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Madame Bovary au Théâtre de Poche-Montparnasse, à 19h du mardi au samedi et le dimanche à 17h30

paul emond,,sandrine molaro,gilles-vincent kapps,félix kysyl,paul granier,david talbot,madame bovary,gustave flaubert,Cette petite bourgeoisie de province et son ennui caractéristique, Gustave Flaubert en connaît bien les travers pour l’avoir vécu auprès de ses parents alors que son père était chirurgien à l’Hôpital de Rouen. Ce louable ennui a fait naître un des plus grands romans du XIXe siècle, « Madame Bovary », aujourd’hui adapté en version scénique au Poche-Montparnasse.

Ce spectacle est un délice, doux et amer à la fois : un gâteau au chocolat sucré cerné d’amandes croquantes roulées dans du pur cacao, fourni de zestes d’oranges et de citrons… parfait pour cet hiver !

 

Loin d’être une simple lecture, des extraits du chef-d’œuvre littéraire sont habilement choisis afin de conserver le relief puissant de la plume de Flaubert. L’auteur, Paul Emond, articule l’écrit sur une trame composée de grotesque et de tragique, il ne s’éloigne jamais de l’oscillation de départ souhaitée par Flaubert qui verse dans le romantisme ou bien dans le réalisme. Ainsi, sans jamais changer d’orientation mais en insufflant un tempo nécessaire aux jeux des comédiens et à la mise en lumières de l’espace scénique, «Madame Bovary» prend vie. Et, elle est la comédienne Sandrine Molaro, parfaite. Elle a juste ce qu’il faut de folie et d’humanité, « juste ce qu’il faut » c’est-à-dire qu’il ne faut surtout pas qu’elle en fasse de trop, ni qu’elle en fasse moins, son interprétation est un véritable exercice d’équilibriste. À ses côtés, des artistes tout à fait formidables se partagent les rôles du roman : Gilles-Vincent Kapps, Félix Kysyl (ou Paul Granier, en alternance) et David Talbot. Ils jouent et ils chantent, troubadours ou tragédiens, les interprètes sont aussi d’attentifs conteurs à la compréhension et au respect des lignes créées par Flaubert. Les intentions de jeu et les vives successions des scènes permettent à l’esprit de changer de point de vue, tour à tour, attendri, ému ou surpris à rire, les spectateurs se régalent (du gâteau).

Bref, cette « Madame Bovary » du Poche-Montparnasse nous laisse une raison de la jalouser : la provinciale fantasque n’a pas pris une ride ! Au-delà des problématiques et des quelques acquis issus des "mouvements féministes", les affres qui maltraitent Emma Bovary révèlent une critique à jamais contemporaine. Cette société du XIXe siècle a peut-être évolué pour atteindre le XXIe siècle, mais pas la nature humaine… Je vous laisse juge.

Laurence Caron-Spokojny

nb :  A voir aussi au Poche-Montparnasse, "Les Voisins" de Michel Vinaver

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