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Maurice Béjart a offert à Jorge Donn et Freddie Mercury l’immortalité…sur scène ! « Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat » par le Béjart Ballet Lausanne, en tournée.

 

maurice béjart,freddie mercury,le presbytère,jorge donn,versaceVous nous avez dit : « faites l’amour pas la guerre. » Nous avons fait l’amour, pourquoi l’amour nous fait-il la guerre ? Maurice Béjart.

La question est posée. Le chorégraphe choisit de lever le voile, voile blanc tel un linceul, jeté sur ce fléau hypocrite, fourbe et impitoyable qui a marqué une trop longue époque (non révolue), dévasté des générations et emporté avec lui, de façon définitive, toute la candeur du miracle de l’amour. Jorge Donn, star de la danse, et, Freddie Mercury, star du rock. Idoles idolâtres dont les carrières sont fauchées en plein vol par la maladie, ils ont 45 ans chacun, seulement. En 1991, Jorge Donn quitte ce monde ; un an plus tard Freddie Mercury déclare être porteur du VIH, il décède le lendemain.

Dans son chalet, au dessus du lac Leman, Maurice Béjart est frappé par la photo qui orne la pochette de l’album posthume de Freddie Mercury, il s’agit de la même vue du lac qui s’étend face à lui… 

Le Maître du Ballet contemporain s’abreuve de vidéos, il se délecte autant de la musique (symphonique) de Queen que du jeu de scène (exceptionnel) de Freddie Mercury. Maurice Béjart détecte une  « correspondance » ou plutôt des « correspondances », c’est ainsi que le créateur sensible désigne l’impalpable, ces liens qui se tissent entre les êtres, les choses ou les univers. Symboliquement, Freddie Mercury et Jorge Donn sont réunis sur scène sans toutefois véritablement se rencontrer, pour un ballet, pas uniquement sur le Sida « mais sur les gens qui sont morts jeunes » (Maurice Béjart).

Versace crée les costumes, ce sont des étoffes graphiques, sombres ou colorées, elles épousent les corps comme collées au plus prés de la peau. En 1996, le ballet au titre énigmatique* « Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat » prend vie, une vie qui témoigne, une vie qui palpite, selon Maurice Béjart « ce ballet sur la jeunesse et l’espoir puisque, indécrottable optimiste, je crois aussi malgré tout que The show must go on, comme le chante Queen ».

Le Béjart Ballet Lausanne est en forme !
Fils spirituel et artistique, résolument fidèle au génie de Maurice Béjart, Gil Roman est à la hauteur de la mission qui lui a été confiée, la direction du Béjart Ballet Lausanne et de son répertoire sont tenus par des mains habiles, d’une grande intelligence artistique. La compagnie de Maurice Béjart semble épanouie, les danseurs sont toujours aussi puissants et les danseuses n’ont jamais été aussi belles et déterminées.
De Mozart à Queen, la danse s’offre la liberté, celle de gommer les frontières et d’unir les Hommes, de dessiner l’amour et l’humour en un même trait. Le geste est là, indemne. Voir un ballet de Béjart aujourd’hui est comme une cure de Jouvence, un retour aux fondamentaux. L’évidence du geste est totalement détoxifiante, une renaissance cellulaire s’opère. Puis, l'émotion engloutie toutes formes de sens critique, le comble semble atteint lors du salut final lorsque Gil Roman entraîne avec lui ses danseurs dans une marche mesurée, une vague pure, forte… A pleurer de beauté, ce que j'ai fait.

Là où on apprend que l’éternité n’est pas du domaine de la Science mais bien du domaine de l’Art…
Plus fort que la maladie, et au delà même, plus fort que la mort, les merveilleux Jorge Donn et Freddie Mercury sont toujours là. Par les enregistrements et autres traces argentiques et magnétiques, les artistes poursuivent une sorte de survivance devenue numérique. Pour Jorge Donn et Freddie Mercury, Maurice Béjart crée autre chose, une sorte d’incarnation, je ne souhaite pas employer le terme de « réincarnation » tant la portée spirituelle du mot pourrait tenter à bien d’autre interprétations. Pour conclure, j'invoque une « correspondance », une citation du père de Maurice Béjart, le philosophe Gaston Berger : « Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous. Il est moins à découvrir qu'à inventer". 

Laurence Caron

*Le titre Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat » est emprunté au mot de passe du personnage de Rouletabille dans Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux.

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