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ce qui est remarquable... un regard sur la culture pop - Page 11

  • « Des fleurs pour Algernon » au Théâtre Hébertot, interprété par Grégory Gadebois : attention chef-d'oeuvre !

    image001.jpgCharlie Gordon est un jeune homme simple, il n’est pas bête, il est juste « simple ». Il travaille dans une usine dans laquelle il est chargé du nettoyage des toilettes. Régulièrement, deux de ses amis l’invitent pour boire un verre, ils le font boire pour se moquer de lui.

    A l’université Beekman, Charlie suit les cours de Miss Kinnian, il apprend à lire et à écrire avec une grande assiduité. Sa motivation extrême est remarquée par deux éminents professeurs qui lui proposent de démultiplier ses facultés intellectuelles par une intervention du cerveau totalement inédite. Cette intervention a déjà été réalisée sur une souris blanche, Algernon. Avant et après l’opération programmée, les scientifiques demandent à Charlie de noter, chaque jour, ses impressions sur un cahier… 

    Juste après Robert Hirsh (Le Père) et avant Michel Bouquet (Le roi se meurt), Grégory Gadebois est sur les planches du Théâtre Hébertot, et ce dernier est largement à la hauteur de ses voisins !

    Hier soir, Grégory Gadebois a englouti la salle entière dans les pages du journal intime de Charlie Gordon. Au départ, ce fut une nouvelle « Flowers for Algernon » écrite par David Keyes, publiée pour la première fois en 1959, et aussitôt récompensée par le Prix Hugo en 1960 ; puis en, 1966, l’histoire, transposée en roman, reçoit le Prix Nebula du meilleur roman (prix réservé à la Science fiction).

    image002.jpgL’adaptation de Gérald Sibleyras et la mise en scène d’Anne Kessler sont en tout point parfaites, résolument contemporaines, la part belle est faite à la magnifique présence du comédien et à la sincérité du texte. L’intense scénographie de Guy Zilberstein, les lumières ingénieuses d’Arnaud Jung et l’inventivité  sonore de Michel Winogradoff contribuent à offrir un écrin idyllique au jeu de Grégory Gadebois.

    Pour écrire ces lignes, j’avoue mon impuissance, je ne suis pas certaine de retransmettre ici  l’émotion incroyable ressentie dès les premiers mots prononcés par Grégory Gadebois jusqu’aux derniers, alors qu’ils retentissent encore… 

    La sensibilité brute révèle un travail, une recherche, de la part du comédien, incomparable. Le texte est oublié pour être éperdument incarné, Charlie Gordon prend vie d’entre les lignes de son journal intime. Il y a une juste mesure, respectée, et maniée avec la plus grande dextérité pendant 1h20 sans jamais faillir. Le comédien triture nos sentiments, il les fouille avec gourmandise avec la même aisance qu’un enfant plongé dans un sac de bonbon. La douce diction de Grégory Gadebois rythmée par sa gestuelle de virtuose ajoutent à la présence chaleureuse et intense du comédien. Pourtant, la pudeur est profonde, elle résiste, et l’angélisme du personnage fait fondre son auditoire. Le public est liquide, déplacé comme une marée, remué par une forte et indicible houle.

    Charlie Gordon s’introspecte méticuleusement avec les mots les plus simples, il observe ce double, absurde, une souris de laboratoire. La cruauté de l’humanité réside là dans ce rapport empathique bourré de tendresse, si bien décrit et si bien joué, entre un homme et une souris, ou bien entre un homme et lui-même. Et puis, il y a cet enjeu de l’intelligence qui se déploie avec arrogance pour dépasser l’affect ; le déséquilibre ultime, l’un ne va pas sans l’autre, son QI écrase toutes formes de sentiments, jugés inutiles… 

    « Des fleurs pour Algernon » est une parfaite fusion, absolue, entre un comédien et un texte. Et, trêve de bavardages, je ne saurai mieux vous l’exprimer ici que par ces mots : Au Théâtre Hébertot, « Des fleurs pour Algernon », interprété magistralement par Grégory Gadebois, est un chef-d’œuvre ! 

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Après les glaces des océans, Géraldine Danon brûle les planches du Dejazet jusqu'au 28 février

    Ces dernières années, Géraldine Danon est une comédienne bien trop rare sur les planches de nos théâtres. Son cœur est ailleurs, en marin averti elle trace sa route d’un pôle à l’autre. Aux côtés de son mari, le navigateur Philippe Poupon, l’ancienne directrice de théâtre (ciné théâtre 13), et productrice, est aussi écrivain et réalisatrice, toujours très inspirée lorsqu’il s’agit  d’océans. Témoin infaillible des expéditions familiales autour du globe (Une fleur dans les glaces, Le continent inconnu, Sur la route des pôles… ), Géraldine Danon a la très grande chance de vivre ses passions et elle sait user de son talent pour nous les faire partager.    

    edith s,seuil,theatre dejazet,géraldine danon,sylvie ohayon,marylin alasset,maryse wolinskiCe soir là, Géraldine Danon est sur la scène du Dejazet dans la peau d’ Edith Stein :
    En août 1942, réfugiée au carmel d’Echt en Hollande, la philosophe Edith Stein, entrée au carmel de Cologne sous le nom de Soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, est arrêtée et emmenée en déportation. Avant de quitter le carmel, alors qu’elle se prépare à partir, elle rembobine le fil de sa vie et convoque les personnages qui l’ont construite.

    Le Théâtre Dejazet est un magnifique théâtre, repère théâtral historique du boulevard du crime, il fut le décor naturel du chef d’œuvre de Marcel Carné «Les enfants du Paradis». L’espace offert pour ce récit sur la vie d’Edith Stein semble bien grand, les derniers rangs peinent à entendre les comédiens, mais dès les premiers mots, le silence se fait, la concentration du public est totale.

    Une succession de tableaux avec de subtils arrêts sur image, tout en clair-obscur à la façon des peintres hollandais, est proposé selon une mise en scène de Marylin Alasset, juste, précise. Avec pour effroyable toile de fond la montée du nazisme, la  plume de Maryse Wolinski plonge dans l’intimité d’Edith Stein pour s’interroger notamment sur la condition féminine de l’époque. Edith Stein délaisse peu à peu ses préoccupations hautement intellectuelles pour des considérations spirituelles : la jeune femme juive, passée par une phase d’athéisme, découvre les écrits de Thérèse d’Avila et choisit d’entrer au carmel… elle sera canonisée par Jean-Paul II en 1998. 

    edith s,seuil,theatre dejazet,géraldine danon,sylvie ohayon,marylin alasset,maryse wolinskiLe questionnement philosophique, la quête de spiritualité, l’attachement aux origines, la shoah, la condition féminine, la guerre et ses ravages, rien n’est épargné. Pour mener à bien ce sombre propos, Géraldine Danon, très bien entourée par l'épatante France Darry, Catherine Zavlav et Sébastien Finck, offre une performance remarquable. La comédienne s’empare de son personnage ; elle affirme une très belle présence et nous régale par sa parfaite maîtrise du texte, sa diction est impeccable (et c’est suffisamment rare pour le faire remarquer), elle raisonne de passion et de puissance avec constance. Pleinement dans son rôle, elle bouffe l’atmosphère, s’approprie une vie qui n’est pas la sienne, et, traverse les différentes époques et âges de la vie d’Edith Stein avec aisance et naturel. Le ton est donné, Géraldine Danon est souveraine, lumineuse. 

    Laurence Caron-Spokojny

    ….Géraldine Danon s’apprête à réaliser son premier long métrage et produit le prochain film de Sylvie Ohayon (Les Bourgeoises)... il est aussi possible de l’écouter : les samedis dans l’émission de Régis Picart sur France Info et les dimanches dans l’émission de Jacky Gallois sur Europe1.

     La Passion d’Edith S., Maryse Wolinski, Seuil, 222 p., 17,50 € - en librairie le 6 février.

