Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Rétrospective Robert Mapplethorpe au Grand Palais : « Il était un artiste et il le savait ( …). Il ne faisait que reconnaître ce qui lui revenait de droit. » (Just Kids, Patti Smith).

    Robert Mapplethorpe,patti smith,grand palaisRobert Mapplethorpe a photographié des fleurs, des sexes, des portraits et des corps nus de chair ou de glaise. Artiste météore, il quitte notre monde en 1989 à l’âge de 42 ans, emporté par le sida. Il est photographe mais on aurait pu dire peintre ou sculpteur, il marque les années 80 par une photographie appliquée, souvent en noir et blanc, très sophistiquée.

    Après les marbres d’Auguste, les représentations du corps humain de Mapplethorpe répondent en un écho parfait aux Maîtres de la sculpture, les corps sont autant d’hommages à Michel Ange et les portraits posent comme des bustes antiques. La photographie est un moyen technique, rapide, Mapplethorpe fait de l’art, il aurait commencé par des collages, puis par des Polaroïds… La quête de perfection de l’artiste, du grain, de l’ombre à la lumière, révèle un méthodisme obsessionnel, un désir de perfection absolue. La mise en scène précise de ses autos-portraits reflète le caractère esthète de l’artiste.

    Robert Mapplethorpe,patti smith,grand palais«Je cherche la perfection dans la forme. Dans les portraits. Avec les sexes. Avec les fleurs.» Robert Mapplethorpe, 1985

    Au Grand Palais, il y a une pièce dédiée aux photographies érotiques de l’artiste, elle est interdite aux enfants, ceux de moins de 18 ans. Je peux entrer, je suis une enfant de 43 ans.
    Est-il possible de regarder la photographie d’un sexe sans sourciller ? Le sexe est finalement si peu représenté dans l’art (cf. Musée d’Orsay Masculin/Masculin), faut-il évaluer cette oeuvre de la même façon qu'une fleur photographiée telle une nature morte ? Mapplethorpe montre à quel point la beauté plastique de la forme est plus importante que le sujet lui-même, pour finalement ne pas en rougir…

    Robert Mapplethorpe,patti smith,grand palais« La photographie et la sexualité sont comparables, explique Mapplethorpe. Elles sont toutes deux inconnues. Et c’est cela qui m’excite le plus. » Ce sont les questions posées par les photographies de Robert Mapplethorpe, parfois perturbantes, des provocations intimes et ultimes, entre homosexualité et sadomasochisme, le photographe est un témoin implacable d’une époque qui plongent le visiteur dans un New-York radical, au cœur des années 70/80.

     

    robert mapplethorpe,patti smith,grand palais« Un jeune homme endormi, baigné de lumière, qui ouvrait les yeux avec un sourire de reconnaissance pour celle qui n’avait jamais été une inconnue. »  Just Kids, Patti Smith.

    Avant la sculpturale Lisa Lyon (championne de bodybuilding), Patti Smith a partagé la vie de Robert Mapplethorpe de 1967 à 1970. Il fait d’elle une héroïne des temps modernes, peintre, chanteuse, poète, performeuse, et, elle fait de lui le photographe qu’il a été. L’expérience est amoureuse et artistique, les deux vont ensemble, ca marche comme ça dans ces vies là. Et comme, dans une vie, l’amitié dure toujours bien plus longtemps que l’amour, Patti Smith sera aussi là demain, mercredi 26 mars, à l’Auditorium du Grand Palais, pour évoquer ses souvenirs et dédicacer son livre  Just Kids. Parce qu’au départ c’était ça, juste deux enfants, jugés terribles, seulement parce qu’ils ont souhaité que cette enfance dure un peu plus longtemps que celle des autres…

    Ce lundi matin, à la sortie de l’exposition du Grand Palais, je feuillette avec envie le catalogue de l’exposition mais finalement j’achète Just Kids, je veux me sentir plus proche d’elle. Après avoir enfouie ma monnaie au fond de mon sac, je relève la tête, elle est juste devant la table des attachés de presse, je crois bien être la seule à la voir. Autour, tous sont ignorants, préoccupés, blasés, ou bien peut-être médusés comme moi. Nous échangeons un grand sourire, franc. Toute simple, les yeux plongés dans un monde qui n’appartient qu’à elle, elle s’avance vers le staff des officiels du Grand Palais. Aimable et généreuse, je crois que Patti Smith vient de dire qu’elle est heureuse d’être là… moi aussi !

    Laurence Caron-Spokojny

    Lien permanent Catégories : EXPOSITIONS & MUSEES 1 commentaire Imprimer
  • N’en doutez-plus, l’opéra est un art populaire, rendez-vous à la MC93 de Bobigny pour Don Giovanni

    don giovanni,christian schirm,opéra national de paris,atelier lyrique,mc93 bobigny,christophe perton,mozart,barbara creutz,tiago matos,armelle khourdoïan,elodie hache,andriy gnatiukIls sont beaux, ils sont jeunes, ils sont comédiens et ils ont de belles voix : il ne s’agit absolument pas du teaser de la prochaine comédie musicale du Palais des Sports mais de l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris ; pour sa septième production, « Don Giovanni » est présenté sur la scène de Bobigny. 

    don giovanni,christian schirm,opéra national de paris,atelier lyrique,mc93 bobigny,christophe perton,mozart,barbara creutz,tiago matos,armelle khourdoïan,elodie hache,andriy gnatiuk« L’Opéra national de Paris propose un programme pour donner à des jeunes chanteurs et à des pianistes-chefs de chant en début de carrière les meilleurs atouts pour réussir dans leur vie professionnelle »,
    Christian Schirm, Directeur de l’Atelier Lyrique. 

