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jeoffrey bourdenet

  • "Les Cartes du Pouvoir" au Théâtre Hébertot

    les cartes du pouvoir,théâtre hébertot,raphaël personnaz,ladislas chollat,thierry fremontBeau Willimon est connu pour être l’auteur de la (so terrific) série américaine « House of cards ». Il a le chic pour trifouiller la vie politique américaine, avec  toute ses particularités (so great), croustillantes à souhait, entre conflits d’intérêts, adroites manipulations et coucheries savantes. Après avoir participé à quelques campagnes électorales dont celle d’Hillary Clinton en 2000, Beau Willimon écrit "Farragut North"; la pièce adaptée en français est pour la première fois au Théatre Hébertot sous le titre : « Les Cartes du Pouvoir ».

    La politique rend enragée, mais pas seulement, le pouvoir, la réussite, la pression exercée, et cela dans n’importe quel univers professionnel, chacun en prend pour son grade. Dans un grincement de dents incessant, les scrupules sont mis au placard, très très consciencieusement l’intégrité est piétinée. Beau Willimon montre le côté le plus obscur d'une élection américaine mais aussi le plus excitant. Aux antipodes des « Hommes de bonne volonté »*, les hommes sont machiavéliques et despotes. Pour cette pièce, les rôles des femmes sont un peu à regretter, relégués à celui de la journaliste politique « prête à tout » et à celui de la stagiaire, elle aussi, « prête à tout » ; mais il s’agit d’une comédie réaliste, alors…l’injustice bat son plein et n’est pas sans rappeler l’actualité que l’on nous sert ces jours-ci.

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    Tenter une analyse de jeu des comédiens est inutile, la distribution est parfaite. Pour l’occasion, Thierry Frémont a un peu l’allure d'un Sean Penn, il fait figure de locomotive et dans sa lancée ses camarades sont transportés dans un véritable esprit de troupe. Raphaël Personnaz se distingue par un rôle de « jeune premier » tourmenté dans lequel il se jette. Elodie Navarre, Roxane Duran, Julien Personnaz, Francis Lombrail (excellent !), Jeoffrey Bourdenet et Adel Djemai font front et ne désarment à aucun instant. Le toujours très talentueux Ladislas Chollat orchestre l’ensemble avec raffinement : l’esthétisme des décors, l’enchaînement des pages musicales, l’éclairage dosé et le jeux précis des comédiens cadencent les scènes, rien n’est laissé au hasard. L’espace est épousé à la façon d’un plateau de cinéma et le spectateur suit les déplacements des comédiens du point de vue du siège du réalisateur.

    Comme pour un ballet réussi, la technique est oubliée, les planches ont fondu sous les pas des comédiens, les murs du théâtre se sont évanouis et les spectateurs sont devenus invisibles écrasés dans leurs fauteuils rouges. Il n’y a plus rien de matériel, il y a juste une histoire partagée, convaincante, tant et si bien que l’on aimerait retourner, dès le lendemain, au Théâtre Hébertot pour savoir s’il y a une suite (une saison 2 ?...).

    Laurence Caron-Spokojny

     * Jules Romains

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  • "La chanson de l'éléphant" est un air formidable !

     

    la chanson de l'éléphant,laurence caron« The Elephant Song » de Nicolas Billon a vu le jour au sein d’un atelier d’écriture à Montréal, puis joué au Festival Stratford du Canada, l’élégant texte est pour la première fois présenté en France sur les planches toujours aussi novatrices du Petit Montparnasse.

    C’est un personnage fragile et puissant, celui de Michaël, enfermé dans un asile de fous, qui marque les premiers pas sur scène de Jean-Baptiste Maunier (très jeune star à l’issue du film les Choristes de Christophe Barratier en 2004). Exercé au jeu par l’école de Lee Strasberg de New-York, Jean-Baptiste Maunier, du haut de ses 22 printemps, livre une démonstration qui semble puiser au plus profond de lui-même, il ne s’épargne rien, les tourments de son personnage vibrent, douloureusement, méthodiquement il décortique, analyse, digère et donne. Intense et physique, il y a quelque chose de Brando dans ce grand gamin là mais aussi quelque chose de Jean-Louis Barrault, une poésie discrète, un genre de s'excuser...

    En face, Pierre Cassignard donne une leçon différente au jeune acteur, d’un jeu plus classique mais tout aussi fervent, maîtrisé, il est ce psychiatre aussi directeur de son établissement ; sa performance est remarquable. Tandis que Christine Bonnard rythme les scènes par ses apparitions sincères et délicates dans le rôle de l’Infirmière Peterson.

    La différence d’âge des deux acteurs, leur façon de jouer, et, l’écriture fine de chacun des rôles, opposent les deux protagonistes pour apporter toute sa justesse au propos. D’Amour il est évidemment question mais il s’agit de celui qui se cache, celui qui asservit, le pervers, celui qui ordonne et détermine les choses de la vie dès le départ et qui paralyse le libre arbitre pourtant si essentiel à notre humanité. Le metteur en scène, Bruno Dupuis, orchestre l’ensemble avec une grande simplicité apparente, la part belle est laissée au jeu des comédiens, emportés par la fluidité du texte, les déplacements sur scène scandent des sentiments bourrés de paradoxes… qui raisonnent encore.

    La vidéo de Léonard et le décor très cinématographique de Sophie Jacob renforcent l'ambiance de thriller psychologique, la silhouette d'Alfred Hitchcock semble parfois se dessiner et les couloirs de l'hôpital psychiatrique de "Vol au dessus d'un nid de coucou" s'étirent derrière la porte.

    Tout d’abord circonspect, puis intrigué, déstabilisé, puis tout à fait bouleversé, il est impossible d’en sortir indemne.

    Magnifique, allez-y.  

    Laurence Caron-Spokojny

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