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ce qui est remarquable... un regard sur la culture pop - Page 11

  • Le Grand Livre d'Annie Leibovitz édité par Taschen : un ouvrage de la plus grande portraitiste contemporaine, un livre format SUMO à 2000 €

    Annie Leibovitz,Quincy Jones,taschen,... Des clichés célèbres comme John Lennon et Yoko Ono enlacés dans une dernière étreinte côtoient des portraits rarement publiés, parfois même inédits. Ses photos sont à la fois intimes et iconiques. Souvent imitée mais jamais égalée, Leibovitz multiplie les genres dans un style qui n’appartient qu’à elle. Célèbre pour ses portraits de groupe, elle les présente pour la première fois dans un format qui permet de les apprécier à leur juste valeur, la confirmant comme le maître incontesté du genre.

    (Annie Leibovitz et Quincy Jones)
       

    Le recueil de Leibovitz s’ouvre sur l’image en noir et blanc de l’hélicoptère de Richard Nixon décollant de la Maison Blanche après sa démission en 1974, suivie du portrait officiel de la Reine Élisabeth II dans un salon du Palais de Buckingham en 2007. Au fil des pages, les portraits d’acteurs, danseurs, comédiens, musiciens, artistes, écrivains, journalistes, athlètes et hommes d’affaires dessinent l’album de famille de notre temps où performance et pouvoir résonnent en écho comme les thèmes récurrents. Un livre complémentaire contient un essai écrit par Annie LeibovitzGraydon CarterPaul Roth et Hans Ulrich Obrist, ainsi que des notes explicatives sur chacune des 250 photos.

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  • Je suis totalement fan de Stéphane de Groodt ! Chroniqueur sur Canal+ et auteur de "Voyage en Absurdie", Stéphane de Groodt est aussi sur les rails de la RATP...

    Stéphane de Groodt,ratp,laurence caron-spokojny,concours d'écriture,poésieLa RATP invite une nouvelle fois les amoureux de la langue française à soumettre leurs poèmes du 17 mars au 13 avril 2014 sur le site www.ratp.fr/grandprixpoesie

    Depuis près de vingt ans, la poésie est un terrain d’expression privilégié pour la RATP, qui propose régulièrement à ses voyageurs des moments d'évasion, de détente et de culture, à travers de nombreuses animations. Cette année, c’est sous la houlette d’un nouveau Président du jury, virtuose facétieux de la langue française – Stéphane de Groodt, journaliste, écrivain et célèbre chroniqueur – que la RATP donne rendez-vous aux amateurs de poésie.

    Héritier de l’humour décalé de Raymond Devos et Pierre Desproges, ce virtuose des jeux de mots, adepte de poésie et de calembours, officie chaque dimanche sur Canal+ aux côtés de Maïtena Biraben dans Le Supplément, avec sa chronique « Retour vers le futur ». Des chroniques dont il propose un florilège dans son best seller « Voyage en Absurdie », paru aux éditions Plon fin 2013.

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  • Fureur au Théâtre de l'Essaïon : une rage terriblement drôle !

    fureur,theatre essaion,victor haïm,stéphanie wurtz,benjamin bollenLa musique classique est un art qui s'approche du divin, et ceux qui tendent à la maîtriser peuvent parfois se considérer comme des sortes de divinités… 
    C’est le cas pour le  Maestro crée par Victor Haïm, formidablement interprété par Benjamin Bollen et astucieusement mis en scène par Stéphanie WURTZ, les lundis soirs sous la voûte (céleste pour cette fois) du Théâtre Essaion.

    Les musiciens d’orchestre sont un genre d’artistes à part… La formation en orchestre leur permet de faire corps afin de défendre leurs droits, dans un théâtre, ou bien face à un chef d’orchestre trop exigeant. Ce soir là, le chef d’orchestre a dépassé les bornes, et ses musiciens, syndiqués pour la plupart, ont décidé de le virer, le vote s’est prononcé à l’unanimité sauf une voix.

     

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  • "j'aime, j'aime, "j'aime" : L.A. Dance Project, du 5 au 9 mars 2014 au Théâtre du Châtelet

    « J’ai rêvé d’un compagnonnage d’artistes et d’un collectif de créateurs parce que la danse est disséminée partout. [...] Un projet autour de la danse et de tout ce qu’elle peut représenter aujourd’hui. » C’est ainsi que Benjamin Millepied s’exprimait au moment de lancer ce L.A. Dance Project, né de son amour de Los Angeles, scène artistique au bouillonnement incessant.

    Le danseur et chorégraphe français, produit d’une éducation chorégraphique parfaitement classique, nourri de Balanchine et de Robbins, veut créer un modèle original, donner une nouvelle définition de la collaboration artistique. Nommé directeur de la danse de l’opéra de Paris, il aspire cependant à rester proche de cette expérience féconde. déjà présent en 2013 au Châtelet, le groupe proposait des œuvres de Merce Cunningham, William Forsythe et Benjamin Millepied, ce dernier signant aussi une création mondiale. L.A. Dance Project offre cette fois de mettre en valeur des œuvres de chorégraphes délibérément hors des sentiers battus.

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  • "A suivre!", les Fables d’Isabeau de R. au Théatre de Dix-Heures

    jean michel joyeau,michel miletti,isabeau de r,hélène de serres,théâtre de dix-heures,juste pour rire« Le Cabaret des arts » fut la première enseigne du lieu, puis « La lune Rousse » en 1904 pour enfin être baptisé le  Théâtre de Dix-Heures  en référence au roman de Courteline « Les linottes » en 1912 : « Je vous dis que l’homme qui fondera un théâtre de Dix heures, pratique, confortable, élégant et où on ne jouera que des pièces gaies – car les heures ont leurs exigences – gagnera une fortune, par la force des choses, par le seul fait qu’il aura étanché une soif. »

    Cette prédiction littéraire s’est avérée juste. Le Théâtre de Dix-Heures, sur le trépidant boulevard de Clichy, mêle adroitement têtes d’affiches et nouveaux talents. L’esprit est à la découverte et au rire. Dans la salle chaleureuse de velours rouge, il est impossible de tricher, la proximité entre les artistes et le public est fondu de sincérité, presque épidermique.

    jean michel joyeau,michel miletti,isabeau de r,hélène de serres,théâtre de dix-heures,juste pour rireAprès les riches et belles heures de Jean Michel Joyeau et Michel Miletti, Juste Pour Rire dynamise le lieu depuis 2007. Les humoristes se disputent la scène ; pour confronter leur art, le choix ne doit pas être toujours aisé mais en cela Juste pour Rire possède un savoir-faire indiscutable.

    Parmi ces artistes, il y a Isabeau de R. Avec assurance, Isabeau franchit la scène, elle n’a pas vraiment l’air de s’excuser d’être là, vous êtes ici chez elle.

    Pour cette fois encore, il s’agit d’une bourgeoise (c’est son crédo), un peu réac ou plutôt nostalgique, elle jette un œil lucide sur les changements qui se sont opérés ces quarante dernières années. Entre stand-up, parodie burlesque et parfois même imitation, l’humour d’Isabeau n’attaque personne, elle épouse juste les courbes d’un personnage et témoigne d’une (sa ?) réflexion sur l’éducation, les parents, les enfants, la télévision. Isabeau regarde un univers immédiat, concret, elle titille les points les plus faibles, les nôtres ou ceux de votre voisin de fauteuil. Il y a plusieurs entrées, plusieurs niveaux de compréhension à son univers, ainsi chacun en prend pour son grade. Très efficacement, les sketches s’enchaînent selon une mise en scène d’Hélène Serres : "La Caissière" est un exercice textuel formidable, " Les Fables" sont des virgules indispensables, "Bonne nuit" est très bien vu,…  

    Isabeau de R. s’adresse à tous, charmeuse et pétillante, elle promet de vraiment beaucoup vous amuser avec "chic et décontraction". Rendez-vous au 36 boulevard de Clichy différentes méthodes vous seront proposées pour ne pas devenir « de vieux cons » (dixit Isabeau de R.)Laurence Caron-Spokojny

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  • TILT ! au Poche-Montparnasse : Bruno Solo et Sébastien Thiéry sont remarquables !