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  • Le surréalisme et l'objet au Centre Pompidou

     

    30 octobre 2013 - 3 mars 2014, de 11h00 à 21h00Galerie 1 - Centre Pompidou, Paris

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  • A quelques pas de l’Opéra Garnier et de son fantôme, Jean Marais hante les étages de l‘élégant Eléphant Paname…

    L’exposition "Jean Marais" proposée entre les murs d’Eléphant Paname s’intitule « L’histoire d’une vie ». La vie telle qu’elle est racontée, celle qui est vécue avec toute son universalité : son injustice, ses coups de grisou et ses coups de chance. Et, c’est le cas pour Jean-Alfred Villain-Marais ; l’homme, loin d’être destiné au départ à une vie aussi artistiquement riche, laisse entrevoir par ses traces et objets intimes (lettres bouleversantes, mots touchants, passions griffonnées, déclarations hâtives, œuvres picturales inachevées ou accomplies, modelages patients, photos intimes et célèbres…) à quel point il était fait pour déchaîner les passions et faire vibrer les émotions, les attirer, les remuer et aussi les transformer. Jean Cocteau ne s’y est pas trompé.

    jean marais,éléphant paname,jean cocteau,laurence caron-spokojnyEn 1937, c'est la rencontre avec Jean Cocteau, à sa suite Les parents terribles et L’Aigle à deux têtes, désormais Jean Marais est en haut de l’affiche. Puis, l’acteur enchaîne les rôles au cinéma, s’éloigne un temps de Cocteau pour Visconti, Renoir ou Guitry, joue le cascadeur dans des films populaires comme Le Bossu ou Le Capitaine Fracasse, garde toujours les deux pieds bien ancrés sur les planches des théâtres, et se régale avec Jacques Demy de son goût pour les contes et légendes avec Peau d’Âne....  La carrière du comédien, parfois aussi metteur en scène et décorateur (à la Comédie française en 1940), est comblée. L’homme a décidé d’être heureux, et ce féroce appétit de vivre conduit l’artiste à s’exprimer de toutes les façons. Jean Marais dessine avec une grande précision, imagine des contes et légendes, peint des échappées stellaires, et modèle de la terre, comme Picasso, à Vallauris... Depuis le décès de Cocteau, il a, dit-il, « des distractions ».

    jean marais,éléphant paname,jean cocteau,laurence caron-spokojnyJean Marais, au delà de sa beauté et de son aura, apparaît ici d'une sincérité désarmante, simple, sans artifice, terrien et aérien à la fois.
    Les succès sont passés et demeurent des références ; adulé ou critiqué, le public a toujours été à ses côtés.
    Jean Marais, peut-être sans le savoir, a élevé des passerelles, entre un univers artistique considéré comme intellectuel -tel le théâtre de Cocteau à l’époque, vers des arts plus populaires -comme ses films de «cape et d’épée». A la manière de certains grands acteurs américains d’aujourd’hui qui jouent autant sur les planches de Broadway, dans des films d’auteur pour lesquels ils engagent souvent leur cachet, ou bien dans de gros blockbuster : Jean Marais était de cette trempe, très en avance sur son époque, il a su s'exprimer d’un genre à l’autre et se jouer des étiquettes.

    L’acteur, le comédien, lors d’une interview, projetée au cours de l’exposition à la scénographie harmonieuse, dit ne pas aimer parler de "métier" mais plutôt de "jeu" : « on dit d’un acteur qu'il joue », et il avoue humblement "s’être beaucoup amusé". Nous aussi...

    Alors, pour revivre ces instants, reflets magnifiques d’une époque, ou bien pour découvrir Jean Marais, cette visite est nécessaire. Rendez-vous à Eléphant Paname, avant le 16 mars, avant que les précieux souvenirs matériels de l’existence de Jean Marais ne soient dispersés aux quatre vents de la vente aux enchères qui clôturera l’exposition.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • La Framboise Frivole au Théâtre des Bouffes Parisiens : une déclaration d'amour à la Musique

    « Delicatissimo » par la Framboise Frivole est joué dans le très emblématique Théâtre des Bouffes Parisiens, ce nouveau spectacle marque le grand retour de Bart Van Caenegem au piano, aux côtés du brillant ténor et violoncelliste Peter Hens. Nos deux aventuriers partent à la recherche de l’Archet perdu…

    De nombreux compositeurs de variétés se sont inspirés avec talent du répertoire classique, je citerai Serge Gainsbourg qui a puisé allégrement dans le répertoire de Chopin ; pour « La Framboise Frivole » il s’agit d’une toute autre échappée belle… Aux Bouffes Parisiens, les notes classiques s’envolent, sous la voûte de ce temple du music-hall, pour se mêler aux sons et rythmes modernes. Les mélodies épousent les contours du répertoire de la chanson française (à moins que ce soit l’inverse) avec humour, et, laisse s’épanouir ce qui est sans contexte la plus belle invention de l’Homme : la Musique.

    Bart Van Caenegem,Peter Hens,dominique dumond,polyfolies,théâtre des bouffes parisiens,la framboise frivole,laurence caron-spokojnyLe duo de clowns mélomanes exercé aux arts musicaux, au niveau des plus grands virtuoses d’aujourd’hui, ne se prend définitivement pas au sérieux et c’est là que se porte toute sa singularité. Les touches du piano de Bart Van Caenegem  rivalisent de vélocité avec la danse savante de l’archet du violoncelliste Peter Hens, ce dernier assaisonne son jeu de mélopées audacieuses. Ténor aux accents brillants, Peter Hens a de quoi mettre au placard notre cheptel de chanteurs de variétés. Le ton donné est résolument comique, et la salle attentive est hilare.
    Une très nébuleuse quête d’un archet croise les pas de Maurice Jarre, avec pour graal : le rire. Les musiciens font corps avec leurs instruments, et, n’hésitent pas aussi à argumenter leur propos de calembours, plaisanteries caustiques, jeux de mots hasardeux et autres « blagues de ténor » (comme le disait un ténor que j’ai bien connu ;-) - lui aussi jardinier à ses heures)… 

    Depuis près de 30 ans, les deux musiciens belges régalent un public sans cesse renouvelé. Très intelligemment, les spectacles de la Framboise Frivole sont à chaque fois différents, et demeurent fermement inscrits dans l’air du temps. De leur plat pays, les musiciens chevronnés prennent toute la distance nécessaire pour se jouer de la chanson française à leur guise, afin que le spectacle soit à chaque fois plus saisissant et plus déjanté.

    Jusqu’au 26 avril, un souffle inattendu, aussi insufflé par les nouvelles technologies, balaye magistralement, et, sans aucune prétention, toutes les conventions qu’elles soient issues du répertoire classique ou de la chanson française.
    La Framboise Frivole déclare une nouvelle fois son amour à la Musique avec une créativité qui ne semble pas prête de s’épuiser. 
    Bart Van Caenegem et Peter Hens sont de grands artistes.

    Laurence Caron-Spokojny

    Nb : allez-y aussi avec vos enfants.

     

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  • Les accords parfaits de Serge Poliakoff au Musée d’Art Moderne, jusqu’au 23 février

    serge poliakoff,musée d'art moderne
    Serge Poliakoff, Gris bleu, 1962. Collection particulière, Paris © ADAGP Paris, 2013

    Entrer dans l’exposition de Serge Poliakoff, proposée par le Musée d’Art Moderne, se passe comme dans un rêve… un rêve très éveillé : « Le rêve des formes ». Et des formes, il en existe une infinité. A perte de vue, un horizon  s’offre au regard : plus de 70 peintures, et, autant d’œuvres sur papier réalisées entre 1936 et 1969 composent cette sorte de toile géante reflet harmonieux de l’œuvre de Serge Poliakoff.
    Fuyant la Russie secouée par la révolution, Serge Poliakoff joue de la
    balalaïka dans les cabarets pour subsister ; le 20ème siècle bat son plein et les courants artistiques rattrapent le jeune Russe et l'inspire, il devient bientôt le Maître absolu de l’Art Abstrait, et, Français en 1962.

    Les couleurs de Serge Poliakoff s’étendent sur la toile ou le papier comme autant de simultanéités sonores, la musique ne semble jamais loin dans la recherche conceptuelle et incessante de l’artiste. Aucun tableau ne se ressemble et pourtant tous pourraient se coller les uns aux autres et ne former qu’un. Les formes se fondent, se glissent, s’épousent, s’approchent et se comparent ; Serge Poliakoff a le don du bon goût, tout va ensemble, tout concorde. Ici, la scénographie des œuvres structurée, entre les murs du Musée d’Art Moderne, est d’une beauté époustouflante.

    Serge Poliakoff signe une définition du « beau » incontestable, un enseignement radical que tous suivront et suivent encore…
    Une exposition à voir absolument !

    Laurence Caron-Spokojny

     

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  • Gauthier Fourcade est supercalifragilisticexpialilicieux dans "Le secret du Temps Plié" à la Comédie Bastille

    marc gelas,françois bourcier,comédie bastille,le secret du temps plié,gauthier fourcadeGauthier Fourcade à l’allure d’un Géo Trouvetou, le funambule s’élance sur la piste et tient l'équilibre pendant plus d'une heure et demie ; en dadaïste  averti, il jongle avec les mots, déroule sur la scène de la Comédie Bastille de fumeuses théories, et, entrelace jargon éclairé et complots linguistiques… Dans une mise en scène de François Bourcier, et soutenu par la plume de Marc Gelas, "Le secret du Temps Plié" est un voyage aux confins de l'univers... drôle, sensible et savant ! 

