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ce qui est remarquable... un regard sur la culture pop - Page 10

  • REWIND... En course pour LES MOLIERES 2014 : Robert Hirsch, Isabelle Gélinas, Ladislas Chollat, et, Florian Zeller nominé pour le "Molière de l'Auteur francophone vivant" pour Le Père au Théâtre Hébertot !!!

    le_pere_(avec_robert_hirsch).jpg« Mais il ne doit pas vraiment avoir la maladie d’Alzheimer pour arriver à se souvenir d’un si long texte ? » : tout est dit. Cette phrase incroyablement naïve citée par ma voisine de rang, hier soir au Théâtre Hébertot, donne la mesure du talent du plus grand acteur français, aujourd’hui inégalé, celui de Robert Hirsch, et définit aussi la juste et raffinée écriture de Florian Zeller (déjà sa septième pièce écrite). 

    De sa toute puissante générosité, Robert Hirsch, clown absolu, incarne non pas «Le Père» mais tous les pères à la fois. Sa voracité est intacte, passé 88 ans, l’acteur distille mimes, grimaces, entre apartés savants et danses sautillantes, pour donner vie à ce personnage qui lui ressemble pourtant si peu, et dont s'échappe plus de cinquante ans de carrière. Lire l'article, ici

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  • Un cadeau :-) ! Un très beau Taschen pour ceux qui ont la chance de fêter leur anniversaire très prochainement : An American Odyssey de Marc Walter et Sabine Arqué

    Somptueux photochromes de la vie quotidienne et des paysages américains au tournant du XXe siècle

    taschen,An American Odyssey,Marc Walter,Sabine ArquéCe que Taschen nous dit : De l’Atlantique au Pacifique, des Rocheuses au tropique du Cancer, les paysages qu’offre l’Amérique du Nord sont aussi vastes que variés. Lacs aussi grands que des mers, forêts se dressant vers le ciel, plaines balayées par le vent, déserts brûlants, prodigieuses cascades, marais mystérieux, gigantesques rapides, canyon légendaire… la liste des caractéristiques naturelles du continent américain surprend autant qu’elle émerveille.

    Cet ensemble de photochromes et de cartes postales Phostint de la collection privée de Marc Walter a été produit, en couleur, par la Detroit Photographic Company entre 1888 et 1924. Il montre les paysages vastes et variés d’Amérique du Nord dans toute leur splendeur, ainsi que leurs habitants - Amérindiens, Afro-Américains, immigrants, cow-boys et chercheurs d’or. Des lieux mythiques tels que les saloons du Far West, les Chinatowns de New York et de San Francisco, ou encore Coney Island ou Atlantic City complètent ce panorama du siècle dernier.
     
    Grâce à un procédé photolithographique précédant de près de vingt ans l’autochrome, ces images ont permis au public de voir pour la première fois des photographies en couleur. Dégageant une impression de découverte et d’aventure, elles offrent un fabuleux voyage à travers l’Amérique du passé.

    Relié, avec pages dépliantes 29 x 39,5 cm, 612 pages € 150

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  • Une très jolie promenade pour le week-end : Daniel Dewar et Grégory Gicquel s'installent dans les jardins de l'Hôtel Biron (Musée Rodin) jusqu'au 26 octobre 2014

    En 2013, Daniel Dewar et Grégory Gicquel étaient au Palais de Tokyo pour une exposition intitulée "Jus d'orange", ils sont dès demain dans les jardins du Musée Rodin, pour ceux qui savent passer entre les gouttes...  

    Daniel Dewar,Grégory Gicquel,musée rodinCe que le Musée Rodin nous dit :

    Poursuivant son dialogue avec l’art contemporain, le musée Rodin ouvre les jardins de l’hôtel Biron au duo d’artistes Dewar & Gicquel.

    Collaborant depuis leur rencontre en 1997 et lauréats ensemble du prix Marcel Duchamp 2012, ils explorent une voie très expérimentale entre érudition et amateurisme, relecture de l’histoire de l’art et mise en avant de savoir-faire artisanaux.

    Dix sculptures en béton de grandes dimensions ont été conçues et réalisées spécialement pour l’exposition. Modelées, moulées et assemblées par les artistes selon les techniques traditionnelles de la sculpture, ces œuvres sont autonomes bien que formant une unité. Elles représentent des fragments de corps nus, certains en ronde-bosse et d’autres plus architecturaux, corps d’athlètes ou de lutteurs dont la monumentalité n’exclut ni le port de vêtements familiers ni la présence plus incongrue d’éléments de salle de bains.

    S’inscrivant dans le contexte du musée et dans le fil d’une pratique déjà développée par les artistes autour de l’image et de la sculpture, une telle production renvoie à l’œuvre de Rodin, «un point de départ pour nous permettre de travailler une technique particulière, le moulage, comme étape majeure du processus sculptural»1. Mais à la différence de Rodin, Dewar & Gicquel, en plus d’assurer eux-mêmes chaque étape de la fabrication, détruisent les moules après usage afin de limiter leur production à un seul et unique tirage. Une façon bien à eux de se positionner aujourd’hui face à la question de la reproductibilité.

    Le titre de l’exposition et des œuvres sont à lire comme une référence au Salon de la Jeune Sculpture régulièrement organisé au musée Rodin de l’après-guerre aux années 60.

    L'entrée dans les jardins est à 2 euros.

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  • Etat de siège au Poche-Montparnasse : prolongation jusqu'au 26 juin !

    1554791593.jpgAu lendemain de la Seconde Guerre Mondiale en 1948, Albert Camus propose un nouvel écrit L'Etat de siège dont le caractère, universel et intemporel, raisonne encore. Il s’agit du déroulé schématique et froid qui précède, établi, entretient et finalement laisse s’écrouler -pour mieux renaître ailleurs- les rouages de la dictature. En référence à Pétain ou Franco, Camus dénonce le fléau du nazisme (entre autres) et l’installe dans une logique implacable. 

    lire l'article ici

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  • A feelgood movie by Medi, Guillaume Néry et Julie Gautier : The Sanctuary Of Us

    Il existe aux Etats-Unis un terme pour designer les films qui rendent heureux : les “feelgood movies”. L’équivalent musical de ces feelgood movies, ce sont les “entertainers”.

    Toujours très populaires, ces artistes souvent complets et pour lesquels il n’existe aucune terminologie en français, forment une lignée improbable qui va de Dean Martin à Bruno Mars. En France, ils sont peu nombreux, mais MEDI pourrait bien en devenir le chef de file.

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  • Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied, à l'Opéra Bastille jusqu'au 8 juin 2014

    benjamin millepied,opéra national de paris,opéra bastille,daphnis et chloé,daniel buren,aurélie dupont,brigitte lefèvreLe piège, lorsque l’on a beaucoup entendu parlé, et lu, de choses sur une œuvre, et en particulier sur une création, est que notre curiosité se transforme souvent en une hâte particulièrement exigeante.  Ainsi, j’ai eu la chance de faire partie des premiers élus pour découvrir le « Daphnis et Chloé » à l’Opéra Bastille, de la star mi-bordelaise mi-américaine, qui sera dès novembre à la tête du ballet de l’Opéra de Paris, Benjamin Millepied.

