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Des stars à l'affiche du Théâtre Hébertot dans "Victor" d'Henri Bernstein

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 En 1950, Victor (Grégory GADEBOIS) sort de prison. Il a accepté de purger une peine en lieu et place de son ami Marc (Eric Cantona), héros de guerre, désormais homme d'affaires brillant et indélicat, par amour pour Françoise (Caroline Silhol), la femme de Marc.
L'amitié virile, le grand amour, l'argent brûlant vont précipiter ce trio charismatique dans une ronde à perdre haleine, orchestrée 
par le dramaturge français Henri Bernstein (1876-1953) au sein de cette France de l'après-guerre vivante et meurtrie. 
 

Lancer une pièce à la rentrée est toujours un pari risqué. Juste accosté de leurs vacances estivales, le public concentré sur ses activités s’octroie souvent sa première sortie comme un événement marquant, une récompense aux tâches accomplies liées à cette période mouvementée qui prononce aussi un choix évident pour les lieux de création, ou salles plus obscures de la culture, au détriment des terrasses ensoleillées devenues, déjà, un souvenir. Après ces semaines passées loin des théâtres, l'attente est grande.

« Victor » s’inscrit à l’affiche du Théâtre Hébertot. Les colonnes Morris se parent d’une photo signée Harcourt délicieusement vintage, elle représente les visages des trois rôles principaux. Un d’entre eux, Éric Cantona bat le rappel auprès des médias avec toujours autant de brio et on l’aperçoit aussi bien dans la presse people que dans celle plus élitiste dédiée au Théâtre.

Aux côtés du footballeur « King Éric », désormais acteur mais aussi peintre, photographe et collectionneur à ses heures, Grégory Gadebois est espéré avec la plus grande attention. C’est une des rançons du succès, peut-être la plus chère à payer, enchaîner un rôle après avoir été le lumineux « Charlie » dans « Des fleurs pour Algernon », pièce pour laquelle le comédien de la Comédie Française a tutoyé les anges, ceux de Marlon Brando ou de Louis Jouvet. Massivement présent et d’une justesse désarmante, Grégory Gadebois est intense et subtil, alliage d’honnêteté et de tendresse avec toujours ce je-ne-sais-quoi de naïveté dont seul le comédien a le secret. L’espace lui semble parfois insuffisant, à moins que cela soit le texte qui se bouscule. Mon ressenti est totalement déformé par l’émotion toujours présente de son interprétation magistrale de « Charlie », c’était dans cette même salle en 2014, « Charlie » habite encore les lieux. Pour suite, j’imaginais autre chose, peut-être un des vagabonds dans « En attendant Godot » (Beckett)…
Eric Cantona quant à lui est bien plus proche du mafieu que de l’homme d’affaires. Mégalomane, tonitruant, il apparaît en costume croisé et borsalino et tout ce qui l’entoure lui siet à ravir. Caroline Silhol campe une Ava Gardner version blonde, belle évaporée, chic, l'éternel féminin virevolte autour de ses deux compagnons de scène avec assurance. 

C’est une affiche de stars pour démarrer la saison du Théâtre Hébertot et elle dissimule aussi des pépites : Serge Biavan et Marion Malenfant. En effet, leurs visages ne sont pas sur l’affiche mais ils sont terriblement présents sur scène. Marion Malenfant, jeune pensionnaire de la Comédie Française (la Marilyn Monroe de « Norma Jeane ») est délurée ou bien tendre, juste ce qu’il faut. Quant à Serge Biavan, il offre une interprétation élégante dont l’exact repect du texte et l’articulation maîtrisée tranchent avec le jeu plus rude de ses compagnons masculins.

Enfin, la mise en scène classique de Rachida Brakni se ponctue de décors rafinés aux déplacements dansants sur les accents jazzy de « Nature Boy » l’air sensible de Nate King Cole, le charme agit. Un rendez-vous théâtral à la saveur douce amère dont la date est à inscrire sur la todo list de la rentrée.

Laurence Caron-Spokojny

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