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"King-Kong Théorie" au Théâtre de l'Atelier

15216314672688.jpgPercutée en plein vol. Lors d’un voyage en auto-stop, Virginie Despentes est violée, elle a dix-sept ans. Plus rien ne sera comme avant. La trajectoire est déviée, pas forcément dans la direction que l’on imagine. Au delà des apparences, au delà d’un féminisme établi, Virginie Despentes s’inquiète de la condition de la femme dans un essai biographique féroce « King-Kong théorie » édité chez Grasset en 2006.

La prostitution, la pornographie, rien n’est épargné, ni personne. L’adaptation théâtrale de Valérie de Dietrich et Vanessa Larré s’extrait de l’écriture dense et serrée de l’auteure pour se délier sur la scène du Théâtre de l’Atelier.

 

Il n’y a pas que de la violence. Lorsqu’un propos se révèle trop fort, trop douloureux, trop cru, le livre peut se refermer, s’abandonner quelques instants, même s’oublier. Au théâtre il n’existe pas d’autres sorties de secours que celles indiquées par les petits rectangles lumineux vert et blanc. Tout est vécu en direct, en vrai. Par exemple, il y a cet aparté intelligent qui interrompt le flux des mots, les comédiennes se tournent vers le public et un peu d’humour rafraîchit l’atmosphère lourde de ce mois de juin parisien. Un moment suspendu, drôle même s’il demeure profond, pendant lequel nous reprenons notre respiration et échappons quelques minutes à ces interrogations criantes. Ces monstres qu'on ne sait toujours pas bien nommer.  

Les comédiennes Anne Azoulay, Marie Denardaud et Valérie de Dietrich peuvent tout dire. Sans rougir. Sans faiblir. Puissantes et aériennes elles maîtrisent le texte sauvage. Ce qui pourrait paraître grossier ou vulgaire ne l’est pas, jamais. La mise en scène de Vanessa Larré a pour unique souci de faire briller ses interprètes. Elle offre tout l’espace nécessaire pour exprimer la liberté d'expression du propos, incisif et intrusif.
Des coups de dents, de griffes et de gueule sont adroitement donnés par le trio, ça vise juste. On aimerait presque que cela soit moins juste au regard de notre actualité. Pourtant le sujet est inévitable, brûlant. Il est à souhaiter que le sujet se ringardise, à jamais. 

Virginie Despentes s’éloigne de toutes les formes de militantisme, définitivement pas politiquement correcte. Virginie Despentes est une résistante. L'adaptation de King Kong Théorie au Théâtre de l’Atelier est une piqûre de rappel ou plutôt une grande baffe, indispensable, un partage théâtral qui lutte contre toutes les formes d’endormissement. Régénérant. A voir absolument, évidemment. 

Laurence Caron

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