EXIT au Théâtre14 jusqu’au 23 novembre
Les échos venus du Off d’Avignon étaient dithyrambiques, assurément il s’agissait du spectacle « à voir ». Cependant, le sujet de la pièce portant sur « la fin de vie » et la question posée à nos sociétés pour y répondre me faisaient freiner des quatre fers… Il y a des expériences personnelles et une certaine sensibilité auxquelles il est difficile d’échapper. Et pourtant ! « Exit » au Théâtre14 (qui se joue jusqu’au 23 novembre : dépêchez-vous) est un bijou théâtral, intelligent et divertissant. Car le théâtre dans son espace de liberté tout entier - même militant ou contestataire - demeure un lieu d’émotions, de rire ou de pleurs, tant que le texte (et les comédiens qui le portent) ne perd pas de vue sa mission première : la poésie. C’est le cas ici. La pièce « Exit » est un grand moment poétique, inspirée du documentaire de Fernand Melgar, sur l’association suisse éponyme « pour le Droit de Mourir dans la Dignité », autrement dit le suicide assisté. Charles Templon signe cette adaptation, traduite délicatement en mots par Karine Dubernet et Benjamin Gauthier, et projetée par une formidable équipe artistique qui jongle entre les rôles de malades et bénévoles.
Au moment où j’écris, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée Nationale, s’est exprimée en faveur d’une reprise des travaux sur la fin de vie, cette loi, balayée par la récente dissolution, attend d’être examinée… la suite est espérée en janvier 2025. C’est long. Trop long. La France traine des pieds. Heureusement, les artistes ont moins froid aux yeux et les salles de spectacles comme le Théâtre14 ne perdent pas de temps en tergiversations pour s’engager. La pièce « Exit » est une parfaite illustration de l’importance de la culture pour délier la parole, même celle que l’on rechigne à entendre. La troupe, constituée de Philippe Awat, Marie-Sohna Condé, Lucie Gallo, Benjamin Gauthier et Nanou Garcia, joue vraie, soutenue par la mise en scène de Charles Templon qui réinvente le réel à la perfection. Comment répondre à un sujet aussi complexe d’une façon aussi simple ? Comment résoudre la difficulté en une évidence ? Comment éviter l’écueil du drame de la mort pour finalement célébrer la vie ? C’est le secret de cette pièce. Le langage artistique déployé autour de ce sujet si sensible, on le devine, est à la hauteur du dévouement des bénévoles de cette association, profondément humain aux plus beaux sens du terme. Résolument, Exit au Théâtre14 est vraiment la pièce « à voir ».
Laurence Caron