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En 2019, Crystal Pite crée Body and Soul pour le Ballet de l’Opéra de Paris, cette même année Angelin Preljocaj imagine Winterreise Voyage d’hiver initialement pour le Ballet de La Scala de Milan puis avec sa compagnie lors du Montpellier Danse. En ce début d’année 2022, attendu avec ferveur, le premier est repris à l’Opéra Garnier jusqu’au 20 février tandis que le second vient de triompher pour quatre représentations exceptionnelles au Théâtre des Champs-Élysées.
Depuis 2014, les Productions Internationales Albert Sarfati proposent au public du Théâtre des Champs-Élysées le meilleur de la danse dans toute sa diversité. Sur la scène qui a accueilli pour la première fois Joséphine Baker en 1925, entre les bronzes et fresque de Bourdelle et sous la majestueuse coupole de Maurice Denis,un public averti ou totalement néophyte a rendez-vous chaque année avec les compagnies de danse et les danseurs du monde entier. Des œuvres entrées au grand répertoire de la danse jusqu’à d’autres inédites, la programmation choisie de TranscenDanses « défend toutes les danses d’hier, d’aujourd’hui et certainement de demain ».
« Mon instrument est un prolongement de moi même. J’ai besoin de le voir, de le toucher, le jouer chaque jour. Son absence crée un manque, il fait partie de ma vie. » Philippe Muller.
Le sensible virtuose à une discographie foisonnante et variée, Philippe Muller enseigne aujourd'hui à la Manhattan School of Music à New-York, auparavant il était professeur au CNSM de Paris de 1979 à 2014. Hier soir, au Théâtre des Champs- Elysées, entourés par l’Orchestre de chambre de Paris, les élèves du Maître se sont réunis afin de rendre hommage aux 50 ans de carrière de leur professeur.
De la très enlevée Rhapsodie Hongroisepour violoncelle et orchestre de David Popper au formidable Violoncelles, vibrez ! de Giovanni Sollima, le programme de la soirée n’oublie pas ses classiques avec le profond et mélancolique Trio n°1 pour piano, violon, violoncelle en si bémol majeur majeur de Franz Schubert ou bien avec les très dansantes Variations sur un thème Rococo pour violoncelle et orchestre de Piotr Ilitch Tchaïkovski, entre autres merveilles… C’est sur ce programme juste et aérien que le toujours très joyeux Orchestre de Chambre de Paris a accueilli la crème du violoncelle français.
L’orchestre de Chambre de Paris a élu domicile au Théâtre des Champs-Elysées pour une série de concerts remarquée, comme à son accoutumée, par une grande intelligence dans le choix du répertoire. Les musiciens sont dirigés, pour ce concert, par le très contemporain Arie van Beek. Sur une idée du prodigieux Gautier Capuçon, les violoncellistes Anne Gastinel, Philippe Muller, Marc Coppey, Henri Demarquette, Edgar Moreau, Raphaël Pidoux, François Salque et Sung-Won Yang soutiennent tour à tour les ventres de bois précieux des violoncelles élancés sur leur pique. Ces personnalités artistiques fortes sont accompagnés par les violonistes Jean-Jacques Kantorow et Marianne Piketty, tandis que Jacques Rouvier marque des accents profonds au piano.
Arie van Beek
Les instruments se font dociles sous l'impulsion des archets, épousant à la perfection les mouvements souhaités par leurs interprètes, les violoncelles chantent. Parfois puissante ou murmurante, tonique ou suave, appuyée ou effleurée, la musique respire. Le violoncelle a quelque chose « d’organique », tant par sa forme que par le son qu’il crée. Ventre magnifique ou poumon fier, il demeure définitivement attaché au corps de son interprète.
Les talents se bousculent sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées, le public s'envole d’un enchantement à un autre. Les plus grands violoncellistes français sont, le temps d’une soirée, redevenus des élèves attentifs et concentrés, ils ont cette grâce incroyable, qui porte les très grands artistes, à affronter les difficultés techniques et le travail infini qu’exigent la maîtrise d’un tel instrument. Et, cette maîtrise parfaite fait naître un vent léger qui éloigne, pour un temps, des réalités du monde pour nous élever ailleurs... Inoubliable, merci.