    Bruno Solo,Antony Cochin,tilt,poche-montparnasse,Sébastien Thiéry,Jean-Louis BenoîtLes mots se déplacent, ils vont et viennent, ils claquent les portes, ils se murmurent ou bien ils se crient, et même si les mots ont plusieurs vies et ont la faculté de fendre l’espace, ils restent une affaire d’hommes. Sans les hommes pour les écrire et pour les dire, les mots ne seraient rien.

    Sur les planches du Poche-Montparnasse Bruno Solo et Sébastien Thiéry sont les serviteurs efficaces et zélés de ces mots ; ces mots sont nés de la plume exercée de Sébastien Thiéry et ils sont mis en scène, au cordeau, par Jean-Louis Benoît. La performance d’Antony Cochin est aussi à remarquer, le comédien propose quelques virgules burlesques déjà inscrites sous l’enseigne clignotante « culte ». Lire la suite de l'article

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  • Pour porter un regard, à la fois un regard scientifique et humaniste, sur Albert Einstein et son siècle : deux géants, Francis Huster et Jean-Claude Dreyfus

    jean claude dreyfus ce qui est remarquable.pngEn 1934, Albert Einstein a fui l’Allemagne nazi, il est réfugié aux USA, à Princeton. A 55 ans, le lauréat du Prix Nobel de Physique rencontre, sur les rives d’un lac du New Jersey, un vagabond, écorché vif par la disparition de son fils sur le champ de bataille en 1918… 
    Les deux personnages, dont la relation se nourrit d’échanges intellectuels, souvent houleux, font croître peu à peu une véritable amitié.

     

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  • Pour ne plus jamais avoir peur de la nuit : le Muséum National d’Histoire Naturelle dévoile quelques secrets nocturnes…

    Dans l’écrin du Jardin des Plantes de Paris, entouré par les serres, galeries scientifiques, cabinets de curiosités et autres démonstrations paléontologiques, botaniques ou zoologiques, le Muséum National d’Histoire Naturelle entretient un rapport très privilégié avec le monde de l’imaginaire, parfois même de l’invisible… En cela, l’exposition « Nuit » est une sorte de consécration, le mystère est sondé dans ses recoins les plus obscurs. Et, c’est dans cet univers nocturne que le parcours de l’exposition est engagé.

    nuit,muséum national d'histoire naturelle

    Le chemin est précis, autant que les petits cailloux blancs semés par le Petit Poucet, il n’est pas question de s’y perdre mais plutôt de s’y laisser embarquer à la manière de Peter Pan qui tire les enfants hors de leur lit pour un voyage dans la nuit étoilée. La voûte Céleste et ses précieuses explications ludiques et didactiques sont là pour nous indiquer la route à emprunter. De très beaux animaux, comme seules les collections zoologiques du lieu savent les représenter, croisent des insectes rares et discrets alors que le sol se jonche de météorites précieuses. Un vol de chauve-souris effraie un instant, s’il se compare à l’ombre de la cape du Comte Dracula, pour finalement se révéler tout à fait inoffensif. Ici, tout est poésie, enchantement et découverte, seule la pollution lumineuse créée par l’Homme constitue la véritable menace…

    Le MNHN gomme définitivement la frontière qui subsistait peut être encore entre la science et le domaine de l'imaginaire : les deux avancent ensembles et se répondent. Le mystère éveille l’imagination, stimule l’esprit et la curiosité, aussi bien pour les enfants que pour les adultes.
    Entre ses murs, le Muséum National d'Histoire Naturelle participe une nouvelle fois à faire rayonner la nature selon un décryptage scientifique… fascinant !  
    Laurence Caron-Spokojny

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  • Les derniers jours de l'exposition "Living rooms" de Robert Wilson au Louvre

    louvre,robert wilson,marina bramovic,living roomsExposer son appartement dans les salons du Louvre est un privilège réservé au metteur en scène Bob Wilson. En 2008, Bob Wilson avait déjà mis en scène ses funérailles à la demande de l’artiste déjantée Marina Bramovic*, c’est dire à quel point la mise en scène ne supporte aucune limite pour Bob Wilson. 

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  • Les amants terribles, de Benoîte Groult, embarquent sur "Les vaisseaux du coeur", au Petit Montparnasse

    serge riaboukine,benoîte groult,les vaisseaux du coeur,petit montparnasse,josiane pinson,jean-luc tardieuGeorge sans ‘s’ - son nom inspiré par George Sand, annonce déjà la couleur - est une parisienne, raffinée et cultivée. Gauvin - dont le nom héroïque est emprunté à un des chevaliers de la table Ronde - est un marin pêcheur, simple et rustre.
    Entre ces deux héros, l’histoire d’amour se noue et se dénoue au rythme des pêches. L’amour partagé est passionné. Mais l’harmonie n’est pas au goût du jour, les contraintes sociales et culturelles enchaînent les amants et les contraignent à quelques rendez-vous entre Paris et des rives exotiques…

    « C’est trop compliqué d’écrire une histoire d’amour » : c’est ce qu’affirme l’héroïne de Benoîte Groult. Pourtant, l’auteure a su remporter le défit dans un écrit résolument moderne. « Les vaisseaux du cœur » dépasse le style du 'roman d’amour' qui consiste à décrire la puissance du sentiment amoureux. Benoîte Groult, avec l’alibi de la romance, affirme un engagement féministe, limpide et combatif. A cet esprit militant s’ajoute un amour immodéré pour la mer - partagé avec son mari, l’écrivain et journaliste, Paul Guimard - et se délie sous une plume aiguisée. « Les vaisseaux du cœur » ont remué la bonne conscience et bousculé les diktats à leur sortie en 1988, et c’est tant mieux !

    serge riaboukine,benoîte groult,les vaisseaux du coeur,petit montparnasse,josiane pinson,jean-luc tardieu,laurence caron-spokojnyDeux en scène, Josiane Pinson et Serge Riaboukine, jouent sur un quai ou sur le bord d’un ponton qui prend parfois l’allure d’un lit immaculé, théâtre de leurs ébats. Des pans d’étoffe d’un blanc pur, suspendus aux cintres, les empêchent parfois d’avancer, empêtrent leurs déplacements, comme autant de contraintes qui gênent leurs vies. Ainsi, Jean-Luc Tardieu peint la toile de fond de l’histoire selon une mise en scène impeccable qui, toujours, prend grand soin des comédiens et sert le texte avec raffinement.

    Josiane Pinson a adapté le texte de Benoît Groult. Parfaitement ajustée, elle se glisse dans la peau de George, elle touche juste, elle interpelle, et son personnage est souvent très agaçant, elle veut tout sans rien donner, et cela elle en est tout à fait consciente... Le temps de la représentation, elle incarne un féminisme qui poursuit la lutte (incessante et toujours d'actualité) ; l’amour physique, décrit en termes crus, est un prétexte pour faire entendre sa voix. Comparée à son amant, George semble être la moins libre à moins qu’elle soit la plus réaliste, il est à chacun d'entamer cette réflexion... Josiane Pinson fait aussi office de narratrice, et malgré l’importance de son texte, elle laisse toute la place nécessaire aux courtes répliques de son partenaire. Serge Riaboukine est Gauvin, il campe un marin pêcheur plus vrai que nature, il ne cesse d’opposer sa forte stature à une candeur masculine désarmante. La performance de l’acteur est d’une grande poésie nourrie par de très délicates intentions de jeu.

