Tosca à l’Opéra Bastille jusqu'au 26 avril 2026 (mardi, 25 novembre 2025)

opera,tosca,puccini,roberto allagna,oksana lynlv,saoia hernandez,alexei markovEt rebelotte pour La Tosca de Pierre Audi à l’Opéra Bastille (création en 2014), reprogrammée cet automne et au printemps 2026 !

Sous le poids d’une croix chrétienne monumentale barrant le ciel de Bastille, le drame s’illumine ou s’assombrit, d’acte en acte, menaçant des interprètes éblouissants qui s’aiment ou se déchirent, toujours intensément selon les vœux de Puccini. Tosca demeure une véritable machine à tubes et même si les artistes souffrent d’un manque de direction dans leurs jeux, la mise en scène classique de cette Tosca rassérène, plutôt bienvenue après la triste Walkyrie soi-disant contemporaine…

C’est devenu une habitude, l’Orchestre de l’Opéra national de Paris est au top. La chef ukrainienne Oksana Lyniv le dirige avec une attention complice pour les chanteurs, cette délicatesse ne l’empêche pas de faire s’envoler ses musiciens pour faire merveilleusement briller Puccini. Après Aïda, Saioa Hernández est Tosca, rôle dans lequel elle avait fait ses débuts en 2022 dans ces lieux. Étrangement effacée dans le 1er acte, elle est divine dans les suivants, très musicale et émouvante, elle fait preuve d’une puissance vocale prodigieuse à en vouloir repousser les murs de Bastille. Face à elle, le sombre Scarpia interprété par Alexei Markov est redoutablement efficace, tant par sa voix que par son jeu de comédien, le baryton russe était aussi là en 2022, à croire qu’il n’a pas cessé d’interpréter ce rôle depuis tellement sa maîtrise est parfaite. Et puis, il y a Roberto Allagna, il est Mario Cavaradossi. Le ténor joue à domicile et quand il fait son entrée, en un éclair, l’atmosphère change ; terriblement adulé et aussi maintes fois chahuté, Allagna arrête les horloges. Dès le premier acte, il campe un «  Recondita armonia » impeccable pour lequel le public que l’on connaît - difficile, exigeant et souvent snob - exulte en une salve d’applaudissements d’une spontanéité rare. La partie est gagnée du début à la fin, le « E Lucevan le stelle » du troisième acte est d’une émotion saisissante, comme il se doit d’ailleurs, car avec Puccini ça ne rigole pas, l’attente est immense. Chez Allagna il y a des nuances précises, colorées, on sent que la musique a été fouillée, explorée, sentie et travaillée de fond en comble, l’artiste s’est emparé de son rôle pour l’incarner réellement. Depuis toutes ces années, à chanter sur tous les continents, la voix du ténor, reconnaissable entre toutes, a changé bien sûr mais sans blessure aucune, juste pour le meilleur. Il a des trucs aussi, des « astuces de pro », des chemins de traverse que l’on s’amuse à repérer avec gourmandise et puis des fulgurances, des instants magnifiques inouïs, où on se surprend à avoir l’attitude du spectateur-fan, celui qui se trémousse, se tape la cuisse, ouvre un large sourire en laissant rouler des larmes. Car, au-delà du travail, du répertoire, de l’expérience et de tout ce qui construit la carrière d’un artiste lyrique, Roberto Allagna a cette présence, cette évidence à être là, cette sorte de proximité avec le public aussi, cette générosité, …une vraie star que l’on est si heureux de retrouver à Bastille !

Laurence Caron

 

Jonas Kaufmann, Elena Stikhina, Ludovic Tézier... et toutes les autres distributions par ici.

10:09 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roberto allagna, oksana lynlv, saoia hernandez, alexei markov, opera, tosca, puccini | |  Facebook | | |  Imprimer | | Pin it! |