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mc93 bobigny

  • N’en doutez-plus, l’opéra est un art populaire, rendez-vous à la MC93 de Bobigny pour Don Giovanni

    don giovanni,christian schirm,opéra national de paris,atelier lyrique,mc93 bobigny,christophe perton,mozart,barbara creutz,tiago matos,armelle khourdoïan,elodie hache,andriy gnatiukIls sont beaux, ils sont jeunes, ils sont comédiens et ils ont de belles voix : il ne s’agit absolument pas du teaser de la prochaine comédie musicale du Palais des Sports mais de l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris ; pour sa septième production, « Don Giovanni » est présenté sur la scène de Bobigny. 

    don giovanni,christian schirm,opéra national de paris,atelier lyrique,mc93 bobigny,christophe perton,mozart,barbara creutz,tiago matos,armelle khourdoïan,elodie hache,andriy gnatiuk« L’Opéra national de Paris propose un programme pour donner à des jeunes chanteurs et à des pianistes-chefs de chant en début de carrière les meilleurs atouts pour réussir dans leur vie professionnelle »,
    Christian Schirm, Directeur de l’Atelier Lyrique. 

    Hier soir, à la MC93 Bobigny, les jeunes artistes de l’Atelier Lyrique ont été à la hauteur de cette exigence. Sur scène, l’atmosphère dégage un véritable esprit de troupe - cela est rare, pour ne pas dire inexistant lorsqu’il s’agit du répertoire lyrique - la jeunesse des chanteurs et leur travail commun, au sein de l’Atelier Lyrique, semble éveiller un nouvel, et heureux, engagement, aussi bien musical que théâtral. 
    Pour ce Don Giovanni en italien, certains chanteurs se distinguent, selon l’alternance de la distribution, c’est le cas d’Andriy Gnatiuk  par sa très belle voix de basse à la diction impeccable, il est Leporello, le valet de Don Giovanni, il fait preuve d'un talent de comédien tout aussi remarquable. Le jeune ukrainien fera ses premiers pas sur la scène de l’Opéra Bastille, en janvier 2015, dans Ariane à Naxos selon la mise en scène de Laurent Pelly, à suivre… Tiago Matos est un beau Don Giovanni, tout à fait crédible, il est aux côtés d’une Donna Elvira, Elodie Hache, à la carrière déjà très affirmée, dont la voix et la présence révèlent une puissance digne des plus grandes sopranos. Différemment, Zerlina proposée par Armelle Khourdoïan est, elle, tout en nuances et en couleurs, elle est aussi excellente comédienne et sa fraîcheur est ravageuse.

    Wolfgang Amadeus Mozart a fait fi de tout enchaînement dramaturgique logique, la musique est seule guide, les pages musicales se déroulent comme des frises  dans un rythme étourdissant. Pour maîtriser cette course effrénée de notes qui tente d’être rattrapée par l’histoire de Lorenzo Da Ponte, le metteur en scène, Christophe Perton, a dessiné un large espace d’expression, à la façon d’un terrain de jeux, il semble que ce soit le fond d’une piscine. Les chanteurs évoluent dans un univers souhaité « contemporain » qui se scande par des claquements de portes, rien de très nouveau en somme ; ceci, malgré un intéressant travail vidéo, projeté sur le fond du décor, il s’agit d’une création extrêmement forte, Barbara Creutz en est l’auteure. Et puis, il y a ce regrettable parti pris de faire chanter les interprètes le visage non éclairé, il est temps que cette mode cesse...  

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    "Lorsqu’on vient d'entende un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui."  Sacha Guitry

    Richard Wagner qualifiait Don Giovanni comme étant «l’opéra des opéras»… Mon propre et humble « top-Mozart » ferait passer devant cette première place Les Noces de Figaro, ou bien, La Flûte Enchantée, mais tout ceci est finalement une question d’humeur ou de saison. Dans « Don Giovanni » l’écriture vive du compositeur est d’une créativité telle qu’elle atteint une sorte d’émerveillement absolu, notamment à la fin du deuxième acte, l’entrée du Commandeur soutenu par ce chœur de basse, est une partition d’une beauté parfaite, une extase. L’Atelier Lyrique, les musiciens de l’orchestre-atelier Ostinato sous la baguette d’Alexandre Myrat et la Maîtrise des Hauts-de-Seine constituent un ensemble qui témoigne d’une  interprétation pour laquelle la complexité et la richesse incroyable des notes ne sont pas des obstacles, la légèreté et l’extravagance du propos sont admirablement bien retranscris.

