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SCENES - Page 10

  • Seul PEF le cascadeur, avec son sens inné et sa maîtrise parfaite de l’équilibre, pouvait relever le défit de monter SPAMALOT à Paris !

    spamalot,pef,éric idle,andy cocq,philippe vieux,arnaud ducret,gaëlle pinheiro,monty python,comédie musicale,bobinoLorsque l’humour british rencontre l’humour français, le mariage n’est pas forcément évident. C’est pourtant le pari gagné par Pierre-François Martin-Laval, dit PEF.
    Inspiré par le film des Monty Python « Sacré Graal ! » (1975), puis créé sur scène à Londres en 2005, l’arrivée de « Spamalot » à Paris était très risquée ; ces dernières années les comédies musicales servies sur les planches parisiennes n’ont pas su être à la hauteur de leurs aînées londoniennes ou newyorkaises… Pourtant, après le succès en 2010 au Théâtre Comédia, la production de Spamalot continue à prouver le contraire à Bobino.

    C’est avec une grande adresse que les dialogues ont été traduits et adaptés au goût du jour et aussi à un certain « goût français ». Ce raffinement ne passe pas inaperçu et est renforcé par l’interprétation d’une troupe de comédiens  sensationnels. Voici déjà deux ingrédients qui entrent dans la composition du spectacle « Spamalot ».
    Ce n’est en effet pas sur la scène du Palais des Sports ou des Congrés que se trouve la création artistique, celle qui est sensée répondre aux exigences de l’art de la comédie musicale. En la matière, de  prestigieuses productions, pour la plupart étrangères, s’établissent sur la scène du Théâtre du Châtelet (West Side Story, My Fair Lady, ..) et font oublier quelques temps la maladresse du genre servi par nos artistes français.
     
    Ici, les talents sont souvent cachés, dans de petites salles, confidentielles, trop peu servies par les médias, parfois dénigrées, pour ainsi dire snobées. Sur les écrans, quelques capsules appelées « programmes courts » révèlent certains talents, mais les places sont rares. Pierre-François Martin-Laval est de cette veine de saltimbanques, il connaît les rouages de la machine théâtrale et les dédales qui permettent de sortir du labyrinthe. Depuis la troupe des Robins des bois, initialementThe Royal Imperial Green Rabbit Company, qui se produisit pour la première fois en 1996 au Théâtre des Sablons à Fontainebleau, sous la baguette d’Isabelle Nanty, il est reconnu et révélé par Dominique Farrugia qui le projette chaque soir en direct sur la chaîne COMEDIE! (La Grosse Emission). Depuis, PEF exerce ses talents de cascadeur en faisant le grand écart entre le théâtre et le cinéma, et la figure de style est une réussite ;  son récent (et énorme) succès de réalisateur sur le film « Les Profs » l’impose définitivement. L’art de faire rire dans un univers où l’absurde se distingue, sur un ton potache, jamais vulgaire, mêlé à un brin de naïveté apparente, une certaine poésie en somme… surréaliste. La trépidante production de « Spamalot » est le reflet de ce juste équilibre, l’esprit de troupe y est omniprésent, les talents se mêlent adroitement sans se confronter, les tableaux s’enchaînent sur un rythme soutenu, le ton est drôle, infiniment drôle, radicalement irrévérencieux. La légende arthurienne est aussi un prétexte pour parodier les productions de Broadway ou plus précisément celles qui se frottent aux portes de Paris.

    Metteur en scène et comédien, PEF campe un roi Arthur, innocent, effacé, avec ce petit air de « excusez moi d’être là » qui lui va si bien, bien loin du parti pris shakespearien du rôle initial. Dans un décor délicieusement kitchissime, une seule petite ombre au tableau : les ensembles chorégraphiques manquent d’élan ; mais l’essentiel du triomphe de la rue de la Gaité est cette troupe de comédiens, ils sont tous formidables, particulièrement Gaëlle Pinheiro en extravagante diva balayant tout les octaves, Andy Cocq subtil et bouleversant, Philippe Vieux et Arnaud Ducret qui rivalisent d’inventivité dans leur jeu…

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    Pef et Eric Idle © Héléne PAMBRUN

    Il y a quelques jours, un peu nostalgique, j’affirmais sur les réseaux sociaux qu’ « une vie était vraiment petite si on n’avait pas éprouvé le plaisir de danser dans West Side Story aux côtés de George Chakiris », et bien ce n’est pas le cas pour PEF. Evidemment, il n’est pas question pour PEF de danser avec George Chakiris, mais se doute t’il qu’il a atteint son Graal ? Pierre-François Martin-Laval ne serait-il pas aujourd’hui le digne et légitime ambassadeur des Monty Python en France...

    Laurence Caron-Spokojny

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  • L'invitation au voyage de Rémi Larrousse : "ALTER EGO" au Théâtre le Funambule, jusqu'au 26 janvier 2014, samedi et dimanche à 18h

    Le Théâtre est une histoire d’amour qui ne cesse de se renouveler, entre les artistes et le public et bien en amont entre des théâtres et des artistes. Il faut beaucoup d’amour, de fougue, d’espoir et de passion, pour ouvrir la scène d’un théâtre à des artistes, surtout depuis que l’ère des mécènes de l’Antiquité n’est plus, un certain goût du risque en somme !

    De l’amour donc et qui dure depuis 23 ans pour le Théâtre Le Funambule, la petite salle Montmartroise assume une programmation «coups de cœur» où  «… le théâtre contemporain, où le divertissement côtoie les pièces littéraires, où la fantaisie peut se marier au drame, où la parole ne fait pas obstacle au visuel ». Et cette fois-ci, le cœur de la scène du Funambule s’est ouvert à Rémi Larrousse. Le jeune artiste a déjà éprouvé son art (« Le script ») plus de 150 fois entre Paris (Théâtre Trévise) et Avignon.

    image.pngLorsqu’un comédien découvre une marionnette ancienne lui ressemblant étrangement, il comprend que cet objet lui était destiné. Il va alors explorer avec les spectateurs les étonnants pouvoirs qu'elle donne à celui qui la manipule : virtuosité soudaine, prédictions de l'avenir, lecture de pensée, calculs prodigieux. Mais à qui appartenait-elle ? Quel est le secret qu'elle cache lorsque son cœur se met à battre ? Nous embarquons dans ce voyage qui nous fera voir le monde de manière un peu moins rationnelle.

    A la fois prestidigitateur, conteur et mentaliste, Rémi Larrousse est un équilibriste, inspiré par le théâtre forain, il abolit définitivement les codes qui conditionnent trop souvent les disciplines artistiques.
    Entouré par Benjamin Boudou (mise en scène et co-écriture) et Sarah Bazennerye (décors), ce saltimbanque savant met en scène un mode inventif de jeu avec le public et additionne les évènements merveilleux sur un ton très proche de la commedia dell’arte.

    Habile magicien, mais pas seulement, Rémi Larrousse emmène son public dans un voyage sentimental et poétique, un voyage que l’on souhaiterait sans fin. On peut alors observer, lorsque le spectacle prend fin, enfants et adultes s’avançant d’un pas aérien vers la sortie, silencieux, ils flottent, peut-être ont-ils appris à voler...
    Merci de tout coeur Rémi Larrousse, je vous souhaite un très long voyage.
     

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Hot House au Théâtre du Lucernaire est une maison bourrée de talents !

    Il fait froid, c'est l'hiver. Roote, Gibbs, Cutts, Lush, Lamb et Tubb sont les cadres d'une institution vouée au repos et au bien être de leurs patients. 
    Mais aujourd'hui, le jour de Noël, la neige s'est changée en boue... Le matricule 6457 est mort, et le 6459 vient d'accoucher d'un fils... Ça n'était jamais arrivé. L'institution est en danger.

    Fanny Decoust,Benjamin Bernard,Grégory Corre,valéry forestier,erwan laurent,lucernaire,hot house,laurence caron-spokojnyLes comédiens, Fanny Decoust, Benjamin Bernard et Grégory Corre, retenez bien ces trois noms là, forment le collectif AA ; ajoutez Valéry Forestier, le metteur en scène, et, la musique d’Erwan Laurent : voici un décapant HOT HOUSE au toujours très novateur Théâtre du Lucernaire.