    Le couple de comédiens fait preuve d’une sincérité absolument magnifique. Il n’est pas question de confronter l’homme et la femme, mais plutôt d’assister à une sorte d’union sacrée qui tente de résister coûte que coûte aux contraintes imposées par la société mais surtout aux idées reçues de chacun. « Les vaisseaux du cœur » est encore une très, très jolie pièce proposée au sein de la toujours très artistique saison du Petit Montparnasse.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • BRASSAI, jusqu'au 8 mars à l'Hôtel de Ville de Paris

    Brassaï

    Brassaï a le coup d’oeil infaillible, il ne rate rien. Il est un des premiers à remarquer l’importance des graffitis sur les murs de Paris, en les saisissant sur argentique il les fait entrer au panthéon de l’art primitif. 
    Observateur des tendances, l’élégance des parisiens et des parisiennes ne lui échappe pas, tout autant que l’allure élancée de la tour Eiffel sur un ciel voilé. La nuit, arpentant les rues de Paris,  il piège dans sa boîte le reflet du clair de la lune sur les pavés de granit, la courbe savante d'un pont de la Seine et la drôle de rencontre avec un gavroche à l'accent des faubourgs. Lire la suite ici

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  • « Hollywood » est un triomphe depuis deux saisons, après Daniel Russo, Samuel Le Bihan et Dominique Pinon, le Théâtre de la Michodière poursuit l'histoire avec Thierry Fremont, Pierre Cassignard et Emmanuel Patron.

    laurence caron-spokojny,théâtre de la michodière,daniel colas,françoise pinkwasser,hollywood,ron hutchinson,margaret mitchell,victor fleming,autant en emporte le vent,ben hecht,david o.selznick,jacques-emile ruhlmann,thierry fremont,pierre cassignard,emmanuel patronEntrer dans le hall du théâtre de la Michodière est déjà un voyage dans le Hollywood des années 30. La décoration précieuse, intacte jusqu’à ce jour, de Jacques-Emile Ruhlmann, ornée d’appliques stylisées, de moulures courbes et de lignes géométriques et de sa moquette graphique rouge et or, révèle ici la puissance esthétique des années Art Déco. On imagine aisément que la décoration du bureau du célèbre producteur de films David O. Selznick devait s’en approcher.

    laurence caron-spokojny,théâtre de la michodière,daniel colas,françoise pinkwasser,hollywood,ron hutchinson,margaret mitchell,victor fleming,autant en emporte le vent,ben hecht,david o.selznick,jacques-emile ruhlmann,thierry fremont,pierre cassignard,emmanuel patronL’enjeu est aux films en Technicolor ; en 1939, le tournage de «Autant en emporte le vent» est stoppé. David O. Selznick vire le réalisateur George Cukor et convoque Victor Fleming, déjà sous contrat pour «Le Magicien d’Oz». Pour une réécriture du script, du best seller éponyme de Margaret Mitchell paru trois ans plus tôt, David O.Selznick fait appel au talent du scénariste  Ben Hecht.

    Voici, Pierre Cassignard, Thierry Fremont et Emmanuel Patron pris dans un huit-clos délirant sur la scène d’un des temples parisiens du théâtre de Boulevard.

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    Faire un film a quelque chose de l’ordre de l’hystérie, une volonté farouche, et cela Ron Hutchinson, le dramaturge britannique, a su le décrire dans la composition de ses trois rôles essentiels : le producteur, le scénariste et le réalisateur. Les trois comédiens rivalisent de talent et leur joie de jouer ces personnages extravagants est communicative, le public est plié de rire. La mise en scène classique mais très efficace de Daniel Colas fait virevolter les comédiens, les artistes énergiques défoulent un jeu viril, nécessaire au propos. Les personnages ne se prennent pas au sérieux, ils doutent, et cette humanité désarmante parvient à s’exprimer dans un désordre débordant parfaitement orchestré.
    laurence caron-spokojny,théâtre de la michodière,daniel colas,françoise pinkwasser,hollywood,ron hutchinson,margaret mitchell,victor fleming,autant en emporte le vent,ben hecht,david o.selznick,jacques-emile ruhlmann,thierry fremont,pierre cassignard,emmanuel patronPierre Cassignard personnifie LE producteur, si proche du personnage réel David O.Selznick, dans sa fragilité autant que dans son rôle de visionnaire génial, sa performance est autant  physique qu'inventive et exacte. Le réalisateur, Victor Fleming, incarné par Emmanuel Patron, apparaît sensible et totalement embarqué dans son rôle fantasque de réalisateur ; 
    Emmanuel Patron est tout aussi juste que Thierry Fremont qui, définitivement dingue, est si habité par son personnage qu’il se jette sur la scène dans un abandon magnifique ! Quant au rôle féminin (pas vraiment à son apogée) illustré par de charmantes  et très essentielles apparitions de Françoise Pinkwasser, dans le rôle de la secrétaire du producteur, rythment très subtilement l’enchaînement des scènes. C’est 1h40 de spectacle partagé dans la joie... Terrible !

    laurence caron-spokojny,théâtre de la michodière,daniel colas,françoise pinkwasser,hollywood,ron hutchinson,margaret mitchell,victor fleming,autant en emporte le vent,ben hecht,david o.selznick,jacques-emile ruhlmann,thierry fremont,pierre cassignard,emmanuel patronA l’aube de la naissance du plus gros succès du cinéma américain, l’Amérique des années 30 vibre d’une créativité artistique aujourd’hui encore inégalée. Pourtant, dans le désordre, l’ombre de la fragilité économique au lendemain de la crise de 29 plane encore, l’idéologie dangeureuse du nazisme menace, la montée de l’antisémitisme en Europe est aussi bien présente aux Etats-Unis, le racisme et sa marque indélébile de l’esclavagisme règnent, et même une certaine forme de misogynie, sont évoqués ici avec beaucoup de ferveur et de raffinement. Sans en avoir l’air, cette pièce est le juste dessin d’une époque.

    La finesse du propos, ajoutée à la performance de ces très (très, très, très) grands comédiens, donne une vraie classe au parti pris burlesque de la pièce. Le théâtre de Boulevard affiche « HOLLYWOOD » au fronton du Théâtre de la Michodière en lettres de noblesse… pourvu que ce phénomène soit contagieux !

    Laurence Caron-Spokojny

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  • « Des fleurs pour Algernon » au Théâtre Hébertot, interprété par Grégory Gadebois : attention chef-d'oeuvre !

    image001.jpgCharlie Gordon est un jeune homme simple, il n’est pas bête, il est juste « simple ». Il travaille dans une usine dans laquelle il est chargé du nettoyage des toilettes. Régulièrement, deux de ses amis l’invitent pour boire un verre, ils le font boire pour se moquer de lui.

    A l’université Beekman, Charlie suit les cours de Miss Kinnian, il apprend à lire et à écrire avec une grande assiduité. Sa motivation extrême est remarquée par deux éminents professeurs qui lui proposent de démultiplier ses facultés intellectuelles par une intervention du cerveau totalement inédite. Cette intervention a déjà été réalisée sur une souris blanche, Algernon. Avant et après l’opération programmée, les scientifiques demandent à Charlie de noter, chaque jour, ses impressions sur un cahier… 

    Juste après Robert Hirsh (Le Père) et avant Michel Bouquet (Le roi se meurt), Grégory Gadebois est sur les planches du Théâtre Hébertot, et ce dernier est largement à la hauteur de ses voisins !