    Il s’agit du temps qui passe, le présent fugace et le passé disparu, puis l’avenir imperturbable, toujours le même pour tous lorsqu’il se cogne à sa fin. Infiniment tendre, le Pierrot lunaire fait chavirer notre cœur lorsqu’il soupire après l’absence de sa Colombine... Poignant, l’enfant orphelin ébranle notre être tout entier en rendant un hommage vibrant au rôle du père, probablement le sien…

    Héritier spirituel de Roland Dubillard, et, héritier acrobate de Raymond Devos, Gauthier Fourcade allégorise, il se joue des mots à la perfection. Sans en avoir l’air, avec un humour teinté de poésie, l’artiste farfouille au plus près de notre âme, il creuse.
    Au départ, on ne soupçonne rien de particulier, on aime à se laisser porter par le divertissement, entre la surprise et le rire, orchestré avec talent par l’esprit vif et manipulateur de l’artiste. Puis, au fur et à mesure du spectacle, d'imperceptibles changements s’opèrent, on glisse, tout notre être s’ébranle peu à peu, l’émotion est à son comble, un chamboulement, voilà que l'on nous parle d’amour et d’anges…
    Impossible de s’en sortir indemne, inventif et généreux, Gauthier Fourcade est un très adroit sniper, il sait appuyer au bon moment sur la gâchette et vise juste ! Un spectacle de très haute voltige.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • L'exposition "La Renaissance et le Rêve" au musée du Luxembourg se termine bientôt, le 26 janvier...

    Alors que le Musée du Louvre propose une exposition d’une rare beauté intitulée Le Printemps de la Renaissance, mouvement artistique et culturel, mais aussi politique et scientifique, né à Florence au début du XVème siècle ; le Musée du Luxembourg met l’accent sur la portée spirituelle et souvent fantasmagorique des arts lors de cette période.

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    A la Renaissance, les incalculables représentations de la Vierge et l’enfant, dieux et déesses de l’Olympe, Saints et anges en pleine action, et bien d’autres personnages bibliques ou mythologiques, font légions. Lire la suite ici...

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  • Robert Hirsch est un chorégraphe de l'Humanité

    laurence caron-spokojny,théâtre hébertot,robert hirsch,isabelle gélinas,ladislas chollat,bernard yerles,eric boucher,marie parouty,noémie elbaz- Mais il ne doit pas vraiment avoir la maladie d’Alzheimer pour arriver à se souvenir d’un si long texte ? » : tout est dit. Cette phrase incroyablement naïve citée par ma voisine de rang, hier soir au Théâtre Hébertot, donne la mesure du talent du plus grand acteur français, aujourd’hui inégalé, celui de Robert Hirsch, et définit aussi la juste et raffinée écriture de Florian Zeller (déjà sa septième pièce écrite). 

    Robert Hirsch est en grande forme !

     

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  • La recette du bonheur est à la Gaité Lyrique : THE HAPPY SHOW jusqu'au 9 mars 2014

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  • The History of Mary Prince. A west indian Slave Narrative.

    Mary Prince se tient là, droite et fière, sur la scène de la Manufacture des Abesses, elle raconte son histoire. En 1831, le récit de Mary Prince fut le premier témoignage écrit avant l’abolition de l’esclavage qui fut prononcée le 27 avril 1848 par ces mots : «Le sol de France affranchit l'esclave qui le touche». Puis, très tardivement, en mai 2001, l’esclavage est reconnu comme crime contre l’humanité par une loi initiée par Christiane Taubira.

    laurence caron-spokojny,christiane taubiraSobre et juste, la parole de Mary Prince passe par la volonté et la voix de Souria Adèle selon une mise en scène encore plus sobre d’Alex Descas. Aucune fioriture, aucun artifice, il s’agit ici d’écouter le témoignage rare d’une esclave noire, la douleur et la violence sont dites. Mary Prince lorsqu’elle dicte son récit souhaite que : « les bonnes gens d’Angleterre puissent apprendre de sa bouche les sentiments et les souffrances d’une esclave… ». La comédienne se fond dans son personnage, l’acte n’est pas anodin ; Souria Adèle est originaire de la Martinique, en souhaitant composer son propre arbre généalogique, elle constate qu’ « il y a des vides qu’on ne peut pas remplir ». Toujours d’actualité, la discrimination, le racisme et l’antisémitisme restent la honte de l’humanité ; au regard de l’actualité, des piqûres de rappel s’avèrent plus que nécessaires.

    « Mary Prince » à la Manufacture des Abbesses est à voir et à écouter avec la plus grande attention.
    Comme le dit, si justement, Souria Adèle, cette histoire est «d’une modernité effrayante».

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Albums, Bande dessinée et immigration de 1913à 2013 : très belle, et très instructive, exposition au Musée de l'Histoire de l'immigration

    Louis le Portugais,Bilel,Malamine,Igor,Bouzid, Jiggs,Abdulah, Petit Polio,Aya de Yopougon,Goscinny,Georges McManus,AlbumsÀ travers plus de 400 pièces et documents originaux, planches de bande dessinée, esquisses et croquis préparatoires, films d’animation, entretiens filmés et autres photographies et documents d’archives, l’exposition se propose d’envisager le phénomène migratoire dans la bande dessinée.

    Aujourd’hui, la bande dessinée a définitivement acquis le statut de 9ème art et n’a jamais été autant exposée dans de grands musées. Plusieurs expositions récentes ont dressé des passerelles entre la bande dessinée et d’autres formes artistiques (Archi et BD, la ville dessinée ; Vraoum, trésors de la bande dessinée et art contemporain), entre bande dessinée et culture (de Superman au chat du rabbin) ou encore entre bande dessinée et histoire (Tardi et la Grande Guerre, Mobilisation générale : 14-18 dans la bande dessinée, Traits résistants). Cette exposition apporte sa pierre à l’édifice en convoquant pour la première fois toutes les formes associées du 9ème art pour raconter l’immigration autrement.

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  • En mars 2014, les étoiles seront au complet dans le ciel de Paris... L'étoile Pietra brillera !

    Voici "Mr & Mme Rêve", une rencontre entre danse et réalité virtuelle dans un spectacle innovant où l’excellence de la danse de Marie-Claude Pietragalla et de Julien Derouault est magnifée par une technologie spécialement adaptée sur une musique de Laurent Garnier. 

    marie-claude pietragalla,Julien Derouault,grand rex,danse

    Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault rendent hommage au père du "Théâtre de l'absurde" Eugène Ionesco grâce à la 3D et au numérique.
    La compagnie Pietragalla-Derouault donnera une dizaine de représentations en province, dont les 8 et 9 mars à Marseille et le 12 à Grenoble en 2013. A Paris, M. & Mme Rêve sera à l'affiche du Grand Rex, à compter du 12 mars 2014. 

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  • TILT ! au Poche-Montparnasse : « Laisse aller, c’est une valse… »

    Les mots se déplacent, ils vont et viennent, ils claquent les portes, ils se murmurent ou bien ils se crient, et même si les mots ont plusieurs vies et ont la faculté de fendre l’espace, ils restent une affaire d’hommes. Sans les hommes pour les écrire et pour les dire, les mots ne seraient rien.

    Sur les planches du Poche-Montparnasse Bruno Solo et Sébastien Thiéry sont les serviteurs efficaces et zélés de ces mots ; ces mots sont nés de la plume exercée de Sébastien Thiéry et ils sont mis en scène, au cordeau, par Jean-Louis Benoît. La performance d’Antony Cochin est aussi à remarquer, le comédien propose quelques virgules burlesques déjà inscrites sous l’enseigne clignotante « culte ».

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    (c) Brigitte Enguerand

    Le boulevard du Montparnasse et sa vie trépidante sont laissés loin derrière les portes fermées du Poche-Montparnasse. Ici, les dialogues sont vifs et passionnants, ils sont issus de "Sans Ascenseur" et "Dieu Habite Dusseldorf », ils se débrident entre tranches de vie, psychothérapie de bas étage, solitude angoissante, monstruosité, tendresse glauque et scènes absurdes. L’univers de Sébastien Thiéry est à la fois drôle et désolant. Et, c’est avec beaucoup d’humanité que les deux excellents comédiens, Bruno Solo, juste et délicat, et Sébastien Thiéry, intense, conduisent ces bêtes humaines. 

    Voilà, rester attentif et renoncer à chercher le sens du propos, l’essentiel est le rire et l’émotion, peu importe le moyen utilisé pour y parvenir. La surprise est inévitable, comme une brusque panne d’électricité, une impression de rester sur sa faim, entre interrogation et soif d’en savoir plus. C’est étrange, il semblait qu’il n’y avait pourtant pas grand chose à apprendre de ces deux bonhommes...

    Bon, enfin moi j’dis ça, mais j’dis rien, juste : allez-y, c’est SUPER BIEN ! 