    HOT HOUSE a été créée le 24 avril 1980 au Hampstead Theatre de Londres dans une mise en scène de son auteur Harold Pinter, puis en France au Théâtre de l'Atelier en 1986 dans une mise en scène de Robert Dhéry. 
    Enfant légitime du Théâtre de l’absurde ou du Théâtre de la Catastrophe (mouvements 1950-1970), HOT HOUSE met en exergue la dérive des relations humaines dans un espace clôt (une maison de repos), radicalement déraisonnable, une forme de schizophrénie s’empare du personnel administratif du lieu, une folie malsaine…

    fanny decoust,benjamin bernard,grégory corre,valéry forestier,erwan laurent,lucernaire,hot house,laurence caron-spokojnyPourtant, devant la gravité d’un tel propos, cherchant à dénoncer sans relâche l’incohérence du monde, si important pour son auteur - Harold Pinter fut un ardent défenseur des droits de l’Homme - les artistes du collectif AA déroulent l’ensemble avec une légèreté formidable. La frontière physique qui sépare la scène et le public est effacée, les comédiens s’adressent au public, en vrai. Le ton est donné, il sera hystérique du début à la fin, dingue. L’absurdité régnante et la sophistication extrême de la plume d’Harold Pinter ne constituent pas un obstacle, le décor se monte et se démonte, il glisse, les comédiens aussi, rythme, élégance, fluidité, presque un ballet, et le tout tenu par une tension qui ne flanche pas, la performance des acteurs est époustouflante. Hier soir, c’était la première représentation, quelques nuances ont manqué (on devient très exigent devant la qualité) : infimes articulations. Mais l’ensemble est admirable, moderne, voici enfin de jeunes artistes qui vont puiser dans ce qu’il y a de mieux dans notre histoire théâtrale, Peter Sellars et Bob Wilson ne peuvent les renier, sous l'oeil bienveillant de Samuel Beckett...

    Précipitez vous sans attendre une seconde, réservez vos places, il s’agit sans nul doute d’une des meilleures pièces  de cette saison !

    Le théâtre du Lucernaire demeure ainsi une source de talents intarissable. A explorer encore et encore…

    Laurence Caron-Spokojny

     

    HOT HOUSE de PINTER du 13 novembre au 11 janvier 2014, du mardi au samedi à 21H00. 

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  • "Mon beau-père est une princesse" : ça c'est un bon titre de pièce !

    laurence caron-spokojny,didier bénureau,michel aumont,claire nadeau,théâtre du palais royalLe sujet de la pièce choisit par Didier Bénureau traite (en partie) de l’homosexualité, la tâche pourrait s’avérer scabreuse, ce n’est pas le cas.

    Il y a dans cette écriture une attention délicate pour le genre humain, une empathie spontanée, et aussi une forme de sagesse qui révèle un auteur toujours aussi sensible. En fait, il ne s’agit pas d’homosexualité mais plutôt d’amour, et cet amour là n’a pas de sexe, ni de forme bien précise, il est universel. Petite leçon d'humanité légère et divertissante...

    Sur un rythme endiablé à la façon d’une pièce de boulevard, l’inattendu Michel Aumont campe le beau-père ou plutôt la princesse, enfin c’est à vous de voir, avec une adresse toujours aussi époustouflante. Il y a quelques mois dans le rôle de Richard Strauss à la Madeleine, voici Michel Aumont en retraité, bougon, au comportement bientôt totalement corrompu par l’extravagant Didier Bénureau. Claire Nadeau, compagne de Michel Aumont dans la pièce, nous reçoit chez elle, définitivement cette femme glisse sur les planches avec une connaissance irréprochable du territoire. Quant à Gaëlle Lebert, le rôle est ingrat, imprécis, peut-être bâclé, la comédienne passe les plats…

    Le propos, sous une allure comique, est profond, perspicace et souvent poétique lorsque les deux acteurs, Michel Aumont et Didier Bénureau, se confrontent, leurs échanges construits sont admirablement bien envoyés vers un public conquis. Le couple est fantastique, avec élégance Didier Bénureau laisse tout l’espace nécessaire afin que son prestigieux partenaire s’exprime, il lui offre des répliques efficaces, le dia(b)logue est remarquable, on souhaiterait qu’il se poursuive encore, drôle et raffiné. Pourtant, il n’en est pas de même pour l’ensemble où le parti pris scénique laisse  une impression de flottement : le propos s’épuise et puis la fin se disperse, c’est si dommage…  

    Le talent de Didier Bénureau, son style, son écriture, et son univers sarcastique s’expriment tout entier, son sens aigu de l’observation et sa tendresse particulière pour le genre humain touchent et remuent. L’ensemble n’est pas parfait mais finalement ce n’est pas très grave. « Mon beau père est une princesse » est une pièce qui rayonne de bonnes intentions et qui a le mérite d’aborder avec grâce un sujet qui a été si malmené ces derniers mois dans nos rues.
    Par les temps qui courent "Mon beau-père est une princesse" fait énormément de bien : réservez vos places au Théâtre du Palais Royal et amusez-vous ! 

    Laurence Caron-Spokojny

    Pour gagner des places pour assister à "Mon beau-père est une princesse", c'est par ICI.

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  • Hommage à Jean Cocteau par Le Centre des Monuments Nationaux

    Dans son appartement de la rue de Montpensier, Jean Cocteau perçoit les 3 coups du brigadier qui annoncent le lever de rideau sur la scène du Théâtre du Palais Royal, aussitôt il déclare « Mes enfants, taisez-vous, la vie commence ».

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    Naturellement cette voisine a de la mémoire, c’est donc la scène du Palais Royal qui a invité, hier soir, Didier Sandre et le pianiste François Chaplin, afin de rendre hommage à Jean Cocteau, une initiative remarquable du Centre des Monuments Nationaux  (#MOTSNUS). 

    Par l’interprétation distinguée de Didier Sandre, et, par la virtuosité délicate de François Chaplin, Jean Cocteau occupe très vite l’espace par ses mots, puis par son être tout entier, au point d’effacer un temps ses talentueux serviteurs.
    De Maisons-Laffitte aux Arcades du Palais Royal, la visite des lieux traversés par Cocteau ne s’arrête pas là ; du rire aux larmes, de la comédie au tragique, autant démonstratif qu’introspectif, Cocteau artiste, homme livré en pâture aux critiques ou adulé, Cocteau pirouette et réapparaît flamboyant ! La verve, le bon mot, et toujours cet humour raffiné pour rythmer sa prose, sont ses parades intimes et ultimes pour adoucir les angles de cette auto-analyse, l’enfance, cet amour magnifique qui l’unit à sa mère, la scène qui le torture et qu’il aime, la  poésie qui l’enveloppe et le conduit, ou bien encore, son besoin d’amitié si indispensable à son équilibre. Les textes choisis illustrent l’intense activité littéraire de Jean Cocteau mais aussi le sens, parfois absurde, un rien provocateur, mais toujours juste de ses écrits, reflets infaillibles de la personnalité de l'artiste.

    La soirée est belle, bercée par Poulenc, charmée par Ravel ou dansée par Chopin sous le doigté caressant de François Chaplin, Jean Cocteau incarné magistralement par Didier Sandre vient saluer son public ; la séparation sera de courte durée, Jean Cocteau a bien d'autres rendez-vous dans les théâtres parisiens. A jamais présent.

    Laurence Caron-Spokojny

    Hommage à Jean Cocteau, lundi 14 octobre, 19h Théâtre du Palais Royal

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  • L'élégance d'Henrik Ibsen au Théâtre Montparnasse, La Dame de la mer

    Quel bonheur de retrouver Jacques Weber sur scène ! Monstre sacré, prodigieux, monumental,… une somme d’adjectifs à consommer sans modération. L’homme est fatigué mais le comédien est plus que jamais au sommet de son art. Très simplement donc, Jacques Weber incarne le rôle du Docteur Wangel, mari amoureux et torturé, auprès d’Anne Brochet qui se fond dans le rôle fantasque de La Dame de la mer, sur la scène du Théâtre Montparnasse.

    théâtre montparnasse,la dame de lamer,laurence caron-spokojnyCette tragédie idéaliste d’Henrik Ibsen date de 1888, à cette époque les femmes commencent sérieusement à ruer dans les brancards, il est question de droits et de responsabilités...
    Très préoccupé par cette injustice, l’auteur norvégien aborde ce sujet avec délicatesse tout en se frottant aux frontières de l’âme et de l’inconscient. Le dilemme amoureux noué et dénoué par le texte n’est finalement qu’un prétexte, il séduit le public et interpelle sur la condition féminine en cette fin du XIXème siècle.

