Belle-île-en-mer est par définition une terre lyrique, ses vents hurlants et fortes marées, ses plages douces et falaises sévères, ses étés secs et hivers tempétueux, sa lande drue et fleurs à perte de vue, ses vagues rageuses et fonds cristallins, l'île enchanteresse est aussi exaltante qu’intime, tout en elle éveille l’émotion. La musique, et en particulier le chant lyrique qu’il soit en soliste ou en chœur, a naturellement sa place sur cette terre inspirante. En 1998, Richard Cowan fonde Lyrique-en-mer. Le baryton américain a été un mémorable Barbe bleue à Berlin, Bosun (Billy Budd) à l'Opéra-Bastille, Don Giovanni au Metropolitan Opera de New-York, Escamillo (Carmen) à l'Opera de Chicago, et au cinéma un excellent et sincère consul dans l'adaptation de Madame Butterfly (Puccini) du regretté Frédéric Mitterand en 1995. Malgré le décès de Richard Cowan en 2015, les étés bellilois restent chantants grâce à son successeur Philip Walsh, le directeur artistique du festival insuffle le temps et l'espace nécessaires pour que les talents puissent s'exprimer, des artistes accomplis, d’autres à l’aube de leur carrière, des amateurs jusqu'aux enfants.

Du 2 au 16 août, trois opéras, des concerts, deux Requiem, des master-classes, …

Pour cette nouvelle édition de Lyrique-en-mer - de la ravissante et atypique Eglise Notre-Dame de l'Assomption (dont les premières pierres datent du XIe siècle) à Locmaria jusqu'à la moderne et confortable salle Arletty sur les hauteurs de Le Palais - Mozart, Purcell, Brahms, Fauré, Bartók et Menotti s’invitent à Belle-île-en-mer. 

«Venez chanter !» tous, le 2 août, en ouverture du festival en l’Église de Le Palais. Parce que Lyrique-en-mer a la volonté de s’adresser à tous les publics, ce désormais incontournable (depuis 2018) concert participatif offrira à 150 chanteurs et chanteuses amateurs la possibilité d’interpréter en chœur des airs d’opéra célèbres, lors d’une seule journée, répétitions et concert compris !

Des héros ombrageux et tragiques aux ambiances acidulées et contemporaines, le genre opéra, inscrit dans l’ADN du Festival, est comme chaque année grandement attendu, il y en aura trois. Le très anglais King Arthur de Purcell, par la compagnie BarokOpera, dont les deux représentations seront données en l’Église de Bangor (les 6 et 7 août), dans une mise en scène annoncée « étonnante » ; puis, Salle Arletty, deux opéras d’un acte chacun en une soirée, Le Château de Barbe-Bleu, l’unique opéra de Béla Bartók, suivi de Le Téléphone, un opéra-comique de Menotti (13 août), une découverte originale qui intrigue déjà... 
Moins drôle mais tellement grandiose, Le Requiem de Brahms pour lequel les jeunes artistes, solistes et musiciens, dirigés par Philip Walsh interprèteront cette œuvre sacrée et humaniste dans les Églises de Locmaria, Le Palais et Bangor (respectivement, les 9, 12 et 15 août).

Aux grandes œuvres de grandes voix comme celle de la soprano américaine (et plus récemment belliloise) Jazmin Black Grollemund, de la soprano Alexandra Hewson, du baryton et poète américain Michael Kelly et du baryton-basse ukrainien Ihor Mostovoi... A cette distribution internationale, de plus jeunes voix viendront étoffer cette richesse de propositions. En effet, la particularité de Lyrique-en-mer est sa vocation pédagogique par l'accès à une formation riche d’expériences offerte à de jeunes artistes, ces rencontres avec des professionnels sont essentielles dans le parcours des chanteurs et chanteuses. Installée à Belle-île pour quelques semaines et participant activement à l'ensemble des productions du choeur de Belle-ile, la dizaine d’académiciens et académiciennes issue des meilleurs conservatoires de musique participera à une production d'opéra en version scénique salle Arletty (Le Téléphone de Menotti, le 13 août). Dans cette même salle, cette jeunesse, que vous ne rencontrerez que très rarement en dehors des salles de répétitions et de concerts, se produira en récital, avec des airs en soli et en ensembles de Mozart, le 4 août. Enfin, pour rendre hommage aux cents ans de la mort de Gabriel Fauré, une soirée de mélodies précédera le somptueux Requiem, une exceptionnelle composition de celui qui fut aussi organiste de l'Eglise Saint-Sauveur de Rennes en 1865 (10 août en l’Eglise de Bangor, 14 août en l’Église de Locmaria).
A ce programme, des master-classes sont à ajouter, elles seront données par les solistes aux jeunes artistes ; organisées chaque été, ces master-classes ont déjà contribué́ à la formation de plus de 300 jeunes chanteurs professionnels, elles sont des instants privilégiés -en accès libre - elles permettent au public d’approcher au plus près du travail si délicat et si difficile de la voix.

On le sait, chanter est une source d'épanouissement extrêmement fédératrice, les enfants, public précieux et respectable de demain, auront un cours de chant et un concert qui leur seront spécialement destinés.

A nouveau, l’aventure du Festival-Lyrique-en-mer se poursuivra au-delà de l’été avec pour ambition renouvelée de renforcer son action. Le calendrier culturel de l’Ile est déjà ponctué par les concerts d’un chœur d’environ 60 amateurs sous la houlette du directeur artistique et d’un chef de chœur. Lyrique-en-mer est aussi à l’origine d’actions pédagogiques auprès des scolaires (en 2024, un partenariat avec le collège Michel Lotte a réuni 60 choristes autour des chants traditionnels bellilois avec des musiciens et des chanteurs professionnels), d’initiatives auprès des personnages âgés (EHPAD) et avec l'hôpital de Belle-Île.

En attendant le coup d’envoi du festival, il est fort à parier que l’émotion sera forte pour le public habitué des lieux mais surtout pour les équipes et bénévoles du Festival, ceux qui œuvrent à l'ombre des remparts de Le Palais pour accueillir les artistes et le public... Après 24 années passées à orchestrer la programmation et plus de 200 représentations données pour Lyrique-en-mer, le directeur artistique Philip Walsh signe son dernier opus cet été. Dès 2025, David Jackson succèdera à Philip Walsh, accompagné par Jazmin Black-Grollemund, déléguée artistique aux actions culturelles et à la pédagogie. The music must go on !

Laurence Caron