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"Quand je serai grande je serai Patrick Swayze" au Rond-Point des Champs-Elysées jusqu'au 19 février

Ayant beaucoup soupé des one-man/woman show de tout poil et autres stand-up, j’avais fait la promesse de ne pas récidiver, cette fois-ci je fais une entorse à mon règlement, le titre du spectacle Quand je serai grande je serai Patrick Swayze sonne comme une invitation personnelle, un message subliminal... j'y cours ! Ma crainte, toujours dans un seul en scène, est le point de vue nombriliste de l’hôte, l’artiste se prélasse de l’effet miroir de sa narration sur le spectateur qui se réjouit de se sentir moins seul. Un peu comme chez certains auteurs, à qui on n’ose pas le dire d’ailleurs, le récit de la vie, sans compter les névroses qui s’y rattachent, n’a souvent d’intérêt (thérapeutique) que pour la personne qui raconte…  Sauf ! Sauf quand le conte prend un caractère universel et c’est exactement ce que Chloé Oliveres a brillamment et généreusement réussi à faire.  

En 2022, au Théâtre des Béliers en Avignon, le public a été charmé par ce premier spectacle en solo de Chloé Oliveres. Et, parce qu'on ne laisse pas Chloé dans un coin, la voici d'un seul élan propulsée sur les planches du Rond-Point jusqu'au 19 février. Chloé Oliveres est une habituée de ces planches depuis 10 ans, notamment avec Les Filles de Simone, un collectif qu’elle a fondé avec Tiphaine Gentilleau et Claire Fretel. De l’enfant extravertie devenue une adolescente complexée jusqu’à la crise de la quarantaine, le cliché semble d’une banalité crasse, pourtant Chloé Oliveres parabole son autofiction en une formidable aventure truffée de références générationnelles, forcément attachantes, jusqu’à transformer l’anecdote en un plaidoyer politique. La môme des eighties tient à se faire voir et entendre par tout son corps qu’elle bouge comme s’il s’agissait d’une solo de danse contemporaine. L’intensité est délicatement dosée, tout comme la mise en scène de Papy, le prolifique découvreur de talents Alain Degois, qui lui offre l’espace entier de la salle Roland Topor, une liberté que l’on soupçonne millimétrée. Il y a une vraie montée en puissance de l’écriture, subtile, ses confidences émeuvent, ses exagérations amusent, la comédienne vise juste avec une intelligence chic, je refuse de la comparer à aucun/e autre artiste du moment. Dans une énergie folle, l’humour de Chloé  Oliveres vient ponctuer un flux de constats alarmants presque des révoltes, une façon élégante d’appuyer là où ça fait un peu mal ou de révéler ce qui est caché…

Enfin, il est tout à fait possible d’être à la fois une princesse et aussi une féministe, Chloé nous le dit en tissant de très habiles liens oniriques entre le symbole et le mouvement, car après tout il s’agit d’un spectacle, ici le rêve ne nous quitte pas. Merci Chloé !

Laurence Caron

Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer

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