    Ellida (La Dame de la mer) a épousé le Docteur Wangel, il est veuf avec deux filles ; malgré son amour pour son mari, Ellida remet en cause son couple, dangereusement, elle fait apparaître un amant qui appartient au passé, un démon tentateur, un marin sorti de l’ombre, presque un alibi à son questionnement. Ellida s’interroge aussi sur ses sentiments pour ces belles-filles, comment les aimer, comment codifier ce qui n'est pas établi ? Et puis cette mer qui l’attire sans cesse, l’enveloppe, cherche à la noyer, une déferlante angoissante.
    Anne Brochet glisse peu à peu vers l’inconnu, inquiétante, une folie. Jacques Weber, ou plutôt le docteur Wangel, est attentif, profond, plongé lui aussi en plein désarroi, il tente à grandes brassées d’amour de sauver sa femme, de la retenir. Il combat, franchit les obstacles ; l’amour est une bataille.
    Les témoins de cette scène de ménage dramatique ont des rôles très peu remarquables, sauf pour Antoine Quintard qui offre une interprétation funambulesque du jeune sculpteur Lyngstrand absolument exceptionnelle.

    théâtre montparnasse,jacques weber,anne brochetAujourd’hui, les « familles recomposées », les « couples qui durent » ou les « divorces » occupent notre actualité, le message d’Henrik Ibsen est plus que jamais intemporel et vaut pour exemple tous les conseillers conjugaux de la terre ! Il est à regretter la mise en scène bien trop classique, un rien consensuelle, pour un texte qui reflète autant d’élégance et de puissance ; une mise en scène inventive et peut être légèrement extravagante aurait ajouté quelques écailles à cette Dame de la mer.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Audrey Dana et Sami Bouajila montent sur le « RING » : un combat de charme, de chic et de choc…

    Après « Bulding » lors du Off d’Avignon cet été, Leonore Confino, auteur, et Catherine Shaub, metteur en scène, proposent « Ring » dans la petite salle du Théâtre de la Porte Saint-Martin.

    module.jpgCe qu’il y a d’intéressant dans le traitement d’un sujet aussi classique que « l’amour », et plus précisément l’étude des relations de couple, est le savoureux constat que les histoires des autres nous rassurent toujours. Pour deux raisons toutes simples : ou bien parce que l’histoire relatée nous rappelle notre vécu ou bien parce que nous ne l’avons pas vécu, peut-être pas encore ou bien jamais... 

    Par des effets de miroirs, lissés ou brisés, Leonore Confino renvoie des éclats de vies amoureuses et chacun en prend pour son grade. La recette est bonne, le public est friand : « ça y est, incroyable, on parle de moi !». Les répliques fusent, rythmées par une mise en scène toujours très sobre qui tend à mettre les comédiens en valeur. Sur un fond de décors vidéo (encore ! il faut s’y faire, c’est dans l'air du temps) aux lignes géométriques très pures, qui dénotent une atmosphère résolument urbaine soutenue par une création sonore tout autant contemporaine, les couples se font et se défont selon les mouvements inscrits par la chorégraphe Magali B. Décidément, Monsieur Jean-Claude Camus, directeur à la fois de la Porte Saint-Martin et de la Madeleine, a la volonté ferme de nous montrer un théâtre qui marie systématiquement les arts de la scène entre eux. Et cette fois-ci, l’équilibre est parfait, les apartés chorégraphiques donnent du grain au jeu des comédiens et mettent en relief le propos. 

    Le rôle de Camille est joué par Audrey Dana, et l’autre Camille est tenu par Sami Bouajila. L’homme et la femme portent le même prénom, cette astuce d’écriture gomme légèrement les clichés dans lesquels il est difficile de ne pas tomber pour un tel sujet. Mais les comédiens s’y vautrent avec plaisir dans ce jeu proche de la schizophrénie. Un méli-mélo adroit où chacun dévoile sa part de cynisme, de moquerie et parfois de tragique.
    Audrey Dana est intenable, trépignante, elle part chercher aux confins de sa féminité les arguments qui font osciller son rôle. La comédienne trace sa route et le choix de cette direction est le bon. Très à l’aise sur les planches, elle frôle l’esprit de Jacqueline Maillan qui veille toujours dans les cintres des bons théâtres, la scène et l’humour lui vont bien, très bien.
    Quant à l’autre Camille, son élégance n’a pas d’égal, Sami Bouajila, comme un danseur qui met en valeur sa partenaire lors d’un porté, se fait plus discret, délicat tant par sa présence que par son jeu. Il accompagne, il séduit aussi, il s’est éloigné un temps de son registre habituel mais sa sincérité est tout aussi forte.

    L’alchimie de ce couple et l'observation incisive, drôle ou tendre, des situations, nous rappellent à quel point il faut vraiment s’aimer pour supporter nos différences, mais aussi à quel point ce sont ces mêmes différences qui créent le sel d’une relation.

    Maintenant, c'est à votre tour de monter sur le ring... et si vous préférez juste assister au combat, c'est ici.

    Après avoir observé le monde du travail dans « Bulding », décortiqué les relations amoureuses dans « Ring », le duo artistique Confino-Shaub s’attaquera en janvier 2014 au thème de  la famille, vaste chantier, avec « Les uns sur les autres ».  Cela promet.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • "La chanson de l'éléphant" est un air formidable !

     

    la chanson de l'éléphant,laurence caron« The Elephant Song » de Nicolas Billon a vu le jour au sein d’un atelier d’écriture à Montréal, puis joué au Festival Stratford du Canada, l’élégant texte est pour la première fois présenté en France sur les planches toujours aussi novatrices du Petit Montparnasse.

    C’est un personnage fragile et puissant, celui de Michaël, enfermé dans un asile de fous, qui marque les premiers pas sur scène de Jean-Baptiste Maunier (très jeune star à l’issue du film les Choristes de Christophe Barratier en 2004). Exercé au jeu par l’école de Lee Strasberg de New-York, Jean-Baptiste Maunier, du haut de ses 22 printemps, livre une démonstration qui semble puiser au plus profond de lui-même, il ne s’épargne rien, les tourments de son personnage vibrent, douloureusement, méthodiquement il décortique, analyse, digère et donne. Intense et physique, il y a quelque chose de Brando dans ce grand gamin là mais aussi quelque chose de Jean-Louis Barrault, une poésie discrète, un genre de s'excuser...

    En face, Pierre Cassignard donne une leçon différente au jeune acteur, d’un jeu plus classique mais tout aussi fervent, maîtrisé, il est ce psychiatre aussi directeur de son établissement ; sa performance est remarquable. Tandis que Christine Bonnard rythme les scènes par ses apparitions sincères et délicates dans le rôle de l’Infirmière Peterson.

    La différence d’âge des deux acteurs, leur façon de jouer, et, l’écriture fine de chacun des rôles, opposent les deux protagonistes pour apporter toute sa justesse au propos. D’Amour il est évidemment question mais il s’agit de celui qui se cache, celui qui asservit, le pervers, celui qui ordonne et détermine les choses de la vie dès le départ et qui paralyse le libre arbitre pourtant si essentiel à notre humanité. Le metteur en scène, Bruno Dupuis, orchestre l’ensemble avec une grande simplicité apparente, la part belle est laissée au jeu des comédiens, emportés par la fluidité du texte, les déplacements sur scène scandent des sentiments bourrés de paradoxes… qui raisonnent encore.

    La vidéo de Léonard et le décor très cinématographique de Sophie Jacob renforcent l'ambiance de thriller psychologique, la silhouette d'Alfred Hitchcock semble parfois se dessiner et les couloirs de l'hôpital psychiatrique de "Vol au dessus d'un nid de coucou" s'étirent derrière la porte.

    Tout d’abord circonspect, puis intrigué, déstabilisé, puis tout à fait bouleversé, il est impossible d’en sortir indemne.

    Magnifique, allez-y.  

    Laurence Caron-Spokojny

    Toutes les infos sont ici

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  • Colorature : MUMMENSCHANZ au Casino de Paris

    Depuis sa création en 1972, Mummenschanz expérimente, exerce, transforme et déploie un art particulier. Ce spectacle s’attache à rester au plus proche de ses spectateurs afin d’émouvoir et éveiller les sens de tous.

    Mummenschanz est un conte sans fin, l’inspiration est fantastique et fantaisiste, les histoires se délient sans début, sans fin. Soufflé par le glissement des étoffes et matériaux sur le plateau du Casino de Paris, imprégné par les soupirs de ces danseurs marionnettistes, le silence emplit l’espace pour composer une musique que seules nos émotions perçoivent.

    Simple et sophistiqué à la fois, les formes, soieries, fil de fer et autres rouleaux de papier forment un ballet où l’humour joue des coudes aux côtés de la poésie. Les disciplines artistiques sont largement ratissées et maîtrisées, de la danse classique à la pantomime, nous nous doutons que le travail et la recherche artistiques sont bien menés tant le spectacle reflète une forme d’art brut abouti, et, à la fois savant.
    Les artistes humblement cachés de Mummenschanz s’expriment pleinement dans un langage artistique harmonieux, bourré d’inventions, chacun y trouve son compte adulte comme enfant, égaux.

    Laurence Caron-Spokojny

    Du 21 au 26 mai 2013, pour la première fois au Casino de Paris et pour 6 représentations exceptionnelles : un spectacle culte, inclassable et unique à savourer en famille ! 