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Picasso à Malraux : « J’ai fait des assiettes, on peut manger dedans. » - Picasso, céramiste à la Cité de la Céramique de Sèvres jusqu’au 19 mai 2014

    picasso céramiste et la méditerranée,cité de la céramique,sèvres,laurence caron-spokojny,picassoLors de l’exposition annuelle des potiers de Vallauris en 1946, Picasso rencontre Suzanne et George Ramié, les propriétaires d’une fabrique de céramique, l’atelier Madoura. Picasso y réalise ses premières œuvres en céramique puis 4500 œuvres suivront jusqu’en 1971. Picasso considère avoir trouvé une façon  de démocratiser son œuvre ; depuis la libération, Picasso est inscrit au parti communiste, son engagement date de la période de la guerre d’Espagne, il confiera à André Malraux : « J’ai fait des assiettes, on peut manger dedans. »

    L’œuvre céramique de Picasso a investi le dernier étage de la très belle Cité de la Céramique de Sèvres : c’est un éblouissement. La sensualité des courbes de ses femmes, aux hanches généreuses et à la taille élancée, côtoie la foule déchaînée de ses chères corridas alors que faunes, et chèvres délicates, se partagent les vitrines lumineuses de l’exposition.

    Un premier espace réunit matrices et moules aux œuvres originales, c’est une entrée dans l’atelier ; on respire presque la poussière de terre cuite, est-ce le bruit lancinant du tour du potier ? l’envie de caresser l’émail… il faut seulement imaginer, ici même les photos sont interdites, les 150 œuvres présentées sont gardées jalousement par les héritiers du maître. 
    Puis un second espace puise dans les précieuses réserves de l’exposition permanente de la Cité pour présenter quelques pièces anciennes symbolisant les courants qui ont inspirés Picasso, les civilisations chypriotes, grecques ou espagnoles marquent le territoire.
    L’entrée dans le cœur de l’exposition est magique, foudroyée par la beauté. Les mains de Picasso sont partout, inventives, elles modèlent en quelques tours savants des colombes et des chouettes prêtent à prendre leur envol, aussi vivantes que les plats, carafes et assiettes. Picasso transforme l’objet mobile et anodin en œuvre vibrante et tournoyante, les traits sont souvent tracés dans la pâte encore molle de bleus et d’ocres éclatants, la brillance des vernis se frotte au ton mat de la pâte blanche sans que l’une ou l’autre en porte ombrage. 
     

    picasso céramiste et la méditerranée,cité de la céramique,sèvres,laurence caron-spokojny,picasso

    Picasso surcharge de décors certaines pièces classiques pour ensuite modeler une forme pure et aérienne. Par hasard, il ramasse un éclat de brique, il dessine un visage de déesse, tel un fragment de cité antique digne des plus grands trésors de Pompéï.  L’artiste génial s’exprime pleinement, de la façon la plus spontanée qui soit pour enfin se consacrer à l’édition de céramique dont 633 modèles seront édités pour des tirages allant jusqu’à 500 exemplaires, l’Atelier Madoura en aura l’exclusivité.

    Votre connaissance de Picasso est incomplète si vous ne connaissez pas son œuvre céramiste ; à la Cité de la Céramique de Sèvres, il est question de s’approcher au plus près de l’intensité créative de l’œuvre de Picasso : ainsi il est possible de sentir les mains de l’artiste courir sur la glaise, il suffit juste de dévorer des yeux ces modelages et sculptures, une expérience envoûtante. 

    Laurence Caron-Spokojny

    A visionner ici le film "Picasso céramiste et la Méditerranée" - de Christine Pinault et Thierry Spitzer, 2013 (19'30) - production Picasso Administration. 

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  • "Qui es-tu Fritz Haber ?" au Poche-Montparnasse est prolongé jusqu'à la fin février 2014

    daphné tesson,claude cohen,xavier lemaire,isabelle andréani,théâtre de poche-montparnasse,laurence caron-spokojnyL’antisémitisme monte en Europe, Fritz Haber a abandonné le judaïsme pour se convertir au protestantisme, il souhaite être reconnu «allemand». En 1915, la première guerre mondiale bat son plein, le physicien met au point des engrais mais aussi des armes chimiques, dont l'emploi du chlore comme gaz de combat, pour «faire triompher l’Allemagne». A ses côtés, Clara Immerwahr, elle est la première femme à recevoir un doctorat en chimie à l’université de Breslau. Fervente humaniste, Clara condamne les travaux de son mari, la dispute éclate… désespérée, violente et tragique.

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    Sur la scène sombre et enveloppante du Poche-Montparnasse, les restes d’un dîner, un téléphone à manivelle et un manteau de l’armée allemande plongent les spectateurs dans l’intimité du couple Haber, nous venons d’entrer dans la salle à manger. Dès l’apparition des comédiens, pas un souffle ne se fait entendre, la tension s’installe immédiatement, Isabelle Andréani et Xavier Lemaire captivent le public. En quelques enjambées et de sa voix tonitruante, Xavier Lemaire impose d’un bloc un physicien dévoré par son ambition, alors qu’Isabelle Andréani nous laisse très délicatement faire connaissance avec une femme intelligente et passionnée. 

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    Les comédiens sont admirables, entièrement livrés à leur art, ils épousent leurs rôles à la perfection. Lorsque Fritz Haber humilie sa femme, l’envie de lui sauter à la gorge frémit dans les rangs des spectateurs, aussi lorsque Clara affirme ses opinions devant son terrible époux avec un aplomb  incroyable, on perçoit quelques soupirs d’admiration, et de crainte.
    Selon une mise en scène parfaite de Xavier Lemaire, le drame intime et métaphysique est mené tambour battant, il interpelle la conscience et interroge l’âme. La religion, la morale, la science, rien n’est épargné, l’auteur remue ce qui n’aime pas être remué, encore aujourd’hui. 
    Quelques  larmes s’échappent, l’esprit et le corps, tout est broyé par cette spirale infernale qui sonne le glas des crimes contre l’humanité du XXème siècle. L’écriture de Claude Cohen est efficace, aucune fioriture, les mots atteignent leurs cibles avec la rapidité d’une balle de revolver. Le propos est intelligent et suffisamment argumenté pour être apprécié par un public large.

    Voici du Théâtre, engagé, philosophique, polémique, dramatique, comme il vous plaira, il s’agit d’un Théâtre convaincant. Magistral.

    Laurence Caron-Spokojny 

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  • De l'Ultima Récital "Best musical show, Molière nineteen ninety-nine" à Miss Carpenter "Best actrice, Oscar nineteen sixty-seven"

     

    miss carpenter,marianne james,théâtre rive gauchePerformeuse avant-gardiste, de la pointe des cheveux jusqu’aux bouts des ongles, Marianne James crée, incarne. Schizophrène imperturbable, la diva invente et mesure ses déplacements magnifiés dans l’instant, elle est un spectacle à elle seule. Dans la même veine que « Le Quatuor », la cantatrice extravagante a su, avec son personnage de Maria Ulrika Von Glott, faire voler en éclats les frontières entre les genres artistiques, mêlant adroitement art lyrique et burlesque. Musicienne de jazz, et Premier Prix de chant du Conservatoire National de Musique de Paris, Marianne James triomphe sur scène (le cultissime "Ultima Récital", Molière du meilleur spectacle musical en 1999), anime et argumente avec brio des émissions de télévision, s’échappe un temps pour s'exprimer sur les planches des théâtres, interprète, chante, enregistre, elle s’éclate ; brillamment, la comédienne sait tout faire jusqu'au stylisme d'une ligne de vêtements. 

    Elle est aujourd’hui au Théâtre Rive Gauche, elle est Miss Carpenter.

    miss carpenter,marianne james,théâtre rive gaucheMiss Carpenter se voit toujours l'actrice belle et admirée qu'elle était au milieu du XXème siècle. Mais le temps et ses outrages - et surtout la crise et les huissiers - l'obligent un jour à sortir la Jaguar pour aller décrocher un rôle...
 Mais les auditions s'enchaînent au rythme des refus et des humiliations... Comment retrouvera-t-elle la flamme qu'elle dit avoir laissée à Hollywood ? Le succès sera-t-il à nouveau au rendez-vous ?

    Marianne James ne veut pas faire comme les autres, elle s’applique à échapper à toutes les formes d’étiquettes que l’on voudrait lui coller, elle a raison. Pourtant sa Miss Carpenter, sorte de caricature d’égérie gay, entre show girl et meneuse de revue, peine à exister ce soir là rue de la Gaité.


    Le Théâtre Rive Gauche est complet, le public est chaleureux et s’esclaffe aux moindres gestes de la diva. C’est fou comme on l’aime, et comme nous sommes tous heureux de la retrouver. L’artiste renoue avec un jeu de clown qu’elle manie avec aisance. Facétieuse et charmeuse, elle entraîne à sa suite trois compagnons talentueux, entre la comédie musicale et les grandes heures de l’opérette, Pablo Villafranca, Romain Lemire et Bastien Jacquemart se manifestent élégamment, il jouent, dansent et chantent ; le tableau paraît parfait.