    Hier soir, à la MC93 Bobigny, les jeunes artistes de l’Atelier Lyrique ont été à la hauteur de cette exigence. Sur scène, l’atmosphère dégage un véritable esprit de troupe - cela est rare, pour ne pas dire inexistant lorsqu’il s’agit du répertoire lyrique - la jeunesse des chanteurs et leur travail commun, au sein de l’Atelier Lyrique, semble éveiller un nouvel, et heureux, engagement, aussi bien musical que théâtral. 
    Pour ce Don Giovanni en italien, certains chanteurs se distinguent, selon l’alternance de la distribution, c’est le cas d’Andriy Gnatiuk  par sa très belle voix de basse à la diction impeccable, il est Leporello, le valet de Don Giovanni, il fait preuve d'un talent de comédien tout aussi remarquable. Le jeune ukrainien fera ses premiers pas sur la scène de l’Opéra Bastille, en janvier 2015, dans Ariane à Naxos selon la mise en scène de Laurent Pelly, à suivre… Tiago Matos est un beau Don Giovanni, tout à fait crédible, il est aux côtés d’une Donna Elvira, Elodie Hache, à la carrière déjà très affirmée, dont la voix et la présence révèlent une puissance digne des plus grandes sopranos. Différemment, Zerlina proposée par Armelle Khourdoïan est, elle, tout en nuances et en couleurs, elle est aussi excellente comédienne et sa fraîcheur est ravageuse.

    Wolfgang Amadeus Mozart a fait fi de tout enchaînement dramaturgique logique, la musique est seule guide, les pages musicales se déroulent comme des frises  dans un rythme étourdissant. Pour maîtriser cette course effrénée de notes qui tente d’être rattrapée par l’histoire de Lorenzo Da Ponte, le metteur en scène, Christophe Perton, a dessiné un large espace d’expression, à la façon d’un terrain de jeux, il semble que ce soit le fond d’une piscine. Les chanteurs évoluent dans un univers souhaité « contemporain » qui se scande par des claquements de portes, rien de très nouveau en somme ; ceci, malgré un intéressant travail vidéo, projeté sur le fond du décor, il s’agit d’une création extrêmement forte, Barbara Creutz en est l’auteure. Et puis, il y a ce regrettable parti pris de faire chanter les interprètes le visage non éclairé, il est temps que cette mode cesse...  

    don giovanni,christian schirm,opéra national de paris,atelier lyrique,mc93 bobigny,christophe perton,mozart,barbara creutz,tiago matos,armelle khourdoïan,elodie hache,andriy gnatiuk

    "Lorsqu’on vient d'entende un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui."  Sacha Guitry

    Richard Wagner qualifiait Don Giovanni comme étant «l’opéra des opéras»… Mon propre et humble « top-Mozart » ferait passer devant cette première place Les Noces de Figaro, ou bien, La Flûte Enchantée, mais tout ceci est finalement une question d’humeur ou de saison. Dans « Don Giovanni » l’écriture vive du compositeur est d’une créativité telle qu’elle atteint une sorte d’émerveillement absolu, notamment à la fin du deuxième acte, l’entrée du Commandeur soutenu par ce chœur de basse, est une partition d’une beauté parfaite, une extase. L’Atelier Lyrique, les musiciens de l’orchestre-atelier Ostinato sous la baguette d’Alexandre Myrat et la Maîtrise des Hauts-de-Seine constituent un ensemble qui témoigne d’une  interprétation pour laquelle la complexité et la richesse incroyable des notes ne sont pas des obstacles, la légèreté et l’extravagance du propos sont admirablement bien retranscris.

    La musique et le livret romantique à souhait de Don Giovanni, et, la jeune équipe d’artistes choisis, servent une production d’un très remarquable niveau d’exigence. La MC93 Bobigny est aux portes de Paris, le prix des places est accessible (9 à 29 euros) et une navette gratuite est proposée en direction de la capitale à la fin du spectacle ; ainsi, les moyens sont réunis pour donner accès à cette musique universelle. L’art lyrique est, à la MC93 Bobigny, un art définitivement populaire.

    Laurence Caron-Spokojny

    photos © Cosimo Mirco Magliocca

    Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer
  • GHOST TRACK au Théâtre Claude Lévi-Strauss, Musée du Quai Branly

     

    iwan gunawan,kyai fatahillah,ghost track,leineroebana dance company,harijono roebanaAvant, hier soir, je ne connaissais pas encore le Théâtre Claude Lévi-Strauss. Heureuse découverte. Après avoir traversé les jardins du Musée du Quai Branly, il faut entrer dans l’enceinte du Musée et s’enfoncer dans ses entrailles. Ici, une salle de plus de 400 places propose des banquettes de cuir brun face à une large scène. Concerts, projections, conférences et spectacles, l’espace est très occupé, on y parle de singularité, de métissage, de tradition mais aussi de techniques contemporaines et de nouveaux langages. «Danse au Quai Branly» est donc une première approche, et GHOST TRACK de la «LeineRoebana Dance Company»  arrive en ouverture de ce cycle printanier.

    Harijono Roebana et Leine Andrea dirigent cette compagnie de danse néerlandaise. Les origines indonésiennes du chorégraphe Harijono Roebana ont trouvé leur écho au travail du compositeur indonésien Iwan Gunawan, directeur de l’ensemble de gamelan contemporain et de l’ensemble Kyai Fatahillah.

    Cinq danseurs néerlandais et trois danseurs indonésiens confondent leur maîtrise du geste, soutenus par sept musiciens indonésiens entourés par leurs instruments traditionnels. L’ensemble est une réussite. Les musiciens entament chants sensuels, cris étranges, percussions envoûtantes et mélodies suaves selon d’astucieux mélanges, la musique contemporaine puise sans détour dans le répertoire traditionnel des éléments, fastes ou minimalistes, nécessaires à son existence. Dans la veine des contemporains Steve Reich ou Philip Glass, la création musicale assume sa contemporanéité autant que la création chorégraphique. En fait, l’un ne va pas sans l’autre.

    Les danseurs déroulent une chorégraphie inventive, l’empreinte de la danse est bien celle du nord, Mats Ek et Pina Bausch veillent ; mais la courbure des mains et des pieds, les équilibres complexes et les regards farouches des danseurs sont inspirés du théâtre d’ombres, des danses rituelles ou des danses guerrières javanaises.