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  • « Mozart composait-il en aryen ? » extrait d’une lettre de Richard Strauss adressée à Stefan Zweig lors de son exil à Londres.

     

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    L’illustre compositeur allemand, Richard Strauss, sollicite les talents de librettiste du très sensible, écrivain autrichien d’origine juive, Stefan Zweig. Cette « Collaboration » est le fruit d’une admiration mutuelle partagée par les deux artistes, puis ces échanges artistiques se transforment en amitié. Emmené tout entier par son art, voué corps et âme à son expression artistique, Richard Strauss impose le nom de Stefan Zweig sur les affiches de l’opéra qu’ils créent ensemble « la Femme silencieuse », cette œuvre ne se jouera que trois fois à Dresde… Adolphe Hitler a pris le pouvoir, en 1935 Stéphan Zweig quittera l’Autriche pour Londres, un long et interminable exil suivra jusqu’au Brésil. 

    Ronald Harwood, l’auteur, livre ici une remarquable leçon d’humanité. Une humanité qui n’est jamais tout à fait blanche, ni tout à fait noire, une humanité aux teintes grises pleine de nuances. Il soulève un questionnement philosophique essentiel sur l’Art, son terrain d’action et l’étendue de ses limites, et aussi sur la « fonction » même d’un artiste, le rôle qu’il tient au sein de la société, sa représentation, et sa foi en l'art.

    La seconde guerre mondiale et son épouvantable déchaînement d’antisémitisme est certainement l’époque qui a reflétée ce qu’il y a de pire au cours de notre histoire proche. Et cette période, Ronald Harwood sait la décrire avec subtilité. La précision des dialogues est révèlée par un trait commun à la musique et à l’écrit : le ryhtme ! Et, « Collaboration » est servie par une mise en scène de Georges Werler tout aussi délicate placée dans l’écrin des décors très raffinés d’Agostino Pace.

    Les comédiens (tous!) se glissent dans leurs personnages avec une habileté sans égal. Michel Aumont est totalement habité par Richard Strauss, et il en est de même pour Didier Sandre dans le rôle de Stefan Zweig ; la renommée et la grandeur de ces deux Monstres du théâtre sont aussitôt oubliées dès leurs premiers pas sur la scène du Théâtre de la Madeleine pour laisser vie à Stefan Zweig et Richard Strauss. Et puis, il y a la grâce, celle de Pauline Strauss, ou plutôt celle de Christiane Cohendy, un hommage tout entier rendu à toutes les femmes ; avec humour et raison, Christiane Cohendy canalise les affres de l’artiste, argumente pertinemment le propos, réserve de délicieuses sorties, un régal.

    À n’en pas douter, Zweig et Strauss sont bien présents à chacune des représentations, attentifs, par-delà le paradis des artistes, ils doivent être ravis de voir ainsi leur « Collaboration » continuer d’une aussi belle façon sur les planches du Théâtre de La Madeleine. Quand de grands artistes s’emparent ainsi avec autant d’élégance de l’histoire d’autres grands artistes, une nouvelle histoire naît, intemporelle, elle gagne l’immortalité, une œuvre toute neuve s’inscrit. Bravo. 

    Laurence Caron-Spokojny

    Photo : Bernard Richebé

    Renseignement ici. 

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  • Stéphane Hillel, héros d’une vie pas si ordinaire

    Jacques Nerson s’est échappé un temps des lignes du Nouvel Obs et du cocon douillet du «Masque et la plume», pour transposer sur scène le récit de Christian Giudecelli : «Tour de Piste» (Gallimard). Puis, le comédien Stéphane Hillel s’est glissé dans la peau de Chris, et dans celle de chacun des personnages qui peuplent la vie de ce "héros malgré lui".

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    Directeur du Théâtre de Paris et metteur en scène récompensé, Stéphane Hillel épouse les contours du texte de Christian Giudecelli avec une grande pudeur. Naïf, désenchanté, sombre ou au contraire tendre, passionné et heureux, Chris déroule sa vie. Et c’est alors que le miracle se produit. Cette vie à une raisonnance particulière, elle nous parle de nous, de vous, dans ses aspérités les plus infimes avec les mots les plus simples. De la naissance à la mort, le questionnement rythme l’existence et laisse apparaître toute la complexité de l’humanité. L’influence des événements, les paysages traversés, les rencontres provoquées ou manquées, enfin les sentiments vécus, non-dits ou bâclés, tout ce qui compose la vie d’un être de façon consciente ou inconsciente.
    On s’émeut et on rit beaucoup, la performance du comédien plonge l'auditoire dans un voyage introspectif que le spectateur était bien loin d’imaginer. Stéphane Hillel vous emmène, vous le suivez toujours, mais, selon votre humeur, selon votre état, le chemin emprunté est plus ou moins escarpé, la route est longue mais la vie est belle...

    La magie du théâtre, l’adresse du comédien et la finesse du texte, font que chaque soir est différent, alors peut-être faut-il y retourner plusieurs fois pour renouveler l’expérience. Cela est certain, ce spectacle, né en Avignon pour se poursuivre au Théâtre des Déchargeurs, ne s’arrêtera pas là : "Tour de Piste" aura une vie remarquée. 

    Laurence Caron-Spokojny

    infos ici 

    A lire aussi : Stéphane Hillel, metteur en scène "Le Monde merveilleux de Sunderland"

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  • "VOLPONE ou le Renard" de Ben JONSON au Théâtre de la Madeleine

    Ben Jonson et William Shakespeare étaient amis, et rivaux, ils ont en commun une modernité qui, sur le modèle de la tragédie grecque, rend le texte accessible et compréhensible par tous. 

    ben jonson,volpone,roland bertin,nicolas briançon,théâtre de la madeleine,théâtreDe remarquables comédiens, très bien distribués, s’appliquent sur la scène du Théâtre de la Madeleine à divertir un public tout de suite conquis dès les premières répliques. Roland Bertin est Volpone, sans concession aucune, ce grand comédien se jette corps et âme dans les méandres de ce personnage odieux et sans scrupule. Et comme la sauce prend, emporté par le texte, Roland Bertin en rajoute, des tonnes et des tonnes, sans filet… et c’est parfait. Nicolas Briançon, quant à lui, est un habile et formidable Mosca, subtil et gracieux il délie la trame de la farce sur laquelle une troupe de comédiens épatants s’exercent et remportent la démonstration avec brio. La mise en scène de Nicolas Briançon, très classique, est juste et laisse parfois entrevoir les meilleures pages du théâtre de boulevard.  Les textes sont bien dits, les déplacements sont fluides, la musique est bien choisie, le tableau est réussi. Il s’agit de théâtre, les traditions très anciennes de cet art sont ressuscitées ou revues, quelques danseurs illustrent le propos, le décor, aussi sombre que les personnages, se modifie au gré de l’histoire, et, les postiches des comédiens renouent avec la tradition de la commedia del arte. 
    Volpone est sans aucun doute une des pièces programmées, par les théâtres privés parisiens, à ne surtout pas manquer.

    Laurence Caron-Spokojny

    Une pièce de Ben Jonson - Mise en scène par Nicolas Briançon
    Adaptation Nicolas Briançon et Pierre-Alain Leleu. 
    Avec Roland Bertin, Nicolas Briançon, Anne Charrier, Philippe Laudenbach,Grégoire Bonnet, Pascal Elso, Barbara Probst, Matthias Van Khache et Yves Gasc. Décors Pierre-Yves Leprince. Lumières Gaëlle de Malglaive. Costumes Michel Dussarat.
     RESERVATION ICI.  

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  • Une virée à Buenos Aires avec Alfredo Arias

    théâtre du petit montparnasse,alfredo ariasWoody Allen, Copi, le Mîme Marceau, Frederico Fellini, Charlie Chaplin,… et puis, il y a Alfredo Arias. Le plus parisien de tous les argentins signe là, avec ces deux spectacles « Buenos Arias » au Théâtre du Petit Montparnasse, une page d’élégance et d’humour, très personnelle.

    Pour le premier spectacle, le music-hall étend son large répertoire, à la fois burlesque et charmant, grâce aux puissantes chanteuses, danseuses et actrices : Alejandra Radano et Sandra Guida. Les spectateurs fondent, les timbres jazzy et parfois rock, viennent se frotter langoureusement aux accents tragiques du tango. Pour le second, Antonio Interlandi et Alfredo Arias rejoignent ces deux grandes artistes, pour un conte fantastique endiablé qui retrace en partie l’histoire du cinéma argentin.
    L’œil vif d’Alfredo Arias sur l’Argentine est plein d’ironie, lucide mais toujours tendre. Son univers résolument kitsch, les axes chorégraphiques choisis et les costumes de Pablo Ramirez font penser, sous une apparente simplicité, aux photos hautement sophistiquées de Pierre et Gilles.
    Cet homme-là peut tout dire, il éveille la curiosité, aiguise la critique et nourrit les sens ; sans en avoir l’air, avec délicatesse, le message est délivré. En fait, Alfredo Arias a le don du bonheur ; il écrit avec un autre vocabulaire, par exemple celui pour lequel le mot « nostalgie » prendrait un sens résolument positif. 