    Mais Marianne James trépigne, l'espace scénique semble étriqué, les décors sans saveur ; je me rassure en constatant que personne ne semble s’en apercevoir. Quelques dérapages grossiers, inutiles, heurtent l’imaginaire, les costumes manquent d’allure, et l’histoire... Les clichés se succèdent alors qu'ils sont truffés de bonnes idées (la sonnerie du téléphone, le slogan des Oscars, le chien Marylin…) : ce n’est pas assez ou bien c’est trop.
    Entre cabaret comique et parodie, Marianne James nous émeut et nous faire rire malgré l'exigüité de l’écrin, elle est émouvante, passionnée, et, terriblement abandonnée par tout ce qui devrait la mettre en valeur. 
Le rythme des scènes marqué par un son disco (pas très original) porte le spectacle à son terme : déchaînement d’applaudissements. Tant mieux, les gens sont contents, ce public de « La Nouvelle Star » n’a certainement pas vu Marianne James sur la scène de la Pépinière Opéra (
    Ultima Récital), il y a presque 20 ans. En 1994, Marianne James m'a fait comprendre que sur scène tout était possible.

    Marianne James est une artiste nécessaire, indispensable à notre époque, à l’avenir il s’agirait d’en prendre soin. Laurence Caron-Spokojny

    De Marianne JAMES et Sébastien MARNIER - Mise en scène d’Éric-Emmanuel SCHMITT et  Steve SUISSA - Du mardi au samedi, en alternance, soit à 19h, soit à 21h, et matinée le dimanche à 17h30

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  • LIVING ROOMS de BOB WILSON s'exposent au Louvre, jusqu'au 17 février 2014

     Exposer son appartement dans les salons du Louvre est un privilège réservé au metteur en scène Bob Wilson. En 2008, Bob Wilson avait déjà mis en scène ses funérailles à la demande de l’artiste déjantée Marina Bramovic*, c’est dire à quel point la mise en scène ne supporte aucune limite pour Bob Wilson. 

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    Amoureux obsessionnel de la danse, Bob Wilson fond la discipline dans la moindre de ses créations, il matérialise la pensée par le mouvement qu’il décortique et livre avec une sensibilité extrême. Autant la musique (notamment auprès de Phil Glass) qu’il associe très méticuleusement au geste, Wilson esquisse un dessin, puis son esprit créatif s’étend jusqu’à la réalisation vidéaste ; ainsi armé de technologies et d’inspirations nourries par ses rencontres et univers (les arts africains, asiatiques, …) « Le voyage en grande Wilsonie » (de Philippe Malgouyres, éd. Triartis) commence…

    Wilson s’empare de tout, ces « Living Rooms » en sont la preuve, objets hétéroclites, œuvres chinés ou offertes, fétiches,  photos emblématiques, masques, témoignages, passé, présent, futur, il y en a partout, jusqu’aux plafonds du Louvre. Insolente, l’accumulation pourrait sembler un rien égocentrique, symbole de la folie des grandeurs de l’Artiste, mégalomane… Il n’en est rien, chaque chose a un sens, une raison d’être, rien d’inutile, tout s’explique. Témoignages intimes mais pudiques de l’artiste, les « Living Rooms » sont des passerelles qui traversent un univers en plusieurs dimensions, des passages de l’Homme à l’Artiste ou bien l’inverse.
    A visiter absolument avec des échasses ou des jumelles, certains objets sont accrochés si haut sur les murs que l'on regrette de ne pouvoir mieux les distinguer...

    Laurence Caron-Spokony

    * à voir le documentaire "Bob Wilson’s life and death of Marina Abramovic". 

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  • BRASSAÏ est, selon son expression, un «pillard de beauté de toutes sortes»

    brassaÏ,hôtel de villeAutour de lui, il y a André Breton, Paul Eluard, Salvador Dali ou bien encore Kandinsky et Picasso, il y a sa passion immodérée pour les arts forains, les saltimbanques et les artistes, et puis il y a aussi sa fascination pour le mystérieux, le monde de l’étrange, comme un brouillard qui enveloppe la ville et dissimule les frasques et les amours de ses habitants…    

    Brassaï a le coup d’oeil infaillible, il ne rate rien. Il est un des premiers à remarquer l’importance des graffitis sur les murs de Paris, en les saisissant sur argentique il les fait entrer au panthéon de l’art primitif.
    Observateur des tendances, l’élégance des parisiens et des parisiennes ne lui échappe pas, tout autant que l’allure élancée de la tour Eiffel sur un ciel voilé. La nuit, arpentant les rues de Paris,  il piège dans sa boîte le reflet du clair de la lune sur les pavés de granit, la courbe savante d'un pont de la Seine et la drôle de rencontre avec un gavroche à l'accent des faubourgs.
    Le poète-photographe abolit les frontières sociales entre les hommes, il fige sur la pellicule la grande bourgeoisie et la canaille avec le même regard, la même tension affective, presque sentimentale aussi bien lorsqu'il choisit de photographier les filles de joie offertes au coeur des maisons closes ou les voyous qui magouillent au fond des ruelles.

    brassaÏ,hôtel de villeChampion toutes catégories du clair obscur, Brassaï est d’une exigence folle, chaque portrait, chaque paysage, chaque nature morte, chaque extrait de vie livrent un instant d’une force inouïe ; il n’y a pas une photo qui soit meilleure que l’autre, pas une photo qui éteigne le ton de sa voisine, l’exposition BRASSAÏ du salon Saint-Jean de l’Hôtel de Ville de Paris est une déclaration d'amour absolue d’un homme arrivé à Paris en 1924. Brassaï, de son vrai nom Gyula Halasz, était né en Transylvanie...

    Laurence Caron-Spokojny

    Le catalogue de l'exposition est complet et magnifique mais il faut avant tout se procurer, le très passionnant et très précis, petit catalogue "Brassaï, la maison que j'habite" (aux éditions Somogy, éditions d'art - catalogue de l'exposition du musée des Beaux Arts de Nantes et du Musée des Beaux Arts de Nancy en 2009 et 2010) - en vente à la sortie de l'exposition (8euros).

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  • « LA SOCIETE DES LOISIRS» au Petit Théâtre de Paris : « dé-Raison et sentiments »

     

    la_societe_des_loisirs_-_theatre_de_paris-9d1b4.jpgMarie et Marc sont heureux, très heureux. Ils ont un métier  stressant mais épanouissant. Une très belle maison, même si la piscine demande beaucoup d’entretien. Un enfant adorable, mais qui pleure beaucoup. Et bientôt un deuxième enfant. Par manque de temps, cette fois,  ils ont choisi l’adoption : une petite chinoise, ils sont doués pour la musique, les chinois, et comme un piano trône dans le salon autant qu’il serve.   Bref un couple épanoui, moderne,  un couple modèle… enfin presque…  

     

    L’auteur canadien François Archambault fut récompensé pour « La Société des loisirs » par « Le masque du texte original » à la soirée des Masques en 2004 (Prix théâtraux remis au Québec). Oscillant adroitement entre le Drame Bourgeois du 18ème siècle et le Théâtre de l’Absurde du 20ème siècle, François Archambault projette, sur les planches du Petit Théâtre de Paris, les angoisses métaphysiques d’un couple. Ces bobos (Cristiana Réali et Philippe Caroit), très bien installés socialement, semblent perdus dans une existence dénuée de sens, sans idéaux. Ce soir là, leur vie se cristallise sur deux autres personnages, l’ami, Stéphane Guillon, et sa toute jeune conquête, Lison Pennec. Il s'avère que le sexe pourrait être un échappatoire à leur questionnement, peut-être un moyen d’atteindre autre chose, une chose qu’ils n’ont pas...

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    Et l’écriture se délie, profonde et infiniment drôle ; à la fois accusateur et plein de compassion, François Archambault n’épargne pas ses personnages. Somptueuse, Cristiana Réali délivre ici une performance tenue, du début à la fin, par une constance de jeu d'une force incroyable. A ses côtés, (le beau) Philippe Caroit se glisse dans le costume du « mari parfait », un peu faiblard, le rôle est difficile, peu importe il s’applique à mettre sa partenaire en valeur même lorsque son personnage dérape, il a l’élégance (très) rare de lui laisser le beau rôle pour répondre aux exigences de son personnage. Lison Pennec, dans le rôle de « l’aventure d’un soir », est nullement impressionnée par les trois grands comédiens qui l’entourent, elle sait imposer son personnage avec un jeu délicat qui lui aussi évite de tomber dans toutes les ornières grotesques de ce type de rôle. Quant à l’ami, c’est Stéphane Guillon, l’humoriste s’échappe un temps de sa fonction connue pour renouer avec sa formation première « comédien ». Après ce rôle, au cynisme dégingandé, un brin pervers, et toujours aussi charismatique, Stéphane Guillon a maintenant le devoir d’accepter de jolis rôles tout en continuant à nous abreuver de son humour transgressif.