    Sur une idée de l’actuelle directrice du Ballet, Brigitte Lefèvre, le plasticien Daniel Buren s’est emparé de la scène de l’Opéra Bastille pour organiser l’espace de cercle jaune, carré orange ou rectangle vert. Les couleurs éclatantes, qui se fondent et s’enchaînent aux costumes fluides de Holly Hynes, font étrangement penser aux envolées lyriques du peintre Olivier Debré pour le chef d’oeuvre de Carolyn Carlson, Signe (1997, Opéra national de Paris). La beauté indiscutable des œuvres de Daniel Buren n’a rien perdu de sa puissance picturale, pourtant la même histoire semble se répéter.
    Pour orchestrer cette somptueuse symphonie de Maurice Ravel, commandée par Diaghilev entre 1909 et 1912 (Ballets Russes), Phillippe Jordan est à la baguette pour accompagner le Ballet. Cette première fois pour lui est une très grande réussite, le chœur et l’orchestre de l’Opéra sont éblouissants, profonds et aussi passionnés que le propos. Les danseurs du Ballet de l’Opéra se régalent, les pas sont aériens, les sauts fréquents, cette chorégraphie est en parfaite cohérence avec la musique, elle est un hymne à la jeunesse : Hervé Moreau, Alessio Carbone, Eleonora Abbagnato et l’intrépide François Alu n’en font qu’une bouchée. Et puis, toujours divine, Aurélie Dupont est au sommet de son art, à un an de la retraite (incroyable ;-) ), l’étoile virevolte, swingue, s’échappe et s’élance avec une grâce surnaturelle. 

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    Pourtant, malgré cet enthousiasme qui révèle une musique résolument  magnifique et qui épanouie tant le talent de ces jeunes danseurs, il y a un arrière goût amère, comme une impression de « déjà vu » (avec l’accent svp), c’est un peu dérangeant. La musique dicte les pas des danseurs dans une belle harmonie : les ensembles, solos, et pas de deux glissent sur la scène de Bastille dans une grande virtuosité - mais, qu’en est-il de la création au sens premier du terme ? Qu’en est-il de ce sentiment de découverte pour un phrasé différent, une courbe inattendue, une cassure déraisonnable, un saut impromptu, un plié savant ou le dépouillement insolent d’une avancée… J’avais lu, ici et là, quelques interviews de Benjamin Millepied, les mots qui l'accompagnaient étaient : « jeunessse » - ça, c’est fait - mais aussi :  « nouveauté » (?), « risque » (?)... 
    Dans les cintres, Jérôme Robbins conduit les élans des danseurs, inspiré forcément par cette musique de Ravel qui lui rappel aussi sa collaboration avec Léonard Bernstein ; côté jardin, Roland Petit règle les pas de deux et les jambes de Zizi Jeanmaire n’ont de cesse de tournoyer autour de son partenaire, et côté cour, Angelin Prejlocaj précise les contours d'un baiser ailé... 

    « Daphnis et Chloé » serait-il un hommage rendu par un bon élève à ses maîtres ?

    Laurence Caron-Spokojny #cequiestremarquable

    - soirée Balanchine / Millepied jusqu'au 8 juin à l'Opéra Bastille

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  • L'étrange cité d'Ilya et Emilia Kabakov sous la nef du Grand Palais, jusqu'au 22 juin 2014

    grand palais,ilya kabakov,emilia kabakov,rmn,monumentaDepuis l’éblouissement absolu installé par Daniel Buren, dans la nef du Grand Palais, pour Monumenta en 2012 : des couleurs franches imprimées sur ces modules circulaires ont envahi ma vision. Encore aujourd'hui, sous cette majestueuse verrière, l’intention artistique de Daniel Buren continue de brouiller le réel, je ne parviens pas à m’en détacher. Pourtant, ce matin là, avec la ferme volonté d’avoir un regard nouveau, j'aborde les remparts de L’étrange Cité des deux artistes d’origine russe, IIya (80 ans) et Emilia (69 ans) Kabakov.

    Grand Palais, Ilya Kabakov,Emilia Kabakov,RMN,monumentaL’espace immense se découpe en un dédale d’allées limitées par de hauts murs d’un blanc immaculé dont l’entrée se fait sous une coupole renversée. Colorée de vitraux, la forme spectaculaire de 24 tonnes semble vouloir transmettre un écho, une voix ou une écoute. Cette construction avait été commandée par feu Gérard Mortier (il a été directeur de l’Opéra national de Paris) pour le décor de l'opéra Saint-François d'Assise d'Olivier Messiaen au Festival de la Ruhr (Allemagne-2003).

    « L’étrange cité », pure comme un ensemble d’icebergs et lumineuse comme une cité grecque, ouvre sur des entrées sombres et mystérieuses aux noms ésotériques: « Le centre de l’énergie cosmique », « Comment rencontrer un ange ? »,… Ces enceintes, une fois leurs seuils franchis, dévoilent tour à tour les univers contrastés du couple d’artistes : un musée vide comme une cathédrale, des peintures noires ou de couleurs vives, des objets insolites et des constructions funambulesques, laissent entrevoir la possibilité d’une recherche artistique sans fin où l’utopie semble faire naître ou détruire à sa guise les civilisations, comme dans une boucle infernale.
    L’intention de départ des artistes est peut-être d’évoquer les choses avec simplicité, mais le concept même de l’installation est très ambitieux. Même si Ilya et Emilia Kabakov se défendent de ne pas être des « artistes politiques », ils expriment ici une forme de militantisme aux idéaux bien tranchés. L’Homme apparaît dans leurs œuvres comme particulièrement doué pour la conquête ; son aspiration à « se dépasser » traverse les époques et les frontières.

    En fait, ce qu’il y a de remarquable, dans la représentation de ce Monumenta 2014 au Grand Palais d’Ilya et Emilia Kabakov, n'est pas uniquement la représentation artistique, mais plutôt le reflet d’un parcours de vie, de deux vies unies dans un même élan créatif depuis 1989. Beaucoup plus qu’une expression artistique en quête d’esthétisme, c'est un réel témoignage sur la condition humaine. A découvrir jusqu’au 22 juin sous la nef du Grand Palais.

    Laurence Caron-Spokojny #cequiestremarquable

    Nb : pour en savoir plus sur le couple d'artistes Kabakov ; à lire, très intéressante interview, dans Le Figaro

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  • Jusqu’au 13 mai 2014, l’opéra « A flowering tree » au Théâtre du Châtelet

    théâtre du châtelet,john adams,peter sellars,sudesh adhana,orchestre symphonique de tours,franco pomponi,david curry,yves ossonce,pauline pfeiffera flowering treeDepuis hier soir, et, jusqu’au 13 mai, l’opéra «A flowering tree» se joue sur la scène du Théâtre du Châteletafin de poursuivre sa relation assidue avec le compositeur américain John Adams, après : Nixon in China en 2012, et, I was looking at  the ceiling and then I saw the sky en 2013.

    En 2006 à Vienne, pour célébrer le 250ème anniversaire de la mort de Mozart, Peter Sellars choisit un conte populaire Indien pour raconter la musique de  John Adams, « A flowering tree ».  Oscillant entre les codes du répertoire traditionnel indien, pour ne pas dire folklorique, et le kitch absolu du genre, Vishal Bhardwaj met en scène cet opéra dont le premier acte s’étire en longueurs infinies, autant dans sa narration que dans son illustration musicale. L’histoire se conte, en détails, à la façon d’un voyage initiatique : une jeune femme se transforme en arbre à fleurs sous réserve que certains soins attentifs lui soient prodigués ; un prince, fou d’amour pour ce don extraordinaire, épouse celle qui devient princesse… Le talent du narrateur, le barython Franco Pomponi, captive, et cela malgré la suavité de la mise en scène, l’absence d’effets, et la musique quelque peu lancinante s’avère trop minimaliste pour un propos aussi faible. Le ton est donné, le rythme particulier au théâtre indien est de découdre des sentiments et des émotions, l’histoire ne se révèle d’ailleurs pas d’un grand intérêt. Une recherche d’esthétisme s’appuie sur la stylisation gestuelle des interprètes, elle prend forme aussi par l’exercice chorégraphique peu probant de deux danseurs dont le scénographe Sudesh Adhana. Une poésie enveloppe l’atmosphère, la très belle présence de marionnettes laisse courir l'imagination. Il y a une sorte de dépouillement, une franche simplicité, quelque chose de décalé que l’on aimerait saisir…

    L’orchestre Symphonique de Tours joue fort mais la baguette de Jean-Yves Ossonce est précise, et, tout comme la soprano Pauline Pfeiffer, l’ensemble prend des allures wagnériennes. Pour lui donner la réplique, le ténor David Curry offre une interprétation claire et moderne du Prince, ces trois chanteurs, mais aussi comédiens, ont l’extrême grâce d’articuler à merveille, nos yeux sont très peu attirés par le sur-titrage en français.