    Hier soir, Grégory Gadebois a englouti la salle entière dans les pages du journal intime de Charlie Gordon. Au départ, ce fut une nouvelle « Flowers for Algernon » écrite par David Keyes, publiée pour la première fois en 1959, et aussitôt récompensée par le Prix Hugo en 1960 ; puis en, 1966, l’histoire, transposée en roman, reçoit le Prix Nebula du meilleur roman (prix réservé à la Science fiction).

    image002.jpgL’adaptation de Gérald Sibleyras et la mise en scène d’Anne Kessler sont en tout point parfaites, résolument contemporaines, la part belle est faite à la magnifique présence du comédien et à la sincérité du texte. L’intense scénographie de Guy Zilberstein, les lumières ingénieuses d’Arnaud Jung et l’inventivité  sonore de Michel Winogradoff contribuent à offrir un écrin idyllique au jeu de Grégory Gadebois.

    Pour écrire ces lignes, j’avoue mon impuissance, je ne suis pas certaine de retransmettre ici  l’émotion incroyable ressentie dès les premiers mots prononcés par Grégory Gadebois jusqu’aux derniers, alors qu’ils retentissent encore… 

    La sensibilité brute révèle un travail, une recherche, de la part du comédien, incomparable. Le texte est oublié pour être éperdument incarné, Charlie Gordon prend vie d’entre les lignes de son journal intime. Il y a une juste mesure, respectée, et maniée avec la plus grande dextérité pendant 1h20 sans jamais faillir. Le comédien triture nos sentiments, il les fouille avec gourmandise avec la même aisance qu’un enfant plongé dans un sac de bonbon. La douce diction de Grégory Gadebois rythmée par sa gestuelle de virtuose ajoutent à la présence chaleureuse et intense du comédien. Pourtant, la pudeur est profonde, elle résiste, et l’angélisme du personnage fait fondre son auditoire. Le public est liquide, déplacé comme une marée, remué par une forte et indicible houle.

    Charlie Gordon s’introspecte méticuleusement avec les mots les plus simples, il observe ce double, absurde, une souris de laboratoire. La cruauté de l’humanité réside là dans ce rapport empathique bourré de tendresse, si bien décrit et si bien joué, entre un homme et une souris, ou bien entre un homme et lui-même. Et puis, il y a cet enjeu de l’intelligence qui se déploie avec arrogance pour dépasser l’affect ; le déséquilibre ultime, l’un ne va pas sans l’autre, son QI écrase toutes formes de sentiments, jugés inutiles… 

    « Des fleurs pour Algernon » est une parfaite fusion, absolue, entre un comédien et un texte. Et, trêve de bavardages, je ne saurai mieux vous l’exprimer ici que par ces mots : Au Théâtre Hébertot, « Des fleurs pour Algernon », interprété magistralement par Grégory Gadebois, est un chef-d’œuvre ! 

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Après les glaces des océans, Géraldine Danon brûle les planches du Dejazet jusqu'au 28 février

    Ces dernières années, Géraldine Danon est une comédienne bien trop rare sur les planches de nos théâtres. Son cœur est ailleurs, en marin averti elle trace sa route d’un pôle à l’autre. Aux côtés de son mari, le navigateur Philippe Poupon, l’ancienne directrice de théâtre (ciné théâtre 13), et productrice, est aussi écrivain et réalisatrice, toujours très inspirée lorsqu’il s’agit  d’océans. Témoin infaillible des expéditions familiales autour du globe (Une fleur dans les glaces, Le continent inconnu, Sur la route des pôles… ), Géraldine Danon a la très grande chance de vivre ses passions et elle sait user de son talent pour nous les faire partager.    

    edith s,seuil,theatre dejazet,géraldine danon,sylvie ohayon,marylin alasset,maryse wolinskiCe soir là, Géraldine Danon est sur la scène du Dejazet dans la peau d’ Edith Stein :
    En août 1942, réfugiée au carmel d’Echt en Hollande, la philosophe Edith Stein, entrée au carmel de Cologne sous le nom de Soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, est arrêtée et emmenée en déportation. Avant de quitter le carmel, alors qu’elle se prépare à partir, elle rembobine le fil de sa vie et convoque les personnages qui l’ont construite.

    Le Théâtre Dejazet est un magnifique théâtre, repère théâtral historique du boulevard du crime, il fut le décor naturel du chef d’œuvre de Marcel Carné «Les enfants du Paradis». L’espace offert pour ce récit sur la vie d’Edith Stein semble bien grand, les derniers rangs peinent à entendre les comédiens, mais dès les premiers mots, le silence se fait, la concentration du public est totale.

    Une succession de tableaux avec de subtils arrêts sur image, tout en clair-obscur à la façon des peintres hollandais, est proposé selon une mise en scène de Marylin Alasset, juste, précise. Avec pour effroyable toile de fond la montée du nazisme, la  plume de Maryse Wolinski plonge dans l’intimité d’Edith Stein pour s’interroger notamment sur la condition féminine de l’époque. Edith Stein délaisse peu à peu ses préoccupations hautement intellectuelles pour des considérations spirituelles : la jeune femme juive, passée par une phase d’athéisme, découvre les écrits de Thérèse d’Avila et choisit d’entrer au carmel… elle sera canonisée par Jean-Paul II en 1998. 

    edith s,seuil,theatre dejazet,géraldine danon,sylvie ohayon,marylin alasset,maryse wolinskiLe questionnement philosophique, la quête de spiritualité, l’attachement aux origines, la shoah, la condition féminine, la guerre et ses ravages, rien n’est épargné. Pour mener à bien ce sombre propos, Géraldine Danon, très bien entourée par l'épatante France Darry, Catherine Zavlav et Sébastien Finck, offre une performance remarquable. La comédienne s’empare de son personnage ; elle affirme une très belle présence et nous régale par sa parfaite maîtrise du texte, sa diction est impeccable (et c’est suffisamment rare pour le faire remarquer), elle raisonne de passion et de puissance avec constance. Pleinement dans son rôle, elle bouffe l’atmosphère, s’approprie une vie qui n’est pas la sienne, et, traverse les différentes époques et âges de la vie d’Edith Stein avec aisance et naturel. Le ton est donné, Géraldine Danon est souveraine, lumineuse. 

    Laurence Caron-Spokojny

    ….Géraldine Danon s’apprête à réaliser son premier long métrage et produit le prochain film de Sylvie Ohayon (Les Bourgeoises)... il est aussi possible de l’écouter : les samedis dans l’émission de Régis Picart sur France Info et les dimanches dans l’émission de Jacky Gallois sur Europe1.

     La Passion d’Edith S., Maryse Wolinski, Seuil, 222 p., 17,50 € - en librairie le 6 février.

