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En 2019, Crystal Pite crée Body and Soul pour le Ballet de l’Opéra de Paris, cette même année Angelin Preljocaj imagine Winterreise Voyage d’hiver initialement pour le Ballet de La Scala de Milan puis avec sa compagnie lors du Montpellier Danse. En ce début d’année 2022, attendu avec ferveur, le premier est repris à l’Opéra Garnier jusqu’au 20 février tandis que le second vient de triompher pour quatre représentations exceptionnelles au Théâtre des Champs-Élysées.
Depuis près de vingt ans, les américains sont fous d’Eifman, en 2004, le New York City Ballet lui commande une œuvre en hommage à Balanchine : «Musagète». Comme un écho à ce rêve américain, à Paris, le « Up and down » de Boris Eifman est une fresque scintillante, et aussi un drame exacerbé par un romantisme dont la culture Russe n’est pas si éloignée… En 2013, Boris Eifman racontait déjà une histoire, celle de «Rodin et son Eternelle Idole», c’était au Théâtre des Champs-Elysées. Ces jours-ci, et entre ces mêmes murs, le chorégraphe Russe propose une adaptation libre du chef-d’oeuvre de l’auteur américain F. Scott Fitzgerald « Tendre est la nuit » (1934).
Le ballet contemporain russe à la sauce américaine
Très proche, le maître du ballet contemporain russe (et au delà), Vaslav Ninjinsky, veille, son souffle chorégraphique habite les lieux, certains déhanchements se font de côté et les bras forment des angles géométriques. Puis, la théâtralité chère à Boris Eifman fait son œuvre et ajoute des notes véloces et harmonieuses. Merveilleux danseurs, ils sont beaux, élancés, ils prennent possession du plateau comme des mannequins sur un podium. Ils s’élancent et s’envolent, les danseuses, majestueuses, allongent des bras-ailes-de-cygnes infinis si particuliers à l’école russe. Là, où la technique est maîtresse, des instants tourmentés - l’inceste, la folie, l’amour - laissent place à la joie de vivre des années folles : ce sont les cabarets et ses nuits de danse et de musique, la magie d’Hollywood qui prend forme par une scène très inventive et drôle, et la liberté affichée des corps qui s'ébrouent dans un ballet en maillots de bain d’époque, coloré et amusant, et, réglé au cordeau façon Balanchine.
Gershwin, dont la famille était originaire de Saint-Pétersbourg…
Dans cette grande liberté de ton, Boris Eifman n’est jamais avare de mouvements, il y a tant à danser, dans une succession de tableaux courts, le chorégraphe se veut metteur en scène, entre comédie musicale et théâtre dramatique. La danse ne s’arrête jamais, sauf lors des changements de tableaux dont les flottements mériteraient quelques attentions scéniques. Entièrement voués à leur discipline, une course effrénée s’engage entre les danseurs, même lorsque le propos est tragique, l’émotion n’a pas de temps ou pas assez de place pour s’exprimer. Dommage. Le patchwork musical de « Up and down » laisse perplexe. Mêlé de compositions de George Gershwin et d’Alban Berg, il y a une cohérence, l’époque réunit les génies (et puis ils étaient amis), seulement les partitions de Schubert ou de Chopin rendent à épaissir un peu trop la sauce, dosée à la louche, c’est un medley de tubes plutôt qu’une véritable intention artistique.
Ce soir de première au Théâtre des Champs-Elysées, la salle est comble, les danseurs et Eifman multiplient les saluts encouragés par la chaleur des applaudissements... Néo-classique et extrêmement narrative, la danse d’Eifman est un genre à part, «Up and down» est assurément un spectacle de grand divertissement rendu intense par l’excellence des Etoiles et du Corps de Ballet de Saint-Pétersbourg.
Archi-productif avec près d’une centaine de création depuis 1970, le chorégraphe tchèque Jiří Kylián a fait ses armes au Royal Ballet School de Londres avant de rejoindre le Ballet de Stuttgart (John Cranko) où il devient chorégraphe en1968. En 1975, Jiří Kylián est co-directeur artistique du Nederlands Dans Theater à La Haye, sa création LaSymphonie des Psaumesle projette sur la scène internationale.