    La musique et le livret romantique à souhait de Don Giovanni, et, la jeune équipe d’artistes choisis, servent une production d’un très remarquable niveau d’exigence. La MC93 Bobigny est aux portes de Paris, le prix des places est accessible (9 à 29 euros) et une navette gratuite est proposée en direction de la capitale à la fin du spectacle ; ainsi, les moyens sont réunis pour donner accès à cette musique universelle. L’art lyrique est, à la MC93 Bobigny, un art définitivement populaire.

    Laurence Caron-Spokojny

    photos © Cosimo Mirco Magliocca

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  • Médée, poème enragé, selon Jean-René Lemoine, à la MC93 de Bobigny : the ultimate experience

    Christophe Ouvrard,médée poème enragé,Romain Kronenberg,Jean-René Lemoine
,Damien Manivel,François Menou-Dominique Bruguière
,Bouchra Jarrar
,mc93 bobigny,Zelda Soussan,Médée aime, tue et fuit… puis Médée aime, tue et fuit, encore et toujours.

    La magicienne ne conçoit aucune limite à son amour lorsqu’elle l’offre, et aucune limite si cet amour lui est repris. Eternelle amoureuse, esclave sentimentale ou manipulatrice vengeresse, Médée déifie les passions, elle donne la vie comme un cadeau ou la reprend comme une punition, suit les battements de son cœur et répond à ses affres passionnelles avec une logique et une froideur implacable.

    Pour l’avoir écrit et composé, et pour lui donner souffle, Jean-René Lemoine impose un être hybride, homme, femme, démon, ange, dieu, déesse. Jamais violente, ni hystérique, l'autorité du comédien est toute en nuances, envoûtante…
    Il absorbe mon oxygène, il m’oblige à me plier à son propos par une écoute attentive, vouée. Aucune sortie possible, la magicienne fait son œuvre, nous sommes emmenés au delà des mers, le soleil est à son zénith et seule la poussière soulevée par le passage d’un char ou le galop d’un cheval vient troubler ce bleu méditerranéen.  Parfois, je tente de jeter un œil de côté pour échapper au magnétisme, juste une seconde pour respirer, je cherche à restaurer une sorte d’équilibre entre les émotions qui me submergent et l’immobilisme de mon corps, mais la lutte s’avère vaine, aussitôt rattrapée, terrassée, je me laisse à nouveau envelopper par la toute-puissante histoire.

    La présence souveraine et délicate de Jean-René Lemoine laisse échapper quelques chaudes mélopées, cette création musicale de Romain Kronenberg est salvatrice. En l’espace d’une heure trente, à la fois terrien puis aérien, Jean-René Lemoine quitte les Hommes pour rejoindre les dieux de la mythologie grecque. Parmi eux, l’auteur et comédien incarne éperdument mais toujours dans la juste mesure, une performance profonde totalement hors du commun. Impossible de m’en sortir indemne –applaudissements– je suis meurtrie par cette Humanité qui se bat contre elle-même, mais forte et riche de cet art parfait et abouti. Ce dimanche après-midi, je retrouve un soleil de plomb, je respire, Médée ne me quittera plus.

    « Médée, poème enragé » est un rendez-vous entre notre Humanité et la monstruosité qu’elle nourrit, celle-ci est racontée dans toute son universalité sur un ton qui n’appartient à aucun espace temps ou bien à tous. Jean-René Lemoine offre une performance qui dépasse le concept du « spectacle », il s’agit d’une expérience bouleversante qui donne à voir l’invisible.

     

    A Bobigny, au début des années 90, j’ai découvert Sellars, Wilson, Découflé... - chocs - lumières - il semble que la Maison de la Culture de la Seine Saint-Denis poursuive toujours, avec zèle, l’action culturelle initiée par Malraux dans les années 60. Il est impératif de réserver vos places pour ce spectacle et d’éveiller votre curiosité pour la suite de la programmation en 2014.

    Laurence Caron-Spokojny

    Texte et mise en scène Jean-René Lemoine
 - Création musicale et sonore Romain Kronenberg avec Jean-René Lemoine et Romain Kronenberg Collaboration artistique Damien Manivel
 - Dispositif scénique Christophe Ouvrard
 - Costume Bouchra Jarrar
 - Lumières Dominique Bruguière
 Assistanat lumières François Menou - 
Assistanat à la mise en scène Zelda Soussan

    Médée poème enragé, ce texte est publié aux Solitaires intempestifs

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