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"Norman sur scène" au Palace

norman thavaux,kader aoun,noman hosni,le palaceNorman au Palace, c’était vendredi 13 novembre, rue du faubourg Montmartre. À la sortie du spectacle, encore ignorants des évènements mais affolés par la tension de la rue et des messages ahurissants reçus sur mon téléphone, nous nous sommes engouffrés dans le dernier métro de la soirée, préssés de retrouver nos proches. J’ai mis du temps à repenser à « cet avant ». Pourtant, voici un très joli souvenir de spectacle, il ne sera pas le dernier !

Je lui avais promis. Cela faisait près d’un an que mon fils de 11 ans insistait pour aller voir le one-man-show de Norman. Prenant un air concerné, j’écoutais sa demande, je prenais soin de la ranger bien haut sur l’étagère « on verra plus tard ». Seulement, les garçons se sont acharnés : l’un a multiplié les succès, en province et à Paris, en comptabilisant plus de 200 000 spectateurs venus assister à son spectacle, et l’autre, attentif à la progression de son idole absolue, a recouvert toutes les surfaces visibles de l’appartement (porte, frigo, bureau,...) par des post-it : « penser places Norman », « Norman à Bobino », « Norman à la Cigale »… prose remplacée petit à petit par des « Norman avec des cœurs », puis par un « Merci Maman, je t’aime » subrepticement glissé sous l’oreiller. Impossible de me défiler.

 

Vendredi 13 novembre 20h, nous sommes devant le Palace. La joie de mon fils est indescriptible, je suis aussi ravie mais je soupire un peu… Projetée vingt-cinq années en arrière, on me fait signe, j’entre, hors de question de faire la queue pour entrer en boîte de nuit, mes yeux s’attardent sur la mosaïque bleue de l’escalier, je sens la musique, les rythmes tapent, le ballet des spots est adouci par la fumée des cigarettes qui magnifie l’ambiance qui penserait à s’en plaindre… Mon fils me sort de ma torpeur, inquiet et attentif à mon sort, il est tout à fait conscient de l’effort surhumain que j’ai fait pour lui. Je lui explique un peu le coup de la boîte de nuit mais ceci est une tout autre histoire.

L’ambiance est hallucinante, il y a quelques parents égarés reconnaissables par leurs mines compatissantes, la salle est envahie de mômes braillards, totalement libres, c’est une gigantesque sortie scolaire mais sans les professeurs pour surveiller. Du délire, des cascades d’éclats de rire, ils s’interpellent entre l’orchestre et la corbeille, s’adressent des gestes obscènes, délicieusement imagés, ou bien des coeurs formés avec les mains tout en s’envoyant des regards bourrés de tendresse. Ils ont entre 8 et 18 ans, les sweats à capuches côtoient les petits blousons en cuir ajusté, venus des quatre coins de Paris ou de la banlieue, ils parlent tous la même langue, une sorte de code, c'est la génération Youtube.

Première partie : Noman Hosni. C’est la découverte d’un stand up maîtrisé, le show man déborde de charme et occupe l’espace scénique à la perfection. Le niveau d’écriture et l’originalité du propos semblent parfois un peu faible, car je vous l’assure le petit Suisse Noman Hosni mérite que l’on s’attarde un peu plus sur son cas. Intelligent et sensible, Noman Hosni embarque la salle avec lui au fil de ses histoires, la traversée n’est pas prête de s’arrêter… À suivre.

Le show commence. Norman Thavaud, le youtubeur, fait son entrée. Façon Angus Young, Norman avec son physique, comme il le décrit, pas très avantageux, a décidé d’embraser la salle. Le public est déjà conquis, il hurle. Quand j’écris le mot « hurler » sachez que le mot est faible si on doit le comparer à la hauteur du niveau sonore de la salle!

Cela fait 4 ans qu’il est au top, il est le youtubeur aux dizaines de millions de vues, celui dont les petites phrases anodines deviennent aussitôt cultes lorsqu’elles sont relayées par ses fans. Héros d’internet, il s’exprime librement mais dans les règles de l’art, l’art de plaire au plus grand nombre. Et pour s’adresser à son public, Norman Thavaud est un garçon bien élevé, son one-man-show ce soir là au Palace ne dépasse pas ce cadre. Pas de provocation, pas de vulgarité, un gentil monde qui s’inscrit dans une banlieue bancale mais familière, les enfants sont aux anges et rient aux éclats, les ados s’identifient et c’est tant mieux, les adultes s’attendrissent et se surprennent à rire.

Suite à un sketch, mon fils semble s’excuser, il chuchote : « c’est un peu bête ça, mais c’est drôle quand même tu ne trouves pas ?! », puis il me jette un regard surpris et reconnaissant en me voyant m’esclaffer, il me promet alors qu'il me fera découvrir le chat de Norman... On sent bien que la scène n’est pas tout à fait l’élément naturel de l’artiste, mais la gaucherie de Norman est touchante et la mise en scène de Kader Aoun rassurante. Il n’y a aucune prétention dans ce spectacle, Norman est un champion en matière d’autodérision. Le gentil garçon grince parfois un peu des dents, dévoile quelques injustices, porte un regard lucide sur ses proches, et s’attarde sur notre société avec justesse. Norman est à la conquête d'un nouvel espace de liberté d’expression bien plus vaste que celui de Youtube : la scène. Ce n'est plus un coup d'essai mais un réel succès, l’écriture sera certainement encore plus acérée la prochaine fois, c’est en tout cas ce qu’il faut souhaiter. Bref, «Norman sur scène» est une rencontre, une très jolie rencontre, et je demeure tout à fait rassurée sur son rôle « d’influenceur » auprès de mes enfants !

Laurence Caron-Spokojny

Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer

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