moderne, exposition | | Facebook | | | Imprimer |