    Entracte, patience...

    Le second acte attaque, ce sont des ensembles chantés, les chœurs du Châtelet sont brillants, la partition contemporaine de John Adams s’éveille et trouve enfin une raison d’être. Il semble que le tragique soit bien plus inspirant, et, le deuxième acte passe à grande vitesse alors que sa durée est quasi identique au premier. Il est trop tard pour les impatients qui ont quitté la salle pendant l’entracte, tant pis pour eux. La musique s’exprime, elle sort de la fosse pour des envolées lyriques dont David Curry et Pauline Pfeiffer s’emparent sans défaillir. Le tableau final brode une sorte d’apothéose heureuse, l’esprit Bollywood n’est pas loin mais sans le faste.

    La confrontation des genres n’est pas toujours du meilleur effet, et les chemins de traverses font parfois s’égarer, pourtant si l’idée était de surprendre ou de dérouter, le pari est réussi.  Je m’interroge encore...

    Laurence Caron-Spokojny

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  • "Indiens des Plaines" au Musée du quai Branly jusqu'au 20 juillet 2014

    affiche_indiens_plaines.bro.jpegAu delà des hautes herbes de ses jardins, quelques tribus Cheyenne, Sioux, Blackfoot, Apache, Comanche, Arapaho ou  Pawnee ont envahi le Musée du Quai Branly.
    Les grandes plaines d’Amérique du nord grondent sous une charge de bisons, alors qu’au milieu d’un rassemblement de tipis un pow wow bat son plein de chants et de danses. A
    u loin des nuages de fumée s’échappent, une mère persuade un fils de ne pas se rendre à la guerre, des tribus se sont réunies en conseils, un calumet se partage, on entend les cents qui accompagnent une danse du soleil, un chaman évoque les esprits pour la prochaine chasse aux bisons... 

    Les indiens des plaines de l’Est sont repoussés par la Conquête de l’Ouest aux confins des Plaines du Nord et de l’Ouest, les guerres intertribales sont terribles mais pas autant que cette Amérique qui avance et qui détruit tout sur son passage. C’est la fin d’une civilisation. Après la variole et les massacres, les enfants sont arrachés à leurs parents pour être «reformatés», le nomadisme est fauché par le placement des peuples dans des réserves, les traditions spirituelles, familiales et culturelles sont interdites.

    jean-michel wilmotte,indiens des plaines,musée du quai branlyPourtant, le cœur du peuple de ces Indiens des Plaines palpite, il parvient à se faire entendre autrement, et une voix forte : l’Art. Après avoir imprégné, malgré lui, l’histoire du cinéma américain, la culture indienne déploie son grand raffinement dans une démonstration ancestrale et contemporaine. Les objets de culte et les vêtements cérémoniels rivalisent de beauté. Cheveux longs, crêtes ou tresses ornent des coiffes et couronnes somptueuses. Mises en scène par Jean-Michel Wilmotte, les broderies de perles de verre ou de plumes teintes n’ont rien à envier à la Haute Couture d’aujourd’hui, ce serait même l’inverse. Des constructions géométriques aux tracés délicats et aux teintes choisies sur des peaux de bisons tannées, selon des techniques anciennes, côtoient des sculptures de bois ou de coquillages aux lignes résolument contemporaines qu’elles soient issues du 16ème ou du 20ème siècle.
    La production artistique du peuple indien demeure une source d’inspiration inépuisable. Les artistes contemporains manifestent plus que jamais une forte dimension identitaire et le courant s’impose autant dans les Musées que dans les Galeries d’Art les plus en vogue.

    "Indien des plaines" a la possibilité d’être lue à travers différents prismes, l’exposition est riche, autant didactique que divertissante, et est vraiment accessible à tous. Le facteur commun à ces différentes lectures est la beauté ahurissante de tout cet art réuni entre les murs du Quai Branly, et, le message de ce peuple magnifique est puissant, malgré les ravages qu’il a subi, il résiste. Au début du 20ème siècle, seulement 250 000 indiens ont survécu, aujourd’hui ils sont plus de 4 millions sur le territoire américain.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Muriel Robin : représentation exceptionnelle le vendredi 23 mai 2014 à l’Olympia

    muriel robin,olympia« ROBIN REVIENT TSOIN TSOIN » revient pour une seule date à Paris, au profit de l’association Joséphine, pour la beauté des femmes.  

    Créée en 2006 par Lucia Iraci, L’Association Joséphine pour la beauté des Femmes s'adresse aux femmes défavorisées afin de les aider à se réinsérer dans la société à travers l'apprentissage de la beauté.  

    La merveilleuse Muriel Robin est marraine de l’association depuis novembre 2013. Pour acheter vos places, c'est ici.

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  • La très belle pièce "LES VAISSEAUX DU COEUR" est annoncée au moins jusqu'à fin mai au Théâtre du Petit Montparnasse !

    serge riaboukine,benoîte groult,jena-luc tardieu,les vaisseaux du coeur,josiane pinson,théâtre du petit montparnasseGeorge sans ‘s’ - son nom inspiré par George Sand, annonce déjà la couleur - est une parisienne, raffinée et cultivée. Gauvin - dont le nom héroïque est emprunté à un des chevaliers de la table Ronde - est un marin pêcheur, simple et rustre. 
    Entre ces deux héros, l’histoire d’amour se noue et se dénoue au rythme des pêches. L’amour partagé est passionné. Mais l’harmonie n’est pas au goût du jour, les contraintes sociales et culturelles enchaînent les amants et les contraignent à quelques rendez-vous entre Paris et des rives exotiques… Lire l'article ici

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  • Picasso, céramiste à la Cité de la Céramique de Sèvres jusqu’au 19 mai 2014

    picasso,cité de la céramique de sèvresLors de l’exposition annuelle des potiers de Vallauris en 1946, Picasso rencontre Suzanne et George Ramié, les propriétaires d’une fabrique de céramique, l’atelier Madoura. Picasso y réalise ses premières œuvres en céramique puis 4500 œuvres suivront jusqu’en 1971. Picasso considère avoir trouvé une façon  de démocratiser son œuvre ; depuis la libération, Picasso est inscrit au parti communiste, son engagement date de la période de la guerre d’Espagne, il confiera à André Malraux : « J’ai fait des assiettes, on peut manger dedans. »

    L’œuvre céramique de Picasso a investi le dernier étage de la très belle Cité de la Céramique de Sèvres : c’est un éblouissement. La sensualité des courbes de ses femmes, aux hanches généreuses et à la taille élancée, côtoie la foule déchaînée de ses chères corridas alors que faunes, et chèvres délicates, se partagent les vitrines lumineuses de l’exposition. Lire l'article.

    Vase aux danseuses ou bacchanale, Pablo Picasso, 24 juillet 1950. Grand vase à col évasé, terre cuite rouge, gravée et peinte à l'engobe ocre. Pièce unique. Collection particulière. (c) Succession Picasso 2013 ; crédit photo : Maurice Aeschimann.

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  • Au Palais de Tokyo, "LES MODULES" (Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent) : Vivien Roubaud, Thomas Teurlai, Tatiana Wolska ; du 25 avril au 23 juin

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    Thomas Teurlai,Camping Sauvage, 2013. Courtesy de l’artiste.

    Les trois modules de ce printemps 2014 sont consacrés à des artistes récemment diplômés de la Villa Arson, Nice. Chacun s’approprie le bâtiment du Palais de Tokyo à sa manière. Vivien Roubaud détourne les soubassements du plafond afin de produire des sculptures issues des tuyauteries, gaines et autres câbles d’alimentation. Thomas Teurlai suspend dans le vide une immense sculpture porteuse de sons vibratoires qui envahissent l’espace. Enfin, Tatiana Wolksa réalise une architecture déconstruite en s’appropriant les chutes des expositions précédentes.

