Au Théâtre (de la Madeleine) comme au cinéma : tout est possible. Pour cette fois, Le Roi Lear est à Hollywood... (lundi, 19 octobre 2015)

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Les 2 h 45 sont passées à la vitesse de l’éclair ! C’est le pari, un peu gonflé, remporté par le metteur en scène Jean-Luc Revol au Théâtre de la Madeleine pour cette  adaptation du Roi Lear.

Dans un écrin Hollywoodien, à la veille de la crise de 1929, le monde est en train de changer : une nouvelle fois le chef-d’œuvre de William Shakespeare s’adapte à tous, à toutes les circonstances et à toutes les époques.

Sur le ton de la farce, la pièce démarre sur les chapeaux de roues, les tirades célèbres sont parfois un peu escamotées mais Shakespeare n'en prend pas ombrage. L’esthétisme des années trente par ses costumes élégants renforce l’atmosphère « fin de règne » et l’éclat hypnotisant des personnages démoniaques qui glissent inévitablement vers d’obscurs abysses.

 

Les jeunes s'élèvent quand les vieux tombent. : pour l'heure, la tirade de Shakespeare n'est absolument pas exacte. Michel Aumont est un roi absolu, cela on le savait déjà ; il déguste Lear avec une tendresse tourmentée et fragile, il est le témoin, non pas fou mais vieillissant, de la tragédie et nous propose d’observer l’histoire par son regard sincère et son délicat ressenti. La diction de Jean-Paul Farré n’est hélas plus toujours parfaite mais le grand comédien avance lui aussi sur la corde sensible et touche juste, droit au cœur.
Marianne Basler maîtrise, elle, sa partition avec une assurance insolente, aux côtés de ses sœurs Agathe Bonitzer (furieuse) et Anne Bouvier (lumineuse). Admirables, Denis D’Archangelo et Bruno Abraham-Kremer déroulent chacun un registre original qui fourmille d’inventions de jeu. 
Enfin, lorsque William Shakespeare amorce le dérapage de ces personnages vers une violence extrême, les scènes prennent des allures felliniennes, irrésistiblement grotesques.

Il y a donc quelques hésitations, les comédiens cherchent parfois leur place, le parti pris scénographique ne semble pas toujours bien huilé, et il est à regretter aussi que l'ambiance cinématographique ne soit pas suffisament explorée. Pourtant, ce manque de précision ne gêne en rien la portée du chef-d’œuvre, le rythme est enlevé et l'instant partagé avec ces quinze comédiens est tout à fait divertissant.

Laurence Caron-Spokojny

10:36 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : shakespeare, michel aumont, jean-luc revol, anne bouvier, marianne baslee, agathe bonitzer, jean-paul farré, bruno abraham-kremer, théâtre de la madeleine, spokojny consuting | |  Facebook | | |  Imprimer | | Pin it! |