    L’ensemble porté sur la scène du Théâtre Claude Lévi-Strauss est mue par une énergie forte, les danseurs se jettent littéralement sur scène. La danse répond à la musique, une conversation tout à fait naturelle s’est engagée. Les décors et les lumières participent à l’échange, même l’intervention d’une chanteuse, à l’allure kitchissime à souhait, ne parvient pas à troubler le voyage. Les histoires fantasques racontées par les danseurs indonésiens se nouent intimement à l’expression intuitive et radicale des danseurs néerlandais ; le langage corporel et l’intention musicale atteignent une sorte d’universalité, aboutie, et c’est là certainement le souhait révélé par le Musée du Quai Branly, Musée des Arts et Civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques.

    Laurence Caron-Spokojny

    Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer
  • La civilisation des Hommes libres représentée par les « Femmes berbères du Maroc » à la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent…

    femmes berbères du maroc,claude lefébure,fondation pierre bergé - yves saint laurent,laurence caron-spokojnySi l’envie démesurée d’un voyage à Marrakech se fait sentir, le besoin de poursuivre son initiation au raffinement de la botanique méditerranéenne, de se perdre dans de fraîches allées, d’écouter le bruissement léger d'une forêt de bambous ou de suivre l’ondulation savante d’un cours d’eau, …  Une visite du Jardin Majorelle s’impose. La terre et tout ce qui émane d’elle, arbres, fleurs et fruits, et, le bleu, la couleur de la lumière, justement la couleur, celle qui recouvre en partie notre Terre et qui permet de la distinguer parmi les astres… Alors que Marrakech la rouge crépite de mille feux, l’oasis serein offert par le Jardin Majorelle, le plus beau jardin qu’il m’ait été donné de voir, abrite l’atelier du peintre, Jacques Majorelle, si élégamment transformé en un musée (1) dédié à la civilisation berbère.

    femmes berbères du maroc,claude lefébure,fondation pierre bergé - yves saint laurent,laurence caron-spokojnyPour préserver cette collection, l’enrichir et la faire vivre, Pierre Bergé choisit de la faire voyager, en partie, jusqu’à Paris. Avenue Marceau, la Fondation accueille ces «Femmes berbères du Maroc» jusqu’au 20 juillet 2014. La rencontre est émouvante, elle met en perspective l’universalité du rôle de la femme, garante de toutes formes de civilisations, et puis ce patrimoine commun à tous les marocains qui s’étend aux confins du Maghreb oriental à l’Egypte.

    Les couleurs vives des tapis et tissages qui ornent l’exposition contrastent avec la neutralité de la terre rouge des poteries. Sous de lourds costumes de toiles de coton aux teintes douces se dévoilent des beautés nobles et farouches peintes par Titouan Lamazou. Pour cette occasion, les plus belles parures d’argent, de corail et d’ambre sont exposées comme autant de créations sophistiquées de leur (éternel) protecteur Yves Saint Laurent ; le maître veille, assurément.

    La culture et les traditions des Imazighen, l’indépendant et résistant peuple berbère, traversent les siècles et cette exposition en témoigne par la voix de ces femmes. Après la chaleureuse scénographie de l'exposition, l'intérêt reste éveillé par le parcours du très beau catalogue (Artlys), et si cela ne suffit pas un voyage au Maroc semble tout à fait indiqué… irrésistible.

    Laurence Caron-Spokojny

    (1) dans le Jardin Majorelle de Marrakech, le musée berbère a ouvert ses portes en 2011.

    crédit photo : Femmes ist Yazza (Aït Hadiddou) vêtues de l’ahendir (mante)  © Claude Lefébure

    Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, EXPOSITIONS & MUSEES 0 commentaire Imprimer
  • « La beauté de Rome ne répondait pas à la majesté de l'Empire (...). Il l'embellit tellement, qu'il se vanta avec raison d'avoir trouvé une ville de briques et laissé une de marbre» - Moi, Auguste, Empereur de Rome au Grand Palais.

    auguste-affiche.jpgVoici deux mille ans, à l’âge de 75 ans, l’empereur Auguste quittait ce monde. La Réunion des Musées Nationaux, plus précisément Le Louvre et Les musées du Capitole de Rome ont mis en scène, dans les salles des Galeries nationales du Grand Palais, le long règne du premier empereur romain de l’Histoire, Octave dit Auguste.

    Neveu et fils adoptif de Jules César, Caius Octavius Thurinus souhaite venger l’assassinat de César. C’est donc dans un climat de guerres civiles que le jeune Octave débride peu à peu son ambition. Dix sept-ans après le premier triumvirat (César, Pompée et Crassus), Antoine, Lépide et Octave se partagent le pouvoir pendant dix ans jusqu’à la bataille navale d’Actium et la conquête de l’Egypte (qui poussera Antoine et Cléôpatre au suicide). Après ces victoires, en 27 av. J.C., le Sénat proclame Octave : Augustus (vénérable, consacré), il est alors le premier empereur romain.

    Statue-Augustus.jpgTrès habile stratège, Auguste prend grand soin de maintenir en apparence la restauration de la République afin de ne pas éveiller les soupçons d’un possible souhait de royauté. Le règne d’Auguste est un règne de paix : il adapte la politique de Rome aux coutumes des territoires qu’il a conquis, et lorsqu’il ne parvient pas à en conquérir de nouveaux, Auguste met en œuvre des alliances… L’Empereur s’invente sa propre communication, il multiplie ses représentations, ce sont des bustes, de la monnaie frappée à son effigie, des camées délicats, des statues de marbre, des peintures, de l’argenterie… Son ami Mécène, jugé très excentrique, lui inspire l’idée d’attirer les plus grands artistes, et, de faire rivaliser la production artistique de l’Empire à travers le monde. Properce, Virgile et Horace sont d’excellents ambassadeurs de leur protecteur. Les amours, mariages et liaisons adultères, de l’Empereur sont aussi des outils politiques autant que les spectaculaires monuments publics qu’il fait s’élever dans Rome.

