"Peintures des lointains" au Musée du Quai Branly jusqu’au 6 janvier 2019 (lundi, 12 février 2018)
Dédié entièrement aux arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques, le Musée du Quai Branly - Jacques Chirac a ouvert ses portes en 2006. La structure résolument contemporaine aux lignes racées et efficaces de Jean Nouvel s'est depuis définitivement fondue sur les bords du très chic 7ème arrondissement. La mission culturelle du musée, voulue et soutenue ardemment par Jacques Chirac, est désormais incontournable.
L’entrée se fait par les jardins. Des murs ruisselants de lianes, des étendues de plantes hirsutes ou structurées, parfois dites invasives, sèche savane ou luxuriant jardin anglais aux inspirations asiatiques, font sentir que ce foisonnement végétal demeure maitrisé. D’élégantes installations luminescentes rythment le passage et interrogent sur la suprématie de la civilisation sur la nature. A moins que cela soit l'inverse.
L’issue de cet hiver sans fin est envisageable. Sur les quais froids de la Seine débordante, le musée du Quai Branly fait figure d’oasis. Près de deux cents œuvres sortent de l’ombre pour s’exposer sous l’intitulé « Peintures des lointains », jusqu’au 6 janvier 2019.
Du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle, les peintures, estampes et dessins rivalisent de beauté, les styles sont variés, colorés, réalistes ou fantasmés.
Henry Jones Thaddeus, Émile Bernard, Ange Tissier, George Catlin, évidemment Matisse et toujours Gauguin, entre autres, ont fort à faire. Aux hautes techniques, des peintures aux huiles lumineuses, presque argentiques, à celles de la laque sur bois aux couches métalliques (Jean Dunand), s’ajoute l’enrichissement inouï de toutes ces nouvelles cultures. Scènes de la vie quotidienne, valeureux guerriers, paysages multiples aux ciels de bleus ou d'ocres, danses tribales...L’Homme n’a de cesse de s’émerveiller lui même.
La découverte de nouveaux peuples, de nouvelles civilisations et de nouveaux horizons sont des sources intarissables d’inspirations mais aussi de questionnements… En d’autres temps, les moyens luxueux des voyageurs occidentaux, mais aussi les risques encourus sur des territoires inconnus par d'autres aventuriers, se confrontent à la simplicité apparentes de peuples à demi nus ou à aux magnificences de royaumes de sables ou d’arbres.
En 2018, le complexe mélange, de hontes et culpabilité, des empires coloniaux passés, a peu à peu été remplacé par un besoin de témoigner du regard enthousiaste, romantique et aussi presque scientifique des artistes. Les oeuvres présentées illustrent très justement les contextes historiques et politiques, et soulignent plus que jamais le rôle majeur de la culture dans nos sociétés. C'est un patrimoine sincère dont seuls les artistes sont capables. « Peintures des lointains » au Musée du Quai Branly est un voyage esthétique totalement inédit et absolument nécessaire.
Laurence Caron
(photo) Duco Sangharé - Peuhl Fernand Lantoine (1876 - 1956) ; Afrique – Peuhl - Matériaux et techniques : Huile sur toile - Dimensions et poids : 86,8 x 62 x 2,1 cm, 2005 g
Conférences, ateliers carnet de voyages, visites contées, … A explorer ICI, notamment lors des proches vacances scolaires.
10:35 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ange tissier, Émile bernard, gauguin, george catlin, musée du quai branly, peintures des lointains, matisse, jacques chirac, exposition | | Facebook | | | Imprimer |