Dom Juan de Jean-François Sivadier au Théatre de l'Odéon, jusqu'au 4 novembre 2016 (lundi, 26 septembre 2016)

jean-françois sivadier,nicolas bouchaud,vincent guédon,lucie vallon,marie vialle,stephen butel,marc arnaud,philippe berthomé,alin burkarth,mozart,theatre de l'odeonAu Théâtre de l'Odéon, le metteur en scène Jean-François Sivadier fait tout ce qui se fait déjà et ce qui a déjà été vu : il crée une amusante complicité entre le public et ses comédiens, fait chanter son Dom Juan sur des accents Soul music (un entracte suggéré très divertissant), désarticule l’envers et l'endroit du décor, dénude tout entier son héros, jonche la scène d’amas divers, … Jusque là tout va bien, les aficionados du 'Théâtre subventionné', et de mise en scènes contemporaines, ont un os à ronger. Mais, le talent de Jean-François Sivadier ne s’arrête pas là.

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Dom Juan, photo © Jean-Louis Fernandez

D’ailleurs ces quelques traits conceptuels de mise en scène, le metteur en scène sait lui-même s’en moquer et n’hésite pas à le faire par la voix de ses comédiens. Bien au delà de son rapport à l'esthétisme ambiant, Jean-François Sivadier a cherché dans les textes et fouillé dans l’histoire, une sorte d’archéologue du théâtre, pour en tirer la substantifique moelle et enfin ressusciter un Dom Juan…terriblement vivant. 

Pour le servir, Nicolas Bouchaud est un Dom Juan d’une authenticité formidable ! Ce Dom Juan est un homme dont les défauts sont à la hauteur de ses qualités. La désinvolture de l’impertinent séducteur répond à sa franchise d’esprit, et, sa fourberie amoureuse est aussi forte que son réel courage. Le mensonge est vain, qu’il soit lié au libertinage ou à toutes autres croyances, ce Dom Juan là se révèle moderne et peut-être bien plus éveillé, si ce n’est savant, que ces congénères. Le charme de Dom Juan hypnotise, à se demander si Méphistophélès ne s'est pas emparé de l’impressionnant Nicolas Bouchaud !? Sganarelle quant à lui est la représentation d’une époque avec son lot d’hypocrisie, il se veut être la voix d’une sorte de « raison » ou plutôt celle du plus grand nombre. Vincent Guédon l’incarne à merveille, il est une sorte de Jiminy Cricket bourré d’inventions. Inventive aussi, Lucie Valon est « Charlotte », elle enchaîne trois rôles de composition avec adresse et originalité. Marie Vialle, Stephen Butel, Marc Arnaud rejoignent cette équipe d’enfer. 

L’ensemble du dispositif scénique s’étire entre science et ésotérisme, des domaines que tout oppose, des territoires dangereux sur lesquels Molière s'avance à peine dissimulé par le masque de Dom Juan. Sous un ciel stellaire, magnifié par les lumières de Philippe Berthomé, les suspensions magiques de Alain Burkarth dansent très acrobatiquement pour rythmer chacune des scènes. D’ingénieuses trouvailles créent des effets surnaturels alors qu’en filigrane Mozart fait entendre son, très certainement, plus bel opéra… Et puis, ce Dom Juan du Théâtre de L’Odéon a un truc de séducteur tout à fait infaillible -il est impossible de ne pas y succomber- l’Humour !       

Laurence Caron

10:42 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-françois sivadier, nicolas bouchaud, vincent guédon, lucie vallon, marie vialle, stephen butel, marc arnaud, philippe berthomé, alin burkarth, mozart, theatre de l'odeon | |  Facebook | | |  Imprimer | | Pin it! |