    En sept parties, l’exposition suit une chronologie extrêmement nette, les œuvres présentées sont des archétypes nécessaires et indiscutables de l’histoire qui nous est contée. Les arts et coutumes, l’architecture, les bijoux, les pratiques funéraires, rien n’échappe à la juste illustration des quarante années de règne d’Auguste. Comme autant de preuves de passions déchaînées, de conquêtes héroïques, de guerres sanglantes, de complots politiques, et enfin de paix, cette Rome continue à être totalement fantasmée. Mais pour cette fois, "MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME" retrace l’histoire d'un homme, non pas des moindres, lors d'un parcours très instructif, absolument passionnant, et se tenant certainement au plus près de cette époque !

    Auguste est donc un homme à suivre jusqu’en juillet 2014, il est également accompagné d’une programmation culturelle extrêmement riche (films à l’auditorium, colloques, rencontres, ateliers … ). Les informations sont sur le site du Grand Palais.

    Laurence Caron-Spokojny

     

    Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, EXPOSITIONS & MUSEES 0 commentaire Imprimer
  • La mécanique des fluides selon Bill Viola au Grand Palais

    billviola_cequiestremarquable.jpgLes expositions au Grand Palais se suivent et ne se ressemblent jamais. Lorsqu’il s’agit enfin de présenter le travail de Bill Viola, le Grand Palais se fait humblement oublier pour fondre le visiteur-voyageur dans l’univers multidimensionnels de l’artiste vidéaste.

    A l’heure du numérique, et autres technologies dont on ne cesse de nous rabattre les oreilles et de nous brouiller la vue, Bill Viola remet les choses en perspective : les bonnes perspectives. La technologie reprend son rôle premier, elle est un « outil », et c’est heureux. L’Art occupe l’espace, il naît sous l’impulsion humaine. Et, c’est en effet du domaine de l’Humain dont il s’agit. Nos pas se font précieux, ce matin là dans les allées du Grand Palais, comme guidés par la lumière, un parcours initiatique…

    Selon Bill Viola : « Le paysage est le lien entre notre moi extérieur et notre moi intérieur ». Qu’il soit terrifiant ou époustouflant de beauté, l’horizon dans lequel nous plongeons notre regard nous renvoie toujours à nos propres émotions, comme un effet de miroirs… inévitable.
    Cette sensation d’appartenance à la nature est omniprésente, la vie humaine épouse les éléments dans un cycle  sans fin. A sa convenance, l’eau donne la vie et la reprend ; avec le feu, les deux éléments sont des alliés, et de puissants frères ennemis qui n’ont de cesse de rythmer la vie. Le temps s'égrene, des hommes et des femmes le traversent, imperturbables, un bateau chargé quitte la rive. D'autres, des sensations aquatiques ou brûlantes, créent des images et subliment des sons, l’atmosphère est transformée, le passage d’une œuvre à l’autre se fait dans une sorte d’apesanteur.

    Comme des insectes nocturnes, nous sommes attirés par le scintillement de la lumière, tour à tour réduits ou grandis par nos sens désormais totalement en éveil. Les enfants courent, l’obscurité ne les impressionne pas le moins du monde, ils s’assoient en tailleur sur la moquette sombre et assistent au spectacle de la vie proposé par Bill Viola avec toute la candeur dont ils sont capables. Chacun en prend pour son grade, il faut s’abandonner. Vraisemblablement, il y a autant de lectures à la proposition artistique de Bill Viola qu’il y a d’Hommes sur Terre.

    Comme après une longue méditation, un harassant bain de mer, une crise de larmes ou de fous rires, une marche sous la pluie, une colère, un sommeil profond ou une déclaration d’amour, il y a ce vide infini qui a dénoué nos muscles et libéré notre esprit, Bill Viola aurait pu être un Maître Zen... Puis, le silence fait place à quelques propos éblouis. Ce bel enthousiasme reste pourtant mesuré, chacun protège ses sentiments avec pudeur. Le voyage dans lequel Bill Viola nous a transporté a touché une part d’intime pour laquelle il est très difficile de témoigner. Seule, reste en commun, la vision du monde de Bill Viola, elle nous rappelle à quel point nous sommes ici de passage, le passage d’un état à un autre, très court...

    Laurence Caron-Spokojny

    Bill Viola à l'Opéra Bastille en avril 2014

    Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, EXPOSITIONS & MUSEES 0 commentaire Imprimer
  • Entre création et répertoire, Sa Majesté audacieuse...: la saison 2014-2015 de l'Opéra national de Paris, en scène !

    cequiestremarquable chagall.jpgL’Opéra national de Paris a démarré ce mois de mars sur les chapeaux de roues. Une nouvelle étoile, Amandine Albisson, a été nommée, ce mercredi 5 mars par Brigitte Lefèvre, à l’issue de la représentation du ballet Onéguine (chorégraphié  en 1965 par John Cranko). Ce même soir, le futur directeur de la danse, Benjamin Millepied, qui succède dès la saison prochaine à Brigitte Lefèvre, proposait, au Théâtre du Châtelet, sa toute récente création L.A. Dance Project 2. Puis, ce vendredi 7 mars, l’AROP (l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris) est venue -soutenue par l’équipe artistique de l’Opéra (Brigitte Lefèvre pour la danse, et, Christophe Ghristi pour le lyrique et les concerts)- présenter la saison à ses adhérents, autrement dit aux Amis de l’Opéra ; ce soir là, j’en faisais partie…

    aropcequiestremarquable.jpegL’AROP soutien l’Opéra national de Paris, en termes de mécénat, depuis plus de trente ans avec un réel investissement et une grande énergie. Cet engagement, sans cesse renouvelé, concerne aussi un programme pédagogique remarquable : Dix mois d’Ecole et d’Opéra. Selon le Président de l’AROP, Monsieur Jean-Louis Beffa : « Il est essentiel que l'Opéra ne s'adresse pas qu'à une élite. D'où les actions en direction des enfants défavorisés, à priori éloignés de cette offre culturelle. Élargir l'Opéra au grand public est une de nos actions prioritaires ». Et, cette action est devenue essentielle. Destiné à offrir aux élèves (des Académies de Paris, Versailles et Créteil) une égalité de chance dans des lieux où l’éducation a un rôle plus que salvateur, ce programme permet de donner accès à l’Art et à la culture sur de nouveaux  territoires. Par la pratique d’une discipline artistique, la rencontre, ou tout simplement par le simple fait d’assister à un spectacle, l’action engagée permet d'étendre l'horizon, et de libérer «la possibilité de» si nécessaire à la compréhension du monde. Pour l’heure, la volonté est d’inscrire cette action dans un contexte national par un partenariat avec les Opéras et Académies de Nancy et de Reims, un nouveau festival est attendu en 2015, à suivre…