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  • Bruxelles sera rock, Bruxelles sera rouge : avec l'installation d'Arik Levy

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    A l'occasion de l'exposition ARTVIEW, Arik Levy inaugure l'installation de sa culture RockGrowth sous l'emblématique Atomium, du 25 avril au 30 septembre.

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  • Spamalot à Bobino, jusqu'au 19 avril

    spamalotLorsque l’humour british rencontre l’humour français, le mariage n’est pas forcément évident. C’est pourtant le pari gagné par Pierre-François Martin-Laval, dit PEF. 
    Inspiré par le film des Monty Python « Sacré Graal ! » (1975), puis créé sur scène à Londres en 2005, l’arrivée de « Spamalot » à Paris était très risquée ; ces dernières années les comédies musicales servies sur les planches parisiennes n’ont pas su être à la hauteur de leurs aînées londoniennes ou newyorkaises… Pourtant, après le succès en 2010 au Théâtre Comédia, la production de Spamalot continue à prouver le contraire à BobinoLire l'article

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  • Christophe, INTIME, au Théâtre Antoine

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    Costard ringard coincé dans les santiags, définitivement scotché sur une époque que personne ne saurait exactement situer, Christophe entre sur la scène du Théâtre Antoine comme dans son salon, il connaît le lieu sans le regarder tout à fait. Expérimentation électro, le public tente de s’y retrouver... Des spots colorés balayent la brume. Tentative sophistiquée. Le brushing blond, maintenant presque blanc, est éclairé par le haut comme auréolé. Couinements funambulesques, le public soupire d’aise.

    Christophe pianote, il se donne des airs de concertiste, des effets de lumières eighties rétrécissent l'espace du Théâtre Antoine, façon boudoir. Nostalgie amoureuse, rencontres hasardeuses, des petits riens déprimants enchantent de suaves mélodies. Délaissant les synthés pour  le piano noir, comme sur le tableau noir du Cancre de Prévert, il dépouille, épure et réinterprète ses chansons comme s’il s’agissait d’un répertoire classique. L’oiseau de nuit instrumentalise tout, et le son persiste même quand il ne chante plus.

    Quelques gorgées de Jack Daniel's rappellent que ce truc là ne se fait plus sur scène depuis belle lurette. Gainsbourg n’est plus. Même Jaeger et Bowie mangent bio et sirotent du thé vert. Mais lui, Christophe, il est celui qui a transformé son prénom en un genre à part entière, il ignore les nouvelles lubies des autres. Pas de mea culpa ici bas. Il râle un peu, il conduit sa chaise magique armée de son micro. Terminé les Ferrari. L’italien s’est calmé. Bavardages. Le chanteur yéyé cite Alan Vega, encore et toujours, à tel point qu’on ne sait plus lequel des deux a commencé à admirer l’autre. Le ton est aux confidences, anecdotes pas très neuves, le public lui répond. C’est cela qu’on appelle « l’intime ».

    Brassens, pourquoi pas Barbara, alors que Bashung veille du haut des cintres... Quelle bonne idée cette articulation précise qui fait apprécier le texte, c’est mieux. Le public chante toujours. La réverbe à fond les balances envoie des échos comme sous la voûte céleste d’une cathédrale. Mystique de son propre mythe. Il parle de lui. Bonne parole. Maîtrise aiguisée de sa guitare…parfaite, et du micro.

    Caricatural, entre les bobos qui regrettent une jeunesse punk qu’ils n’ont pourtant jamais eu, et, les mamies qui ‘savent rester jeunes comme Sylvie Vartan', le public de Christophe est en émoi, transporté. Rome-antique, les très classiques ‘mots bleus’ font planer. Pâmoison. Idolâtre. C’est cela, Christophe est un concept ou une autre sorte de dieu, à qui voudra bien l’écouter.

    Laurence Caron-Spokojny

    ...et, parce qu'il impossible de résister au manque : 

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  • Les animaux sauvages s'installent à Paris : le PARC ZOOLOGIQUE de Paris ouvre ses portes le 12 avril

    parc zoologiqueAu loin, 'le rocher des singes' se dessine... sa seule vue rassure, on se dit que le Zoo de Vincennes ne doit pas avoir tant changé : les souvenirs, vieux de trente ans, que l’on s’est pressé de raconter aux enfants vont être crédibles.
    Le soleil fait darder ses rayons sur les allées blanches, une foule jacassante et curieuse s’agglutine devant les vitres et autres espaces réservés à la vue des animaux sauvages. Le parcours se déroule selon cinq zones géographiques dites 'biozones' : La Patagonie, Le Sahel-Soudan, Madagascar, La Guyane et l’Europe. Naturellement réfractaire à toutes formes 'd’enfermement du vivant', je suis vite convaincue par le grand espace attribué à chacun des animaux, et, à l’attention toute particulière donnée à la scénographie environnementale du lieu. Il est probable que les nouveaux locataires de Vincennes doivent se sentir à leur aise. Mais ce jour là, beaucoup d’entres eux n’ont pas encore eu le temps de s’habituer à leurs nouveaux territoires, certains préfèrent rester cachés aux yeux de cette faune urbaine dont les râleries sont reconnaissables par le 'caractère endémique' de leur espèce. 
    Cette première visite est un succès, je compatis de tout cœur à la frayeur des otaries qui préfèrent rester à l’abri de leur grotte.nero le lion,parc zoologique,zoo de vincennes

    Plus de 1000 animaux, 180 espèces différentes dont certaines cohabitent, peuplent ces 15 hectares. Les addax et les oryx algazelles sont un peu orgueilleux, ces sortes d’antilopes triomphent de leurs cornes annelées. Nero le lion, observe, ses soigneurs lui ont promis l’arrivée prochaine de trois femelles, il patiente, étendu sur son rocher chauffé comme un fauteuil de voiture luxueuse. 

    nero le lion,parc zoologique,zoo de vincennesPas très loin, seize girafes d’Afrique de l’ouest, élégantes, les gardiennes des lieux se sont parées de faux cils extravagants, leur chic contraste avec la quarantaine d’affreux culs roses de ces antipathiques babouins de Guinée au regard torve. On envie les barbotages des manchots de Humbolt qui s’ébattent dans les eaux d’un bassin bleu émeraude en forme d’amphithéâtre. La grande serre est un refuge tropical, une sorte de jungle civilisée où serpents et autres raretés vénéneuses sont bien gardés. Des palmes, fleurs et lianes accueillent des oiseaux extraordinaires dont les plumages colorés rivalisent avec les teintes des orchidées. Une meute de loups d’Espagne ravive l’imagination des enfants et gomme par sa beauté, sa puissance et la douceur apparente de sa fourrure, toute la terreur inspirée par les contes. Ravie de retrouver un des plus bouleversants mammifères qui soit, je me surprend, écrasée contre la vitre, à souhaiter croiser le regard du tendre lamantin…

    parc zoologiqueDepuis 1934, le Muséum National d’Histoire Naturelle poursuit sa mission avec le nouveau Parc zoologique en termes scientifiques et pédagogiques et selon un esthétisme raffiné. Le charme des années 30 subsiste malgré les 27 mois de travaux qui ont été nécessaires. Artistes, ingénieurs, architectes, jardiniers, techniciens et artisans ont laissé place aux vétérinaires, éthologues, soigneurs, concepteurs et médiateurs pédagogiques, afin de jongler au mieux entre une cohérence esthétique, le bien être des animaux et l’accueil du public.

