Au centre, à la hauteur des yeux, un lit est recouvert d’une étoffe orange, plutôt chic. De tout son long, elle y est allongée. Elle se retourne. Elle cale son bras sous sa nuque. Encore, elle se retourne. Sa joue roule sur l’oreiller. Soupir excédé. Elle se retourne encore. Le corps cherche à se détendre sans y parvenir. Les pensées, comme un arc tendu le long de la colonne vertébrale, irradient les nerfs, elles montent, s’amplifient. Le bruit excite, la nuit rend aveugle. On croit entendre les pas et les rires de ceux qui dansent, juste au dessus. Un ex-mari, même plusieurs, une mère injuste, une fille suicidée, un petit garçon séparé, un père aimé, un frère haï naissent des mots. Des mots qui se suivent, collés les uns aux autres, sans virgule, sans point, comme un incessant déversement d’immondices jetés aux égouts. Un flot de pensées échappées, presque aliénable, parfois interrompu par le mouvement de ce corps usé par la vie, maltraité par le manque de sommeil. Une rage voudrait se faire entendre, un désespoir se cogne aux parois tranchantes du regard des autres... C'est un soir de réveillon.
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