    Pour sa dernière saison, Brigitte Lefèvre, après avoir mené la danse pendant 20 ans (un record historique) du plus exigent Ballet du monde, a présenté  son programme avec une belle émotion, tout en retenue, une passion, intacte, toujours très communicative : 
    Les trois coups du brigadier se feront entendre dès le 1er septembre 2014 à Garnier par l’invitation de la Compagnie de (la déesse) Pina Bausch le Tanztheater Wuppertal, plus tard en janvier 2015, une seconde Compagnie invitée s’installera à L’Opéra : Le Ballet de Suède. Deux pièces à la marque indélébile de (mon adoré) William Forsythe au répertoire du Ballet, et le si gracieux Etudes de Harlad Lander à Garnier seront suivis par la musique de Steve Reich adroitement mêlée aux pas dictés par Anna Teresa de Keersmaecker et son « Rain ». 

    lacroix, la source cequiestremarquable.jpgLe grand écart entre le contemporain et le classique sera, comme à son habitude, dès plus acrobatique, autant pour les danseurs que pour les agendas. La silhouette élégante de Rudolf Noureev ne cessera de hanter les cintres de l’Opéra (Bastille pour cette fois), lorsque les fêtes de fin d’année seront célébrées au rythme de son tendre et féerique Casse-Noisette - à cette occasion aura lieu la matinée Rêve d’Enfants. A noter aussi, pour faire venir le printemps, le mythique Lac des CygnesLa Source de Jean-Guillaume Bart, et le magistral décor d’Eric Ruf coloré par le faste des costumes de Christian Lacroix, se fondera à merveille entre les velours rouges de Garnier.

    Ecole-de-danse-de-l-opera-de-paris_stage-ete-2012.jpgPour leurs réalisations contemporaines, Garnier accueillera deux nouvelles créations celle de Pierre Rigal pour «Salut», entouré par le talent de Nicolas Paul et une pièce d’Edouard Lock. Puis, Maître John Neumeier signera, dès février 2015, Le chant de la terre, l’œuvre promet d’être profonde et évocatrice, l’inspiration du chorégraphe éveillée par la musique de Gustave Malher offrira au chant une place intéressante. Toujours dans l’excellence, Elisabeth Platel présentera Les Démonstrations de l’Ecole de Danse en avril.

    LesEnfantsDuParadisProgramme.jpgL’Histoire de Manon et les adieux d’Aurélie Dupont chargeront d’émotions l’atmosphère de Garnier. Suivront le poétique 'Paris disparu' des Enfants du Paradis de José Martinez, et, la reprise de L’Anatomie de la sensation de Wayne McGregor, ce dernier ballet clôturera la saison avec l’Ensemble Intercontemporain.

    Après ces nombreux pas, voici quelques justes notes... Philippe Jordan domptera, de septembre à juillet, pas moins de neuf Symphonies de Beethoven. Alors que l’Amphithéâtre proposera des Rencontres plus intimistes avec le Ballet, et les Convergences ingénieuses de Christophe Ghristi. Le Festival d’Automne consacrera un cycle aux œuvres de Luigi Nono, et Rameau prendra possession de Garnier en s’y exposant pour l’hiver. Sous la direction de Christian Schirm, l’Atelier Lyrique lancera de nouvelles productions et une création : Maudits les innocents, en décembre.

    La Traviata mise en scène par Benoît Jaquot et la voix formidable de Dimitri Hvorostovsky, puis une nouvelle production du Barbier de Séville, et, l’ardente Tosca de Béatrice Uria-Monzon dans une toute nouvelle production, s’installeront à Bastille.

    Ce sera ensuite la découverte de l’Enlèvement au Sérail de Zabou Breitman, les accents fervents de Puccini selon la mise en scène de Jonathan Miller pour La Bohème, le légendaire Don Giovanni de Michael Haneke, le retour de Karita Mattila dans Ariane à Naxos, et l’absolue pureté Wilsonienne de Pelléas et Mélisande. Michel Plasson voyagera entre Bastille à Garnier, en mars et en avril, pour la direction musicale de Faust et Le Cid. Robert Carsen fera entrer une lumière incomparable sur la scène de Bastille avec Rusalka de Dvorak et La Flûte enchantée, en avril et jusqu’en juin.

    alceste-cOpéra-national-de-Paris-Agathe-Poupeney-728x485-620x413.jpgIl est à remarquer, une œuvre lyrique inattendue, Le Roi Althus de Chausson, qui précédera l’Alceste d’Olivier Py dans les décors éphémères de Pierre-André Weitz. Enfin, la somptueuse Angela Gheorgiu fermera la grande maison pour l’été dans le rôle de Adriana Lecouvreur de Cilèa.

    Il est aisé de constater que cette énumération n’est pas exhaustive, la composition de la saison de l’Opéra national de Paris est encore bien plus riche et bien plus haute en couleurs. Ainsi, 2014/2015 est la promesse d'une saison brillante pour accueillir l’arrivée de Stéphane Lissner et Benjamin Millepied, ce nouveau duo artistique fera ses premiers pas sur une terre déjà fertile.

