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Jusqu'au 4 janvier 2025, Hedwig and The Angry Inch à La Scala

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Qui a dit que nos comédiens et comédiennes français ne savent pas tout faire comme leurs homologues américains !? Brice Hillairet démontre le contraire, le chant et la danse intégrent son jeu, le comédien d’à peine 40 ans, moliérisé en 2016 dans la catégorie « révélation masculine », casse littéralement la baraque. D’une énergie époustouflante, il est entièrement voué à ce personnage d’Hedwig, un peu homme et un peu femme, dévasté et volontaire, douloureux et conquérant, ingénu et ambitieux, victime et héros, Brice Hillairet explore et livre toute la complexité d’Hedwig. Ce rôle est un cadeau, Brice Hillairet le lui rend bien, le répertoire de jeu est vaste, un vrai régal certainement pour l’artiste et à coup sûr pour le public. Eclairée somptueusement par Jacques Rouveyrollis, l'équipe artistique a mis le paquet sur les costumes, perruques et maquillages, Broadway peut être fière. 

Hedwig s’extirpe de cette ambiance fin de siècle et de l’ombre du mur de Berlin en payant le prix fort, le corps dangereusement charcuté pour échapper à une vie au passé désastreux et à l’avenir sombre. Cette agonie victorieuse rappelle le récent film de Jacques Audiard, Emilia Perez, seulement on a changé de siècle et de continent… peu de choses changent, le chemin est long. Heureusement, l’art a un pouvoir salvateur et c’est dans sa musique qu’Hedwig sauve sa peau, une musique qui ne s’arrête quasiment jamais, et dans laquelle Brice Hillairet se trémousse comme Iggy Pop tout en adoptant l’extravagance de Nina Hagen. A ses côtés, les talentueux Anthéa Chauvière, Lucie Wendremaire, Louis Buisset, Antonin Holub et Raphaël Sanchez font chauffer et vibrer les murs de la Scala. Un humour grinçant et potache, pas toujours bien traduit peut-être, tente d’apporter de l’oxygène et ces gorges qui parfois se serrent tant l’émotion est forte, le propos fictionnel semble parfois si réel ! Bref, La Scala a encore réussi son coup avec maestria, après le sublime et poétique Sourire de Darwin d’Isabelle Rosselini, Hedwig and The Angry Inch est une nouvelle expérience/performance artistique forte, une sorte de témoignage inouïe, essentiel, qui sous couvert du divertissement peut participer à changer le monde.

Laurence Caron

Photo Grégory Juppin.   

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