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Peaky Blinders. The Redemption of Thomas Shelby à la Seine Musicale

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Un pari - drôlement gonflé - gagnant !

Passionnée par les « comédies musicales » mais refroidie par de nombreuses tentatives qui ont tristement ringardisées le genre, j’ai tardé à réserver mes places pour la Seine Musicale. Là où fut l’usine Renault, l’extérieur de la construction majestueuse abrite un auditorium qui est une grande réussite autant par son esthétisme architectural qu’en prouesses techniques, mais la salle de spectacle -avec son plateau démesurément large et ces chaises moches- n’invite pas au rêve… D’ailleurs on regrette, comme pour West Side Story (en 2017), que le spectacle Peaky Blinders - The Redemption of Thomas Shelby ne soit pas dans une salle comme le Théâtre du Châtelet, désigné autrefois très justement comme étant LE « Théâtre Musical de Paris », ceci est une autre histoire… En attendant, La Seine Musicale s’est transposée au cœur des années folles et c’est une réussite. Outre le personnel d’accueil de la salle de spectacle - qui a très élégamment adopté le costume trois-pièces foncé, la chemise à col amidonné et la casquette gavroche - nombreux sont les spectateurs à arborer fièrement le total look Peaky Blinders. Ces engagements vestimentaires uniques créent, dès l’entrée dans la salle, une atmosphère festive inscrite dans la tradition des grands shows anglo-saxons (on se souvient encore de Mamma Mia ! où des drag-queens improvisées franchissaient les portes du Théâtre Mogador).

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Entre les murs noirs du vaisseau du Pont de Sèvres, les faubourgs de Birmingham, les bars crasseux ou cabarets chics dévergondés, les ruelles coupe-gorges et cette ambiance foggy so british dans cette époque d’entre-deux-guerres se matérialisent en jeux de lumières et effets visuels. Imposante, une structure rectangulaire offre aux artistes un espace extrêmement ludique sur plusieurs niveaux sur - et dans -  lequel les 18 danseurs de la Rambert Dance Company se déchaînent. Cet ingénieux plateau et la richesse de la chorégraphie suffisent largement à créer les décors et à donner vie aux tableaux. Ça danse, mais alors ça danse comme rarement. Le français Benoit Swan Pouffer (cocoricoooo !), directeur artistique de la compagnie Rambert, signe la chorégraphie. Danseur Principal chez Alvin Ailey American Dance Theater pendant sept ans, puis directeur du Cedar Lake Contemporary Ballet à New York pendant dix ans, le frenchy écrit aussi bien pour les comédies musicales de Broadway, films ou créations vidéo, que pour les compagnies de haut vol. Gommant les frontières entre les genres, le chorégraphe saute du spectacle populaire jusqu'au plus élitiste avec une exigence égale ; on comprend pourquoi sa carrière ne s’est pas cantonnée à la France et on s’en félicite ! L’efficacité est la règle, tendue et variée, la création chorégraphique a le don de tenir le propos dramatique du début à la fin sans jamais perdre haleine. Très inspirée par ce qui se fait de mieux, des bases néoclassiques jusqu’au meilleur du contemporain - et chez Rambert on s’y connaît depuis 1926 – solos, pas de deux ou ensembles, les artistes font d’infinies propositions, rien n’est cédé à la facilité, c’est une danse aussi radicale que lyrique. A cette danse rythmée et narrative, les danseurs bourrés de talent s’affranchissent de la discipline pour affirmer des personnalités dramatiques bien trempées, une qualité qui rend le spectacle archi vivant. Ici, on danse tout le temps, le corps est un moyen d’expression dans son entier. Sans perdre un instant, la fresque, souvent sombre et désespérée, se déroule à toute allure, c’est à peine si on réalise les changement de costumes.

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Enfin, forte et en live (de plus en plus rare sur nos scènes) et super bien arrangée par Roman GianArthur, la bande-son de Peaky Blinders envahit l’espace ; interprétée par de sacrés bons musiciens, que l’on devine en clair-obscur comme suspendus en fond de décors, ça déménage. Surtitré en français, la voix de stentor du comédien Benjamin Zepharian (le prêtre Jeremiah James Johnson dans la série, décédé en décembre dernier)  situe quelques actions repères et répliques emblématiques afin d’orienter le public. Pourtant, que l’on connaisse l' histoire ou pas cela n’a que peu d’importance, on se promet un très prochain visionnage.

A la Seine Musicale, le public « danse » se montre peu, un snobisme franchouillard typiquement parisien, c'est un tort. On verra si cette résistance tiendra encore jusqu'en octobre 2025 où est attendu avec une immense impatience le Swan Lake de Matthew Bourne

Laurence Caron

Photos ©Johan Persson

Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer

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