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"Huis clos" au Théâtre de l'Atelier jusqu'au 18 mars

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Huis clos écrit par Jean-Paul Sartre en 1943 est une claque, née de l’existentialisme sartrien, qui atteint sa cible avec une exactitude bouleversante et une puissance indiscutable, raisons pour lesquelles cette pièce est celle la plus jouée de toute l’œuvre théâtrale de Sartre.

« Vivre les yeux ouverts » Sous une lumière crue et implacable, Inès, Estelle et Garcin, sont enfermés dans un espace triangulaire scindé par des parois abruptes, les bords semblent tranchants… enfin, rien de tel en vérité, c’est l'effet que j'ai conservé en mémoire. Pour découvrir les éléments du décor, principalement trois canapés démodés et ordinaires, des bâches de plastique froissé sont soulevées, de celles qu’on utilise pour abriter le bois de la pluie ou pour déplacer un corps. L’imagination galope et l’attention saisit avec avidité et une infinie concentration chacun des mots projetés par la pensée philosophique de Sartre. Au centre, une porte rouge évoque un ailleurs, inconnu. Aucune échappatoire possible, pas de livre, pas de nuit, pas de miroir, même les paupières des protagonistes aux destins violents ne peuvent se fermer. Les trois êtres se révèlent monstres, somme toute des monstres terriblement humains.

Parce que « L’enfer, c’est les autres » Les regards et voix du trio, à tour de rôle, deviennent bourreaux, juges, accusateurs, à moins qu’ils soient les échos de consciences... Enfin, comprenons-nous bien, il n’y a rien de compliqué, l’intelligence de Sartre est d’une clarté et d’une lucidité fulgurante. En l’occurrence, ce Huis clos est si bien interprété et si bien mis en scène que tout transparait, clair comme de l’eau de roche. A cet effet, Jean-Louis Benoît, le metteur en scène a formidablement bien saisi la dimension intemporelle et le tranchant radical de la pensée de Sartre. Il fait vivre ces personnages avec un naturel déconcertant et il a le chic pour valoriser ses interprètes autant que le texte. Un texte dont Marianne Basler, Mathilde Charbonneaux et Maxime d’Aboville livrent une version infiniment respectueuse, aucun mot, aucune virgule, aucun silence n’échappent à la vigilance du public, conquis et passionné, totalement abandonné à son sort.

La porte rouge ne sera pas franchie, par personne, même quand il sera possible de l’ouvrir : à jamais les personnages (mais peut-être aussi le public) sont coincés en enfer, parce qu’au final il est quand même mieux de demeurer ensemble. Ce Pandémonium dont Sartre se délecte, il le décrit sans feu, ni tortures physiques, bien ironiquement d’ailleurs, presque avec humour, il prend un malin plaisir à noter la température élevée de l’atmosphère... La vérité et la liberté sont bien embarrassantes, elles nous apprennent l’importance de l’autre sans qui peu de choses sont possibles. A un moment de notre histoire où apprendre à vivre ensemble n’a jamais été aussi difficile, Huis clos au Théâtre de l’Atelier marque un arrêt indispensable !

Laurence Caron

Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, LETTRES, ONDES & IMAGES, SCENES 0 commentaire Imprimer

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