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"Le pianiste aux 50 doigts", Pascal Amoyel est jusqu'au 17 décembre 2023 au Théâtre Montparnasse

Chaque jour, je le constate. Fréquemment, j'apprends même à des personnes -pourtant de milieux très privilégiés- que "la musique est un métier" qu'il est possible d'en vivre, que les études sont ardues et longues... Cette affirmation laisse toujours un air dubitatif à mon interlocuteur, c'est un peu désespérant. La France n’est pas un pays pour la musique, il y a un vide intersidéral dans l'éducation, par conséquent les musiciens et les compositeurs y sont plutôt mal logés et rarement mis à l’honneur. A vous, public, de lever ce voile obscur en découvrant vite le spectacle de Pascal Amoyel. Entre ces lignes, nous l'avions déjà vivement applaudi lors de son spectacle au Ranelagh en 2019 "Looking for Beethoven". L'artiste est complet, pianiste, compositeur, comédien, il a eu ses Premiers Prix de Piano et de Musique de chambre au Conservatoire national de musique de Paris, il est Lauréat de la Fondation Menuhin et de la Fondation Cziffra, Premier Prix du Concours International des Jeunes Pianistes de Paris, et récompensé par les Victoire de la musique, Grand Prix de disque de Varsovie, Gramophone, Cannes Classical Awards, ffff de Télérama, Diapason d’Or de l’année, «Choc» du Monde de la Musique, 10 de Classica, Grand Prix annuel de la critique allemande … et j’en passe et des meilleures. Je vous laisse googliser et stalker, la liste de son palmarès est trop longue pour y figurer ici. Car, quand on a la chance d’avoir un artiste français qui sache sortir des grandes salles de concert et du carcan feutré de la musique classique, une camisole historique pour laquelle la révolution française n’a rien changé remontant certainement aux temps où l’Église et les rois en étaient les principaux mécènes, il ne faut surtout pas le louper ! 

Son spectacle, « Le pianiste aux cinquante doigts » présenté au Théâtre Montparnasse est un régal, un moment de grâce qui éveille (ou élève) l’oreille, l’humour, la tendresse et l’amour. Oui, car pour bien faire il faut d’abord aimer et c’est de cet amour immodéré pour la musique, salvatrice même aux pires périodes de la vie, dont il est question.

Pascal Amoyel a choisi de nous raconter György Cziffra, certainement un des plus grands pianistes du XXème siècle, disparu il y a trente ans, et dont la vie fut vie aussi héroïque que tragique. Pascal Amoyel a eu la chance d’être son disciple, et, toujours par le prisme de la musique, il lui rend hommage en partageant la plus tendre enfance du virtuose jusqu’à son premier grand récital. Partant des bidonvilles de Budapest, Franz Liszt, Robert Schumann, Frédéric Chopin, Aram Katchatourian, Olivier Greif, George Gershwin ou encore Duke Ellington deviennent familiers. Avec Pascal Amoyel, la musique ne supporte pas les frontières et n’est déterminée par aucun genre, elle est universelle, elle tient même un rôle profondément humaniste, le grand artiste est d’ailleurs très engagé en faveur des Droits de l’Homme et notamment du handicap chez les enfants. Seul en scène avec un piano pour unique décor, Pascal Amoyel offre une exceptionnelle musique tout en l’intégrant à un spectacle terriblement vivant. De par ses interprétations et improvisations, la musique et l’histoire qui nous sont racontées sont indissociables l’une de l’autre même si, il faut l’avouer, l’humble et timide comédien qui se présente au début du spectacle est vite remplacé par le génial et brillant virtuose ! C’est d’ailleurs cette acrobatie artistique qui m’a le plus impressionnée, ce dédoublement de personnages que réalise Pascal Amoyel est proche de la magie, son jeu entre les parties vouées aux personnages, à qui il redonne vie, et sa si impressionnante qualité d’interprétation de la musique donne le vertige.  En effet, entre les accoudoirs des fauteuils du Théâtre Montparnasse, il est difficile de ne pas se sentir ridiculement petit face à tant de génie(s) et pourtant… Pascal Amoyel parvient à nous emmener avec lui, avec eux, près d’une heure trente d'intimité - en apparence très simplement et avec beaucoup de spontanéité - avec les plus grands artistes et les plus grandes œuvres pianistiques. Génial ! Merci l’artiste ! 

Laurence Caron

Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer

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