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ce qui est remarquable... un regard sur la culture pop - Page 15

  • En visite chez Rodin !

    Qui veut être au top quant à l’éducation culturelle de ses enfants se doit d’emmener ses chères têtes blondes chaque dimanche matin au Musée. Voici notre acte de foi dominical. Ici le rythme est pris et pas question de s’y soustraire. Quand en plus il s’agit du premier dimanche du mois*, le coeur s’allège et le pas s’accélère en pensant à la terrasse sympa que l’on se fera tous ensemble pour le déjeuner. Auguste Rodin, Laurence Caron

    Les expositions se suivent et ne se ressemblent pas forcément toutes. Je sais déjà ce que je ne veux plus. Ainsi, je suis décidée à fuir les mises en scène sombres, presque obscures, dans lesquelles on passe son temps à chercher ses lunettes au fond de son sac pour parvenir à décrypter le mince filet de texte didactique qui s’échappe tout en haut d’un pan de mur... Décidée à éviter les foules qui se pressent aux guichet de l’expo hype : «comment tu n’as pas vu ....?». Et décidée aussi à prendre l’air pour éviter la grosse culpabilité de ces parents qui ne font jamais faire de vélo à leurs enfants au Bois de Boulogne et dont nous faisons partie... Bref : le Musée Rodin, rue de Varenne, a constitué notre cible. Un «classique», parfait pour les enfants qui ont respectivement 7 et 10 ans et sont en plein expansion de leur  petit esprit critique.auguste rodin,musée rodin,laurence caron

    Le lieu est somptueux, l’Hôtel Biron du plus pur style rocaille et son jardin, occupé par Auguste Rodin de son vivant, a aussi été choisi par l’artiste pour la création de son musée en 1916. C’est ici au milieu de la roseraie que les oeuvres emblématiques telles que La Porte de l’enfer, Les Bourgeois de Calais ou Le Penseur sont naturellement disposés sans qu’à aucun moment la noirceur du bronze vienne heurter la délicatesse des roses. Quelques jolis bancs intelligemment positionnés autour des oeuvres invitent à la rêverie... 
    L’Hôtel Biron, aux parquets grinçants et aux fenêtres brinquebalantes, affiche discrètement quelques notes d’attention pour nous prévenir sur les prochains travaux de réfection : nous sommes rassurés même si l’esprit «vieille demeure oubliée» donnait un supplément d’âme à l’édifice et aux trésors qu’il abrite.
    La poussière est omniprésente sur les marbres, les plâtres, les terres cuites, on s’attend à croiser la silhouette trapue de Rodin animée elle aussi par un halo de poussière blanche. Et puis l’émotion gagne, ces pieds sont forts, ces mains sont puissantes, ses beautés sont si graciles, on se demande comment ce corps penché tient si admirablement bien l'équilibre, et les masques du visage de Camille Claudel ressemblent tant au visage d’Isabelle Adjani avec ces yeux perdus dont on cherche à croiser l’intensité... 

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    Les enfants raccrochent leurs Dictaphones, ils ne fonctionnent pas très bien, ils préfèrent fureter entre les sculptures. Les collections du sculpteur se mêlent à ses propres créations, comme dans un salon, comme il faudrait que ce soit. Un tableau de Cézanne accroché là et tout près un corps déformé par l’effort de la danse moulé dans la terre cuite, puis il s’agit ici d’un Monet, les enfants sont ravis : c’est une vue de Belle-Ile en mer...  

    Les artistes créent des oeuvres pour qu’elles soient vues, un écrivain écrit pour être lu, un compositeur pour être écouté, et bien ici on atteint ce paroxysme trop souvent désincarné par les grands musées. La chorégraphie des sculptures laissées là, dans ces pièces aux hauts plafonds, illuminées de soleil ce jour là, manque peut-être de rigueur mais l’effet est tout à fait réussi, alors cela importe peu. Une sorte d’intimité s’installe, on voudrait toucher, caresser l’onyx, le marbre, mais on ne le fait pas, on respecte, subjugué par autant de talent, autant de défiance à l’académisme. Tout ici est puissant et vibrant.
    Décidément lorsque les artistes choisissent le lieu dans lequel leur oeuvre sera consacrée, c’est mieux, c’est beaucoup mieux ! Une chose que les Musées malgré leurs moyens et leurs innovations scénographiques ne parviennent pas toujours à faire. auguste rodin,musée rodin,laurence caron

    En sortant, nous nous sommes promis d’aller voir la maison du sculpteur à Meudon «La villa des Brillants», bien sur quand nous aurons le temps, il y a encore tellement de chose à voir...

     Laurence Caron-Spokojny

    *les musées sont gratuits  pour tous le 1er dimanche du mois.