    En quittant la salle, les vibratos chaleureux raisonnent encore, l’envie d’entraîner un tango fourmille dans les jambes, les répliques efficaces des acteurs affûtent l’esprit, un billet d’avion pour Buenos Aires serait une bonne idée... Alfredo Arias est définitivement un artiste envoûtant.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Après leur triomphe en Avignon, Sacco et Vanzetti seront dès le 13 octobre au Théâtre du Petit Hébertot

    alain guyard,françois bourcier,jacques dau,jean-marc catella« La liberté n’est pas la récompense de la révolte. La liberté c’est la révolte.» Sacco et Vanzetti, d'Alain Guyard.

    23 août 1927, prison de Cherry Hill. Nicola Sacco est seul dans sa cellule pendant qu’on prépare la chaise électrique à son intention. Mais est-il vraiment seul ? Car voilà Bartolomeo Vanzetti, pourtant isolé dans une autre cellule. Nicola rêve-t-il ? Ou ne sont-ils tous deux que des fantômes, déjà exécutés ? Qu’importe, leur mémoire fait office d’unité de temps, de lieu et d’action. Tous deux se racontent, revivent leurs joies et leurs espérances, revivent l’histoire d’un procès truqué.

    Sacco et Vanzetti est une pièce écrite par  Alain Guyard, mise en scène par François BOURCIER et interprêtée par Jacques Dau et Jean-Marc Catella.

    Réservation ICI. 

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  • Sara Giraudeau, au Théâtre Montparnasse, a "la France sur le dos"

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    La mémoire encore très marquée par la Jeanne d'Arc de Luc Besson et la très attachante interprétation de Milla Jojovich au cinéma, je me suis installée dans le (confortable) fauteuil du Théâtre Montparnasse, impatiente de découvrir Sara Giraudeau sur scène, et heureuse de me régaler à nouveau de l'impertinence de Jean Anouilh.

    Sara Giraudeau, et cette fois-ci je ne parlerai que du premier rôle même si ses compagnons de jeux sont remarquables, est d’une grâce ! Il y a quelque chose d’un peu sauvage chez cette jeune comédienne, un talent pas encore bien mesuré qui dépasse de partout (et c'est tant mieux), un peu à la manière de son allure un peu dégingandée et à la fois si élégante. Ses intentions sont brutales ou douces, elle lâche tout. Elle attire tant la compassion du spectateur, qu’il est difficile de rester scotché dans le noir de la salle tant l’envie nous prend d’aller la sauver des griffes de l’histoire. Cette jeune Jeanne d’Arc, si sincère et si naïve, affronte l’obscurantisme avec une détermination solaire.
    L’argument et les dialogues de Jean Anouilh vibrent d’une éternelle modernité, Sara Giraudeau s’en empare très simplement, avec une volonté aussi pure que son personnage. À la fois clown ou séductrice, la comédienne campe un personnage historique, sans peine et sans prétention.
    Probablement que les voix entendues par Jeanne ont fini par s’adresser à Sara, pour que Mademoiselle Sara Giraudeau soit aussi juste. 

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Suresnes Cité Danse : Happy Hip Hop party !

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    Quand une salle de spectacle porte le nom de Jean Vilar, il faut s’attendre à découvrir un lieu qui témoigne de l’idée de rendre toutes formes de performances, créations ou diffusions artistiques, accessibles au plus grand nombre. Avec «Suresnes Cité Danse» qui célèbre ici ses vingts ans de bons et loyaux services, Olivier Meyer, instigateur de l’évènement et maître des lieux, a relevé et tenu le pari.

    La soirée anniversaire du jeudi 12 janvier 2012 présentait un florilège de ce qui se fait de mieux en matière de Hip-Hop. Avouons le, le terrain était neutre, réceptif, sain et à l'affût de la moindre découverte : en matière de Hip-Hop je ne connaissais rien... Ce temps imparfait est justement utilisé, je ne connaissais rien mais aujourd'hui je sais, je sais qu’il existe un univers autre, un affluent tortueux trace ses lignes près du large fleuve de la création chorégraphique contemporaine. Ces dernières années, par petites touches, j'ai approché les programmations de Suresnes et de la MC 93 de Bobigny, des rencontres étonnantes comme celle de Découflé, je savais que loin des ballets contemporains ou classiques du très renommé Opéra de Paris, et des créations des centres chorégraphiques des somptueux Mats Ek, Pejlocaj ou Pina Baush, et encore plus loin de la descente aux enfers des comédies musicales du Palais des Sports où des chorégraphes pitoyables célébrés par les biens vulgaires chaînes de télévisions en particulier une, je savais que, quelque part, il y avait autre chose...

    Lydie Alberto, Céline Lefèvre, B-Boy Junior, Farid Berki, Amala Dianor, Doug Elkins, Fish, Mehdi Ouachek et Storm sont apparus pour délier sur scène une déferlante de mouvements, de performances physiques et des tas d’histoires à raconter, soutenus par les chorégraphies de Kader Attou, Sylvain Groud, Sébastien Lefrançois, Mourad Merzouki et José Montalvo. 

    suresnes cité danse,laurence caron-spokojny,hip-hop,danseLa deuxième partie, plus attendue mais pas du tout convenue, orchestrée par le formidable inventeur de grâce José Montalvo, accueille les 30 chanteurs du jeune Choeur de Paris et les danseurs Lara Carvalho, Farrah Elmaskini, Julia Flot, Alfréda Nabo, Abdoulaye Barry, Simhamed Benhalima, Kevin Mischel, Nabil Ouelhadj : un mélange des genres fluide tenu par une exigence artistique égale.

    Farid Berki, Monica Casadei, Blanca Li, Jérémie Bélingard, Sylvain Groud, Abou Lagraa, Laura Scozzi, Pierre Rigal, Robyn Orlin et Angelin Preljocaj sont invités pour la suite de ces découvertes. Je vous invite à découvrir la programmation dans son intégralité sur le site du Théâtre de Suresnes.

    Ici, la rue raisonne et s'épanouie sur les murs comme dans un tableau de Jean-Michel Basquiat. La danse s'esquisse comme un coup de pinceau et la vidéo vient comme un collage donner une épaisseur indispensable à la sénographie. Une forme d’art urbain «authentique», même si je n’aime pas utiliser ce qualificatif d’ «authentique», cela peut sous entendre que l’art peut ne pas l’être : ce qui paraît  absurde. Alors tout simplement il s’agit d’art, à sa place, tout à son aise, avec une très haute qualité technique et artistique, et, en tout point avec le pouvoir de divertir.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • La Cenerentola à Garnier

    Hier soir, c'était la fête à Garnier. 

    Les couleurs infinies des mezzo-sopranos virevoltaient tandis que les élégants barytons et basses rivalisaient avec le ténor. Tout était parfait. 

    Gioacchini Rossini semait des notes légères et ravissantes, le bel canto remplissait l'air, bouffait l'oxygène, pour nous soûler de bonheur, dans une béatitude oubliée car trop rarement ressentie.
    Enfin un véritable Opéra-Bouffe avec des chanteurs, sachant chanter et jouer la comédie, et admirablement bien chorégraphiés dans les pas de la mise en scène musicale de feu Jean- Pierre Ponelle (qui signe aussi les costumes et décors).
    Karine Deshayes est une très romantique et très bouleversante Cendrillon entourée de (l'excellent) Dandini de Riccardo Novaro, l'Alidoro d'Alex Esposito, le Don Magnifico (vraiment magnifico) de Carlos Chausson et les deux soeurs de Cendrillon Jeannette Fischer et Anna Wall, sous la baguette délicate de Bruno Campanella. La prestation très raffinée, autant en voix qu'en jeux, du Choeur de l'Opéra de Paris est savoureuse.

    Un travail savant concentré sur l'oeuvre musicale, et vraisemblablement sur la véritable intention du compositeur, un respect total et inspiré, livre ici une oeuvre somptueuse de l'opéra, le vrai, le grand, celui qui devrait être connu et accessible à tous. 
    © LCS

    La Cenerentola sera diffusée sur France Musique 
    en direct le samedi 17 décembre 2011 à 19h30

    /réalisation de la mise en scène : Grischa Asagaroff,
    lumières : Michael Bauer.