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  • Le surréalisme et l'objet au Centre Pompidou

     

    30 octobre 2013 - 3 mars 2014, de 11h00 à 21h00Galerie 1 - Centre Pompidou, Paris

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  • A quelques pas de l’Opéra Garnier et de son fantôme, Jean Marais hante les étages de l‘élégant Eléphant Paname…

    L’exposition "Jean Marais" proposée entre les murs d’Eléphant Paname s’intitule « L’histoire d’une vie ». La vie telle qu’elle est racontée, celle qui est vécue avec toute son universalité : son injustice, ses coups de grisou et ses coups de chance. Et, c’est le cas pour Jean-Alfred Villain-Marais ; l’homme, loin d’être destiné au départ à une vie aussi artistiquement riche, laisse entrevoir par ses traces et objets intimes (lettres bouleversantes, mots touchants, passions griffonnées, déclarations hâtives, œuvres picturales inachevées ou accomplies, modelages patients, photos intimes et célèbres…) à quel point il était fait pour déchaîner les passions et faire vibrer les émotions, les attirer, les remuer et aussi les transformer. Jean Cocteau ne s’y est pas trompé.

    jean marais,éléphant paname,jean cocteau,laurence caron-spokojnyEn 1937, c'est la rencontre avec Jean Cocteau, à sa suite Les parents terribles et L’Aigle à deux têtes, désormais Jean Marais est en haut de l’affiche. Puis, l’acteur enchaîne les rôles au cinéma, s’éloigne un temps de Cocteau pour Visconti, Renoir ou Guitry, joue le cascadeur dans des films populaires comme Le Bossu ou Le Capitaine Fracasse, garde toujours les deux pieds bien ancrés sur les planches des théâtres, et se régale avec Jacques Demy de son goût pour les contes et légendes avec Peau d’Âne....  La carrière du comédien, parfois aussi metteur en scène et décorateur (à la Comédie française en 1940), est comblée. L’homme a décidé d’être heureux, et ce féroce appétit de vivre conduit l’artiste à s’exprimer de toutes les façons. Jean Marais dessine avec une grande précision, imagine des contes et légendes, peint des échappées stellaires, et modèle de la terre, comme Picasso, à Vallauris... Depuis le décès de Cocteau, il a, dit-il, « des distractions ».

    jean marais,éléphant paname,jean cocteau,laurence caron-spokojnyJean Marais, au delà de sa beauté et de son aura, apparaît ici d'une sincérité désarmante, simple, sans artifice, terrien et aérien à la fois.
    Les succès sont passés et demeurent des références ; adulé ou critiqué, le public a toujours été à ses côtés.
    Jean Marais, peut-être sans le savoir, a élevé des passerelles, entre un univers artistique considéré comme intellectuel -tel le théâtre de Cocteau à l’époque, vers des arts plus populaires -comme ses films de «cape et d’épée». A la manière de certains grands acteurs américains d’aujourd’hui qui jouent autant sur les planches de Broadway, dans des films d’auteur pour lesquels ils engagent souvent leur cachet, ou bien dans de gros blockbuster : Jean Marais était de cette trempe, très en avance sur son époque, il a su s'exprimer d’un genre à l’autre et se jouer des étiquettes.

    L’acteur, le comédien, lors d’une interview, projetée au cours de l’exposition à la scénographie harmonieuse, dit ne pas aimer parler de "métier" mais plutôt de "jeu" : « on dit d’un acteur qu'il joue », et il avoue humblement "s’être beaucoup amusé". Nous aussi...

    Alors, pour revivre ces instants, reflets magnifiques d’une époque, ou bien pour découvrir Jean Marais, cette visite est nécessaire. Rendez-vous à Eléphant Paname, avant le 16 mars, avant que les précieux souvenirs matériels de l’existence de Jean Marais ne soient dispersés aux quatre vents de la vente aux enchères qui clôturera l’exposition.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • La Framboise Frivole au Théâtre des Bouffes Parisiens : une déclaration d'amour à la Musique

    « Delicatissimo » par la Framboise Frivole est joué dans le très emblématique Théâtre des Bouffes Parisiens, ce nouveau spectacle marque le grand retour de Bart Van Caenegem au piano, aux côtés du brillant ténor et violoncelliste Peter Hens. Nos deux aventuriers partent à la recherche de l’Archet perdu…

    De nombreux compositeurs de variétés se sont inspirés avec talent du répertoire classique, je citerai Serge Gainsbourg qui a puisé allégrement dans le répertoire de Chopin ; pour « La Framboise Frivole » il s’agit d’une toute autre échappée belle… Aux Bouffes Parisiens, les notes classiques s’envolent, sous la voûte de ce temple du music-hall, pour se mêler aux sons et rythmes modernes. Les mélodies épousent les contours du répertoire de la chanson française (à moins que ce soit l’inverse) avec humour, et, laisse s’épanouir ce qui est sans contexte la plus belle invention de l’Homme : la Musique.

    Bart Van Caenegem,Peter Hens,dominique dumond,polyfolies,théâtre des bouffes parisiens,la framboise frivole,laurence caron-spokojnyLe duo de clowns mélomanes exercé aux arts musicaux, au niveau des plus grands virtuoses d’aujourd’hui, ne se prend définitivement pas au sérieux et c’est là que se porte toute sa singularité. Les touches du piano de Bart Van Caenegem  rivalisent de vélocité avec la danse savante de l’archet du violoncelliste Peter Hens, ce dernier assaisonne son jeu de mélopées audacieuses. Ténor aux accents brillants, Peter Hens a de quoi mettre au placard notre cheptel de chanteurs de variétés. Le ton donné est résolument comique, et la salle attentive est hilare.
    Une très nébuleuse quête d’un archet croise les pas de Maurice Jarre, avec pour graal : le rire. Les musiciens font corps avec leurs instruments, et, n’hésitent pas aussi à argumenter leur propos de calembours, plaisanteries caustiques, jeux de mots hasardeux et autres « blagues de ténor » (comme le disait un ténor que j’ai bien connu ;-) - lui aussi jardinier à ses heures)… 

    Depuis près de 30 ans, les deux musiciens belges régalent un public sans cesse renouvelé. Très intelligemment, les spectacles de la Framboise Frivole sont à chaque fois différents, et demeurent fermement inscrits dans l’air du temps. De leur plat pays, les musiciens chevronnés prennent toute la distance nécessaire pour se jouer de la chanson française à leur guise, afin que le spectacle soit à chaque fois plus saisissant et plus déjanté.

    Jusqu’au 26 avril, un souffle inattendu, aussi insufflé par les nouvelles technologies, balaye magistralement, et, sans aucune prétention, toutes les conventions qu’elles soient issues du répertoire classique ou de la chanson française.
    La Framboise Frivole déclare une nouvelle fois son amour à la Musique avec une créativité qui ne semble pas prête de s’épuiser. 
    Bart Van Caenegem et Peter Hens sont de grands artistes.

    Laurence Caron-Spokojny

    Nb : allez-y aussi avec vos enfants.

     

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  • Les accords parfaits de Serge Poliakoff au Musée d’Art Moderne, jusqu’au 23 février

    serge poliakoff,musée d'art moderne
    Serge Poliakoff, Gris bleu, 1962. Collection particulière, Paris © ADAGP Paris, 2013

    Entrer dans l’exposition de Serge Poliakoff, proposée par le Musée d’Art Moderne, se passe comme dans un rêve… un rêve très éveillé : « Le rêve des formes ». Et des formes, il en existe une infinité. A perte de vue, un horizon  s’offre au regard : plus de 70 peintures, et, autant d’œuvres sur papier réalisées entre 1936 et 1969 composent cette sorte de toile géante reflet harmonieux de l’œuvre de Serge Poliakoff.
    Fuyant la Russie secouée par la révolution, Serge Poliakoff joue de la
    balalaïka dans les cabarets pour subsister ; le 20ème siècle bat son plein et les courants artistiques rattrapent le jeune Russe et l'inspire, il devient bientôt le Maître absolu de l’Art Abstrait, et, Français en 1962.

