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"Moi, moi & François B." au Théâtre Montparnasse

clément gayet,françois berléand,constance collé,sébastien castro,stéphane hillel,théâtre montparnasseIl n’y aura pas de synopsis.
Non, c’est hors de question.
Si je raconte, ne serait-ce que quelques bribes, je vais gâcher la surprise, concoctée par l’auteur Clément Gayet, dans laquelle François Berléand tient le haut de l’affiche.
Le titre de la pièce et sa distribution suffiront pour cette fois et quelques impressions…

Ce soir, c’est la Couturière, la dernière des répétitions celle qui précède la Première. Ce soir, ce sont les copains qui sont dans la salle, quelques "gens du métier", parfois un peu de famille et les fidèles -indécollables- du Théâtre Montparnasse. Ce soir, j’imagine que les saltimbanques ont le le trac. Ce soir, le metteur en scène Stéphane Hillel rappelle qu’il s‘agit d’une ultime séance de travail et que si cela s’avère nécessaire il interrompra le cours de la pièce. Ce soir, c’est aussi une première pour moi, je vais découvrir François Berléand sur scène… Ce soir, c’est un peu comme si « je rentrais à la maison » après de longues vacances, la pénombre du Théâtre Montparnasse éclairé par de petits lustres d’or et de cristal rassure, les parfums poudrés des dames élégantes se mêlent à la douceur légèrement poussiéreuse de l’air ambiant, les conversations sont étouffées par le velours rouge qui recouvre tout, et, c'est heureux, la chaleur de cet été indien parisien s’est vue interdire l’entrée du Théâtre.

Cet insoutenable légèreté de l’art, c’est cela le Théâtre, propulse le spectateur tout entier dans l’univers d’un auteur, recréé par le jeu imaginatif des comédiens, et guidé, ou volontairement égaré, par l’ingéniosité du metteur en scène. Ici sur les planches, personne ne fait semblant, tant à considérer que la vérité est une vue l’esprit, ce Théâtre là c’est la vie mais en mieux. Très largement inspiré par le Théâtre de l’Absurde, le rire, sous la plume de Clément Gayet, devient Maître de l’Illusion, le spectateur se fait malmener, innocent et abandonné pantin, tel est pris qui croyait prendre… François Berléand est d’une décontraction et d’un naturel incroyable, il est un peu comme assis dans votre salon à vous raconter les péripéties de sa journée ; c’est aisé alors de comprendre pourquoi la télévision et le cinéma s’arrachent le comédien depuis plusieurs années, sans jamais se lasser. Cet artiste là ne fait en effet jamais semblant, il est.

Sébastien Castro est génial, sa présence originale, le timbre de sa voix, le comédien est définitivement moderne et assume un décalage qui lui sied parfaitement. Constance Dollé est une comédienne toujours aussi brillante -pour l’avoir rencontrée très souvent sur les scènes- tournoyante comme une plume délicate soulevée par l’air, elle se pose là où on ne l’attend pas, avec force. La performance inattendue d'Inès Valarcher est aussi remarquable, son personnage est poétique, teinté de dadaïsme et de cubisme, il semble né d'un poème d'Apollinaire ou d'une toile de Delaunay... 

Quant à la très exacte orchestration du metteur en scène Stéphane Hillel, elle n’est plus à démontrer, elle se révèle à nouveau. Stéphane Hillel a un sens inouï pour faire oublier l’effort, tout semble si évident, à nouveau, il ne s’agit pas ici de faire semblant mais de vivre pleinement l’instant présent. Savoureux.

« Moi, moi & François B. » est à ne pas rater, en particulier pour les amoureux de Beckett, Ionesco ou Pinter, l’absurde est le meilleur des remèdes à nos maux et questionnements ; les auteurs, d’après la seconde guerre mondiale, ont su si merveilleusement bien le démontrer qu'il est rassurant, et très stimulant, pour nos esprits, de constater que des auteurs contemporains continuent à résister. Bravo !

Laurence Caron 

Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer

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