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La brique supplémentaire posée par Roger Waters sur "The Wall"

C’est toujours bien de retrouver un artiste « engagé », le phénomène est de plus en plus rare, il est remarquable…

En 1985, Roger Waters quitte les Pink Floyd avec sa vie, son œuvre, « The wall », sous le bras. « The wall » est en effet une œuvre à part entière, musicale et graphique (dessins de Gérald Scarfe, film réalisé par Alan Parker - 1982) : l’histoire d’un petit garçon pour qui il est douloureux de grandir, la mort du père, une vision de la vie qui se voudrait optimiste mais qui n’y parvient pas, une lutte acharnée et polémique contre toutes les formes d’oppression, les dictatures, la guerre, le terrorisme, mais aussi un délire paranoïaque qui vire à la folie. L’œuvre «The Wall» est en cela intemporelle, on le regrette.

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Pourtant, ce 20 septembre au centre de ce temple du consumérisme (le stade de France), il est difficile de supporter la vision de ce dictateur délirant qui tire sur le public, ce grossier mélange d’Hitler, Hussein, Khadafi ou Mussolini nous est familier, nous le rencontrons sur nos écrans de télévision, bien réel, à la une de nos journaux, passé ou présent, il est inscrit dans notre quotidien. La caricature se fond avec son modèle. Depuis le concert de 1988 au Château de Versailles, le mur de Berlin est tombé et les parois du World Trade Center aussi, le goût amer du message délivré par « The Wall » s’avère aujourd’hui un peu écoeurant, cela est de trop. Heureusement, l'édifice de briques construit entre le rockeur et son public fini par s’écrouler, la parabole libère et rassure. Pour en arriver là, l’œuvre vidéo s’est étirée sous mille feux avec une ingéniosité artistique incroyable, les musiciens et les effets sonores ont fait vibrer les sens d’un public attentif, dévoué, abandonné à son Maître...

Roger Waters a soixante-dix ans, il a la voix fatiguée mais cela n’a aucune importance, la musique est bonne et elle reste une des dernières traces d’une époque emblématique, révolue, enterrée (pour l'instant peut-être), une époque au cours de laquelle nous pensions tous qu’il était possible de changer le monde à coup de rock’n roll. 

Laurence Caron-Spokojny

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