    Aujourd’hui, il est à souhaiter que le souffle de contemporanéité absolue - qui a été projeté par la fine intelligence de Gérard Mortier (1), sur la scène de l’Opéra Bastille, pour Tristan et Isolde (2) de Wagner dans une mise en scène de Peter Sellars et argumenté par l’art maîtrisé de Bill Viola - soit un exemple pour tous et n’ait de cesse de créer des passerelles entre les arts.

    Laurence Caron-Spokojny

    1. Gérad Mortier est décédé le 9 mars 2014, il fut Directeur de l’Opéra national de Paris entre 2004 et 2009

    2. Cette œuvre sera reprise en avril 2014 et sera dédiée à Gérard Mortier.


    Entretien avec Philippe Jordan : Tristan und... par operadeparis
     

    Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, EXPOSITIONS & MUSEES, SCENES 0 commentaire Imprimer
  • Mary Prince à la Manufacture des Abbesses, jusqu'au 22 mars

    909123802.jpgMary Prince se tient là, droite et fière, sur la scène de la Manufacture des Abesses, elle raconte son histoire.

    En 1831, le récit de Mary Prince fut le premier témoignage écrit avant l’abolition de l’esclavage qui fut prononcée le 27 avril 1848 par ces mots : «Le sol de France affranchit l'esclave qui le touche». Puis, très tardivement, en mai 2001, l’esclavage est reconnu comme crime contre l’humanité par une loi initiée par Christiane Taubira.

    Lire l'article

    Lien permanent Catégories : SCENES 0 commentaire Imprimer
  • ...il reste quelques jours pour aller voir l'exposition Jean Marais à Eléphant Paname

    jean marais,elephant panameL’exposition "Jean Marais" proposée entre les murs d’Eléphant Paname s’intitule «L’histoire d’une vie». La vie telle qu’elle est racontée, celle qui est vécue avec toute son universalité : son injustice, ses coups de grisou et ses coups de chance. Et, c’est le cas pour Jean-Alfred Villain-Marais ; l’homme, loin d’être destiné au départ à une vie aussi artistiquement riche, laisse entrevoir par ses traces et objets intimes (lettres bouleversantes, mots touchants, passions griffonnées, déclarations hâtives, œuvres picturales inachevées ou accomplies, modelages patients, photos intimes et célèbres…) à quel point il était fait pour déchaîner les passions et faire vibrer les émotions, les attirer, les remuer et aussi les transformer. Jean Cocteau ne s’y est pas trompé... Lire l'article

     

     

    Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, EXPOSITIONS & MUSEES 0 commentaire Imprimer
  • Médée, poème enragé, selon Jean-René Lemoine, à la MC93 de Bobigny : the ultimate experience

    Christophe Ouvrard,médée poème enragé,Romain Kronenberg,Jean-René Lemoine
,Damien Manivel,François Menou-Dominique Bruguière
,Bouchra Jarrar
,mc93 bobigny,Zelda Soussan,Médée aime, tue et fuit… puis Médée aime, tue et fuit, encore et toujours.

    La magicienne ne conçoit aucune limite à son amour lorsqu’elle l’offre, et aucune limite si cet amour lui est repris. Eternelle amoureuse, esclave sentimentale ou manipulatrice vengeresse, Médée déifie les passions, elle donne la vie comme un cadeau ou la reprend comme une punition, suit les battements de son cœur et répond à ses affres passionnelles avec une logique et une froideur implacable.

    Pour l’avoir écrit et composé, et pour lui donner souffle, Jean-René Lemoine impose un être hybride, homme, femme, démon, ange, dieu, déesse. Jamais violente, ni hystérique, l'autorité du comédien est toute en nuances, envoûtante…
    Il absorbe mon oxygène, il m’oblige à me plier à son propos par une écoute attentive, vouée. Aucune sortie possible, la magicienne fait son œuvre, nous sommes emmenés au delà des mers, le soleil est à son zénith et seule la poussière soulevée par le passage d’un char ou le galop d’un cheval vient troubler ce bleu méditerranéen.  Parfois, je tente de jeter un œil de côté pour échapper au magnétisme, juste une seconde pour respirer, je cherche à restaurer une sorte d’équilibre entre les émotions qui me submergent et l’immobilisme de mon corps, mais la lutte s’avère vaine, aussitôt rattrapée, terrassée, je me laisse à nouveau envelopper par la toute-puissante histoire.

    La présence souveraine et délicate de Jean-René Lemoine laisse échapper quelques chaudes mélopées, cette création musicale de Romain Kronenberg est salvatrice. En l’espace d’une heure trente, à la fois terrien puis aérien, Jean-René Lemoine quitte les Hommes pour rejoindre les dieux de la mythologie grecque. Parmi eux, l’auteur et comédien incarne éperdument mais toujours dans la juste mesure, une performance profonde totalement hors du commun. Impossible de m’en sortir indemne –applaudissements– je suis meurtrie par cette Humanité qui se bat contre elle-même, mais forte et riche de cet art parfait et abouti. Ce dimanche après-midi, je retrouve un soleil de plomb, je respire, Médée ne me quittera plus.

    « Médée, poème enragé » est un rendez-vous entre notre Humanité et la monstruosité qu’elle nourrit, celle-ci est racontée dans toute son universalité sur un ton qui n’appartient à aucun espace temps ou bien à tous. Jean-René Lemoine offre une performance qui dépasse le concept du « spectacle », il s’agit d’une expérience bouleversante qui donne à voir l’invisible.

     

    A Bobigny, au début des années 90, j’ai découvert Sellars, Wilson, Découflé... - chocs - lumières - il semble que la Maison de la Culture de la Seine Saint-Denis poursuive toujours, avec zèle, l’action culturelle initiée par Malraux dans les années 60. Il est impératif de réserver vos places pour ce spectacle et d’éveiller votre curiosité pour la suite de la programmation en 2014.

