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« La danse du diable » de Philippe Caubère : l'art diabolique !

philippe caubère,maurice béjart,jean babilée,théâtre de l'athénée,la danse du diablePhilippe Caubère est un comédien hors normes…n’est-ce pas ce qui est souhaitable pour un artiste ? Concentré, sensible et grandiloquent, le comédien est absorbé par le cheminement de l’histoire qu’il raconte, et par le souffle qu’il déchaîne pour donner vie à chacun de ses personnages, tant et si bien que parfois, il semble oublier un peu son public… La salle du Théâtre de l’Athénée est comble, un public déjà conquis s'abandonne à son idole. Philippe Caubère articule un show diabolique, le spectacle porte terriblement bien son titre « La danse du diable ».

Le comédien est seul en scène, fantasque et inconséquent, il s’exhibe, il bouscule, il s’offre totalement. Il étend ses bras et franchit d'un pas la scène, il embrasse et embrase l’espace ; s’il le pouvait, il viendrait bouffer l’oxygène de la salle dans son entier et pourquoi pas le public par la même occasion !
Vorace, il est un monstre, indomptable, inépuisable, un animal sauvage au jeu de scène sophistiqué, à aucun moment il ne lâche son auditoire, il est partout, même lorsqu’il échange un accessoire ou un costume, il ne quitte pas les planches. En une esquisse finement griffée, il rattrape l’attention qui parfois tente de s’égarer lors de ces plus de trois heures de spectacles... C'est un débordement génial, trop de mots, trop de gestes, trop d’émotions, trop de rires, trop d’étonnements, et trop, bien trop long... 

philippe caubère,maurice béjart,jean babilée,théâtre de l'athénée,la danse du diableMarathonien du drame et de la drôlerie, il avance, force monumentale, sorte de bulldozer littéraire, il dessine sans retenue un langage recherché composé de fines observations, d'une prose existentielle, d'un militantisme idéologique, de la poésie de l’enfance ou de profondeurs abyssales ponctuées de quelques superficialités inattendues.
Philippe Caubère est Le Molière d’Ariane Mouchkine, le plus bouleversant, celui qui restera à jamais inégalé, il est aussi un metteur en scène et un très grand auteur. Résolument engagé dans ses actes et choix artistiques, il est autant contestataire que provocateur s’il juge la cause nécessaire.

Depuis plus de trente ans « La danse du diable » rebondit entre cour et jardin, inonde les parterres de spectateurs enthousiastes ; au fil des improvisations du comédien, la matière brute se lisse ou s’effrite, s’affine ou s’épaissie. La scène est toujours trop étroite pour Caubère, le public n'est jamais assez nombreux, à l’image d’un Johnny Halliday pour qui il dessine des instants cultes : offrons-lui un stade ! Il est un immense comédien, sa technique de jeu irréprochable le maintient dans une certaine mesure (heureusement), il s’emporte, il ne s’arrête jamais, il a tant de choses à dire, tant de choses à montrer, et puis il est tellement libre !
Le monde est trop petit pour Philippe Caubère et peut-être que le temps l’est aussi : le comédien dédie cette « Danse du diable » à Jean Babilée qui interpréta « Le Jeune Homme et la mort » (Maurice Béjart) plus de 200 fois, il créa ce ballet à 20 ans et il le dansa encore à plus de 60 ans…

Laurence Caron-Spokojny

« La Danse du Diable évoque autant qu’elle raconte, car c’est un spectacle comique et fantastique, c’est-à-dire poétique, l’enfance et l’adolescence d’un enfant du pays provençal, Ferdinand Faure, dans les années 1950 à 1970. Les Chartreux, Saint-Louis, le parc Borély, et même le château de Picasso à Vauvenargues en sont les "décors". Bien connus des Marseillais, ils seront découverts par les autres. De Gaulle, Sartre, Mauriac, Malraux, Johnny, Roger Lanzac, Lucien Jeunesse, Gaston Defferre, François Billoux, "Souliounoutchine", la panoplie des stars de ce temps-là sera au rendez-vous. La Danse du Diable, c’est surtout le portrait de Claudine Gautier ("nom de jeune fille…"), mère de l’auteur et de son double imaginaire, qui mène tout le monde, le récit et la représentation elle-même, à un train d’enfer et sous sa férule impitoyable, son imagination débordante, son bagout intarissable. On verra aussi que l’histoire était finalement plus triste qu’on aurait pu l’imaginer d’abord, quand on aura compris que cette logorrhée joyeuse n’était que la course à perdre haleine contre le seul adversaire qui finit pas toujours gagner : la mort ! »

 

[Philippe Caubère, le 1er juillet 2013]
La Danse du Diable a été créée le 3 mars 1981 au Ciné Rio de Bruxelles, dirigé par Stéphane Verrue et Christian Baggen.

 

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Commentaires

  • Merci beaucoup, il très intéressant

  • J'ai beaucoup cet article

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