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"Une journée particulière" au Théâtre de l'Atelier

Rome, 6 mai 1938. Hitler rencontre Mussolini. Une parade militaire rameute la population pour célébrer l'entente fasciste entre l'Allemagne et l'Italie. Dans un lieu déserté de ses habitants, la rencontre d’une femme au foyer, délaissée et éreintée, et d‘un homme dont l’homosexualité est condamnée par le régime totalitaire, révèle une humanité terriblement douloureuse, vidée de sens. L’histoire « Une journée particulière » voit le jour en 1977 au cinéma, Ettore Scola signe un chef d’œuvre. Sophia Loren est une tragédienne fatale et Marcello Mastroianni est d’une délicate fantaisie, le duo est sensible, éblouissant.

Au Théâtre de l’Atelier, ce sont deux acteurs du cinéma français qui endossent les rôles de leurs ainés, Laetitia Casta et Roschdy Zem, dans une version adaptée par Huguette Hatem, Gigliola Fantoni et Ruggero Maccari et mise en scène par Lilo Baur.

Dans une ambiance baignée de chants et de messages radiodiffusés mis au service du dictateur, des costumes jusqu’aux décors, l’adaptation théâtrale colle à la création cinématographique de départ. Qu’il s’agisse d’être respectueux de l’œuvre originale ou bien de la réinventer, le pari est toujours risqué. Pour cette fois, une sorte de simplicité règne, hormis un décor tournant extrêmement ludique, cette version théâtralisée a fait le choix de l’humilité, ce sont les âmes (perdues) des personnages qui habitent l’espace. Laetitia comme Sophia a cette grâce lumineuse qu’une robe de quatre sous et des chaussons n’éteignent pas. Roschdy comme Marcello a cette pudeur qui laisse parfois échapper un brin d’imprévu. Cependant, il est tout à fait inutile de comparer, ce qui se passe au cinéma ne doit pas se confronter avec ce qui se passe sur scène, l’exercice du théâtre est selon moi bien plus ardu. Laetitia Casta l’a bien compris en donnant sens au moindre de ses gestes tout comme Roschdy Zem qui traverse la scène de sa fine stature en deux ou trois foulées. La comédienne porte loin une voix claire, ronde et un phrasé impeccable, quand il est question de prononcer des mots en italien un accent doux et velouté transporte avec lui tout l’auditoire. Tous deux nous montrent ce que l’on ne voit pas, tous deux nous parlent de ce qui n’est pas dit.

La banalité de cette journée que l’on souhaiterait sans fin prend l’allure d’une tragédie humaine. Petit à petit les personnalités se dévoilent, elles éclosent comme des fleurs qui voient enfin le soleil, petit à petit l’intelligence du cœur gagne sur l’ignorance crasse. Finalement, le propos d’« Une journée particulière » livre un message d’espérance sur notre Humanité où la beauté a son dernier mot. Une alchimie magique que seuls les œuvres et les artistes savent créer, c’est au Théâtre de l’Atelier, jusqu’au 31 décembre.

Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer

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