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  • Théâtre du Châtelet : De l’autre côté de la lune

    Le Théâtre du Châtelet a toujours ouvert sa saison avec faste, ce mois de septembre est différent. 

    Le Mexique est à l’honneur avec Cruzar la Cara de la Luna.Il s’agit du tout premier «opéra mariachi» : une rencontre entre la musique populaire et l’école classique de l’Opéra. Le compositeur José «Pepe» Martinez et le groupe Mariachis Vargas de Tecalitlán, dont on dit qu’il est le «meilleur mariachi du monde», ont été sollicités par l’Opéra de Huston, pour être accompagnés par le très renommé librettiste et metteur en scène de Broadway, Leonard Foglia. 

    cruzar la cara de la luna,théâtre du châtelet

    L’histoire est dramatiquement universelle, l’immigration mexicaine aux Etats-Unis, quand la nostalgie des origines vient bousculer les contraintes sociales à travers trois générations. 

    Pourtant malgré la noblesse du thème et l’interprétation juste de ses musiciens et chanteurs, Cruzar la Cara de la Luna pâtit d’une mise en scène quasi inexistante, pour une version semi-scénique c’est plutôt embêtant... La musique bat son plein au rythme des trompettes, violons, harpe et vihuela, les rythmes ensoleillés feraient même penser au premiers accents d’une opérette digne de Maurice Lehmann. Seulement, ce n'est pas du tout cela. La découverte de la musique mariachi nous apprend à quel point elle a certainement influencée un grand nombre de compositions, mais en ces murs et sur cette scène cet attrait semble insuffisant. 
    Tout de même, il s’agit du Théâtre du Châtelet, il est dommage de laisser ainsi ces musiciens seuls, statiques, en fond de décors, alors qu’un formidable espace est prêt à vibrer sous leurs pieds...  Entre dimension politique ou folklorisme consensuel, on ne sait pas trop, il y a un manque de parti pris évident. L'idée est originale et audacieuse, mais il s'agit juste de l'idée. Je suis sortie du spectacle en fredonnant, quand on m'a demandé ce que je pensais du spectacle,  j'ai soupiré, en fait je crois que je n'avais pas trop envie d'avouer ma déception.

    Laurence Caron-Spokojny

     

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  • La Route de Cormac Mc Carthy

    Récompensé par le Prix Pulitzer en 2007, La route de Cormac Mc Carthy livre les plus beaux échanges de la littérature entre un père et son fils.

    Outre le contexte épouvantable du monde dans lequel ces deux êtres sont précipités, cette vision moribonde efface toutes formes d'artifices afin que l'auteur touche à l'essentiel des sentiments.

    Ce livre m'a bouleversé, depuis sa lecture je vis avec lui, il m'accompagne ...


    la route, Cormac McCarthy

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  • Bienvenue dans le monde merveilleux de Sunderland...

    British à souhait : un brin rock'n roll, ambiance "Full Monty" (le film de Peter Cattaneo -1997) dans une Grande-Bretagne nostalgique à la jeunesse desabusée par un chômage abusif... 

    Perchées sur leurs talons, bijoux pacotilles tape à l’oeil, cigarette pendue aux lèvres, pull court et mèches rebelles, aguicheuses pour se défendre : Sally et sa meilleure amie sont abandonnées par leur famille, par la société, par la vie, les deux jeunes femmes se débattent. 
    Dehors, il pleut et le moral de la ville varie en fonction des exploits ou des déboires de son équipe de football.  

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  • Les beaux films de Sydney Pollack

    Sur TCM (Turner Classic Movies), la chaîne dédiée au cinéma et à laquelle il faut être abonné sans-discussion-aucune, j'ai pu voir ou revoir, à vrai dire je ne sais plus, L'Ombre d'un Soupçon, mystérieux drame lyrique entre Kristin Scott Thomas et Harrison Ford… Car justement c'est imparable, on peut voir et revoir à volonté, sans jamais se lasser, et toujours avec délice le cinéma de Sydney Pollack.

    Théoriser sur l'immense carrière cinématographique de Sydney Pollack serait présomptueux, car en plus d'être acteur et réalisateur, Sydney Pollack fut aussi un brillant producteur aux choix osés, notamment Présumé Innocent, Raisons et sentiments ou bien encore Retour à Cold Mountain. Mon envie est bien moins ambitieuse. Juste, il est THE réalisateur incontestable du cinéma romantique hollywoodien, c'est dit.