Gautier Capuçon, Marc Coppey, Henri Demarquette, Anne Gastinel, François Salque, Sung-Won Yang et toute la jeune génération du violoncelle français se réunissent autour de leur professeur Philippe Muller pour lui rendre hommage à l’occasion de ses 50 ans de carrière, le 2 avril au Théâtre des Champs-Elysées.
De la musique de chambre à l’orchestre de chambre, un programme-festival illustrant toutes les formes de musique autour du violoncelle.
Depuis près de vingt ans, les américains sont fous d’Eifman, en 2004, le New York City Ballet lui commande une œuvre en hommage à Balanchine : «Musagète». Comme un écho à ce rêve américain, à Paris, le « Up and down » de Boris Eifman est une fresque scintillante, et aussi un drame exacerbé par un romantisme dont la culture Russe n’est pas si éloignée… En 2013, Boris Eifman racontait déjà une histoire, celle de «Rodin et son Eternelle Idole», c’était au Théâtre des Champs-Elysées. Ces jours-ci, et entre ces mêmes murs, le chorégraphe Russe propose une adaptation libre du chef-d’oeuvre de l’auteur américain F. Scott Fitzgerald « Tendre est la nuit » (1934).
Le ballet contemporain russe à la sauce américaine
Très proche, le maître du ballet contemporain russe (et au delà), Vaslav Ninjinsky, veille, son souffle chorégraphique habite les lieux, certains déhanchements se font de côté et les bras forment des angles géométriques. Puis, la théâtralité chère à Boris Eifman fait son œuvre et ajoute des notes véloces et harmonieuses. Merveilleux danseurs, ils sont beaux, élancés, ils prennent possession du plateau comme des mannequins sur un podium. Ils s’élancent et s’envolent, les danseuses, majestueuses, allongent des bras-ailes-de-cygnes infinis si particuliers à l’école russe. Là, où la technique est maîtresse, des instants tourmentés - l’inceste, la folie, l’amour - laissent place à la joie de vivre des années folles : ce sont les cabarets et ses nuits de danse et de musique, la magie d’Hollywood qui prend forme par une scène très inventive et drôle, et la liberté affichée des corps qui s'ébrouent dans un ballet en maillots de bain d’époque, coloré et amusant, et, réglé au cordeau façon Balanchine.
Gershwin, dont la famille était originaire de Saint-Pétersbourg…
Dans cette grande liberté de ton, Boris Eifman n’est jamais avare de mouvements, il y a tant à danser, dans une succession de tableaux courts, le chorégraphe se veut metteur en scène, entre comédie musicale et théâtre dramatique. La danse ne s’arrête jamais, sauf lors des changements de tableaux dont les flottements mériteraient quelques attentions scéniques. Entièrement voués à leur discipline, une course effrénée s’engage entre les danseurs, même lorsque le propos est tragique, l’émotion n’a pas de temps ou pas assez de place pour s’exprimer. Dommage. Le patchwork musical de « Up and down » laisse perplexe. Mêlé de compositions de George Gershwin et d’Alban Berg, il y a une cohérence, l’époque réunit les génies (et puis ils étaient amis), seulement les partitions de Schubert ou de Chopin rendent à épaissir un peu trop la sauce, dosée à la louche, c’est un medley de tubes plutôt qu’une véritable intention artistique.
Ce soir de première au Théâtre des Champs-Elysées, la salle est comble, les danseurs et Eifman multiplient les saluts encouragés par la chaleur des applaudissements... Néo-classique et extrêmement narrative, la danse d’Eifman est un genre à part, «Up and down» est assurément un spectacle de grand divertissement rendu intense par l’excellence des Etoiles et du Corps de Ballet de Saint-Pétersbourg.