Du rêve que fut ma vie, de Camille Trouvé et Brice Berthoud, au Théâtre 14 (dimanche, 02 juin 2024)
Les possibilités créatives qu’offre une scène de spectacle sont infinies… Camille Trouvé et Brice Berthoud font partis de ceux qui ont l’intelligence et la générosité de le rappeler. Orchestrant le Centre Dramatique National de Normandie-Rouen depuis octobre 2021, le duo s’est donné pour mission de croiser les disciplines artistiques et, grâce à l’impulsion toujours très innovante du Théatre 14, il entre dans Paris pour nous offrir un aperçu de leur univers avec la compagnie Les anges au plafond.
Elles ont en commun leur prénom, mais pas seulement…
Camille Trouvé est comédienne, marionnettiste et plasticienne, bref le mot artiste englobe pour elle au moins tout cela si ce n’est plus. Passionnée par Camille Claudel, après Les Mains de Camille portant sur l’enfance de l’artiste, Camille Trouvé explore la correspondance de la sculptrice. Ce sont des lettres abandonnées à Rodin, des confidences désespérées à son agent, des critiques confiées aux marchands d’art, des suppliques adressées à sa mère ou à son frère, des échanges épistolaires sincères, émouvants et parfois drôles et qui pour la plupart n’ont jamais atteint leurs destinataires. De douloureux écrits, un destin tragique...
Camille Trouvé a l’élégance poétique de traduire ces extraits de vie sans user des codes attendus, elle emploie du papier, léger ou épais, seulement du papier. Du papier froissé qui s’envole parfois pour faire paraître la complexité des sentiments ou du papier rigide et même cassant en écho à la froideur, l’indifférence et même l’injustice. Quand Camille T, raconte Camille C., au Théâtre 14, Camille Claudel reprend chair, on la devine dans les limbes. Loin du spectacle conceptuel que l’on aurait pu craindre, ce vocabulaire de papier est aérien et dansant, notamment grâce à Fanny Lasfargues, la complice de Camille Trouvé, la musicienne installe un décors onirique autour de sa contrebasse dont l’archet fait naître des accents profonds. « Du rêve que fut ma vie » s’approche au plus près de la grande sculptrice Camille Claudel avec une tendresse délicate et attentive, un voyage intime, remuant, original et beau. Un travail d'artistes !
Réservez-vite, la pièce se joue jusqu’au 15 juin.
Laurence Caron
20:27 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : theatre 14, camille trouvÉ, brice berthoud, fanny lasfargues, jonas coutancier, saskia berthod, marina cousseau, séverine thiebault, magali rousseau, cdn de normandie-rouen, les anges au plafond, equinoxe scène nationale de châteauroux, quinconces, l'espal, scène nationale du mans | 
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