L'oeuvre immense de Katsushika Hokusaï est présentée au Grand Palais, jusqu'au 18 janvier 2015. (jeudi, 02 octobre 2014)
Il y a de grands artistes, ceux qui révolutionnent le monde, modifient le cours des choses, dévient les esprits et rendent la vie plus intense. Et puis, il y a les génies, ceux qui inventent autre chose, Katsushika Hokusaï (1760-1849) est un génie.
« Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans… »
Le choc de la rencontre, à la fin des années 1850, des Occidentaux avec l’art japonais est une introduction à l'exposition du Grand Palais. Cette découverte artistique influencera les artistes européens tels Degas, Monet, Van Gogh ou Gauguin, une véritable contagion culturelle et esthétique s’emparera de l’Europe.
Dès l’âge de quinze ans, Hokusaï grave des planches destinées à la fabrication des estampes, puis auprès de Katsukawa Shunsho, maître en l’art des portraits du Théâtre Kabuki, Hokusaï entame une production massive de dessins qui le conduira à l’illustration de poèmes-bouffes. Luxueux livres de lecture ou passionnants manuels de peinture, les milliers de créations d’Hokusaï vont notamment imposer l’art du manga, avec une incroyable variété de dessins, à un public de plus en plus large.
Sept périodes, autant dire sept vies pendant lesquelles il changera cinq fois de nom, donneront naissance à des milliers d’œuvres qui depuis 1778 sont admirablement bien conservées. La difficulté de la conservation de ce patrimoine relève de l’exploit tant le support des dessins et estampes est fragile. Le trait est minutieux, l’intention artistique est d’une délicatesse extrême. Parfois l’humour, quelques grivoiseries, ou scènes de la vie quotidienne l’emportent en un mouvement poétique finalement peu éloigné de la culture européenne. L’œuvre d’Hokusaï, « Le vieux fou de peinture », présentée au Grand Palais est orchestrée avec une précision de calligraphe, scientifique.
«Quand j’aurai cent dix ans, je tracerai une ligne et ce sera la vie.»
Le déroulé de l’exposition est une montée en puissance dont la halte, sous format vidéo, de la fabrication d’une estampe est fortement appréciée, comme une respiration, tant le contenu de l’exposition est dense. L’ambiance des espaces de la Galerie Nationale, dessinée en clair-obscur, invite au recueillement autour des multiples œuvres du maître. L’ascension vers les deux dernières périodes est atteinte comme une récompense, c’est une explosion de couleur, surtout ce souverain bleu de prusse qui fait oublier l’encre de Chine au profit de la peinture : un miracle de beauté. En sortant de l’exposition, si ce n’était pas déjà le cas, tous s’avouent avoir trouvé un maître.
Laurence Caron-Spokojny
09:25 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : katsushika hokusaï, laurence caron-spokojny, grand palais, rmn, japon | | Facebook | | | Imprimer |