    nero le lion,parc zoologique,zoo de vincennesUn attrait supplémentaire a retenu toute mon attention : les arbres. Le parc est autant zoologique que botanique. Des jeux de perspectives intéressants rythment l’espace, un vrai travail artistique en somme puisqu’il s’agit de copier la nature. L’effet est garanti. 870 Espèces végétales ont entamé leur course vers le ciel, les troènes, érables, chênes, noisetiers et sorbiers ne semblent pas se méfier des cordylines, bananiers, palmiers, savonniers et autres arbres encore plus exotiques bien décidés à gagner du terrain. La plantation des espèces est multiple et précise, elle s’harmonise par de savants voisinages. D’ici deux ou trois ans, il faudra s’armer d’un coupe-coupe pour visiter l’endroit ! La surface arbustive du Parc zoologique a été augmentée de 40 %, il est à souhaiter que cet effort botanique soit contagieux au reste de la capitale, sa tutrice, puisque le terrain sur lequel il est situé appartient à la Ville de Paris.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • "Salaud, on t'aime" de Claude Lelouch, sur les écrans le 2 avril

    claude lelouch,cinéma,sandrine bonnaire,johnny halliday,eddy mitchellEntrer dans une salle de cinéma est comme embarquer sur un formidable vaisseau. Ses destinations inconnues, dessinées par l’ombre, la lumière et la couleur, invitent aux voyages, à des aventures fabuleuses, à des rêves inaccessibles ou à des fantasmes inavoués. Le voyage promet souvent, comme en littérature, de sublimer nos vies et d'apporter la nourriture, impalpable et nécessaire, à notre imagination.
    Cela n’est pas le cas pour tous les genres de cinéma, il y a aussi les films qui parlent de 'nous'. Du domaine de l'intime, avec ou sans pudeur, le décryptage s'étend parfois jusqu'aux confins de nos âmes. Il s’agit aussi d’une initiation au voyage, le trajet s’avère encore plus mouvementé que la traversée d’une page historique ou d’un conte fantastique. C’est le cinéma de Claude Lelouch, il raconte des histoires de vies, les nôtres ou celles d’à côté, mais aussi les siennes. Le réalisateur flirte parfois avec un certain réalisme, les petites histoires deviennent alors de grandes histoires, et il les raconte comme si elles étaient des fresques épiques. 

    Jacques Kaminsky a été passionné et absorbé par son métier de photographe tout au long de sa vie, peut-être au détriment de sa famille...  A l’aube de sa vie, il souhaite réunir ses filles dans un chalet de montagne dont il vient de faire l’acquisition.

    « Salaud, on t’aime » est réalisé comme un triptyque : un blanc, puis un noir, et enfin un gris. Le blanc, c’est la lumière, celle du soleil qui enflamme les sommets enneigés, et celle de l’amour qui transperce la pellicule à force de vouloir s’exprimer, se crier. Et puis, il y a le noir, la mort, froide. Ensuite, vient tout ce gris qui noie le propos, au cœur de l’hiver, un genre de polar...

    claude lelouch,cinéma,sandrine bonnaire,johnny halliday,eddy mitchellPour son chef d’oeuvre «A nos amours» Maurice Pialat avait découvert Sandrine Bonnaire, depuis la comédienne n’a pas changé, elle a mûri, elle a travaillé et elle a vécu, et rien n’a pu altérer l’incroyable lumière qui émane d’elle. Elle est libre, généreuse et d’une sincérité désarmante. En face d’elle, Johnny Halliday. Les  deux comédiens sont à match égal en terme de sincérité. Johnny se pose là, l’angle de la caméra est étroit pour celui qui sait conquérir l’espace des plus grandes scènes de spectacles, il semble ne pas savoir quoi faire de ce grand corps, alors il intériorise façon Brando. Lelouch fouille, archéologue des sentiments, il cherche, loin, le regard bleu de Johnny est un abîme. Magnifique. Tout cela donne le vertige.

    Tableau blanc. A cet instant, il ne faut pas chercher à savoir si le film est autobiographique ou pas, il faut apprendre à se détacher, à s’asseoir à table entre Johnny et Eddy, juste en face du sourire hypnotique de Sandrine, admirer les champs fleuris qui dévalent la montagne, faire raisonner la passionnata de cette famille qui en rappelle tant d’autres, et faire semblant de pactiser avec ces sœurs ennemies. Les rôles des sœurs sont partagés par de belles comédiennes, comme Irène Jacob ou la jeune Jenna Thiam, mais le scénario ne s’est pas appliqué à donner de l’importance à ces rôles. Avec son talent estampillé, Claude Lelouch vole des instants de vie en surprenant ses acteurs, il emmène le spectateur avec lui, très haut dans la montagne, et il livre, comme jetés en pâture au public, quelques fragments intimes. Où commence la fiction, où s’arrête la vie, peu importe, les premières pages de « Salaud, on t’aime » sont savoureuses.

    Tableau noir. La mort. Elle arrête tout, même l’émotion. Seule Sandrine Bonnaire regarde cette mort en direct, alors que pour les autres elle est comme un trait d’union maladroit entre deux films, la vérité s’en est allée. Deux films en un, c’est peut-être ça la dérive.
    Tableau gris. Un polar, je ne comprends pas, trop d’obscurité, un imbroglio de non-dits, difficile, trop long, abrupt comme les flancs de la montagne et sinueux comme ses routes...

    Pourtant, il y a le magnétisme de Sandrine Bonnaire, la sincérité de Johnny Halliday et cette scène magnifique, déjà mythique, entre Johnny et Eddy fredonnant devant le film d’Howard Hawks « Rio Bravo »… je garde ça, j’oublie le reste.

    Laurence Caron-Spokojny

    Pour en savoir plus  : Films 13

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  • Rétrospective Robert Mapplethorpe au Grand Palais : « Il était un artiste et il le savait ( …). Il ne faisait que reconnaître ce qui lui revenait de droit. » (Just Kids, Patti Smith).

    Robert Mapplethorpe,patti smith,grand palaisRobert Mapplethorpe a photographié des fleurs, des sexes, des portraits et des corps nus de chair ou de glaise. Artiste météore, il quitte notre monde en 1989 à l’âge de 42 ans, emporté par le sida. Il est photographe mais on aurait pu dire peintre ou sculpteur, il marque les années 80 par une photographie appliquée, souvent en noir et blanc, très sophistiquée.

    Après les marbres d’Auguste, les représentations du corps humain de Mapplethorpe répondent en un écho parfait aux Maîtres de la sculpture, les corps sont autant d’hommages à Michel Ange et les portraits posent comme des bustes antiques. La photographie est un moyen technique, rapide, Mapplethorpe fait de l’art, il aurait commencé par des collages, puis par des Polaroïds… La quête de perfection de l’artiste, du grain, de l’ombre à la lumière, révèle un méthodisme obsessionnel, un désir de perfection absolue. La mise en scène précise de ses autos-portraits reflète le caractère esthète de l’artiste.

    Robert Mapplethorpe,patti smith,grand palais«Je cherche la perfection dans la forme. Dans les portraits. Avec les sexes. Avec les fleurs.» Robert Mapplethorpe, 1985

    Au Grand Palais, il y a une pièce dédiée aux photographies érotiques de l’artiste, elle est interdite aux enfants, ceux de moins de 18 ans. Je peux entrer, je suis une enfant de 43 ans.
    Est-il possible de regarder la photographie d’un sexe sans sourciller ? Le sexe est finalement si peu représenté dans l’art (cf. Musée d’Orsay Masculin/Masculin), faut-il évaluer cette oeuvre de la même façon qu'une fleur photographiée telle une nature morte ? Mapplethorpe montre à quel point la beauté plastique de la forme est plus importante que le sujet lui-même, pour finalement ne pas en rougir…

    Robert Mapplethorpe,patti smith,grand palais« La photographie et la sexualité sont comparables, explique Mapplethorpe. Elles sont toutes deux inconnues. Et c’est cela qui m’excite le plus. » Ce sont les questions posées par les photographies de Robert Mapplethorpe, parfois perturbantes, des provocations intimes et ultimes, entre homosexualité et sadomasochisme, le photographe est un témoin implacable d’une époque qui plongent le visiteur dans un New-York radical, au cœur des années 70/80.