    Les couleurs de Serge Poliakoff s’étendent sur la toile ou le papier comme autant de simultanéités sonores, la musique ne semble jamais loin dans la recherche conceptuelle et incessante de l’artiste. Aucun tableau ne se ressemble et pourtant tous pourraient se coller les uns aux autres et ne former qu’un. Les formes se fondent, se glissent, s’épousent, s’approchent et se comparent ; Serge Poliakoff a le don du bon goût, tout va ensemble, tout concorde. Ici, la scénographie des œuvres structurée, entre les murs du Musée d’Art Moderne, est d’une beauté époustouflante.

    Serge Poliakoff signe une définition du « beau » incontestable, un enseignement radical que tous suivront et suivent encore…
    Une exposition à voir absolument !

    Laurence Caron-Spokojny

     

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  • Gauthier Fourcade est supercalifragilisticexpialilicieux dans "Le secret du Temps Plié" à la Comédie Bastille

    marc gelas,françois bourcier,comédie bastille,le secret du temps plié,gauthier fourcadeGauthier Fourcade à l’allure d’un Géo Trouvetou, le funambule s’élance sur la piste et tient l'équilibre pendant plus d'une heure et demie ; en dadaïste  averti, il jongle avec les mots, déroule sur la scène de la Comédie Bastille de fumeuses théories, et, entrelace jargon éclairé et complots linguistiques… Dans une mise en scène de François Bourcier, et soutenu par la plume de Marc Gelas, "Le secret du Temps Plié" est un voyage aux confins de l'univers... drôle, sensible et savant ! 

    Il s’agit du temps qui passe, le présent fugace et le passé disparu, puis l’avenir imperturbable, toujours le même pour tous lorsqu’il se cogne à sa fin. Infiniment tendre, le Pierrot lunaire fait chavirer notre cœur lorsqu’il soupire après l’absence de sa Colombine... Poignant, l’enfant orphelin ébranle notre être tout entier en rendant un hommage vibrant au rôle du père, probablement le sien…

    Héritier spirituel de Roland Dubillard, et, héritier acrobate de Raymond Devos, Gauthier Fourcade allégorise, il se joue des mots à la perfection. Sans en avoir l’air, avec un humour teinté de poésie, l’artiste farfouille au plus près de notre âme, il creuse.
    Au départ, on ne soupçonne rien de particulier, on aime à se laisser porter par le divertissement, entre la surprise et le rire, orchestré avec talent par l’esprit vif et manipulateur de l’artiste. Puis, au fur et à mesure du spectacle, d'imperceptibles changements s’opèrent, on glisse, tout notre être s’ébranle peu à peu, l’émotion est à son comble, un chamboulement, voilà que l'on nous parle d’amour et d’anges…
    Impossible de s’en sortir indemne, inventif et généreux, Gauthier Fourcade est un très adroit sniper, il sait appuyer au bon moment sur la gâchette et vise juste ! Un spectacle de très haute voltige.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • L'exposition "La Renaissance et le Rêve" au musée du Luxembourg se termine bientôt, le 26 janvier...

    Alors que le Musée du Louvre propose une exposition d’une rare beauté intitulée Le Printemps de la Renaissance, mouvement artistique et culturel, mais aussi politique et scientifique, né à Florence au début du XVème siècle ; le Musée du Luxembourg met l’accent sur la portée spirituelle et souvent fantasmagorique des arts lors de cette période.

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    A la Renaissance, les incalculables représentations de la Vierge et l’enfant, dieux et déesses de l’Olympe, Saints et anges en pleine action, et bien d’autres personnages bibliques ou mythologiques, font légions. Lire la suite ici...

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  • Robert Hirsch est un chorégraphe de l'Humanité

    laurence caron-spokojny,théâtre hébertot,robert hirsch,isabelle gélinas,ladislas chollat,bernard yerles,eric boucher,marie parouty,noémie elbaz- Mais il ne doit pas vraiment avoir la maladie d’Alzheimer pour arriver à se souvenir d’un si long texte ? » : tout est dit. Cette phrase incroyablement naïve citée par ma voisine de rang, hier soir au Théâtre Hébertot, donne la mesure du talent du plus grand acteur français, aujourd’hui inégalé, celui de Robert Hirsch, et définit aussi la juste et raffinée écriture de Florian Zeller (déjà sa septième pièce écrite). 

    Robert Hirsch est en grande forme !

     

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  • La recette du bonheur est à la Gaité Lyrique : THE HAPPY SHOW jusqu'au 9 mars 2014

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  • The History of Mary Prince. A west indian Slave Narrative.

    Mary Prince se tient là, droite et fière, sur la scène de la Manufacture des Abesses, elle raconte son histoire. En 1831, le récit de Mary Prince fut le premier témoignage écrit avant l’abolition de l’esclavage qui fut prononcée le 27 avril 1848 par ces mots : «Le sol de France affranchit l'esclave qui le touche». Puis, très tardivement, en mai 2001, l’esclavage est reconnu comme crime contre l’humanité par une loi initiée par Christiane Taubira.

    laurence caron-spokojny,christiane taubiraSobre et juste, la parole de Mary Prince passe par la volonté et la voix de Souria Adèle selon une mise en scène encore plus sobre d’Alex Descas. Aucune fioriture, aucun artifice, il s’agit ici d’écouter le témoignage rare d’une esclave noire, la douleur et la violence sont dites. Mary Prince lorsqu’elle dicte son récit souhaite que : « les bonnes gens d’Angleterre puissent apprendre de sa bouche les sentiments et les souffrances d’une esclave… ». La comédienne se fond dans son personnage, l’acte n’est pas anodin ; Souria Adèle est originaire de la Martinique, en souhaitant composer son propre arbre généalogique, elle constate qu’ « il y a des vides qu’on ne peut pas remplir ». Toujours d’actualité, la discrimination, le racisme et l’antisémitisme restent la honte de l’humanité ; au regard de l’actualité, des piqûres de rappel s’avèrent plus que nécessaires.

    « Mary Prince » à la Manufacture des Abbesses est à voir et à écouter avec la plus grande attention.
    Comme le dit, si justement, Souria Adèle, cette histoire est «d’une modernité effrayante».

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Albums, Bande dessinée et immigration de 1913à 2013 : très belle, et très instructive, exposition au Musée de l'Histoire de l'immigration

    Louis le Portugais,Bilel,Malamine,Igor,Bouzid, Jiggs,Abdulah, Petit Polio,Aya de Yopougon,Goscinny,Georges McManus,AlbumsÀ travers plus de 400 pièces et documents originaux, planches de bande dessinée, esquisses et croquis préparatoires, films d’animation, entretiens filmés et autres photographies et documents d’archives, l’exposition se propose d’envisager le phénomène migratoire dans la bande dessinée.

    Aujourd’hui, la bande dessinée a définitivement acquis le statut de 9ème art et n’a jamais été autant exposée dans de grands musées. Plusieurs expositions récentes ont dressé des passerelles entre la bande dessinée et d’autres formes artistiques (Archi et BD, la ville dessinée ; Vraoum, trésors de la bande dessinée et art contemporain), entre bande dessinée et culture (de Superman au chat du rabbin) ou encore entre bande dessinée et histoire (Tardi et la Grande Guerre, Mobilisation générale : 14-18 dans la bande dessinée, Traits résistants). Cette exposition apporte sa pierre à l’édifice en convoquant pour la première fois toutes les formes associées du 9ème art pour raconter l’immigration autrement.

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  • En mars 2014, les étoiles seront au complet dans le ciel de Paris... L'étoile Pietra brillera !