    Laurence Caron-Spokojny

    Texte et mise en scène Jean-René Lemoine
 - Création musicale et sonore Romain Kronenberg avec Jean-René Lemoine et Romain Kronenberg Collaboration artistique Damien Manivel
 - Dispositif scénique Christophe Ouvrard
 - Costume Bouchra Jarrar
 - Lumières Dominique Bruguière
 Assistanat lumières François Menou - 
Assistanat à la mise en scène Zelda Soussan

    Médée poème enragé, ce texte est publié aux Solitaires intempestifs

    Lire la suite

    Lien permanent Catégories : SCENES 0 commentaire Imprimer
  • Gauthier Fourcade, dernière le 16 mars : dépêchez-vous !

    Gauthier Fourcade,comédie bastilleGauthier Fourcade à l’allure d’un Géo Trouvetou, le funambule s’élance sur la piste et tient l'équilibre pendant plus d'une heure et demie ; en dadaïste  averti, il jongle avec les mots, déroule sur la scène de la Comédie Bastille de fumeuses théories, et, entrelace jargon éclairé et complots linguistiques…

    Dans une mise en scène de François Bourcier, et, soutenu par la plume de Marc Gelas, "Le secret du Temps Plié" est un voyage aux confins de l'univers...
    drôle, sensible et savant ! 

    Lire l'article

    Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer
  • Génial ! L’« Etat de siège » d’Albert Camus au Théâtre de Poche-Montparnasse

    albert camus,état de siège,simon-pierre boireau,claire boyé,victoria,benjamin broux,céline espérin,adrien jolivet,antoine seguin,juliette prillard,théâtre marigny,jacques puisais,vincent léger,charlotte rondelez,poche-montparnasseAu lendemain de la Seconde Guerre Mondiale en 1948, Albert Camus propose un nouvel écrit L'Etat de siège dont le caractère, universel et intemporel, raisonne encore. Il s’agit du déroulé schématique et froid qui précède, établi, entretient et finalement laisse s’écrouler -pour mieux renaître ailleurs- les rouages de la dictature. En référence à Pétain ou Franco, Camus dénonce le fléau du nazisme (entre autres) et l’installe dans une logique implacable.

    Nous entrons dans un monde où «rien ne bouge», «tout va bien» en apparence, jusqu’au jour où La Peur vient bouleverser ce trompe-l’oeil moral et sociétal. La confusion est un terrain propice pour y faire naître ses valeurs : l’asservissement, l’obscurantisme et surtout la manipulation de l’opinion et des esprits mènent enfin à la résignation ; tout puissant Le Mal règne. 

    albert camus,état de siège,simon-pierre boireau,claire boyé,victoria,benjamin broux,céline espérin,adrien jolivet,antoine seguin,juliette prillard,théâtre marigny,jacques puisais,vincent léger,charlotte rondelez,poche-montparnasse

    L’Etat de siège fut créé en 1948 au Théâtre Marigny selon une mise en scène de Jean-Louis Barrault, sur une musique d’Arthur Honegger, des décors et costumes de Balthus, et, avec une distribution toute aussi ahurissante : Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Maria Casarès, Jean Desailly, Simone Valère, Pierre Brasseur, Pierre Bertin ... 

    albert camus,état de siège,simon-pierre boireau,claire boyé,victoria,benjamin broux,céline espérin,adrien jolivet,antoine seguin,juliette prillard,théâtre marigny,jacques puisais,vincent léger,charlotte rondelez,poche-montparnasse

     

     

     

     

    Au Théâtre Marigny, la pièce s’était installée pour trois heures, vingt-cinq comédiens dans des décors magistraux ; sur la scène du Poche-Montparnasse, six comédiens tiennent Etat de siège en moins d’une heure trente dans des décors de «poche».

    Il m’est hélas impossible de comparer les deux versions, celle de 1948 et celle d'aujourd'hui, mais il est aisé de constater que les procédés artistiques mis en place pour cette adaptation, avec les décors de Vincent Léger, les marionnettes de Juliette Prillard et la lumière de Jacques Puisais, s’accordent aux mouvements sénographiques et aux choix musicaux avec une rare efficacité. A tambours battants, les comédiens se jettent sur scène avec passion. L’esprit de troupe rafraîchissant gomme quelques inégalités de jeu, notamment lorsque le jeune Adrien Jolivet lance quelques tirades dos au public (?), mais Antoine Seguin (dans les pas de Pierre Brasseur) mène avec force la joyeuse équipe, et, les comédiens et comédiennes servent brillamment le texte en se partageant énergiquement et adroitement les rôles.

    Le sujet est grave, impitoyablement contemporain, et pourtant le génie infini de Camus le fait user de toutes les techniques théâtrales possibles, de la farce au mélodrame, rien ne lui échappe. C’est ainsi que le Théâtre retrouve sa fonction première, souvent oubliée dans nos salles : « la distraction », le divertissement, et cela la metteur en scène Charlotte Rondelez l’a très bien compris pour cette version au Poche-Montparnasse. Cette adaptation est bourrée d’inventions, tout en perspective, le décor proposé est ingénieux et offre un territoire d’expression transformable. Le ton, radicalement burlesque et savoureusement déjanté, permet de ratisser un large registre d’émotions. La bienveillance et la cruauté se côtoient au plus près de notre Humanité ; avec cette pièce, Albert Camus nous rappelle, à nouveau, et, à quel point, il demeure le plus grand des auteurs.

    Etat de siège est un divertissement intelligent et un instant délicieux à partager. Je préconise de s’inspirer de son propos, tant il respire la créativité, afin de nous rappeler, si justement, qu'il ne faut jamais abandonner la lutte ! Résistez.