     

    robert mapplethorpe,patti smith,grand palais« Un jeune homme endormi, baigné de lumière, qui ouvrait les yeux avec un sourire de reconnaissance pour celle qui n’avait jamais été une inconnue. »  Just Kids, Patti Smith.

    Avant la sculpturale Lisa Lyon (championne de bodybuilding), Patti Smith a partagé la vie de Robert Mapplethorpe de 1967 à 1970. Il fait d’elle une héroïne des temps modernes, peintre, chanteuse, poète, performeuse, et, elle fait de lui le photographe qu’il a été. L’expérience est amoureuse et artistique, les deux vont ensemble, ca marche comme ça dans ces vies là. Et comme, dans une vie, l’amitié dure toujours bien plus longtemps que l’amour, Patti Smith sera aussi là demain, mercredi 26 mars, à l’Auditorium du Grand Palais, pour évoquer ses souvenirs et dédicacer son livre  Just Kids. Parce qu’au départ c’était ça, juste deux enfants, jugés terribles, seulement parce qu’ils ont souhaité que cette enfance dure un peu plus longtemps que celle des autres…

    Ce lundi matin, à la sortie de l’exposition du Grand Palais, je feuillette avec envie le catalogue de l’exposition mais finalement j’achète Just Kids, je veux me sentir plus proche d’elle. Après avoir enfouie ma monnaie au fond de mon sac, je relève la tête, elle est juste devant la table des attachés de presse, je crois bien être la seule à la voir. Autour, tous sont ignorants, préoccupés, blasés, ou bien peut-être médusés comme moi. Nous échangeons un grand sourire, franc. Toute simple, les yeux plongés dans un monde qui n’appartient qu’à elle, elle s’avance vers le staff des officiels du Grand Palais. Aimable et généreuse, je crois que Patti Smith vient de dire qu’elle est heureuse d’être là… moi aussi !

    Laurence Caron-Spokojny

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  • N’en doutez-plus, l’opéra est un art populaire, rendez-vous à la MC93 de Bobigny pour Don Giovanni

    don giovanni,christian schirm,opéra national de paris,atelier lyrique,mc93 bobigny,christophe perton,mozart,barbara creutz,tiago matos,armelle khourdoïan,elodie hache,andriy gnatiukIls sont beaux, ils sont jeunes, ils sont comédiens et ils ont de belles voix : il ne s’agit absolument pas du teaser de la prochaine comédie musicale du Palais des Sports mais de l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris ; pour sa septième production, « Don Giovanni » est présenté sur la scène de Bobigny. 

    don giovanni,christian schirm,opéra national de paris,atelier lyrique,mc93 bobigny,christophe perton,mozart,barbara creutz,tiago matos,armelle khourdoïan,elodie hache,andriy gnatiuk« L’Opéra national de Paris propose un programme pour donner à des jeunes chanteurs et à des pianistes-chefs de chant en début de carrière les meilleurs atouts pour réussir dans leur vie professionnelle »,
    Christian Schirm, Directeur de l’Atelier Lyrique. 

    Hier soir, à la MC93 Bobigny, les jeunes artistes de l’Atelier Lyrique ont été à la hauteur de cette exigence. Sur scène, l’atmosphère dégage un véritable esprit de troupe - cela est rare, pour ne pas dire inexistant lorsqu’il s’agit du répertoire lyrique - la jeunesse des chanteurs et leur travail commun, au sein de l’Atelier Lyrique, semble éveiller un nouvel, et heureux, engagement, aussi bien musical que théâtral. 
    Pour ce Don Giovanni en italien, certains chanteurs se distinguent, selon l’alternance de la distribution, c’est le cas d’Andriy Gnatiuk  par sa très belle voix de basse à la diction impeccable, il est Leporello, le valet de Don Giovanni, il fait preuve d'un talent de comédien tout aussi remarquable. Le jeune ukrainien fera ses premiers pas sur la scène de l’Opéra Bastille, en janvier 2015, dans Ariane à Naxos selon la mise en scène de Laurent Pelly, à suivre… Tiago Matos est un beau Don Giovanni, tout à fait crédible, il est aux côtés d’une Donna Elvira, Elodie Hache, à la carrière déjà très affirmée, dont la voix et la présence révèlent une puissance digne des plus grandes sopranos. Différemment, Zerlina proposée par Armelle Khourdoïan est, elle, tout en nuances et en couleurs, elle est aussi excellente comédienne et sa fraîcheur est ravageuse.

    Wolfgang Amadeus Mozart a fait fi de tout enchaînement dramaturgique logique, la musique est seule guide, les pages musicales se déroulent comme des frises  dans un rythme étourdissant. Pour maîtriser cette course effrénée de notes qui tente d’être rattrapée par l’histoire de Lorenzo Da Ponte, le metteur en scène, Christophe Perton, a dessiné un large espace d’expression, à la façon d’un terrain de jeux, il semble que ce soit le fond d’une piscine. Les chanteurs évoluent dans un univers souhaité « contemporain » qui se scande par des claquements de portes, rien de très nouveau en somme ; ceci, malgré un intéressant travail vidéo, projeté sur le fond du décor, il s’agit d’une création extrêmement forte, Barbara Creutz en est l’auteure. Et puis, il y a ce regrettable parti pris de faire chanter les interprètes le visage non éclairé, il est temps que cette mode cesse...  

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    "Lorsqu’on vient d'entende un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui."  Sacha Guitry

    Richard Wagner qualifiait Don Giovanni comme étant «l’opéra des opéras»… Mon propre et humble « top-Mozart » ferait passer devant cette première place Les Noces de Figaro, ou bien, La Flûte Enchantée, mais tout ceci est finalement une question d’humeur ou de saison. Dans « Don Giovanni » l’écriture vive du compositeur est d’une créativité telle qu’elle atteint une sorte d’émerveillement absolu, notamment à la fin du deuxième acte, l’entrée du Commandeur soutenu par ce chœur de basse, est une partition d’une beauté parfaite, une extase. L’Atelier Lyrique, les musiciens de l’orchestre-atelier Ostinato sous la baguette d’Alexandre Myrat et la Maîtrise des Hauts-de-Seine constituent un ensemble qui témoigne d’une  interprétation pour laquelle la complexité et la richesse incroyable des notes ne sont pas des obstacles, la légèreté et l’extravagance du propos sont admirablement bien retranscris.

    La musique et le livret romantique à souhait de Don Giovanni, et, la jeune équipe d’artistes choisis, servent une production d’un très remarquable niveau d’exigence. La MC93 Bobigny est aux portes de Paris, le prix des places est accessible (9 à 29 euros) et une navette gratuite est proposée en direction de la capitale à la fin du spectacle ; ainsi, les moyens sont réunis pour donner accès à cette musique universelle. L’art lyrique est, à la MC93 Bobigny, un art définitivement populaire.

    Laurence Caron-Spokojny

    photos © Cosimo Mirco Magliocca

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  • GHOST TRACK au Théâtre Claude Lévi-Strauss, Musée du Quai Branly

     

    iwan gunawan,kyai fatahillah,ghost track,leineroebana dance company,harijono roebanaAvant, hier soir, je ne connaissais pas encore le Théâtre Claude Lévi-Strauss. Heureuse découverte. Après avoir traversé les jardins du Musée du Quai Branly, il faut entrer dans l’enceinte du Musée et s’enfoncer dans ses entrailles. Ici, une salle de plus de 400 places propose des banquettes de cuir brun face à une large scène. Concerts, projections, conférences et spectacles, l’espace est très occupé, on y parle de singularité, de métissage, de tradition mais aussi de techniques contemporaines et de nouveaux langages. «Danse au Quai Branly» est donc une première approche, et GHOST TRACK de la «LeineRoebana Dance Company»  arrive en ouverture de ce cycle printanier.