    Enfin, en plus du ton qui saurait plaire à Woody Allen, il y a quelque chose de très cinématographique dans la mise en scène, un jeu de lumière rythme les scènes, le décor est soigné, les personnages se déplacent avec un naturel déconcertant. Stéphane Hillel dessine une mise en scène avec un regard juste, le texte et les comédiens sont toujours autant mis en valeur, le metteur en scène s’attache à l’essentiel avec grand soin, le résultat est chic, très chic.

    "La Société des Loisirs" part en tournée, elle saura montrer au public à quel point il n’y a rien de mieux qu’un moment passé au théâtre lorsque le théâtre est aussi bien servi !  

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Seul PEF le cascadeur, avec son sens inné et sa maîtrise parfaite de l’équilibre, pouvait relever le défit de monter SPAMALOT à Paris !

    spamalot,pef,éric idle,andy cocq,philippe vieux,arnaud ducret,gaëlle pinheiro,monty python,comédie musicale,bobinoLorsque l’humour british rencontre l’humour français, le mariage n’est pas forcément évident. C’est pourtant le pari gagné par Pierre-François Martin-Laval, dit PEF.
    Inspiré par le film des Monty Python « Sacré Graal ! » (1975), puis créé sur scène à Londres en 2005, l’arrivée de « Spamalot » à Paris était très risquée ; ces dernières années les comédies musicales servies sur les planches parisiennes n’ont pas su être à la hauteur de leurs aînées londoniennes ou newyorkaises… Pourtant, après le succès en 2010 au Théâtre Comédia, la production de Spamalot continue à prouver le contraire à Bobino.

    C’est avec une grande adresse que les dialogues ont été traduits et adaptés au goût du jour et aussi à un certain « goût français ». Ce raffinement ne passe pas inaperçu et est renforcé par l’interprétation d’une troupe de comédiens  sensationnels. Voici déjà deux ingrédients qui entrent dans la composition du spectacle « Spamalot ».
    Ce n’est en effet pas sur la scène du Palais des Sports ou des Congrés que se trouve la création artistique, celle qui est sensée répondre aux exigences de l’art de la comédie musicale. En la matière, de  prestigieuses productions, pour la plupart étrangères, s’établissent sur la scène du Théâtre du Châtelet (West Side Story, My Fair Lady, ..) et font oublier quelques temps la maladresse du genre servi par nos artistes français.
     
    Ici, les talents sont souvent cachés, dans de petites salles, confidentielles, trop peu servies par les médias, parfois dénigrées, pour ainsi dire snobées. Sur les écrans, quelques capsules appelées « programmes courts » révèlent certains talents, mais les places sont rares. Pierre-François Martin-Laval est de cette veine de saltimbanques, il connaît les rouages de la machine théâtrale et les dédales qui permettent de sortir du labyrinthe. Depuis la troupe des Robins des bois, initialementThe Royal Imperial Green Rabbit Company, qui se produisit pour la première fois en 1996 au Théâtre des Sablons à Fontainebleau, sous la baguette d’Isabelle Nanty, il est reconnu et révélé par Dominique Farrugia qui le projette chaque soir en direct sur la chaîne COMEDIE! (La Grosse Emission). Depuis, PEF exerce ses talents de cascadeur en faisant le grand écart entre le théâtre et le cinéma, et la figure de style est une réussite ;  son récent (et énorme) succès de réalisateur sur le film « Les Profs » l’impose définitivement. L’art de faire rire dans un univers où l’absurde se distingue, sur un ton potache, jamais vulgaire, mêlé à un brin de naïveté apparente, une certaine poésie en somme… surréaliste. La trépidante production de « Spamalot » est le reflet de ce juste équilibre, l’esprit de troupe y est omniprésent, les talents se mêlent adroitement sans se confronter, les tableaux s’enchaînent sur un rythme soutenu, le ton est drôle, infiniment drôle, radicalement irrévérencieux. La légende arthurienne est aussi un prétexte pour parodier les productions de Broadway ou plus précisément celles qui se frottent aux portes de Paris.

    Metteur en scène et comédien, PEF campe un roi Arthur, innocent, effacé, avec ce petit air de « excusez moi d’être là » qui lui va si bien, bien loin du parti pris shakespearien du rôle initial. Dans un décor délicieusement kitchissime, une seule petite ombre au tableau : les ensembles chorégraphiques manquent d’élan ; mais l’essentiel du triomphe de la rue de la Gaité est cette troupe de comédiens, ils sont tous formidables, particulièrement Gaëlle Pinheiro en extravagante diva balayant tout les octaves, Andy Cocq subtil et bouleversant, Philippe Vieux et Arnaud Ducret qui rivalisent d’inventivité dans leur jeu…

    spamalot,pef,comédie musicale,bobino

    Pef et Eric Idle © Héléne PAMBRUN

    Il y a quelques jours, un peu nostalgique, j’affirmais sur les réseaux sociaux qu’ « une vie était vraiment petite si on n’avait pas éprouvé le plaisir de danser dans West Side Story aux côtés de George Chakiris », et bien ce n’est pas le cas pour PEF. Evidemment, il n’est pas question pour PEF de danser avec George Chakiris, mais se doute t’il qu’il a atteint son Graal ? Pierre-François Martin-Laval ne serait-il pas aujourd’hui le digne et légitime ambassadeur des Monty Python en France...

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Exercice de style surréaliste et pop : le film "PARIS N'EXISTE PAS", de Robert Benayoun de 1969, est disponible en DVD

    ‘’Le temps est la substance dont je suis fait. Le temps est un fleuve qui m’entraîne, mais je suis le temps ; c’est un tigre qui me déchire, mais je suis le tigre ; c’est un feu qui me consume, mais je suis le feu’’. 
    Jorge Luis Borges

    En 1968, Simon (Richard Leduc), est un jeune artiste peintre en pleine crise d’inspiration. Lors d’une soirée il goûte une substance aux propriétés étranges et développe des capacités mentales qui lui permettent de voyager dans le futur et le passé. Il peut maintenant enjamber les époques en une fraction de seconde et s’amuser à observer la belle Félicienne (Monique Lejeune) qui occupait son appartement dans les années 30. Mais ses nouvelles facultés ne sont pas sans conséquence et perturbent l’équilibre du couple qu’il forme avec Angéla (Danièle Gaubert). Son ami Laurent (Serge Gainsbourg) tente de le rassurer et de l’arracher à ses « hallucinations. » 

    image021.jpg

    La France de 1968 est en ébullition… En marge des révoltes qui grondent, l'art s'escrime à faire et défaire, détacher, renouer, fouiller, trier pour enfin créer.
    Sur une toile de fond psychédélique aux tonalités délicieusement seventies, le film de
    Robert Benayoun trace 93 minutes de délire existentiel, symptôme majeur d’une époque tiraillée douloureusement entre le passé et le présent.
    serge gainsbourg,robert benayoun,jean-claude vannierOutre cet air du temps qui imprègne chaque image du film, le réalisateur interroge sur des sujets aussi multiples que l’inspiration de l’artiste, la jungle du marché de l’art, le snobisme des marchands et la tyrannie de la mode. Ce questionnement est intemporel, radicalement actuel, à la manière d’un peintre surréaliste les plans et portraits se succèdent portés par les notes de Serge Gainsbourg et de Jean-Claude Vannier qui, à la veille de Mélody Nelson, dessinent un futur musical qui nous berce encore… et toujours.
    Car voilà, il y a Serge Gainsbourg, en chemises à jabots et vestes chic, il mâchonne méticuleusement un « fume-cigarette », un brin toujours décalé, en avance évidemment, et jeune, si jeune que vous n’en avez certainement pas le souvenir. Elégant, fin, détaché, timide, les plans de Gainsbourg sont cultes.

    Vintage à souhait, l’expérience est intéressante, le film « Paris n’existe pas » peut être considéré comme un film d’art et d’essai, autre écho de la nouvelle vague, mais il est surtout un témoignage, celui d’une époque en mouvement. Restez curieux, c'est peut-être la voie à suivre pour réapprendre à rêver à un autre futur... meilleur ?

    Laurence Caron-Spokojny

    Hier soir au Forum des Images (cycle CINEMAVILLE), la soirée  fut très intelligemment inaugurée par de la musique : le groupe "ERNEST". Ces musiciens définissent leur style comme "électro vintage"...  A vous de voir, c'est un groupe à suivre avec la plus attention et à découvrir ICI.

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  • L'invitation au voyage de Rémi Larrousse : "ALTER EGO" au Théâtre le Funambule, jusqu'au 26 janvier 2014, samedi et dimanche à 18h

    Le Théâtre est une histoire d’amour qui ne cesse de se renouveler, entre les artistes et le public et bien en amont entre des théâtres et des artistes. Il faut beaucoup d’amour, de fougue, d’espoir et de passion, pour ouvrir la scène d’un théâtre à des artistes, surtout depuis que l’ère des mécènes de l’Antiquité n’est plus, un certain goût du risque en somme !

