Solstice par la compagnie Blanca Li au Théâtre National de Chaillot, jusqu'au 13 octobre (mercredi, 11 octobre 2017)

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Au départ, Martha Graham, Alvin Ailey et le hip-hop ont abreuvé les sources de la belle andalouse. La science du mouvement aussi vite dépassée, il a été question pour Blanca Li de dire des choses, des choses telles qu’elles sont, des choses sur le temps qui passe, des choses de la rue, des choses qui claquent, des choses de la vie en somme. Ce talent pour ce monde solaire, Blanca Li le projette dans des univers contrastés, des planches du Metropolitan Opéra au dernier clip publicitaire de Beyoncé. Blanca Li crée, comme une enfant qui dessine des paysages au stylo feutre avec cette sorte d’élan enchanté, une naïveté tendre infiniment attachante et une volonté farouche !

Pour « Solstice », véritable ballet « engagé », le mouvement demeure essentiel mais il n’est que la composante d’une expression radicale qui se fond dans la musique et dans des chants envoûtants. La chaleur du soleil d’Afrique se confronte aux Océans déchaînés (filmés par Yann Arthus-Bertrand pour Human), et le ciel, un ensemble de tulles aériens, qui capte la lumière, n’a de cesse de venir mourir et renaître sur la Terre.

Et puis il y a les danseurs, des danseurs-acteurs qui se débattent entre les éléments. Expressifs et épanouis, les personnalités fortes qui forment la compagnie de Blanca Li ne sont jamais gommées. C’est un déchaînement, du vent, des déserts, des tempêtes et des vagues pendant que le rétrécissement désespéré de la banquise se fait entendre à grands coups de percussions, la musique de Tao Guitierrez grave le ballet dans une matière brute. L’Humanité est en péril, Blanca Li nous le crie par sa danse. Inévitablement, de cette grande fresque écolo il est possible de tisser des liens avec les ballets de Béjart : l’engagement sincère, un certain goût pour la lutte, la synthèse du chant et de la danse, une sorte de mysticisme, une danse métissée et recherchée aux confins des danses tribales, et enfin le souci de plaire à un très large public. 

A la fin du spectacle, Blanca Li invite son public à danser... Il était temps, dans les rangs du public de Chaillot, certains se trémoussent déjà sur leur fauteuil. A croire que la danse n’est finalement qu’un prétexte pour laisser libre cours à la générosité magnifique de Blanca Li. 

Laurence Caron

14:43 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yacnoy abreu alfonso, peter agardi, rémi bénard, jonathan ber, julien gaillac, joseph gebrael, iris florentiny, yann hervé, aurore indaburu, alexandra jézouin, pauline journé, margalida riera roig, gaël rougegrez, yui sugano, victor virnot, léa solomon, bachir sanogo, blanca li, pierre attrait, yann arthus-bertrand, charles carcopino, tao gutierrez, laurent mercier, théâtre national de chaillot | |  Facebook | | |  Imprimer | | Pin it! |