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"Camus – Casarès, une géographie amoureuse" à la Piccola Scala jusqu'au 29 janvier

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Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les êtres qui vous libèrent, qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. Albert Camus

Jean-Marie Galey,Teresa Ovidio,Elisabeth Chailloux,Franck Thévenon,Thomas Gauder,Sophie Mayer,la piccola scala,maria casarès,albert camus,les justes,correspondances,theatre,Cie Châteaux en Espagne,Théâtre de la Balance,Beaubourg ProductionsMises en vie sur les planches de la Piccola Scala en ce début d’année 2023, "Camus – Casarès, une géographie amoureuse" reprend ces correspondances, à la fois tendres, bienveillantes et enflammées parcourant une période de l’histoire particulièrement tumultueuse. Le colonialisme dénoncé par Camus, et, ses prises de position nourries par son adoration pour son pays natal l’Algérie, se heurtent à la Guerre froide qui rôde. Le communisme goûte ses instants de gloire, chacun en prend sa part jusqu’aux artistes comme Gérard Philipe ou bien Jean Vilar dont l’anecdote d’un déjeuner avec Camus, raconté dans la pièce, est particulièrement savoureuse. Sautant d’un continent à l’autre, l’un pour des conférences et entretiens savants et l’autre pour la création d’œuvres théâtrales ou cinématographiques, Camus et Casarès, s'écrivent en des échanges dansants qu’il s’agisse de questions politiques, sociales, culturelles ou des petits tracas du quotidien. Outre l’intérêt commun de Camus et Casarès pour le camp républicain espagnol, la tragédienne et l’écrivain partagent leur points de vue et expériences sur la naissance des œuvres théâtrales de Camus. Dès 1944 dans « Le Malentendu » au Théâtre des Mathurins, Maria Casarès crée le rôle de Martha, puis c’est celui de Dora dans « Les Justes » (avec Serge Reggiani et Michel Bouquet, mise en scène de Paul Oettly) au Théâtre Hébertot en 1949. Le propos est passionnant…

Après leur succès en Avignon, Teresa Ovidio et Jean-Marie Galey reprennent les rôles du couple mythique. Passionnée et un peu sauvage, Teresa Ovidio use de son accent rythmé et chaleureux pour faire revivre Maria Casarès ; ce fameux accent qui justement avait recalé Maria Casarès lorsqu’elle s’était présentée pour la première fois au concours d’entrée du Conservatoire National d’Art Dramatique. Dans un genre plus mesuré mais dont les mots sont tout aussi brûlants, Jean-Marie Galey incarne un Albert Camus résolu mais torturé par les remords pour sa femme Francine. Les deux comédiens s’oublient dans leurs personnages, les mots ne se délient pas en encre et papier, ils sont des images en noir et blanc, l’intimité de leurs sentiments s’entremêlent à une actualité vibrante, de l’Algérie au midi de la France, en passant par Avignon jusqu’à Paris. L’écriture contrastée des deux légendes transpercent le cœur, ce sont des flèches dont les pointes sont élégamment aiguisées, jamais ici les échanges ne manquent de respect, il y a comme une admiration commune, peut-être une démonstration idéale de ce que peut-être le véritable amour.

Laurence Caron

Photo : Frédéric Buira

Lien permanent Catégories : LETTRES, ONDES & IMAGES, SCENES 0 commentaire Imprimer

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