    De l’amour donc et qui dure depuis 23 ans pour le Théâtre Le Funambule, la petite salle Montmartroise assume une programmation «coups de cœur» où  «… le théâtre contemporain, où le divertissement côtoie les pièces littéraires, où la fantaisie peut se marier au drame, où la parole ne fait pas obstacle au visuel ». Et cette fois-ci, le cœur de la scène du Funambule s’est ouvert à Rémi Larrousse. Le jeune artiste a déjà éprouvé son art (« Le script ») plus de 150 fois entre Paris (Théâtre Trévise) et Avignon.

    image.pngLorsqu’un comédien découvre une marionnette ancienne lui ressemblant étrangement, il comprend que cet objet lui était destiné. Il va alors explorer avec les spectateurs les étonnants pouvoirs qu'elle donne à celui qui la manipule : virtuosité soudaine, prédictions de l'avenir, lecture de pensée, calculs prodigieux. Mais à qui appartenait-elle ? Quel est le secret qu'elle cache lorsque son cœur se met à battre ? Nous embarquons dans ce voyage qui nous fera voir le monde de manière un peu moins rationnelle.

    A la fois prestidigitateur, conteur et mentaliste, Rémi Larrousse est un équilibriste, inspiré par le théâtre forain, il abolit définitivement les codes qui conditionnent trop souvent les disciplines artistiques.
    Entouré par Benjamin Boudou (mise en scène et co-écriture) et Sarah Bazennerye (décors), ce saltimbanque savant met en scène un mode inventif de jeu avec le public et additionne les évènements merveilleux sur un ton très proche de la commedia dell’arte.

    Habile magicien, mais pas seulement, Rémi Larrousse emmène son public dans un voyage sentimental et poétique, un voyage que l’on souhaiterait sans fin. On peut alors observer, lorsque le spectacle prend fin, enfants et adultes s’avançant d’un pas aérien vers la sortie, silencieux, ils flottent, peut-être ont-ils appris à voler...
    Merci de tout coeur Rémi Larrousse, je vous souhaite un très long voyage.
     

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Le choix toujours très juste de la Galerie Laurent Godin : MICHAEL PATTERSON-CARVER "Let Them Sell Candy" du 29 novembre 2013 au 04 janvier 2014

    galerie laurent godin,michael patterson-carver

    Michael Patterson-Carver, Joanie and Lisa, 2013 (détail)

    Né à Chicago en 1958, Michael Patterson-Carver est un artiste autodidacte, qui a commencé par montrer ses dessins dans la rue. Durant son enfance, il est profondément marqué par des manifestations liées au Mouvement des Droits Civiques, et ces souvenirs influenceront plus tard aussi bien son engagement politique que sa démarche artistique.

    D'apparence naïve, ses dessins portent un regard franc et direct sur l'actualité, et dépeignent des protestations et des mises en scène de la vie politique internationale dans une approche à la fois comique, ironique, et profondément humaine. Les sujets abordés retracent l'activisme de l'artiste pour des causes aussi diverses que la protection de l'environnement, l'injustice sociale ou la lutte contre la corruption.

    Son travail a récemment été exposé à : The Museum of Everything, Paris (2012), Atlanta Contemporary Art Center (2011) ; Sorry We're Closed, Bruxelles (2011), Biennale de Belleville (2010). En 2008, il est nommé lauréat de « Altoids Award » et expose au New Museum de New York.

    Galerie Laurent Godin 5, rue du grenier Saint-Lazare 75003 Paris 

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  • Hot House au Théâtre du Lucernaire est une maison bourrée de talents !

    Il fait froid, c'est l'hiver. Roote, Gibbs, Cutts, Lush, Lamb et Tubb sont les cadres d'une institution vouée au repos et au bien être de leurs patients. 
    Mais aujourd'hui, le jour de Noël, la neige s'est changée en boue... Le matricule 6457 est mort, et le 6459 vient d'accoucher d'un fils... Ça n'était jamais arrivé. L'institution est en danger.

    Fanny Decoust,Benjamin Bernard,Grégory Corre,valéry forestier,erwan laurent,lucernaire,hot house,laurence caron-spokojnyLes comédiens, Fanny Decoust, Benjamin Bernard et Grégory Corre, retenez bien ces trois noms là, forment le collectif AA ; ajoutez Valéry Forestier, le metteur en scène, et, la musique d’Erwan Laurent : voici un décapant HOT HOUSE au toujours très novateur Théâtre du Lucernaire.

    HOT HOUSE a été créée le 24 avril 1980 au Hampstead Theatre de Londres dans une mise en scène de son auteur Harold Pinter, puis en France au Théâtre de l'Atelier en 1986 dans une mise en scène de Robert Dhéry. 
    Enfant légitime du Théâtre de l’absurde ou du Théâtre de la Catastrophe (mouvements 1950-1970), HOT HOUSE met en exergue la dérive des relations humaines dans un espace clôt (une maison de repos), radicalement déraisonnable, une forme de schizophrénie s’empare du personnel administratif du lieu, une folie malsaine…

    fanny decoust,benjamin bernard,grégory corre,valéry forestier,erwan laurent,lucernaire,hot house,laurence caron-spokojnyPourtant, devant la gravité d’un tel propos, cherchant à dénoncer sans relâche l’incohérence du monde, si important pour son auteur - Harold Pinter fut un ardent défenseur des droits de l’Homme - les artistes du collectif AA déroulent l’ensemble avec une légèreté formidable. La frontière physique qui sépare la scène et le public est effacée, les comédiens s’adressent au public, en vrai. Le ton est donné, il sera hystérique du début à la fin, dingue. L’absurdité régnante et la sophistication extrême de la plume d’Harold Pinter ne constituent pas un obstacle, le décor se monte et se démonte, il glisse, les comédiens aussi, rythme, élégance, fluidité, presque un ballet, et le tout tenu par une tension qui ne flanche pas, la performance des acteurs est époustouflante. Hier soir, c’était la première représentation, quelques nuances ont manqué (on devient très exigent devant la qualité) : infimes articulations. Mais l’ensemble est admirable, moderne, voici enfin de jeunes artistes qui vont puiser dans ce qu’il y a de mieux dans notre histoire théâtrale, Peter Sellars et Bob Wilson ne peuvent les renier, sous l'oeil bienveillant de Samuel Beckett...

    Précipitez vous sans attendre une seconde, réservez vos places, il s’agit sans nul doute d’une des meilleures pièces  de cette saison !

    Le théâtre du Lucernaire demeure ainsi une source de talents intarissable. A explorer encore et encore…

    Laurence Caron-Spokojny

     

    HOT HOUSE de PINTER du 13 novembre au 11 janvier 2014, du mardi au samedi à 21H00. 

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  • Aujourd'hui dans les librairies, "Les droits de l'Enfant" selon Actes Sud : l’enfant est une personne, il a droit au respect, à l’écoute et à l’attention.

     

    9782330024314.jpg"Qu’en est-il aujourd’hui ? Les promesses ont-elles été tenues ? Les enfants sont-ils mieux protégés ? Une chose est sûre : la CIDE a permis une prise de conscience et un changement de regard sur les enfants. Et de nombreuses avancées ont eu lieu : vous allez le constater en lisant les pages de ce livre. Mais le chemin à parcourir est encore long. Des droits sont bafoués de façon inacceptable. En France et dans le monde, nombre d’enfants sont toujours confrontés à la misère, à la guerre, à la maladie, à la malnutrition, à la maltraitance ou sont exploités au travail. L’UNICEF (Fonds des Nations unies pour l’enfance), avec d’autres organisations internationales et associations, travaille sans relâche pour améliorer la vie des enfants et faire respecter leurs droits, dans de nombreux pays, sans oublier la France. C’est avec l’UNICEF et en bénéficiant de son expérience que nous avons conçu et écrit ce livre qui a pour vocation d’établir un bilan sans concession du respect des droits de l’enfant dans le monde." 

     

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  • L'Art Déco séduit le monde à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine

    laurence caron-spokojny,l'art déco,cité de l'architecture et du patrimoine,diaghilev,nijinskiLa création chorégraphique et musicale la plus remarquable, et la plus scandaleuse, fut Le Sacre du Printemps en 1913 au Théâtre des Champs Elysées par les Ballets Russes de Diaghilev. La musique à jamais moderne de Stravinski, et, l’inventivité chorégraphique si contemporaine de Nijinski sont à l’origine d’une véritable révolution artistique et culturelle. La place est prête, les écrivains, grands couturiers, industriels, designers et artistes de toutes sortes vont modifier l’histoire et les codes de l’esthétisme.