    Harijono Roebana et Leine Andrea dirigent cette compagnie de danse néerlandaise. Les origines indonésiennes du chorégraphe Harijono Roebana ont trouvé leur écho au travail du compositeur indonésien Iwan Gunawan, directeur de l’ensemble de gamelan contemporain et de l’ensemble Kyai Fatahillah.

    Cinq danseurs néerlandais et trois danseurs indonésiens confondent leur maîtrise du geste, soutenus par sept musiciens indonésiens entourés par leurs instruments traditionnels. L’ensemble est une réussite. Les musiciens entament chants sensuels, cris étranges, percussions envoûtantes et mélodies suaves selon d’astucieux mélanges, la musique contemporaine puise sans détour dans le répertoire traditionnel des éléments, fastes ou minimalistes, nécessaires à son existence. Dans la veine des contemporains Steve Reich ou Philip Glass, la création musicale assume sa contemporanéité autant que la création chorégraphique. En fait, l’un ne va pas sans l’autre.

    Les danseurs déroulent une chorégraphie inventive, l’empreinte de la danse est bien celle du nord, Mats Ek et Pina Bausch veillent ; mais la courbure des mains et des pieds, les équilibres complexes et les regards farouches des danseurs sont inspirés du théâtre d’ombres, des danses rituelles ou des danses guerrières javanaises.

    L’ensemble porté sur la scène du Théâtre Claude Lévi-Strauss est mue par une énergie forte, les danseurs se jettent littéralement sur scène. La danse répond à la musique, une conversation tout à fait naturelle s’est engagée. Les décors et les lumières participent à l’échange, même l’intervention d’une chanteuse, à l’allure kitchissime à souhait, ne parvient pas à troubler le voyage. Les histoires fantasques racontées par les danseurs indonésiens se nouent intimement à l’expression intuitive et radicale des danseurs néerlandais ; le langage corporel et l’intention musicale atteignent une sorte d’universalité, aboutie, et c’est là certainement le souhait révélé par le Musée du Quai Branly, Musée des Arts et Civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • La civilisation des Hommes libres représentée par les « Femmes berbères du Maroc » à la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent…

    femmes berbères du maroc,claude lefébure,fondation pierre bergé - yves saint laurent,laurence caron-spokojnySi l’envie démesurée d’un voyage à Marrakech se fait sentir, le besoin de poursuivre son initiation au raffinement de la botanique méditerranéenne, de se perdre dans de fraîches allées, d’écouter le bruissement léger d'une forêt de bambous ou de suivre l’ondulation savante d’un cours d’eau, …  Une visite du Jardin Majorelle s’impose. La terre et tout ce qui émane d’elle, arbres, fleurs et fruits, et, le bleu, la couleur de la lumière, justement la couleur, celle qui recouvre en partie notre Terre et qui permet de la distinguer parmi les astres… Alors que Marrakech la rouge crépite de mille feux, l’oasis serein offert par le Jardin Majorelle, le plus beau jardin qu’il m’ait été donné de voir, abrite l’atelier du peintre, Jacques Majorelle, si élégamment transformé en un musée (1) dédié à la civilisation berbère.

    femmes berbères du maroc,claude lefébure,fondation pierre bergé - yves saint laurent,laurence caron-spokojnyPour préserver cette collection, l’enrichir et la faire vivre, Pierre Bergé choisit de la faire voyager, en partie, jusqu’à Paris. Avenue Marceau, la Fondation accueille ces «Femmes berbères du Maroc» jusqu’au 20 juillet 2014. La rencontre est émouvante, elle met en perspective l’universalité du rôle de la femme, garante de toutes formes de civilisations, et puis ce patrimoine commun à tous les marocains qui s’étend aux confins du Maghreb oriental à l’Egypte.

    Les couleurs vives des tapis et tissages qui ornent l’exposition contrastent avec la neutralité de la terre rouge des poteries. Sous de lourds costumes de toiles de coton aux teintes douces se dévoilent des beautés nobles et farouches peintes par Titouan Lamazou. Pour cette occasion, les plus belles parures d’argent, de corail et d’ambre sont exposées comme autant de créations sophistiquées de leur (éternel) protecteur Yves Saint Laurent ; le maître veille, assurément.

    La culture et les traditions des Imazighen, l’indépendant et résistant peuple berbère, traversent les siècles et cette exposition en témoigne par la voix de ces femmes. Après la chaleureuse scénographie de l'exposition, l'intérêt reste éveillé par le parcours du très beau catalogue (Artlys), et si cela ne suffit pas un voyage au Maroc semble tout à fait indiqué… irrésistible.

    Laurence Caron-Spokojny

    (1) dans le Jardin Majorelle de Marrakech, le musée berbère a ouvert ses portes en 2011.

    crédit photo : Femmes ist Yazza (Aït Hadiddou) vêtues de l’ahendir (mante)  © Claude Lefébure

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  • « La beauté de Rome ne répondait pas à la majesté de l'Empire (...). Il l'embellit tellement, qu'il se vanta avec raison d'avoir trouvé une ville de briques et laissé une de marbre» - Moi, Auguste, Empereur de Rome au Grand Palais.

    auguste-affiche.jpgVoici deux mille ans, à l’âge de 75 ans, l’empereur Auguste quittait ce monde. La Réunion des Musées Nationaux, plus précisément Le Louvre et Les musées du Capitole de Rome ont mis en scène, dans les salles des Galeries nationales du Grand Palais, le long règne du premier empereur romain de l’Histoire, Octave dit Auguste.

    Neveu et fils adoptif de Jules César, Caius Octavius Thurinus souhaite venger l’assassinat de César. C’est donc dans un climat de guerres civiles que le jeune Octave débride peu à peu son ambition. Dix sept-ans après le premier triumvirat (César, Pompée et Crassus), Antoine, Lépide et Octave se partagent le pouvoir pendant dix ans jusqu’à la bataille navale d’Actium et la conquête de l’Egypte (qui poussera Antoine et Cléôpatre au suicide). Après ces victoires, en 27 av. J.C., le Sénat proclame Octave : Augustus (vénérable, consacré), il est alors le premier empereur romain.

    Statue-Augustus.jpgTrès habile stratège, Auguste prend grand soin de maintenir en apparence la restauration de la République afin de ne pas éveiller les soupçons d’un possible souhait de royauté. Le règne d’Auguste est un règne de paix : il adapte la politique de Rome aux coutumes des territoires qu’il a conquis, et lorsqu’il ne parvient pas à en conquérir de nouveaux, Auguste met en œuvre des alliances… L’Empereur s’invente sa propre communication, il multiplie ses représentations, ce sont des bustes, de la monnaie frappée à son effigie, des camées délicats, des statues de marbre, des peintures, de l’argenterie… Son ami Mécène, jugé très excentrique, lui inspire l’idée d’attirer les plus grands artistes, et, de faire rivaliser la production artistique de l’Empire à travers le monde. Properce, Virgile et Horace sont d’excellents ambassadeurs de leur protecteur. Les amours, mariages et liaisons adultères, de l’Empereur sont aussi des outils politiques autant que les spectaculaires monuments publics qu’il fait s’élever dans Rome.

    En sept parties, l’exposition suit une chronologie extrêmement nette, les œuvres présentées sont des archétypes nécessaires et indiscutables de l’histoire qui nous est contée. Les arts et coutumes, l’architecture, les bijoux, les pratiques funéraires, rien n’échappe à la juste illustration des quarante années de règne d’Auguste. Comme autant de preuves de passions déchaînées, de conquêtes héroïques, de guerres sanglantes, de complots politiques, et enfin de paix, cette Rome continue à être totalement fantasmée. Mais pour cette fois, "MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME" retrace l’histoire d'un homme, non pas des moindres, lors d'un parcours très instructif, absolument passionnant, et se tenant certainement au plus près de cette époque !