    Voici "Mr & Mme Rêve", une rencontre entre danse et réalité virtuelle dans un spectacle innovant où l’excellence de la danse de Marie-Claude Pietragalla et de Julien Derouault est magnifée par une technologie spécialement adaptée sur une musique de Laurent Garnier. 

    marie-claude pietragalla,Julien Derouault,grand rex,danse

    Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault rendent hommage au père du "Théâtre de l'absurde" Eugène Ionesco grâce à la 3D et au numérique.
    La compagnie Pietragalla-Derouault donnera une dizaine de représentations en province, dont les 8 et 9 mars à Marseille et le 12 à Grenoble en 2013. A Paris, M. & Mme Rêve sera à l'affiche du Grand Rex, à compter du 12 mars 2014. 

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  • TILT ! au Poche-Montparnasse : « Laisse aller, c’est une valse… »

    Les mots se déplacent, ils vont et viennent, ils claquent les portes, ils se murmurent ou bien ils se crient, et même si les mots ont plusieurs vies et ont la faculté de fendre l’espace, ils restent une affaire d’hommes. Sans les hommes pour les écrire et pour les dire, les mots ne seraient rien.

    Sur les planches du Poche-Montparnasse Bruno Solo et Sébastien Thiéry sont les serviteurs efficaces et zélés de ces mots ; ces mots sont nés de la plume exercée de Sébastien Thiéry et ils sont mis en scène, au cordeau, par Jean-Louis Benoît. La performance d’Antony Cochin est aussi à remarquer, le comédien propose quelques virgules burlesques déjà inscrites sous l’enseigne clignotante « culte ».

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    (c) Brigitte Enguerand

    Le boulevard du Montparnasse et sa vie trépidante sont laissés loin derrière les portes fermées du Poche-Montparnasse. Ici, les dialogues sont vifs et passionnants, ils sont issus de "Sans Ascenseur" et "Dieu Habite Dusseldorf », ils se débrident entre tranches de vie, psychothérapie de bas étage, solitude angoissante, monstruosité, tendresse glauque et scènes absurdes. L’univers de Sébastien Thiéry est à la fois drôle et désolant. Et, c’est avec beaucoup d’humanité que les deux excellents comédiens, Bruno Solo, juste et délicat, et Sébastien Thiéry, intense, conduisent ces bêtes humaines. 

    Voilà, rester attentif et renoncer à chercher le sens du propos, l’essentiel est le rire et l’émotion, peu importe le moyen utilisé pour y parvenir. La surprise est inévitable, comme une brusque panne d’électricité, une impression de rester sur sa faim, entre interrogation et soif d’en savoir plus. C’est étrange, il semblait qu’il n’y avait pourtant pas grand chose à apprendre de ces deux bonhommes...

    Bon, enfin moi j’dis ça, mais j’dis rien, juste : allez-y, c’est SUPER BIEN ! 

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Picasso à Malraux : « J’ai fait des assiettes, on peut manger dedans. » - Picasso, céramiste à la Cité de la Céramique de Sèvres jusqu’au 19 mai 2014

    picasso céramiste et la méditerranée,cité de la céramique,sèvres,laurence caron-spokojny,picassoLors de l’exposition annuelle des potiers de Vallauris en 1946, Picasso rencontre Suzanne et George Ramié, les propriétaires d’une fabrique de céramique, l’atelier Madoura. Picasso y réalise ses premières œuvres en céramique puis 4500 œuvres suivront jusqu’en 1971. Picasso considère avoir trouvé une façon  de démocratiser son œuvre ; depuis la libération, Picasso est inscrit au parti communiste, son engagement date de la période de la guerre d’Espagne, il confiera à André Malraux : « J’ai fait des assiettes, on peut manger dedans. »

    L’œuvre céramique de Picasso a investi le dernier étage de la très belle Cité de la Céramique de Sèvres : c’est un éblouissement. La sensualité des courbes de ses femmes, aux hanches généreuses et à la taille élancée, côtoie la foule déchaînée de ses chères corridas alors que faunes, et chèvres délicates, se partagent les vitrines lumineuses de l’exposition.

    Un premier espace réunit matrices et moules aux œuvres originales, c’est une entrée dans l’atelier ; on respire presque la poussière de terre cuite, est-ce le bruit lancinant du tour du potier ? l’envie de caresser l’émail… il faut seulement imaginer, ici même les photos sont interdites, les 150 œuvres présentées sont gardées jalousement par les héritiers du maître. 
    Puis un second espace puise dans les précieuses réserves de l’exposition permanente de la Cité pour présenter quelques pièces anciennes symbolisant les courants qui ont inspirés Picasso, les civilisations chypriotes, grecques ou espagnoles marquent le territoire.
    L’entrée dans le cœur de l’exposition est magique, foudroyée par la beauté. Les mains de Picasso sont partout, inventives, elles modèlent en quelques tours savants des colombes et des chouettes prêtent à prendre leur envol, aussi vivantes que les plats, carafes et assiettes. Picasso transforme l’objet mobile et anodin en œuvre vibrante et tournoyante, les traits sont souvent tracés dans la pâte encore molle de bleus et d’ocres éclatants, la brillance des vernis se frotte au ton mat de la pâte blanche sans que l’une ou l’autre en porte ombrage. 
     

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    Picasso surcharge de décors certaines pièces classiques pour ensuite modeler une forme pure et aérienne. Par hasard, il ramasse un éclat de brique, il dessine un visage de déesse, tel un fragment de cité antique digne des plus grands trésors de Pompéï.  L’artiste génial s’exprime pleinement, de la façon la plus spontanée qui soit pour enfin se consacrer à l’édition de céramique dont 633 modèles seront édités pour des tirages allant jusqu’à 500 exemplaires, l’Atelier Madoura en aura l’exclusivité.

    Votre connaissance de Picasso est incomplète si vous ne connaissez pas son œuvre céramiste ; à la Cité de la Céramique de Sèvres, il est question de s’approcher au plus près de l’intensité créative de l’œuvre de Picasso : ainsi il est possible de sentir les mains de l’artiste courir sur la glaise, il suffit juste de dévorer des yeux ces modelages et sculptures, une expérience envoûtante. 

    Laurence Caron-Spokojny

    A visionner ici le film "Picasso céramiste et la Méditerranée" - de Christine Pinault et Thierry Spitzer, 2013 (19'30) - production Picasso Administration. 

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  • "Qui es-tu Fritz Haber ?" au Poche-Montparnasse est prolongé jusqu'à la fin février 2014

    daphné tesson,claude cohen,xavier lemaire,isabelle andréani,théâtre de poche-montparnasse,laurence caron-spokojnyL’antisémitisme monte en Europe, Fritz Haber a abandonné le judaïsme pour se convertir au protestantisme, il souhaite être reconnu «allemand». En 1915, la première guerre mondiale bat son plein, le physicien met au point des engrais mais aussi des armes chimiques, dont l'emploi du chlore comme gaz de combat, pour «faire triompher l’Allemagne». A ses côtés, Clara Immerwahr, elle est la première femme à recevoir un doctorat en chimie à l’université de Breslau. Fervente humaniste, Clara condamne les travaux de son mari, la dispute éclate… désespérée, violente et tragique.

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    Sur la scène sombre et enveloppante du Poche-Montparnasse, les restes d’un dîner, un téléphone à manivelle et un manteau de l’armée allemande plongent les spectateurs dans l’intimité du couple Haber, nous venons d’entrer dans la salle à manger. Dès l’apparition des comédiens, pas un souffle ne se fait entendre, la tension s’installe immédiatement, Isabelle Andréani et Xavier Lemaire captivent le public. En quelques enjambées et de sa voix tonitruante, Xavier Lemaire impose d’un bloc un physicien dévoré par son ambition, alors qu’Isabelle Andréani nous laisse très délicatement faire connaissance avec une femme intelligente et passionnée. 

