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"Réparer les vivants" au Petit Saint-Martin

maylis de kerangal,emmanuel noblet,theatre de la porte saint-martin,réparer les vivantsEnvisager l’adaptation, la mise en scène et l’interprétation d’un « seul en scène » issu d’un roman -qui a été unanimement salué par la critique et qui a raflé près d’une dizaine de prix littéraires- pourrait-être considéré comme une chose gagnée d’avance ou au contraire très casse-gueule… Lorsqu’il s’agit de « Réparer les vivants », phrase empruntée à Tchekov dans Platonov, par Maylis de Kerangal pour titrer son roman : la tâche semble rude, complexe. Le sujet évoque une transplantation cardiaque, rien que ça !

Prendre la vague 

Emmanuel Noblet est un conteur, le conteur d’un jour et d’une nuit, un espace temps traversé par les adieux d’un jeune homme de dix-neuf ans à la renaissance d’une femme de cinquante et un an. Les 24 heures, terribles et haletantes, de ce cœur suspendu qui bondit entre deux êtres s’expriment par le jeu et la voix du comédien, et pas seulement. Emmanuel Noblet n’est pas tout à fait seul sur scène, il fait apparaître dans une mise en scène extrêmement soignée les personnages tourmentés du récit. Ses interprétations ont la saveur de la lecture, tout est ressenti, les intentions sont délicates, les sentiments s’étendent de la détresse insoutenable à l’espoir insensé. Le jargon médical se transforme en un langage fantastique, il épouse la décontraction d’un chirurgien urgentiste, accompagne un mort comme on endort un enfant, soutient des parents inconsolables, ... 

Un continuum fantastique réglé au millimètre

Le pouvoir libérateur de la scène et l’inventivité du jeu d’Emmanuel Noblet déroulent la tragédie, sans pathos, digne. Sur un rythme régulier, comme les pulsations du cœur, l’ensemble des spectateurs est littéralement happé par le pouvoir quasi hypnotique du jeune comédien et de sa mise en scène si juste : aucun écart, aucune longueur, rien à en dire, impeccable. S’extirper du Petit Saint-Martin n’est pas une mince affaire, l’envie d’y rester est grande. Traiter aussi élégamment de la beauté de notre Humanité est un cadeau bouleversant, c’est une occasion bien rare à laquelle je vous souhaite à tous la chance d’assister, jusqu’au 31 décembre à Paris au Petit Saint-Martin, puis en tournée dans toute la France.

Laurence Caron

Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer

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