Helena Noguerra est Frida Kahlo à La Scala, les lundis à 21h (samedi, 02 mars 2024)
Passionnée de littérature, l’intrépide et malicieuse, comédienne et chanteuse, Helena Noguerra lit les mots de Frida Kahlo, des mots choisis par l’écrivaine Françoise Hamel dans son adaptation « Frida Kahlo, je me peins parce que je suis seule ». Ce sont surtout des lettres d’amour, elles dévoilent un portrait attendrissant de l’artiste mexicaine, parfois un peu acide, souvent drôle, coloré comme sa peinture, sur la scène de la Piccola Scala - les lundis à 21h.
Magdalena Frida Carmen Kahlo Calderón n’a pas un départ facile, dès l’âge de six ans elle est atteinte de poliomyélite puis est victime d’un grave accident, elle restera fortement handicapée tout au long de sa vie. Reléguant sa peinture bien derrière ses passions amoureuses, essentiellement pour son mari le peintre Diego Rivera (1886 – 1957), la jeune femme poursuit ses rêves et idéaux avec un acharnement incroyable. C’est l’image que nous propose Helena Noguerra tout en tissant des liens intimes et partagés avec l’icône de la peinture mexicaine du 20ème siècle. A une époque où les femmes osent à peine croire qu’elles peuvent commencer à se faire entendre, Frida Kahlo évoque son engagement politique, un attrait presque romantique pour un certain communisme, un fier militantisme féministe, la si difficile carrière de peintre pour une femme, et puis surtout l’amour, toujours, insatiable.
Accompagnée à la guitare par Laurent Guillet, Helena Noguerra est vêtue d’une ample et longue jupe traditionnelle du Chiapas, elle raconte et danse tout en se livrant un peu, elle rythme son propos par des chants dont elle maitrise les vibratos chaleureux. L’atmosphère du spectacle est cousue par la metteuse en scène Catherine Schaub, si toutefois il est possible de contraindre Helena Noguerra à un cadre tant la comédienne est naturelle et spontanée. Ses pensées dites à voix haute s’effilochent au grès de ses lectures, le public en perd parfois le fil autant que la narratrice, c’est dommage mais ce n’est pas grave. Rien n’est grave ici d’ailleurs, ni la trahison, ni la maladie, ni même la mort. Helena comme Frida nous l’enseignent, comme les « c’est joli ! » que laisse souvent échapper la comédienne à la fin de la lecture d’un extrait comme si ces mots étaient une découverte alors qu’on se doute bien qu’elle a dû les lire 20 000 fois. La vie se déguste avec gourmandise, les difficultés et même les épreuves les plus tragiques sont comme balayées du revers de la main. Si les banquettes un peu fermes de la Piccola Scola ne nous le rappellent pas, on se sent comme à la maison, privilégiés... Les émouvantes, Frida ou Helena, sont difficiles à distinguer l’une de l’autre, l'instant est romanesque, chaleureux et gai. Une douce soirée, une de celles qui rend la vie un peu plus belle. Merci.
Laurence Caron
10:34 Écrit par CARON | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la scala, françoise hamel, helena noguerra, laurent guillet, catherine schaub, frida kahlo, cequiestremarquable | | Facebook | | | Imprimer |