WE ARE BOWIE par le photographe Guillaume Bounaud (mercredi, 13 janvier 2016)

Nous sommes tous Bowie, depuis ce lundi 11 janvier 2016, un peu perdus, presque orphelins. 

En 1983, j'écoutais "Let's dance" sur mon walk-man. Lors de petites vacances chez mon oncle à côté de Biarritz, j'ai fouillé dans ses disques et j'ai découvert l'album "Rare" (1982. RCA). Je l'ai gardé avec moi, tout contre moi, et j'ai usé les sillons du somptueux "Amsterdam" (Brel/Shuman) en me demandant comment était-il possible qu'un chanteur anglais puisse avoir l'audace de se frotter à Brel ?
Une douzaine d'années plus tard, il y a eu des concerts mais surtout ce show-case à l'amphithéâtre de l'Opéra Bastille, nous étions peut-être 200, une ambiance plutôt intime : 30 minutes de concert, pas une de plus, si proche, c'était dingue ! En fait, je crois que je n'ai rien écouté, trop préoccupée à renifler sa présence...

Ces derniers jours, les témoignages des fans de Bowie parcourent la toile, les images, nos lectures et les ondes. Et puis, il y a des histoires d'amour aussi, des vrais, des histoires pour lesquelles les fans ont investi une partie de leur vie et leur talent. WE ARE BOWIE, la réalisation photographique de Guillaume Bounaud, est de cette trempe. 

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Family by Guillaume Bounaud

guillaume bounaud,we are bowieEn 2008, le photographe Guillaume Bounauden écoutant l’album « Aladdin Sane » de David Bowie, imagine dessiner un éclair rouge et bleu sur le ventre arrondi de sa femme. Signe cabalistique ou symbole d’un dieu protecteur, Guillaume Bounaud n’a aucun doute : comme lui, sa fille aimera Bowie. 

Le dessin s’est mué en une empreinte profonde, l’idée de transmission ne le quitte pas. Appareil photo au poing, Guillaume Bounaud zèbre les visages de sa famille, de ses amis, puis de ses rencontres professionnelles. Photographe au long cours ou sur les plateaux de cinéma et de télévision, Guillaume réunit sous son regard et son objectif des artistes comme des anonymes qui se prêtent à la transformation. Enfin, lors de chacun de ses déplacements, Guillaume Bounaud organise des photocalls enthousiastes ; commerçants, badauds, enfants ou grands-parents, tous, le temps d’un cliché, sont « WE ARE BOWIE ». 

La tribu WE ARE BOWIE est née.

Le photographe, pour tenter d’approcher au plus près de David Bowie, façonne le monde à l’image de son idole. Les photos, portraits ou mises en scène, se multiplient et les visages zébrés se découvrent sur une page Facebook. Aujourd'hui et plus que jamais, ces visages zébrés doivent exister autrement, autre part, afin de témoigner de tout cet amour. Une exposition est souhaitée et très vivement espérée...

Vos propositions et idées sont attendues ICI

Laurence Caron-Spokojny 

En avril 1973, sortie du sixième album de David Bowie : « Aladdin sane », la photo de la pochette de cet album est réalisée par le photographe Duffy.

Histoire d’une pochette d’album culte « Mona Lisa of Pop »

« L’histoire d’Aladdin Sane telle que me l’a toujours racontée Duffy est la suivante. Un jour, lors d’une réunion aux Trident Studios, il a demandé à David quel titre il avait l’intention de donner à son album. David a répondu : « A lad insane » (« un gars aliéné »). Duffy a compris « Aladdin Sane », je devine que la vision du génie, Aladin et la lampe merveilleuse ont dû lui apparaître.

En fait, si vous regardez la typographie de la pochette de l’album, il y a une flamme au-dessus de la lettre « i » comme si elle venait de la lampe d’Aladin. De source sûre, Elvis Presley avait aiguisé la curiosité de David. Elvis qui était devenu littéralement fou de la musique gospel, au point d’avoir formé une société secrète, The Templar’s of The Christian Brotherhood, qui combattait le racisme et l’antisémitisme. Elvis avait abrégé le nom en un sigle, TCB – Taking Care of Business (dans un éclair), et en avait fait sa devise. Il avait utilisé le symbole de l’éclair avec les lettres TCB, il s’en était servi pour lui-même, notamment comme logo sur la queue de son jet privé, sur une bague, un pendentif pour son service de sécurité – la même empreinte sur tous ces éléments.

Depuis le début, David avait toujours eu cette idée de l’éclair. Je pense que si le travail de David et celui de Duffy ont parfaitement fonctionné ensemble, c’est parce que David savait pertinemment qu’il pouvait proposer un concept aussi abstrait à Duffy, que Duffy revisiterait l’idée de l’éclair et qu’il reviendrait avec quelque chose de génial. Ce fut leur alchimie, c’est pourquoi il a choisi Duffy, c’est comme ça que les choses se sont faites. L’éclair a été l’élément de base du projet et Duffy savait qu’il devait faire partie intégrante du concept de l’album. « Comment ? » : telle était la question.

Le jour de la séance, Duffy a pris dans la cuisine un cuiseur pour le riz que sa mère lui avait offert, un National Panasonic avec un petit logo, un éclair rouge et bleu. Ce cuiseur était toujours là quand j’ai commencé à travailler au studio, mais on ne l’a jamais utilisé, à tout bien considérer ce doit être celui que j’ai jeté durant un grand rangement. Quoi qu’il en soit, Duffy l’a montré à David et lui a demandé : « Est-ce bien de ce genre de choses que nous parlons ? » D’après ce que j’ai compris, David a confirmé que c’étaient les couleurs parfaites, à la suite de quoi la séance a débuté. Duffy a dirigé Pierre pour qu’il dessine un éclair sur le visage de David, comme il avait été dit. Mais, après avoir vu qu’il avait seulement peint un petit motif sur une joue de David, il lui a demandé de l’enlever. Puis il a pris un tube de rouge à lèvres dans la trousse à maquillage de Pierre et il a grossièrement dessiné les contours d’un éclair nettement plus vif sur le visage et a dit : « Comme ça. » Le vrai coup de génie, pour moi, a été d’ajouter ce symbole de l’eau sur sa clavicule. L’éclair est venu de David, mais c’est vraiment Duffy qui a mis ce cachet sur la photographie. Sans ce symbole, la photo est déjà en elle-même originale, mais avec celui-ci l’effet visuel atteint un autre niveau – c’est une sorte de couronnement. Cette composition ajoute un élément étrange, surréaliste, l’eau représentant l’émotion alors que la forme phallique de ce symbole est évidemment très sexuel».

Extrait. Chris Duffy, Bowie par Duffy, Ed. Glénat.

18:32 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillaume bounaud, we are bowie, spokojny consulting, david bowie, aladdin sane | |  Facebook | | |  Imprimer | | Pin it! |