"Le mystère Sunny" au Théâtre Montparnasse, jusqu'au 3 décembre 2023
Alors que la milliardaire, Sunny von Bülow est toujours dans le coma (elle décèdera en 2008 après avoir passé 28 ans dans le coma), en 1990, Nicholas Kazan et Barbet Scroeder signent le film « Le Mystère von Bülow » (« Reversal of Fortune ») dans lequel Jeremy Irons interprète Claus von Bülow (Oscar du meilleur acteur), tandis que Glenn Close joue sa femme Sunny. Cette histoire tragique et sulfureuse est inspirée d’un fait réel.
Dix ans plus tôt, le procès de Claus von Bülow a défrayé la chronique. Ted Turner vient de lancer la chaîne d’information américaine CNN et le procès von Bülow est un sujet à part entière, il déchaine les passions et participe très certainement au succès de CNN. Le milliardaire new-yorkais est accusé du meurtre de sa femme, condamné puis acquitté en appel grâce à l’avocat Alan Dershowitz. Bien qu’ardent défenseur de von Bülow et remportant la victoire au barreau de New-York, le jeune professeur de droit à Harvard demeurera persuadé de la culpabilité de son client…
L’auteur Alain Teulié - qui nous a tant régalé la saison dernière avec « Le Manteau de Janis » dans la petite salle du Montparnasse - a imaginé une rencontre entre von Bülow et Alan Dershowitz, dix ans après le procès.
L'heure des aveux... ou pas
De l’intrigue et des coups de théâtre dont Alain Teulié est particulièrement friand, je ne dis rien, il faut se rendre au Théâtre Montparnasse pour apprécier. En revanche, difficile de ne pas laisser échapper quelques louanges sur la présence souveraine et le jeu ultra précis de Patrick Chesnais ! Le comédien entre en scène, là où il a toujours été chez lui, élégant et racé, sa haute stature et son regard voilé par une sorte de pudeur timide lui font dominer l’espace. Dans un décors de Jean Haas et des costumes de Jean-Daniel Vuillermoz, sophistiqués jusque dans les moindres détails, le comédien Nicolas Briançon, dans le rôle de l’avocat Alan Dershowitz, ne se laisse nullement impressionner par l’immense comédien qui lui fait face, une astucieuse joute verbale démarre sur les chapeaux de roues, le duo fonctionne à merveille. Le jeune avocat aux attitudes assez caricaturale vient s’opposer à la personnalité complexe de von Bülow. Patrick Chesnais propose un von Bülow un brin excentrique, le mégalomane séducteur semble se jouer de la vie avec une légèreté assumée tentant de camoufler toutes formes de sincérité. Dominique Guillo signe une mise en scène classique, un huis clos dans les règles de l’art d’un bon boulevard qui sait guider la fantastique énergie des comédiens. Alain Teulié se délecte à percer le mystère de l’affaire, même s’il semble manquer d’éléments probants, comme certainement ce fut le cas lors du procès, le jeu des deux protagonistes apporte ici toute la richesse du propos laissant aux spectateurs le soin d’établir son propre verdict… Alors ? Coupable ou non coupable ?
LC.