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  • Duel, le 11 décembre à 15h, Salle Gaveau

    Voici des musiciens classiques qui usent très savamment du burlesque pour se faire voir et se faire entendre.

    Laurent Cirade et Paul Staïcu en scène

    La définition pourrait s'arrêter là, seulement Duel offre une lecture beaucoup plus sophistiquée. D'abord, il est question de maîtrise, celle de l'instrument, celle d'un art, celle d'une traduction de la musique. Pour ce faire, il est question de travail, un travail long, ancien, envahissant.
    Une fois la technique maîtrisée, l'interprétation dépasse tout, encore et toujours le musicien se replie sur son instrument pour tenter d'en sortir un langage commun. Une harmonie entre un objet de bois précieux et un Homme, quelle idée extravagante, l'art est véritablement une drôle d'invention humaine !

    Puis les années passent, l'homme grandit, vieillit un peu, l'instrument devient de plus en plus précis mais reste toujours aussi exigeant. Alors, la musique dévoile sa véritable personnalité, libre, elle se fait Art. Cet Art a besoin de public, il se façonne, tente de séduire et c'est enfin la rencontre : parfaite. C'est le cas pour Laurent Cirade, le violoncelliste, et, Paul Staïcu, le pianiste.

    Affiche de Duel Opus 2 qui donne une représentation exceptionnelle à la salle Gaveau

    Voici autre chose. Une idée artistique. Un hommage au travail, le dur, le pas marrant. Le travail usé, seul, sur un tabouret d'instrumentiste, fondu sur son instrument avec pour seule compagne une pile de partitions annotées. Les artistes, propulsés par leur art, sont extirpés de leur solitude, ils s'expriment alors, tout à fait maîtres.
    Le spectacle fait rire son public, tous les publics, c'est certain, les ingrédients sont tous là très justement dosés. De la performance et de la délicatesse, un grand raffinement en somme, une transmission impeccable, et surtout, du divertissement, celui qui anime et qui éveille notre plus grande joie et qui procure un bien être épatant.

    Ainsi, Laurent Cirade et Paul Staïcu nous livrent des années de travail et d'émotions dans un déferlement d'inventions, inédites et très très inspirées.
    Reservez vos places sans attendre.
     

    Laurence Caron-Spokojny


    Pour suivre Duel...

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  • Jean-Louis Aubert, Roc Eclair, hier soir à Bercy

    Au temps du "top50" et des 45 tours, il était difficile de distinguer le bon du mauvais, les radios faisaient la loi et même la télévision diffusaient encore des émissions de "variétés" (étymologie historique). L'idée était d'envahir l'espace sonore à coups de "tubes" sur la déferlante des radios libres. TELEPHONE a fait partie de ces groupes de rock français, il a fait l'unanimité. Aujourd'hui, deux compères caracolent encore en tête des hit-parades (expression historique, aussi), Louis Bertignac et Jean-Louis Aubert. 

    A Bercy, ce soir là, le public est désarmant, il y a des ados, leurs parents et je soupçonne quelques jeunes grands parents ou pas loin: tout le monde saute, tout le monde chante, qui oserait avouer ne pas connaître les paroles d'un des airs du mythique groupe TELEPHONE ? Personne. TELEPHONE appartient à une génération, c'était un phénomène, et on comprend mieux pourquoi aujourd'hui.

    Jean-Louis Aubert trace sa route, auteur et compositeur, il avance, amoureux des mots, dévoué au rockn’roll. Son répertoire s’est enrichi, son interprétation aussi. Jean-Louis Aubert est un poète et ses intentions sont belles. Il y a quelque chose de Barbara dans le phrasé, quand il s’applique à rouler les «r». Une forme de tradition française de la chanson, un héritage respectueux du langage, un territoire commun à Aragon, Brel ou Gainsbourg. Quant au son, les rifs des guitares, l’omniprésence des percussions et un trio de cuivre brillant portent à merveille les textes sans que l’on ne perde une goûte de la suite de l’histoire... Il s’agit en effet d’une histoire, un peu engagée, un peu orientée. Une éternelle adolescence, celle que seuls les grands artistes cultivent, soutenue par une voie claire, un ton emporté. Le public se régale, et on chante... Certains préfèrent sortirent les briquets plutôt que leur téléphone, mais nous ne nous trompons pas, il n’y a pas de nostalgie ici, pas de mièvrerie, plutôt une suite, construite sur une base décisive.


    Comme il est content Jean-Louis d’être face à son public et comme il sait bien le faire ressentir. En fait, Bercy raisonne de bonheur, un bonheur partagé, l’artiste et le public ont peine à se séparer. Alors évidemment au troisième rappel, on aimerait bien deviner la silhouette élégante de Louis Bertignac à ses côtés, histoire de ... en fait rien du tout, chacun est à sa place et c’est parfait ainsi.
    Très peu d’interprètes peuvent se vanter d’avoir poursuivi une vraie carrière après avoir connu le succès au sein d’un groupe. Enfin si, il y a Sting (Police) et Jean-Louis Aubert...

    © LCS

    Déjà culte : le titre "Les Lepidoptères" à apprendre par coeur avec les enfants, ou encore "Chasseur de nuage".

    . La nouvelle édition de "Roc Eclair": un coffret 3 CD comprenant Roc'Eclair + Hiver + 5 titres live

    Site de Jean-Louis Aubert  

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  • Cendrillon à Hollywood

    S'il y a bien une époque qui reflète un grand esthétisme, ce sont les années 30.  L’architecture stylisée des villes, les voitures aux formes arrondies, les costumes aux lignes parfaites, le tombé irréprochable des robes, c’est dans cet univers à la fois graphique et fluide que Rudolph Noureev a choisi de projeter sa Cendrillon en 1986 à l’Opéra de Paris.

    Sortie de Garnier pour gagner les planches de Bastille, la production 2011 n’a pas pris une ride. Les fantastiques décors de Petrika Ionesco s’inscrivent dans la tradition «opéra-tesque» et s’installent confortablement dans les cintres et sur le plateau de Bastille. La proposition de Hanae Morie, (véritable icône de liberté au Japon, pour avoir été la première femme a accéder au podium des grands couturiers) pour les costumes, est raffinée, les tissus délicats se succèdent.

    Serguei Prokofiev enveloppe somptueusement le ballet dans une partition visionnaire, déjà si moderne. Tandis que Groucho Marx et Fred Astaire viennent soutenir l’oeuvre de Charles Perrault, l’auteur apprécierait les fantasques studios de Hollywood. Cette Cendrillon rêve d’être une star du grand écran, et, c’est un producteur de cinéma qui la propulse sous les feux des projecteurs, sous l’oeil bienveillant de king-kong (en vrai !).

    Karl Paquette est d’une grande élégance dans son rôle de producteur, les deux soeurs Mélanie Hurel et Ludmila Pagliero nous rendent leur plaisir de danser très contagieux, Stéphane Phavorin livre un exercice de style dans le rôle de la marâtre assez exceptionnel, Christophe Duquenne est le professeur rêvé, enfin ils sont tous magnifiques, les tableaux des saisons, l’ensemble du corps de ballet, comme nous, semble s’amuser ! 

    Et puis la star... Irrésistible, si vulnérable à l’écart des projecteurs, et, si majestueuse sous les feux de la rampe, Agnès Letestu est bouleversante. Cela on le savait déjà. L’Etoile a ce «je ne sais quoi» d’incroyablement magique, une jambe s’échappe, un bras s’arrondit et tout est poésie. D’une grande exigence, l’artiste se donne entièrement avec une classe incomparable, il y a une sorte d’aristocratie dans son interprétation du rôle. Parfaite maîtresse du geste, elle fait naître l’émotion. La véritable émotion, celle qui vous ruine le mascara, non pas par tristesse, mais par dévotion.

    C’est beau, il n’y a rien d’autre à écrire d’ailleurs : c'est beau.

    Laurence Caron-Spokojny

    Nb / sortie en famille : le spectacle dure presque 3 heures avec deux entractes, les enfants (7 et 10 ans) sont restés attentifs, totalement pris par le déroulement de l'histoire.

     Du 25 novembre au 30 décembre Opéra de Paris - Bastille

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  • Les Echos-Liés à Bobino

    Voici des artistes remarquables : les Echos-Liés. Ces danseurs contrarient les lois de l'équilibre et ils contrarient aussi les règles du show classique. Déraisonnablement, sans argumenter, je commencerai par vous dire qu'ils sont formidables !

    échos-liés,bobinoLe spectacle est sans prétention aucune, les artistes sont là pour vous faire partager leur immense joie d'être sur scène et vous montrer ce qu'ils savent faire : de la performance athlétique et de l'humour, mais pas seulement. C'est un univers à part entière, il s’appuie sans complexe sur la culture du quotidien pour livrer un message subtile.  

