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PLAY d'Alexander Ekman à l'Opéra Garnier jusqu'au 31 décembre 2017

alexander ekman,opéra,ballet,opéra de parisEn 2014 sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées, Alexander Ekman avait fait verser 6 000 litres d’eau pour son Swan Lake. Ce fut une cascade d’éloges. A l’époque, tous ont soupiré d'extase et le public parisien s’est précipité en rangs serrés sur les marches de l’avenue Montaigne pour assister au show. Un must, immanquable et résolument hype. 

Pour « Play », sur toute la profondeur du plateau de Garnier, le chorégraphe suédois propose une étendue blanche couverte d’un ciel cubique où musiciens et  une chanteuse gospel réchauffent l’atmosphère. Le ballet de l’Opéra parcourt la lumière, belle comme celle du jour, il entraine à sa suite des diagonales endiablées rythmées par des cris joyeux. Le plat s'annonce doux et très sucré.

Le paradis perdu, celui de l’innocence et de la joie de vivre, est descendu sur Terre, plus précisément entre les dorures de Garnier. Comme les pages d’un livre d’images qui se tournent, les tableaux réservent des surprises qui rappellent quelques notes des démesures d’un Philippe Genty et les extravagances colorées d’un Philippe Découflé. La créativité du chorégraphe se concentre sur la mise en scène. Ekman a un juste sens de l’esthétisme renforcé par la très puissante partition musicale de Mikael Karlsson. Il y a des fulgurances, de la magie mais aussi des instants qui s’éternisent un peu mais après tout la beauté s’accompagne souvent d’un temps de contemplation...soit.
On croise un cosmonaute (qui a dû manquer son entrée sur le plateau de Bastille pour La Bohème de Clause Guth, à moins qu’il ne se soit trompé de métro), de très gracieux et élégants cervidés aux pointes solides, des personnages qui semblent fuir les conventions, de l’amour tendre et heureux, et toujours beaucoup d’humour. Tout est matière à jeux. Ici et c'est un peu surprenant, la substantifique moelle du show n’est pas la chorégraphie mais plutôt le divertissement. Alexander Ekman a renversé son coffre à jouets, le public tente d’attraper les petites balles plutôt les bulles (vertes comme dans une pub Perrier) ou ballons monumentaux qui s’échappent jusqu’au sacro saint plafond de Chagall. C'est une sorte de piscine à balles d’Ikea version luxe, l’installation est intéressante et les quelques intentions chorégraphiques qui s'en émanent aussi, surtout lorsque que le son amplifie le ressac des balles…mais c’est un peu court.
Truffée de références, inspirée des meilleurs ou pigmentée par ce qui se fait de mieux, difficile de se faire une idée précise de l'oeuvre PLAY. A force de futilités et de légèretés, assumées, il manque quelque chose. L’essentiel, le supplément d’âme. Le Ballet de l’Opéra  s’y est d’ailleurs un peu perdu et est un peu terne, il ne s’agit pas de leur prestation mais plutôt de ce qu’on attend d’eux habituellement dans cet écrin de la Danse. Les écritures chorégraphiques qui leurs sont réservées paraissent courtes comme entrevues. C'est dommage et frustrant. Le manque d’interprétation de ces grands artistes est déstabilisant. Est-ce l’œuvre d’Alexander Ekman qui n’est pas faite pour le Ballet de l’Opéra de Paris ou bien est-ce le Ballet qui ne s'est pas adapté à PLAY ? Il est vrai ce spectacle est une fête, et toujours un peu exagérément une partie du public se pâme... C’est sidérant encore de confondre la contemporanéité et le snobisme. Un joli moment certes mais qui sonne creux. A vous de voir, vous me direz.   

Laurence Caron

Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer

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