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« 1h22 avant la fin » à la Scala

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« Pas facile de mettre fin à ses jours quand on cherche à vous assassiner »

C’est le postulat de départ. Grinçante, délicieusement cynique, funeste et pourtant drôle, la comédie du duo La Patellière /Delaporte répond aux codes et au ton savoureux attendus. Mais pas uniquement. A un tournant de la pièce, j’ai pensé au « Visiteur » d’Eric-Emmanuel Schmitt (paru en 1993) pour la dimension ésotérique et aussi psychanalytique. Car, si le duo à cœur de nous faire rire c’est pour mieux parler de nous. Cette écriture est sans concession, elle trifouille des recoins obscurs comme la solitude et l’échec, ou bien la peur et le regret. Seulement avec le pouvoir magique de la scène et l’humour élégant des deux compères, le théâtre nous arrache du quotidien tout en nous offrant une certaine distance face aux évènements.

S’interroger sur l’existence, s’arracher du réel pour finalement... en rire
Entre la profondeur des sentiments jusqu’à leur noirceur et la volonté de divertir un large public, l’équilibre est extrêmement difficile à tenir. Le rythme de la pièce est parfois un peu hésitant, il semble faire trépigner Kyan Khojandi, dont le rôle difficile est pourtant sensé tenir la colonne vertébrale de cette tragi-comédie... Cependant, exceptionnel toujours, Éric Elmosnino avec son allure nonchalante qui le caractérise se débrouille de tout. La sincérité et la virtuosité du comédien transforment ce qui est de l’ordre de l’immatériel en poésie avec une maîtrise parfaite.  Et puis, il y a Adèle Simphal. La comédienne a la fragilité du verre, le coupant et l’éclat : une jeune artiste à suivre avec la plus grande attention.

Enfin, en ouverture, intermèdes ou virgules, la musique inventive de Jérôme Rebotier, exercé jusqu’alors aux musiques de films, fait aussi le grand écart : entre une profondeur émouvante incarnée notamment par des parties de violoncelle, et un humour léger texturé en « palala » qui font savoureusement penser à la grande tradition des films de comédie français…

Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière ont un véritable don pour l’observation de notre espèce, ils saisissent les affres du temps, brossent des portraits tout en les parant d’humour pour qu’ils soient plus beaux...  « 1h22 avant la fin » est à découvrir jusqu’au 26 février à La Scala. Dans cette salle de spectacles, où l’architecture chaleureuse dessinée par Richard Peduzzi, tient sa promesse de vivier à succès, il est à noter la reprise de « Une Histoire d’amour » d’Alexis Michalik (Molière 2020) à 19h jusqu’au 26 mars.

Laurence Caron

 

Texte de Matthieu Delaporte
Mise en scène Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière
Avec Kyan KhojandiEric ElmosninoAdèle Simphal
Scénographie – Marie Cheminal
Régisseur général – François Hubert
Lumières – Laurent Béal Didier Brun
Costumes – Anne Schotte
Construction Décor – Romain Scrive et Arthur Lamon 
Assistante – Léa Moussy
Assistante scénographie – Stéphanie Laurent 
Assistant lumière – Didier Brun

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