    Laurence Caron-Spokojny

    Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, SCENES 0 commentaire Imprimer
  • Le feu sacré de Gersende Perrin !

    jean-luc tardieu,gersende perrin,francis perrin,théâtre la bruyère,comme un arbre penché,simon lelouchSur la scène du ravissant Théâtre la Bruyère, un homme veille au chevet de son meilleur ami, atteint d’une paralysie totale, ce dernier ne s’exprime plus qu’en clignant des yeux. Au bilan d’une vie, ou plutôt de deux vies, remords, confidences, amitié et jalousie s’expriment et se confrontent…

    jean-luc tardieu,gersende perrin,francis perrin,théâtre la bruyère,comme un arbre penché,simon lelouchL'auteur de « Comme un arbre penché », Lilian Lloyd, a emprunté son pseudonyme à Harold Lloyd, acteur burlesque américain, star du cinéma muet des années 20. Loin de la cascade de son illustre mentor (accroché aux aiguilles d’une pendule), c’est par l’écriture que Lilian Lloyd fait entendre sa voix aussi bien au cinéma, en multipliant sa participation à la production de courts métrages (récemment pour le beau court métrage de Simon Lelouch Nous sommes tous des êtres penchés), et, au théâtre depuis plus de dix ans (à l’affiche : Des accordés au Théâtre Le Bout, éditions Eclats d’encre). 

    jean-luc tardieu,gersende perrin,francis perrin,théâtre la bruyère,comme un arbre penché,simon lelouch,laurence caron-spokojny

     Sur scène, Francis Perrin alterne facéties et compositions variées, le comédien  fait quelques pas sensibles du côté du tragique dans lequel on souhaiterait le voir s’engager un peu plus… 

    A ses côtés, sa très remarquable femme Gersende Perrin interprète, par sa présence délicate, le rôle de « l’aide soignante ». Flamboyante à l’égale de sa chevelure rousse, et totalement imprégnée d’empathie, de pudeur et de courage, Gersende Perrin a un doux sourire et un regard profond, elle s’approprie si bien son rôle que ses apparitions, écrites toutes en ponctuations, finissent par occuper tout l’espace. Gersende Perrin est une comédienne magnifique.

    Pour harmoniser habilement cet ensemble, Jean-Luc Tardieu ne s’est à nouveau pas trompé. Sa mise en scène, fluide, dorlote les acteurs, mesure leurs déplacements avec énergie et naturel tout en épousant les nuances du texte. Avec Les vaisseaux du Cœur  actuellement à l’affiche du Petit Théâtre Montparnasse, le metteur en scène montre à quel point il sait donner du relief à  la profondeur des sentiments.

    La pièce de Lilian Lloyd, née sous l’impulsion de Michel Leeb, évoque un sujet douloureux qui pourrait être traité de la façon la plus triste qui soit : ce n’est absolument pas le cas. La plume de Lilian Lloyd triture le tragique avec des accents poétiques et quelques échappées drolatiques, ajoutés à cela une retenue modeste et ce ‘je ne sais quoi’ de surréaliste qui fait tant de bien à notre époque et à nos esprits…
    Comme un arbre penché va puiser aux confins de notre humanité pour en rapporter ce qu’il y a de meilleur. Une petite séance de «bons sentiments» est à recommander par les temps qui courent.

    Laurence Caron-Spokojny

    Lien permanent Catégories : SCENES 0 commentaire Imprimer
  • Le Grand Livre d'Annie Leibovitz édité par Taschen : un ouvrage de la plus grande portraitiste contemporaine, un livre format SUMO à 2000 €

    Annie Leibovitz,Quincy Jones,taschen,... Des clichés célèbres comme John Lennon et Yoko Ono enlacés dans une dernière étreinte côtoient des portraits rarement publiés, parfois même inédits. Ses photos sont à la fois intimes et iconiques. Souvent imitée mais jamais égalée, Leibovitz multiplie les genres dans un style qui n’appartient qu’à elle. Célèbre pour ses portraits de groupe, elle les présente pour la première fois dans un format qui permet de les apprécier à leur juste valeur, la confirmant comme le maître incontesté du genre.

    (Annie Leibovitz et Quincy Jones)
       

    Le recueil de Leibovitz s’ouvre sur l’image en noir et blanc de l’hélicoptère de Richard Nixon décollant de la Maison Blanche après sa démission en 1974, suivie du portrait officiel de la Reine Élisabeth II dans un salon du Palais de Buckingham en 2007. Au fil des pages, les portraits d’acteurs, danseurs, comédiens, musiciens, artistes, écrivains, journalistes, athlètes et hommes d’affaires dessinent l’album de famille de notre temps où performance et pouvoir résonnent en écho comme les thèmes récurrents. Un livre complémentaire contient un essai écrit par Annie LeibovitzGraydon CarterPaul Roth et Hans Ulrich Obrist, ainsi que des notes explicatives sur chacune des 250 photos.

    Lien permanent Catégories : LETTRES, ONDES & IMAGES 0 commentaire Imprimer
  • Je suis totalement fan de Stéphane de Groodt ! Chroniqueur sur Canal+ et auteur de "Voyage en Absurdie", Stéphane de Groodt est aussi sur les rails de la RATP...

    Stéphane de Groodt,ratp,laurence caron-spokojny,concours d'écriture,poésieLa RATP invite une nouvelle fois les amoureux de la langue française à soumettre leurs poèmes du 17 mars au 13 avril 2014 sur le site www.ratp.fr/grandprixpoesie

    Depuis près de vingt ans, la poésie est un terrain d’expression privilégié pour la RATP, qui propose régulièrement à ses voyageurs des moments d'évasion, de détente et de culture, à travers de nombreuses animations. Cette année, c’est sous la houlette d’un nouveau Président du jury, virtuose facétieux de la langue française – Stéphane de Groodt, journaliste, écrivain et célèbre chroniqueur – que la RATP donne rendez-vous aux amateurs de poésie.

    Héritier de l’humour décalé de Raymond Devos et Pierre Desproges, ce virtuose des jeux de mots, adepte de poésie et de calembours, officie chaque dimanche sur Canal+ aux côtés de Maïtena Biraben dans Le Supplément, avec sa chronique « Retour vers le futur ». Des chroniques dont il propose un florilège dans son best seller « Voyage en Absurdie », paru aux éditions Plon fin 2013.

    "Aimer" la page facebook de Ce qui est remarquable

    Lien permanent Catégories : LETTRES, ONDES & IMAGES 0 commentaire Imprimer