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    Les comédiens sont admirables, entièrement livrés à leur art, ils épousent leurs rôles à la perfection. Lorsque Fritz Haber humilie sa femme, l’envie de lui sauter à la gorge frémit dans les rangs des spectateurs, aussi lorsque Clara affirme ses opinions devant son terrible époux avec un aplomb  incroyable, on perçoit quelques soupirs d’admiration, et de crainte.
    Selon une mise en scène parfaite de Xavier Lemaire, le drame intime et métaphysique est mené tambour battant, il interpelle la conscience et interroge l’âme. La religion, la morale, la science, rien n’est épargné, l’auteur remue ce qui n’aime pas être remué, encore aujourd’hui. 
    Quelques  larmes s’échappent, l’esprit et le corps, tout est broyé par cette spirale infernale qui sonne le glas des crimes contre l’humanité du XXème siècle. L’écriture de Claude Cohen est efficace, aucune fioriture, les mots atteignent leurs cibles avec la rapidité d’une balle de revolver. Le propos est intelligent et suffisamment argumenté pour être apprécié par un public large.

    Voici du Théâtre, engagé, philosophique, polémique, dramatique, comme il vous plaira, il s’agit d’un Théâtre convaincant. Magistral.

    Laurence Caron-Spokojny 

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  • De l'Ultima Récital "Best musical show, Molière nineteen ninety-nine" à Miss Carpenter "Best actrice, Oscar nineteen sixty-seven"

     

    miss carpenter,marianne james,théâtre rive gauchePerformeuse avant-gardiste, de la pointe des cheveux jusqu’aux bouts des ongles, Marianne James crée, incarne. Schizophrène imperturbable, la diva invente et mesure ses déplacements magnifiés dans l’instant, elle est un spectacle à elle seule. Dans la même veine que « Le Quatuor », la cantatrice extravagante a su, avec son personnage de Maria Ulrika Von Glott, faire voler en éclats les frontières entre les genres artistiques, mêlant adroitement art lyrique et burlesque. Musicienne de jazz, et Premier Prix de chant du Conservatoire National de Musique de Paris, Marianne James triomphe sur scène (le cultissime "Ultima Récital", Molière du meilleur spectacle musical en 1999), anime et argumente avec brio des émissions de télévision, s’échappe un temps pour s'exprimer sur les planches des théâtres, interprète, chante, enregistre, elle s’éclate ; brillamment, la comédienne sait tout faire jusqu'au stylisme d'une ligne de vêtements. 

    Elle est aujourd’hui au Théâtre Rive Gauche, elle est Miss Carpenter.

    miss carpenter,marianne james,théâtre rive gaucheMiss Carpenter se voit toujours l'actrice belle et admirée qu'elle était au milieu du XXème siècle. Mais le temps et ses outrages - et surtout la crise et les huissiers - l'obligent un jour à sortir la Jaguar pour aller décrocher un rôle...
 Mais les auditions s'enchaînent au rythme des refus et des humiliations... Comment retrouvera-t-elle la flamme qu'elle dit avoir laissée à Hollywood ? Le succès sera-t-il à nouveau au rendez-vous ?

    Marianne James ne veut pas faire comme les autres, elle s’applique à échapper à toutes les formes d’étiquettes que l’on voudrait lui coller, elle a raison. Pourtant sa Miss Carpenter, sorte de caricature d’égérie gay, entre show girl et meneuse de revue, peine à exister ce soir là rue de la Gaité.


    Le Théâtre Rive Gauche est complet, le public est chaleureux et s’esclaffe aux moindres gestes de la diva. C’est fou comme on l’aime, et comme nous sommes tous heureux de la retrouver. L’artiste renoue avec un jeu de clown qu’elle manie avec aisance. Facétieuse et charmeuse, elle entraîne à sa suite trois compagnons talentueux, entre la comédie musicale et les grandes heures de l’opérette, Pablo Villafranca, Romain Lemire et Bastien Jacquemart se manifestent élégamment, il jouent, dansent et chantent ; le tableau paraît parfait.

    Mais Marianne James trépigne, l'espace scénique semble étriqué, les décors sans saveur ; je me rassure en constatant que personne ne semble s’en apercevoir. Quelques dérapages grossiers, inutiles, heurtent l’imaginaire, les costumes manquent d’allure, et l’histoire... Les clichés se succèdent alors qu'ils sont truffés de bonnes idées (la sonnerie du téléphone, le slogan des Oscars, le chien Marylin…) : ce n’est pas assez ou bien c’est trop.
    Entre cabaret comique et parodie, Marianne James nous émeut et nous faire rire malgré l'exigüité de l’écrin, elle est émouvante, passionnée, et, terriblement abandonnée par tout ce qui devrait la mettre en valeur. 
Le rythme des scènes marqué par un son disco (pas très original) porte le spectacle à son terme : déchaînement d’applaudissements. Tant mieux, les gens sont contents, ce public de « La Nouvelle Star » n’a certainement pas vu Marianne James sur la scène de la Pépinière Opéra (
    Ultima Récital), il y a presque 20 ans. En 1994, Marianne James m'a fait comprendre que sur scène tout était possible.

    Marianne James est une artiste nécessaire, indispensable à notre époque, à l’avenir il s’agirait d’en prendre soin. Laurence Caron-Spokojny

    De Marianne JAMES et Sébastien MARNIER - Mise en scène d’Éric-Emmanuel SCHMITT et  Steve SUISSA - Du mardi au samedi, en alternance, soit à 19h, soit à 21h, et matinée le dimanche à 17h30

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  • LIVING ROOMS de BOB WILSON s'exposent au Louvre, jusqu'au 17 février 2014

     Exposer son appartement dans les salons du Louvre est un privilège réservé au metteur en scène Bob Wilson. En 2008, Bob Wilson avait déjà mis en scène ses funérailles à la demande de l’artiste déjantée Marina Bramovic*, c’est dire à quel point la mise en scène ne supporte aucune limite pour Bob Wilson. 

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    Amoureux obsessionnel de la danse, Bob Wilson fond la discipline dans la moindre de ses créations, il matérialise la pensée par le mouvement qu’il décortique et livre avec une sensibilité extrême. Autant la musique (notamment auprès de Phil Glass) qu’il associe très méticuleusement au geste, Wilson esquisse un dessin, puis son esprit créatif s’étend jusqu’à la réalisation vidéaste ; ainsi armé de technologies et d’inspirations nourries par ses rencontres et univers (les arts africains, asiatiques, …) « Le voyage en grande Wilsonie » (de Philippe Malgouyres, éd. Triartis) commence…

    Wilson s’empare de tout, ces « Living Rooms » en sont la preuve, objets hétéroclites, œuvres chinés ou offertes, fétiches,  photos emblématiques, masques, témoignages, passé, présent, futur, il y en a partout, jusqu’aux plafonds du Louvre. Insolente, l’accumulation pourrait sembler un rien égocentrique, symbole de la folie des grandeurs de l’Artiste, mégalomane… Il n’en est rien, chaque chose a un sens, une raison d’être, rien d’inutile, tout s’explique. Témoignages intimes mais pudiques de l’artiste, les « Living Rooms » sont des passerelles qui traversent un univers en plusieurs dimensions, des passages de l’Homme à l’Artiste ou bien l’inverse.
    A visiter absolument avec des échasses ou des jumelles, certains objets sont accrochés si haut sur les murs que l'on regrette de ne pouvoir mieux les distinguer...

    Laurence Caron-Spokony

    * à voir le documentaire "Bob Wilson’s life and death of Marina Abramovic". 

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