    Le talent du réalisateur n'épargne aucun genre, sur une large palette de sentiments, il jongle entre les rapports humains ou avec la nature  avec un western écolo (Jeremiah Jonhson, 1972), il peut offrir une comédie sensible (Tootsie 1983) ou une fresque romanesque (Out of Africa, 1986). En parfait défenseur des valeurs humanistes, Sydney Pollack attire l'attention sur des sujets difficiles comme sont les douloureux clivages sociaux et économiques (On achève bien les chevaux, 1969), les rouages politiques plus ou moins grinçants (Les Trois Jours du Condor, 1975), la liberté de la presse et ses travers (Absence de Malice, 1982),… C'est une Amérique contemporaine et à la fois nostalgique (Nos plus belles années, 1973) aux accents de tragédie greque, l'artiste aime à nous torturer en nous rappelant le pouvoir de notre libre arbitre tout en laissant toujours une place à un profond espoir en l'humanité. L'Homme n'est jamais totalement méchant ou parfaitement bon, il est la somme de ses contradictions, la somme de ses expériences. D'ailleurs, Sydney Pollack  ne condamne pas, il met en garde, notamment une certaine presse qui ne démontre plus mais qui glisse peu à peu vers une forme de dénonciation (voici un sujet qui trouve aujourd'hui un parfait écho dans notre actualité...). Le crédo du réalisateur, sans cesse renouvelé par de nouveaux sujets, est de montrer la face cachée des institutions qui ont soit-disant la mission première de transmettre les idéaux de notre société.

    Il est de bon ton de désigner la foisonnante production du réalisateur comme s'agissant de «films engagés», n'est-il pas question tout simplement de vrai cinéma ? C'est un cinéma qui raconte avec un language qui se veut compréhensible par tous. Le réalisateur dirige les acteurs à la perfection pour les faire parler de sa propre voix, la précision du scénario frôle la technicité horlogère. Quand en plus Sydney Pollack se projette dans la (belle) personnalité de Robert Redford pour s'incarner, cela atteint la perfection... De Burt Lancaster à Tom Cruise, Sydney Pollack aime les acteurs, et ils lui rendent bien. Le regard du réalisateur est si humain que ses films en deviennent universels et surtout (même pour les tenues entre Croisière et Hippies de Barbara Streisand dans Nos plus belles années) intemporels.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Fundacio Joan Miro, Barcelona

    Nombreux sont les architectes, peintres, musiciens et écrivains à avoir marqués cette ville par leur empreinte créative et imaginaire, aussi libre que rebelle. Joan Miro, lui le catalan, il est l'enfant du pays,  il nait en 1893 à Barcelone d'un père horloger, et s'éteindra 90 ans plus tard à Palma de Majorque pour être enterré dans le cimetière de Montjuïc à Barcelone, à quelques pas de sa Fondation.


    En juin 1975, La Fondation Joan Miro ouvre au public, il s'agit alors de créer un lieu vivant, presque organique, afin de stimuler l'intérêt du visiteur et de trancher avec les codes des musées traditionnels.Miro,art,culture Les expositions se succèdent, Calder, Magritte, Tapies et bien d'autres, les jeunes artistes disposent d'un espace dédié, l'Espace 13. L'attention du public est renouvelée constamment par, en plus de la collection permanente, des expositions thématiques et itinérante.

    Ce qui surprend au premier abord c'est l'architecture du lieu. Nous entrons ici dans un espace infiniment blanc et sobre, aux lignes pures tracées par un disciple de Le Corbusier, Josep Lluis Sert. L'architecture méditerranéenne, aux carreaux de céramique et à la voûte catalane,  trouve ici son apogée avec  quelque chose de monastique et  les matériaux traditionnels utilisés renforcent cette idée de sérénité, presque spirituelle. La construction s'inscrit dans une nature insolente et lyrique celle des jardin du Montjuïc, sur une terrasse un  olivier à l'écorce torturé rivalise avec les sculptures de Miro, il n'est pas question de le distinguer de la collection.

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    Les 250 peintures sur toile, papier ou bois, les tapisseries monumentales, les innombrables sculptures et dessins tournent autour d'un patio, si bien que l'ensemble des œuvres est sublimé par la lumière du soleil et chacune se révèle selon l'heure du jour, de par cet éclairage naturel et changeant, sous des angles différents.

    Plus qu'un espace voué à l'art, la Fondation Miro est un havre de paix, autant poétique, que bouillonnant. C'est un lieu dans lequel on ressent l'envie de vivre, de s'y installer...

    A l'image de l'artiste et de son œuvre, l'atmosphère du lieu nous livre de précieux indices sur l'homme que fut Joan Miro, sans doute infiniment sympathique !

    Laurence Caron-Spokojny

    art« Je commence mes tableaux sous l'effet d'un choc que je ressens et qui me fait échapper à la réalité. La cause de ce choc peut être un petit fil qui se détache de la toile, une goutte d'eau qui tombe, cette empreinte qui laisse mon doigt sur la surface de la table. De toute façon il me faut un point de départ, ne serait-ce qu'un grain de poussière ou un éclat de lumière. (...) Je travaille comme un jardinier ou comme un vigneron (...) » Joan Miro


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