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Bérénice à La Scala : prolongé jusqu'au 19 février !

jean racine,muriel mayette-holtz,carole bouquet,frédéric de goldfiem,jacky ido,augustin bouchacourt,Ève pereur,rudy sabounghi,cyril giroux,françois thouret,la scala,bérénice19/09/2022.

Rome. Portés par un puissant amour, Titus et Bérénice sont à l’aube de leur mariage. Mais, la mort du père de Titus, Vespasien, vient contrarier ce projet. Contraint par son devoir de nouvel empereur face au peuple de Rome, Titus va devoir sacrifier son destin amoureux.

Muriel Mayette-Holtz a déjà mis en scène Bérénice à la Comédie-Française en 2011, pour cette fois, à La Scala, la directrice du Théâtre de Nice* orchestre le chef d'oeuvre de Racine avec Carole Bouquet dans le rôle-titre, entourée par Frédéric de Goldfiem (Titus), Jacky Ido (Antiochus), Augustin Bouchacourt et Eve Pereur.

Pour souligner l’intemporalité de la tragédie de Jean Racine, écrite en 1670, l'action se déroule dans un décor et des costumes contemporains de Rudy Sabounghi. Les couleurs, ces roses, ocres et orangés font penser au modernisme radical et romantique de la Villa Malaparte. La terre d’Italie baignée par les nuances de bleu de la Méditerranée semble faire prendre vie à la femme peinte par Edward Hopper en 1952 dans Morning sun (Etats Unis), dans une architecture inspirée par Western Motel du même peintre (1957) et ses lignes de fuites, des diagonales sévères qui plaquent la lumière du jour comme insensibles aux affres du cœur. Cet esthétisme réaliste et raffiné laisse aux alexandrins l’espace entier de la Scala pour se faire entendre. Les voix des comédiens ont été renforcées par un ingénieux système de sonorisation qui ne laisse échapper aucun souffle. Le procédé est surprenant, beaucoup apprécieront, cependant comme pour le passage de l’argentique au numérique en photographie, le grain s’est quelque peu perdu… Pourtant, quand il s’agit de Carole Bouquet, aucun artifice n’est nécessaire, sa présence, sa diction impeccable et sa façon d’habiter les lieux offrent déjà toute la majesté possible à la reine de Palestine. Bérénice n’est pas une étrangère pour Carole Bouquet, elle s'est glissée dans la peau de l'héroïne sous la direction de Jean-Daniel Verhaeghe dans un téléfilm (avec Gérard Depardieu et Jacques Weber) en 2000 puis avec Lambert-Wilson aux Bouffes du Nord en 2008 . 

Dans sa mise en scène, Muriel Mayette-Holtz s’empare de cette passion, ce renoncement à l'amour, de ses aspérités, en choisissant d’éloigner, presque gommer, les contours contextuels et notamment la sphère politique dans laquelle les personnages évoluent. L'ensemble s'appuie sur un maillage intéressant grâce à la musique de Cyril Giroux qui rythme les destins des personnages, accompagnant, son après son, la violence de la tragédie.

Ce soir de première, la magie opère. Les comédiens sont tous exceptionnels, leurs jeux sont humblement effacés, savamment retenus, tout et tous sont au service de la langue de Racine. Le chant de ces vers, construits de mots simples, décrit si justement la complexité des sentiments. Forcément, nous avons toutes été un peu Bérénice à un moment de nos vies et nous le serons encore, c’est à souhaiter. Mais, avoir le sentiment de rejoindre Carole Bouquet sur scène, cette impression de lui ressembler juste un tout petit peu, quelques secondes, est un sacré cadeau !

Je sors de la Scala, émue aux larmes mais le cœur vaillant et gonflé à bloc. Bérénice est une ode à l’intelligence et au courage des femmes, un élan salvateur par les temps qui courent…  

Laurence Caron

* Création en mai 2022 à la Cuisine, nouvelle salle éphémère du Théâtre national de Nice.

Photo : Sophie Boulet.

Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer

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