    échos-liés,bobinoLes spectacles de rues ont toujours un goût de défiance qui est fort appréciable. Quand il n'y a pas de scène, il faut redoubler d'efforts pour être remarqué. Les artistes  des Echos-liés se sont d'abord escrimés dans la rue et on comprend alors aisément d'où provient leur belle énergie. C’est d’ailleurs le nom de leur spectacle «Energie positive».
    Les enfants, presque debout sur leurs sièges, hurlent de rire, encouragent leurs nouvelles idoles, quant aux adultes il se laissent très facilement entraîner, l’idée est bien de se divertir. Un spectacle de divertissement, un vrai, à croire que nous en avions oublié les codes...

    échos-liés,bobinoLa performance physique ne freine aucunement leur créativité artistique, bien au contraire, l'une entraîne l'autre.
    Il y a là une belle matière qui mériterait presque d’être façonnée par un chorégraphe, un arrangeur sonore, un auteur de sketchs... Impossible de ne pas y penser. Et en même temps, l’authenticité de ces artistes est telle qu’il serait peut-être dommage de vouloir les changer, il faut juste qu’ils continuent encore et encore, et pour cela il faut se rendre à Bobino pour les applaudir...

    Laurence Caron-Spokojny

    jusqu'au 2 janvier 2012, du mardi au samedi à 19h

    Bobino  14-20 rue de la Gaité Paris 14ème

     

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  • La Source au PALAIS GARNIER

    Une des installations les plus remarquables, des manifestations d'art contemporain qui ont eu lieu cette semaine, n'est pas là où on s'y attendait le plus... opera de paris,palais garnier,la source

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sur la scène du Palais Garnier, le Ballet de l'Opéra interprète "La Source", un ballet quelque peu oublié (et on croit savoir pourquoi), dont la chorégraphie a été entièrement revisitée par le danseur Etoile Jean-Guillaume Bart. 
    L'intérêt du propos, rapporté ici, porte entièrement sur l'écrin magistral qui tient cette création : le décor !
    L'acteur et décorateur, Eric Ruf suspend aux cintres et étire entre cours et jardin, des passementeries, des cordages sinueux et des lambeaux de rideaux de velours rouge usés par des tempêtes d'applaudissements. La confusion avec les voiles et gréments d'un vaisseau fantôme est aisée, car il s'agit bien là d'un voyage fantastique au royaume de Perse. Ce décorest bouleversant, tout simplement beau. 
    Mais comme une oeuvre d'art, accrochée au mur d'une galerie ou d'un salon, la majesté de ce décor ne supporte aucun voisinage. Peut-être est ce pourquoi la chorégraphie de "La Source" a un goût de "déjà vu", peut-être est ce aussi pour cela que l'on admire les costumes de Christian Lacroix en osant regretter de ne pas être plus étonné...

    Laurence Caron-Spokojny

    Diffusion en direct le vendredi 4 novembre à 19h30 dans les salles de cinéma avec Gaumont/Pathé  en France et à l'étranger

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  • "Nous, artistes, avons un devoir de lutter et l’émotion est un de nos vecteurs les plus puissants", Peter Sellars.

    L'interview du fantastique Peter Sellars  est à lire sur La Terrasse .Peter Sellars,la terrasse

    Desdemona, de Toni Morisson, mise en scène de Peter Sellars, musique de Rokia Traoré.

    Du 13 au 21 octobre 2011, à 21h, sauf dimanche à 16h, relâche lundi.

    Théâtre Nanterre-Amandiers

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  • Patrick Dupond : l'envie de danser

     Patrick Dupond est sans conteste le plus grand danseur de sa génération.
    Cela le monde entier en est convaincu, sauf lui...

    Patrick Dupond,danse,laurence caron,institut du monde arabe,danse,laurence caronIl est une star absolue. Au delà du travail et des tortures disciplinaires imposés par l'art de la danse, il a été touché par la grâce. Présence, charisme, charme et humour le caractérisent, et toujours avec cette générosité dont lui seul possède les codes. Personne n'oserait remettre en question l'insolence du talent de Patrick Dupond, il n‘est pas un homme comme les autres, il est différent du commun des mortels. Pourtant, il semble que le danseur lui même tenterait d'ébranler ces certitudes. 

    patrick dupond,institut du monde arabe,danse,leila da rocha,fusion,laurence caron(Fusion avec Leila da Rocha)
    Le voici sur la scène de l’Institut du Monde Arabe aux côtés de Leila Da Rocha, danseuse orientale de Soisson...

    Le propos de FUSION est une sorte de passerelle entre le jeune danseur adulé et un danseur (moins jeune) oublié et meurtri, c’est en tout cas ce qu’il veut nous faire croire. La rencontre avec Leila da Rocha le «ressuscite» et est symbolisée par un croisement entre la danse orientale et la danse occidentale.
    Pour la rencontre de l’orient et de l’occident, on pense tout de suite à Maurice Béjart qui s'est influencé du répertoire chorégraphique persan. Le maître a reconnu lui-même que cette démarche fut déterminante pour l’ensemble de sa carrière, et, participant ainsi à créer les fondations d’un nouveau genre : la danse contemporaine.
    Bien loin, il s’agit plutôt ici de danse du ventre et de gracieux mouvements de poignets. La performance est agréable, le visage de la belle est envoûtant. A ces côtés, Dupond saute, s’élance, tourne, s’escrime, traverse la scène les bras tendus, il tente d’attraper quelque chose ou de le retenir. Les pas sont résolument élégants, le port est altier, la grâce est là intacte, mais il y a comme un doute, quelque chose de malhabile, un manque de confiance. Cette fragilité, Leila Da Rocha propose de la canaliser en l’emmenant sur son territoire...
    Seulement cette terre n’est pas assez vaste. Patrick Dupond est à l’étroit. Il est une étoile, il y a quelque chose d’universel et d’intemporel dans cette «fonction». Dupond est fait pour s’exprimer sur des plateaux de bois précieux, se couler dans des costumes de soie imaginés par les plus grands couturiers, être guidé par les chorégraphes les plus innovants. Alors bien sur, sa danse n’a plus la même effronterie, la vie et les années se sont chargées de lui infliger des souffrances autant physiques que psychologiques. Il a changé, il a vieilli.
    Et alors ?
    Il est un artiste. Il est le seul à porter ce nom «Patrick Dupond» ; la star, longtemps unique à être connue outre atlantique et outre tous les océans d’ailleurs.

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    (Salomé de Béjart)

    Trêve de nostalgie. Il faut avancer. Ses épreuves tragiques doivent se transformer en énergie créatrice, le grand interprète qu’il est doit s’en nourrir. On peut entrevoir même une nouvelle dimension à son travail... Tragique ou comique, Dupond est avant tout un comédien et on ne peut ignorer cet avantage. Le merveilleux Salomé de Béjart ne sera peut-être plus jamais dansé par Dupond : c’est ainsi.
    Et alors ?
    Continuons. Tournons la page et écrivons la page suivante. Vite. Il faut reprendre le fil de l’histoire.
    Quel chorégraphe contemporain pourrait lui écrire un rôle, un solo ?  Qui oserait guider les pas de Patrick Dupond afin qu’il soit rendu au public ? Qui aurait le talent d’inscrire Patrick Dupond dans la danse d’aujourd’hui et non pas uniquement dans un passé qui a le goût trop amer des regrets ?
    Maîtres chorégraphes, un peu d'audace s'il vous plaît, à vous de jouer ! 

    Laurence Caron-Spokojny

    Institut du Monde Arabe 

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  • Dimanche matin, "concert tôt" au Théâtre du Châtelet avec Georges Aperghis

    Pas si tôt  : le rendez-vous est fixé à 11h au Théâtre du Châtelet ce dimanche 9 octobre 2011.

    Pour une première approche de la musique contemporaine pour mes enfants, de 7 et 10 ans, je vais tenter l'aventure avec Georges Aperghis et Jean-Pierre Drouet.
     
    Il est dit, sur le site du Châtelet : "Jean-Luc Choplin vous propose de suivre le percussionniste et compositeur Jean-Pierre Drouet dans un labyrinthe sonore, composé par Georges Aperghis pour les drôles de machines créées par Claudine Brahem. Ce parcours, labyrinthe musical, animé par Jean-Pierre Drouet vous feront découvrir la musique de façon ludique. Le concert est précédé d'un Atelier Famille animé par Scott Alan Prouty." 
     
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    La musique de film de John Williams, le 12 février 2012, date notée illico presto sur l'agenda, mais aussi Les Viennoiseries de Brahms à VienneLes Lauréats du Concours Reine Elizabeth de BelgiqueZazi de Queneau en comédie musicale, .. enfin toute la programmation de ces concerts "tôt" semble alléchante ! Pour s'y intéresser plus en avant, je vous suggère une visite sur la page "jeune public" du site du Châtelet.

