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"Mon Ange" au Théâtre Tristan Bernard

adrien hollocou,jérémie lippmann,jacques gabel,joël hourbeigt,lina el rabi,theatre tristan bernard,mon ange,henry naylorL’auteur contemporain Henry Naylor l’a écrit et le crie dans le monologue « Mon ange » au Théâtre Tristan Bernard. La très jeune et belle comédienne Lina El Arabi disparaît dans son personnage, une jeune fille syrienne qui choisit de résister face à Daech.

Découverte et arrivée d’Avignon, « Mon Ange » savamment parée de noir, se tient sous un ciel de plumes de Jacques Gabel, engloutie dans les ténèbres oppressantes de Joël Hourbeigt, et orchestrée soigneusement de très (trop ?) près par Jérémie Lippmann. Lina El Arabi est d’une beauté foudroyante que l’on cherche à deviner un peu mieux dans cette obscurité envahissante, maintenue par le son (de la guerre) parfois assourdissant d’Adrien Hollocou. 

Le ton est grave, terrifiant, rien n’est trop fort pour imprimer les ravages de la guerre sur une si jeune vie. Une vie inspirée de faits véritables, de cette réalité dont on ne découvre la plupart des contours que par la lorgnette des médias. Ici, le langage artistique apporte autre chose, une prise de conscience indélébile.

Impossible d’échapper à un monde en guerre
La voix est forte, rageuse, Lina El Arabi ne décolère pas et tient la distance comme une coureuse de fond, elle incarne totalement son personnage autant que ceux qu’elle fait naître en modulant sa voix et arcboutant son corps pour épouser la stature du père ou d’un de ces bourreaux. Le rythme est soutenu. Il est difficile de soulever le lourd et menaçant fusil, de suivre les pas précipités dans la poussière de l’exode, de se cacher de la violence des combattants de Daech, d’échapper à la fureur des Hommes. Parfois, quelques bribes d’humour, témoins d’une jeunesse évanouie d'entre les tirs, s’extirpent, les spectateurs se jettent dessus, avides de ces minuscules joyaux oubliés par un torrent de boue. Les haltes sont infimes, Lina El Arabi tient la distance, elle ne s’attarde pas, jamais, jusqu’à la fin.

« Mon Ange » est une expérience harassante. Les spectateurs du Théâtre Tristan Bernard sont terrassés, bouleversés, ravagés, saisis par la performance hors normes de la jeune comédienne, mais aussi complètement abattus par leur impuissance collective. L’impuissance d’un monde qui assiste à la destruction d’un autre. Comme une histoire universelle qui se répète, un aspect de notre Humanité que l’on souhaite rayer. « Mon Ange » fait figure de Manifeste pour la résistance, un combat dont les auteurs et les artistes ont le pouvoir… Une pièce essentielle. 

Laurence Caron

Lien permanent Catégories : SCENES 0 commentaire Imprimer

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