Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Contrastes à l'Opéra Garnier

Capture d’écran 2025-12-05 à 09.38.10.png

« Contrastes » à Garnier jusqu’au 31 décembre porte bien son nom ; des danseuses et danseurs aux personnalités fortes composent désormais le Ballet de l’Opéra national de Paris. Quand cette myriade d’Etoiles envahit le plateau, on en prend plein les yeux !

« Anima Animus » de David Dawson (Germain Louvet, Bleuenn Battistoni, Paul Marque) Photo : Benoîte Fanton / OnP

Disparue en 2017, la chorégraphe américaine Trisha Brown est à l’honneur, elle ouvre le bal de cette soirée souhaitée par José Martinez. Sur la composition musicale un peu déroutante de Laurie Anderson (poème de Czeslaw Miloz "Ode à un oiseau"), la pièce « O złożony / O composite » a été créée par Trisha Brown pour le Ballet de l’Opéra en 2004. Trois Etoiles s’emparent de cette post-modern dance avec un sens de la perfection d’une redoutable efficacité. C’est un régal pour les yeux, chaque plan est comme une construction hautement architecturale avec toujours cette expressivité glaçante, une sorte de dénuement qui s’amplifie encore plus lors de la seconde pièce « If you couldn’t see me ». Cette nouvelle entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra est un solo exceptionnel par sa haute technicité et perturbant parce que dansé dos au public. « If you couldn’t see me » présente une danse sans visage qui interroge, impressionnante par sa rigueur, ces angles et décalages des articulations. Cette danse dessinée par Trisha Brown est amplifiée par la musique et l’ensemble du design scénique créés par Robert Rauschenberg, elle est extrême et puissante, toujours aussi glaciale à mon sens, et peut-être aussi déjà usée tant le parti pris est intense… chacun en jugera selon sa propre sensibilité.  

Seconde entrée au répertoire de la soirée, "Anima Animus" du chorégraphe britannique David Dawson nous fait rejoindre la lumière du jour sur la fantastique musique de Ezio Bosso. Dans une perspective monumentale blanche soulignée d’un liseré noir, par définition élégant, comme sorti d’une boite Chanel, une ribambelle d’Etoiles couvre la scène avec une énergie fantastique. Même s’il n’y a rien de très nouveau en termes de chorégraphie pure, l’exigence technique et l’ahurissante endurance de Anima Animus sont un éblouissement. Les interprètes n’ont de cesse de traverser la scène, ils glissent, ne s’arrêtent jamais, merveilleux virtuoses des pointes de pieds qui touchent à peine terre jusqu’aux poignets qui se cassent comme de petites ailes d’oiseaux, la danse neo-classique atteint son paroxysme idéal.

Enfin, plus souvent connu auprès du Nederlands Dans Theater ou de la Batsheva Dance Company, le couple de chorégraphes néerlandais, Imre et Marne van Opstal, est pour la première fois à l’Opéra national de Paris avec la création « Drift wood » mis en musique par Amos Ben-Tal, dont on ne s’étonnera pas qu’il est aussi chorégraphe tant l’accompagnement sonore participe à la chorégraphie. La pièce de 40 mn est construite comme un ballet dans son entier, les propositions sont si riches que le ballet pourrait durer deux heures. Avec une attention particulière portée aux jeux de lumières ou plutôt au jeux d’ombres, les interprètes se présentent en une photo de famille qui prend vie d’une très étonnante façon avec d’astucieux effets scéniques faisant perdre le fil de la réalité. Les mouvements sont d’une précision intense célébrant l’éloge de la lenteur, une atmosphère ouatée qui amplifie le sentiment de passage du temps, si un des interprètes devait tout à coup s’envoler, je crois que personne n’en serait étonné. Même si l’influence de Jiří Kylián semble forte, il y a quelque chose de nouveau dans cette danse, on voudrait en savoir plus, en voir plus, encore et encore...

Laurence Caron

Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer

Écrire un commentaire

Optionnel