    Atelier chant choral : Avant ce concert, il est possible d'assister à l'atelier (dans la limite des places disponibles). L'atelier rassemble parents et enfants autour de la pratique du chant choral, de manière ludique et en lien avec le programme du concert. Il est animé par Scott Alan Prouty, chef de chœur bien connu pour son travail liant voix et expression corporelle, avec son complice le pianiste Richard Davis.
    © LCS

    A noter les tarifs raisonnables : 5 euros pour les enfants et 10 euros pour les adultes, et gratuit pour les enfants dans le cadre de la Carte Famille

       


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  • Patrick Dupond en grande forme

    FUSION à l'Institut du Monde Arabe

    jusqu'au 9 octobre 2011...



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  • Trisha Brown, sophisticated lady

    C’était hier soir, ma première fois. J’ai découvert les chorégraphies de Trisha Brown sur la scène du Théâtre National de Chaillot. Etrangement, je n’avais jamais rien vu de son travail «dans les conditions du direct». Ainsi, j’étais en alerte. Les photographies, quelques vidéos, et sa renommée de grande prêtresse post-modern de la danse américaine, ont éveillé mon appétit d’amatrice de danse contemporaine.

    Fidèle à mes habitudes, je n’ai rien lu en amont : ni programme, ni flyer et encore moins de dossier-presse. Enthousiaste, je me suis installée, dans les gradins verticaux de Chaillot, intacte, quasi pure...

    trisha brown

    «Ne regardez pas ce que vous faites, faites-le !»

    La soirée commence par un solo Watermotor datant de 1978. Les membres se délient, élancés, avec une grande vélocité. Il y a quelque chose de Twyla Tharp, un petit coup de hanche, le torse qui se déroule et les bras qui s'envolent, c'est un peu pop, un peu jazz, sauf que la musique de Paul Simon ne démarre pas. Les gestes sont beaux, le danseur se noue et se dénoue, l’épuisement du danseur est perceptible... Déjà, je redouble de concentration, je ne suis pas très à l'aise, pas vraiment d'émotion, cela me manque. La performance est applaudi, c'est un soir de première.

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    Deux oiseaux on imagine, plutôt deux danseuses, suspendues à des fils invisibles traversent l’espace scénique. Les cintres deviennent maîtres d’enchaînements savants. Sur un dessin de Trisha Brown exposé en toile de fond, il y a beaucoup de poésie, la légèreté gagne le public et nous rions des facéties de ces voyageuses aériennes. Voici la fameuse première européenne, Les Yeux dans l’Ame, inspirée des parties dansées de l’opéra Pygmalion de Rameau mis en scène en 2010 par Trisha Brown. Sauf que la musique baroque pour accompagner la danse contemporaine, je crois que j'en ai assez soupé. Nos oiseaux se sont définitivement envolés et les pas de deux s'enchaînent, répétitifs, et puis, à nouveau, compliqués, tortueux, toujours très esthétiques, mais trop... En fait, j'aurai préféré continuer à voler car il y a là une matière que l'on souhaiterait que la chorégraphe explore encore et encore.

     

    Opal loud/ Cloud Installation, crée en 1980, l’oeuvre inscrit le travail de la chorégraphe dans une modernité absolue en liant son travail avec le plasticien Fujiko Najaka. Un nuage de vapeur d’eau modèle les gestes élégants des danseurs, le rythme sonore est marqué par les mouvements de la machine, l'univers est onirique, mais moi je ne rêve pas. La pièce me semble longue... Je suis très agacée de ne pas être touchée parce ce que je vois.

     

    « ... explorer et développer des idées autour de la sculpture, de la calligraphie et de corps noués. Les danseurs manipulent une personne passive pour lui donner la forme d’un noeud et déplacent cette masse sculpturale ailleurs » 

    I’m going to toss my arms ; if you catch them, they’re yours est la création tant attendue, celle qui crée l'émulation autour de l'ouverture de saison, de la très raffinée programmation, du Théâtre National de Chaillot. Des ventilateurs sont installés côté jardin et donnent, par leur rondeur, une idée assez sensuelle de l'intention chorégraphique (pour le public, la fraîcheur apportée par les machines est la bienvenue). Pour la scénographie et le concept sonore, Trisha Brown a rallié Burt Barr, son compagnon dans la vie. Les danseurs entament des élans multiples, parfois contradictoires, ils attrapent l'air, l'abstraction continue a règner. 
    «Trop de notes, Mozart » aurait dit Joseph II, j'oserais dire "trop de mouvements", la complexité de l'écriture chorégraphique semble bien loin de la volonté de dépouillement des Forsythe, Prejlocaj, Baush et Mats Ek, qui me plaisent tantSans aucun doute, l'ensemble des arts visuels anime Trisha Brown dans sa démarche artistique, elle crée sa danse par autant de coups de pinceaux qu'un impressionniste. Son travail semble animé par une recherche de la perfection, tout répond à une norme esthétique irréprochable, comme ces accompagnements sonores et ces costumes légers aux couleurs justes. Et pourtant, je reste perplexe... je crois que la notion de "concept" a empêché mon émotion de naître. 

    Hier soir, il n'y a pas eu de standing ovation, c'était une création ...

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    Trisha Brown comptabilise aujourd'hui plus de quatre-vingt dix pièces à son répertoire, elle se produit dans le monde entier et est reconnue pour son œuvre visuelle - Dokumenta de Kassel en 2007. De nombreuses expositions lui sont régulièrement consacrées. J'ai découvert qu'elle collabore avec Rauschenberg dont j'admire particulièrement l'oeuvre.

    Laurence Caron-Spokojny

     

    Du 5 au 14 octobre 2011 au  Théâtre National de Chaillot

    Rendez-vous sur le site de La Compagnie Trisha Brown, les photographies sont somptueuses. 

     

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  • Théâtre du Châtelet : De l’autre côté de la lune

    Le Théâtre du Châtelet a toujours ouvert sa saison avec faste, ce mois de septembre est différent. 

    Le Mexique est à l’honneur avec Cruzar la Cara de la Luna.Il s’agit du tout premier «opéra mariachi» : une rencontre entre la musique populaire et l’école classique de l’Opéra. Le compositeur José «Pepe» Martinez et le groupe Mariachis Vargas de Tecalitlán, dont on dit qu’il est le «meilleur mariachi du monde», ont été sollicités par l’Opéra de Huston, pour être accompagnés par le très renommé librettiste et metteur en scène de Broadway, Leonard Foglia. 

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    L’histoire est dramatiquement universelle, l’immigration mexicaine aux Etats-Unis, quand la nostalgie des origines vient bousculer les contraintes sociales à travers trois générations. 

    Pourtant malgré la noblesse du thème et l’interprétation juste de ses musiciens et chanteurs, Cruzar la Cara de la Luna pâtit d’une mise en scène quasi inexistante, pour une version semi-scénique c’est plutôt embêtant... La musique bat son plein au rythme des trompettes, violons, harpe et vihuela, les rythmes ensoleillés feraient même penser au premiers accents d’une opérette digne de Maurice Lehmann. Seulement, ce n'est pas du tout cela. La découverte de la musique mariachi nous apprend à quel point elle a certainement influencée un grand nombre de compositions, mais en ces murs et sur cette scène cet attrait semble insuffisant. 
    Tout de même, il s’agit du Théâtre du Châtelet, il est dommage de laisser ainsi ces musiciens seuls, statiques, en fond de décors, alors qu’un formidable espace est prêt à vibrer sous leurs pieds...  Entre dimension politique ou folklorisme consensuel, on ne sait pas trop, il y a un manque de parti pris évident. L'idée est originale et audacieuse, mais il s'agit juste de l'idée. Je suis sortie du spectacle en fredonnant, quand on m'a demandé ce que je pensais du spectacle,  j'ai soupiré, en fait je crois que je n'avais pas trop envie d'avouer ma déception.

    Laurence Caron-Spokojny

     

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  • Bienvenue dans le monde merveilleux de Sunderland...

    British à souhait : un brin rock'n roll, ambiance "Full Monty" (le film de Peter Cattaneo -1997) dans une Grande-Bretagne nostalgique à la jeunesse desabusée par un chômage abusif... 

    Perchées sur leurs talons, bijoux pacotilles tape à l’oeil, cigarette pendue aux lèvres, pull court et mèches rebelles, aguicheuses pour se défendre : Sally et sa meilleure amie sont abandonnées par leur famille, par la société, par la vie, les deux jeunes femmes se débattent. 
    Dehors, il pleut et le moral de la ville varie en fonction des exploits ou des déboires de son équipe de football.  

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