ce qui est remarquable... un regard sur la culture pop

Le pianiste Paul Staïcu semble s’être échappé du Blue Note à New-York, alors que le violoncelliste Laurent Cirade pourrait reprendre le flambeau à l’Apollo Theatre sur les traces, toujours fraîches, de Duke Ellington…

Inventif, Laurent Cirade met un certain acharnement à user le crin de son archet. Puis concentré, il entame une page de Bach pour finalement planter des premiers accords célèbres façon pop-rock, transformant le corps de bois respecté en instrument du diable ! Paul Staïcu est lui aussi un funambule suspendu entre deux mondes. Les touches blanches et noires interpellent Chopin, mais c’est sans compter sur le jazz, la musique folklorique, la variété ou le rock qui se bousculent au portillon.

Dans l’écrin de velours rouge, illuminé par les dorures baroques et autres lustres cristallins qu’offrent l’élégant Théâtre du Palais-Royal, « Duel, opus 2 » pourrait se produire aussi dans un théâtre de plein air, se propulser à Carnegie Hall, additionner les représentations dans une des salles d’un grand hôtel de Las Vegas, se joindre au Cirque du Soleil, inventer des Master-Class au Royal Albert Hall… Ces destinations fantaisistes ne s’éloignent pas de la réalité : « Duel » s’est déjà produit dans plus de 37 pays du Monde, comptabilisant près de 1500 représentations, depuis quinze ans !

A la fois concertistes de haut vol, comédiens inventifs, clowns burlesques ou mimes poétiques, Laurent Cirade et Paul Staïcu excellent dans l’Art du jeu sous toutes ses formes, selon une mise en scène colorée signée Agnès Boury.
Cette insolence face aux genres établis est si rare sur les scènes parisiennes que ce 'filtre d’humour musical' est à consommer sans modération.

Laurence Caron-Spokojny

interview de Laurent Cirade et Paul Staïcu, réalisée par le blog Piano Panier