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Pour porter un regard, à la fois un regard scientifique et humaniste, sur Albert Einstein et son siècle : deux géants, Francis Huster et Jean-Claude Dreyfus

jean claude dreyfus ce qui est remarquable.pngEn 1934, Albert Einstein a fui l’Allemagne nazi, il est réfugié aux USA, à Princeton. A 55 ans, le lauréat du Prix Nobel de Physique rencontre, sur les rives d’un lac du New Jersey, un vagabond, écorché vif par la disparition de son fils sur le champ de bataille en 1918… 
Les deux personnages, dont la relation se nourrit d’échanges intellectuels, souvent houleux, font croître peu à peu une véritable amitié.

 

Les deux personnages, dont la relation se nourrit d’échanges intellectuels, souvent houleux, font croître peu à peu une véritable amitié.

Francis Huster est Albert Einstein ; affublé de la coiffure extravagante du savant, il se débat entre son humanisme exacerbé et la froideur de son esprit scientifique. Sur la toile de fond d’une belle installation vidéo (qui aurait pu suffire aux décors), le comédien traverse de long en large la scène du Théâtre Rive Gauche, il s’interroge sur le sens de la vie, et cherche à donner une juste définition au mot « liberté ». A la hauteur de son interprète, le personnage d’Albert Einstein mène un combat qui semble démesuré pour un seul homme : « Deux choses sont infinies : l'univers et la bêtise humaine », dit-il.
L’Histoire avance, l’Amérique, fortement critiquée par Einstein, "craint le communisme plus que les nazis", puis c’est Hiroshima, la Guerre Froide,… Francis Huster habite un Albert Eintein extrêmement sombre, torturé par ses multiples interrogations, emprisonné par sa propre colère, il est douloureusement blessé par une problématique d’injustice que ses équations sophistiquées ne parviennent pas à résoudre. En proie aux doutes, et malgré qu’il se sente enchaîné par sa culpabilité dictée par son immense amour pour l’Humanité : « Quand vous scrutez le ciel, voyez-vous des frontières ? », Albert Einstein reste, à jamais, révolté.

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L'histoire interpelle, à nouveau, sur de grandes questions liées à l’Humanité, la foi, la justice, la science ; le style de l’auteur se reconnaît aisément à sa façon si attentive de placer l’Homme (et ses affres, et ses faiblesses) au centre du sujet.

Pour donner corps à ce propos, le personnage témoin, celui qui questionne, contredit et écoute, est Jean-Claude Dreyfus. Pour ce rôle, le comédien parcourt toute l’octave. Se faisant, par ce rôle remarquablement bien adapté, la voix et les oreilles de nos consciences, Jean-Claude Dreyfus emmène sans ménagement, du rire aux larmes, l’ensemble de son auditoire. Dès l’ouverture du rideau, le vagabond, l'ivrogne, le marginal vise juste. Fondu d’angélisme, de candeur mais aussi de colère et d’incompréhension, la sincérité du comédien déborde de partout. Tout en force et en nuance, Jean-Claude Dreyfus oscille entre une intériorité aux silences ravageurs, et, des démonstrations enflammées absolument sensationnelles. Le comédien fait raisonner la tragédie de l’Humanité, décrite par Eric-Emmanuel Schmitt, avec une simplicité apparente totalement désarmante.

Ce rôle est un cadeau, et, Jean-Claude Dreyfus offre ici une performance vraiment magistrale ! Comme il est dommage que les Molières ne soient plus… 

Laurence Caron

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