    La revue nègre menée par Joséphine Baker fait battre le cœur de Paris sur un rythme endiablé, l’Afrique et son art, de la ligne et de la courbe, résolument moderne s’impose. En peinture le Cubisme, en pleine explosion, offre ces lignes épurées et savantes aux architectes, décorateurs et designers de mobiliers ou de voitures…

    laurence caron-spokojny,l'art déco,cité de l'architecture et du patrimoine,diaghilev,nijinski1925, l'époque est à la reconstruction.
    L'exposition universelle projette l’Art Déco comme ambassadeur légitime du monde moderne. Intiment lié au développement automobile et aéronautique, l'Art Déco se transporte, hors frontières, et par delà les océans sur d’impérieux navires où le style et l’élégance célèbrent une nouvelle façon de vivre, d’envisager le quotidien. Aussi, le luxe descend dans la rue pour façonner les grands magasins, ambassades, habitations et hôtels. Une sorte d’affranchissement en somme, qu’il soit intellectuel, artistique ou humaniste ; les femmes se libèrent, fument, conduisent, volent dans les airs et abandonnent toutes formes d’entraves vestimentaires surannées… pour certaines. 

    Maquettes, affiches, objets, meubles, films, colloques... L'exposition se tient à la Cité de l'architecture jusqu'au 17 février 2014. Les ateliers et espaces réservés aux enfants sont particulièrement bien conçus, et, la proposition est si diversifiée, si riche, que l'intérêt reste en alerte, définitivement séduit !
    Risque notable de manifester l'envie de refaire la décoration de votre sweet-home, à vous de voir...

    Laurence Caron-Spokojny

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  • A placer en premier sur la liste des cadeaux de Noël : AUTOPSIE de Bruno Mouron et Pascal Rostain aux éditions La Martinière

    Bruno Mouron,la martinière,Pascal Rostain Bruno Mouron et Pascal Rostain sont des artistes multifacettes : photographes, archéologues et sociologues de nos poubelles contemporaines, mais aussi maîtres du recyclage dans la tradition des Nouveaux Réalistes.

    Tout a commencé pour eux en 1988 comme une plaisanterie, ils ont embarqué, sous les yeux amusés du chanteur, les poubelles de Serge Gainsbourg. Ils ont dispersé avec goût le contenu sur un velours noir et en ont fait leur première oeuvre d'art trash, vision presque caricaturale de la vie quotidienne du chanteur tant elle concordait avec l'idée que chacun s'en faisait. Puis, encouragés par Daniel Filipacchi, ils ont étendu leur champ de vision et entrepris de faire les poubelles d'autres stars du showbiz. D'abord en France (Brigitte Bardot), puis aux États-Unis (Sharon Stone, Marlon Brando, Jack Nicholson, Madonna, etc.) mais aussi de la politique (Ronald Reagan, Arnold Schwarzenegger) ou encore le monde de l'art (Daniel Buren, Pierre Soulages, Damien Hirst). Finalement, conscients de ce que révélait le contenu de ces réceptacles sur nos sociétés, ils ont étendu leur collecte à des poubelles « normales », au gré de leurs pérégrinations, poubelles de riches et poubelles de pauvres. Poubelles du monde.

     

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  • Un "artist-run space" est un lieu d'exposition géré par les artistes, cela se passe au CentQuatre : JEUNE CREATION 2013, du 9 au 17 novembre

    Avant c’était la « Jeune Peinture », mais ça c’était avant, jusqu’en 1999 ; puis ce fût « Jeune Création » parce que dans l’art contemporain, il n’y a pas que la peinture, il y aussi le collage, la photographie, l’installation, la performance, la mise en scène, en forme et en perspective, enfin il y a surtout des artistes, qui à peine sortis des écoles d’art ou exercés à l’école de la vie, éprouvent un besoin vital de faire connaître et reconnaître leur travail. C’est la mission à laquelle s’est attelée « Jeune création », sous la présidence de Jérémy Chabaud et parrainée cette année par Renaud Auguste-Dormeuil, il est question de montrer, éveiller la curiosité, l’intérêt ou la critique, exister tout simplement.

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    Dégagée de toutes ambitions politiques, et, libérée de toutes formes de polémiques, l’association Jeune Création date de 1965 et elle est composée très justement d’artistes.  Des artistes qui offrent à de jeunes artistes leur « premier rendez-vous »  avec le public, et c’est suffisamment rare pour être remarqué.

    Il y a une énergie folle qui émane du CentQuatre, les sourires timides des artistes, qui traînent leurs pieds autour de leur espace réservé, engagent à la conversation. Certaines œuvres bousculent, d’autres s’admirent, certaines s’ignorent ou s’évitent, chacun y trouve de quoi abreuver sa soif. Le voyage est varié, les arts plastiques sont protéiformes, les artistes flirtent avec les limites de l’abstraction pour illustrer des sujets inscrits dans notre réalité, à la fois concernés, philosophes ou fatalistes, sophistiqués ou bruts, l’interrogation sur le monde est constante et demeure très intéressante. Pour cette édition l'accent est mis sur la danse, l'art du mouvement en somme. Les arts se veulent transversaux, ils se répondent et ces 56 propositions artistiques, triées parmi 3000 dossiers, seront aussi l'objet de célébrations, rencontres et prix, afin que la manifestation soit autant enrichissante que festive. 

    A vous de faire votre choix, à vous d’éprouver votre sensibilité, et à vous de faire vos pronostics sur ceux qui régneront sur les plus grandes galeries du monde. 

    Si vous souhaitez faire un voyage dans le réel, respirer un air frais, et rencontrer les véritables artistes d’aujourd’hui, je vous recommande vivement de vous rendre dès demain, 9 novembre, au CentQuatre, 5 rue Curial dans le 19 à Paris, vous avez jusqu’au 17 novembre , organisez-vous le programme est vaste.

     Laurence Caron-Spokojny

    Notez tout particulièrement (difficile de ne pas citer quelques noms) les œuvres de : Aurélien Grèzes, Elizaveta Konovalova, Julien des Monstiers, Julien Saudubray, Aurélie Pétrel, Pierre Daniel, Arnaud Lesage,  et tant d’autres…

    Voir article sur l'édition 2011 Jeune Création

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  • Les rapposters de Zaven Najjar : 100 jours, 100 posters, 100 lyrics

     zaven najjar,watchout,anne lecerf,laurence caron-spokojny,rap,tumblrwatchoutA l’heure où les oeuvres sur papier tentent à être de plus en plus retranscrites et diffusées en numérique, de jeunes artistes utilisent internet comme support de création à part entière : une façon de rester connecter à leur environnement en temps réel et librement. 
    Dans ce vivier foisonnant de talents, le tri n’est pas toujours facile à faire, que ce soit pour la musique, l’écrit, les arts plastiques ou bien l’image. A la croisée des chemins, des rencontres sont possibles, il s’agit souvent d’artistes protéiformes, des artistes émerveillés qui puisent leur inspiration dans un quotidien où les arts se mêlent adroitement, et, où la frontière entre le culturel et le social n’existe pas. Et ce quotidien se renouvelle chaque matin… 


    zaven najjar,watchout,anne lecerf,laurence caron-spokojny,rap,tumblrwatchoutC’est le cas pour Zaven Najjar.

    Depuis 2010, Zaven Najjar, diplômé de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs, flirte avec les limites de l’univers pictural, qu’elles soient animées ou mobiles il jongle avec tout ce qui peut se faire en matière d’images. Directeur artistique, photographe, matte-painter ou bien encore réalisateur de courts métrages et de clips, Zaven Najjar parvient à traduire son imaginaire avec justesse. 

    Comme on relève un défi, pour canaliser son inspiration ou bien encore sous la forme d’un exercice de style, Zaven Najjar décide, un matin, de créer 100 affiches sur 100 jours en hommage au rap sur Tumblr.

    zaven najjar,watchout,anne lecerf,laurence caron-spokojny,rap,tumblrwatchoutChaque jour Zaven Najjar illustre des lyrics choisis du rap au hip-hop. Les accents et sons rythmés de Kanye West, Oxmo Puccino, IAM ou Gil Scott Heron sont perçus graphiquement, la musique s’écrit autrement. Pour certains morceaux musicaux, français ou américains, Zaven n’était pas encore né, peu importe la musique n’a pas d’âge : pas de message délivré, pas de chronologie établie, pas de manifeste non plus, l’intention de Zavan Najjar n’est pas de retracer une histoire exhaustive du rap, il s’agit de ressenti, une déclaration d’amour radicale, sensible.

    A seulement 26 ans, Zaven Najjar déroule un parcours déjà bien fourni, il semblerait qu’après le rap ce soit la pop culture qui lui fasse des appels du pied, un tout autre registre… à suivre avec la plus grande attention.

     

    Laurence Caron-Spokojny

     


    Zaven Najjar expose jusqu’au 17 novembre à la BNF dans le cadre de l’exposition :

    «Graphisme contemporain et patrimoine(s)» : 

    L’exposition présente un choix de travaux de graphistes réalisés dans les années 2000, en France, pour un lieu, une collection, ou une manifestation à caractère patrimonial. 


     Pour en savoir plus http://www.watchout.fr

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