    Auguste est donc un homme à suivre jusqu’en juillet 2014, il est également accompagné d’une programmation culturelle extrêmement riche (films à l’auditorium, colloques, rencontres, ateliers … ). Les informations sont sur le site du Grand Palais.

    Laurence Caron-Spokojny

     

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  • La mécanique des fluides selon Bill Viola au Grand Palais

    billviola_cequiestremarquable.jpgLes expositions au Grand Palais se suivent et ne se ressemblent jamais. Lorsqu’il s’agit enfin de présenter le travail de Bill Viola, le Grand Palais se fait humblement oublier pour fondre le visiteur-voyageur dans l’univers multidimensionnels de l’artiste vidéaste.

    A l’heure du numérique, et autres technologies dont on ne cesse de nous rabattre les oreilles et de nous brouiller la vue, Bill Viola remet les choses en perspective : les bonnes perspectives. La technologie reprend son rôle premier, elle est un « outil », et c’est heureux. L’Art occupe l’espace, il naît sous l’impulsion humaine. Et, c’est en effet du domaine de l’Humain dont il s’agit. Nos pas se font précieux, ce matin là dans les allées du Grand Palais, comme guidés par la lumière, un parcours initiatique…

    Selon Bill Viola : « Le paysage est le lien entre notre moi extérieur et notre moi intérieur ». Qu’il soit terrifiant ou époustouflant de beauté, l’horizon dans lequel nous plongeons notre regard nous renvoie toujours à nos propres émotions, comme un effet de miroirs… inévitable.
    Cette sensation d’appartenance à la nature est omniprésente, la vie humaine épouse les éléments dans un cycle  sans fin. A sa convenance, l’eau donne la vie et la reprend ; avec le feu, les deux éléments sont des alliés, et de puissants frères ennemis qui n’ont de cesse de rythmer la vie. Le temps s'égrene, des hommes et des femmes le traversent, imperturbables, un bateau chargé quitte la rive. D'autres, des sensations aquatiques ou brûlantes, créent des images et subliment des sons, l’atmosphère est transformée, le passage d’une œuvre à l’autre se fait dans une sorte d’apesanteur.

    Comme des insectes nocturnes, nous sommes attirés par le scintillement de la lumière, tour à tour réduits ou grandis par nos sens désormais totalement en éveil. Les enfants courent, l’obscurité ne les impressionne pas le moins du monde, ils s’assoient en tailleur sur la moquette sombre et assistent au spectacle de la vie proposé par Bill Viola avec toute la candeur dont ils sont capables. Chacun en prend pour son grade, il faut s’abandonner. Vraisemblablement, il y a autant de lectures à la proposition artistique de Bill Viola qu’il y a d’Hommes sur Terre.

    Comme après une longue méditation, un harassant bain de mer, une crise de larmes ou de fous rires, une marche sous la pluie, une colère, un sommeil profond ou une déclaration d’amour, il y a ce vide infini qui a dénoué nos muscles et libéré notre esprit, Bill Viola aurait pu être un Maître Zen... Puis, le silence fait place à quelques propos éblouis. Ce bel enthousiasme reste pourtant mesuré, chacun protège ses sentiments avec pudeur. Le voyage dans lequel Bill Viola nous a transporté a touché une part d’intime pour laquelle il est très difficile de témoigner. Seule, reste en commun, la vision du monde de Bill Viola, elle nous rappelle à quel point nous sommes ici de passage, le passage d’un état à un autre, très court...

    Laurence Caron-Spokojny

    Bill Viola à l'Opéra Bastille en avril 2014

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  • Entre création et répertoire, Sa Majesté audacieuse...: la saison 2014-2015 de l'Opéra national de Paris, en scène !

    cequiestremarquable chagall.jpgL’Opéra national de Paris a démarré ce mois de mars sur les chapeaux de roues. Une nouvelle étoile, Amandine Albisson, a été nommée, ce mercredi 5 mars par Brigitte Lefèvre, à l’issue de la représentation du ballet Onéguine (chorégraphié  en 1965 par John Cranko). Ce même soir, le futur directeur de la danse, Benjamin Millepied, qui succède dès la saison prochaine à Brigitte Lefèvre, proposait, au Théâtre du Châtelet, sa toute récente création L.A. Dance Project 2. Puis, ce vendredi 7 mars, l’AROP (l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris) est venue -soutenue par l’équipe artistique de l’Opéra (Brigitte Lefèvre pour la danse, et, Christophe Ghristi pour le lyrique et les concerts)- présenter la saison à ses adhérents, autrement dit aux Amis de l’Opéra ; ce soir là, j’en faisais partie…

    aropcequiestremarquable.jpegL’AROP soutien l’Opéra national de Paris, en termes de mécénat, depuis plus de trente ans avec un réel investissement et une grande énergie. Cet engagement, sans cesse renouvelé, concerne aussi un programme pédagogique remarquable : Dix mois d’Ecole et d’Opéra. Selon le Président de l’AROP, Monsieur Jean-Louis Beffa : « Il est essentiel que l'Opéra ne s'adresse pas qu'à une élite. D'où les actions en direction des enfants défavorisés, à priori éloignés de cette offre culturelle. Élargir l'Opéra au grand public est une de nos actions prioritaires ». Et, cette action est devenue essentielle. Destiné à offrir aux élèves (des Académies de Paris, Versailles et Créteil) une égalité de chance dans des lieux où l’éducation a un rôle plus que salvateur, ce programme permet de donner accès à l’Art et à la culture sur de nouveaux  territoires. Par la pratique d’une discipline artistique, la rencontre, ou tout simplement par le simple fait d’assister à un spectacle, l’action engagée permet d'étendre l'horizon, et de libérer «la possibilité de» si nécessaire à la compréhension du monde. Pour l’heure, la volonté est d’inscrire cette action dans un contexte national par un partenariat avec les Opéras et Académies de Nancy et de Reims, un nouveau festival est attendu en 2015, à suivre…

    Pour sa dernière saison, Brigitte Lefèvre, après avoir mené la danse pendant 20 ans (un record historique) du plus exigent Ballet du monde, a présenté  son programme avec une belle émotion, tout en retenue, une passion, intacte, toujours très communicative : 
    Les trois coups du brigadier se feront entendre dès le 1er septembre 2014 à Garnier par l’invitation de la Compagnie de (la déesse) Pina Bausch le Tanztheater Wuppertal, plus tard en janvier 2015, une seconde Compagnie invitée s’installera à L’Opéra : Le Ballet de Suède. Deux pièces à la marque indélébile de (mon adoré) William Forsythe au répertoire du Ballet, et le si gracieux Etudes de Harlad Lander à Garnier seront suivis par la musique de Steve Reich adroitement mêlée aux pas dictés par Anna Teresa de Keersmaecker et son « Rain ». 

    lacroix, la source cequiestremarquable.jpgLe grand écart entre le contemporain et le classique sera, comme à son habitude, dès plus acrobatique, autant pour les danseurs que pour les agendas. La silhouette élégante de Rudolf Noureev ne cessera de hanter les cintres de l’Opéra (Bastille pour cette fois), lorsque les fêtes de fin d’année seront célébrées au rythme de son tendre et féerique Casse-Noisette - à cette occasion aura lieu la matinée Rêve d’Enfants. A noter aussi, pour faire venir le printemps, le mythique Lac des CygnesLa Source de Jean-Guillaume Bart, et le magistral décor d’Eric Ruf coloré par le faste des costumes de Christian Lacroix, se fondera à merveille entre les velours rouges de Garnier.

    Ecole-de-danse-de-l-opera-de-paris_stage-ete-2012.jpgPour leurs réalisations contemporaines, Garnier accueillera deux nouvelles créations celle de Pierre Rigal pour «Salut», entouré par le talent de Nicolas Paul et une pièce d’Edouard Lock. Puis, Maître John Neumeier signera, dès février 2015, Le chant de la terre, l’œuvre promet d’être profonde et évocatrice, l’inspiration du chorégraphe éveillée par la musique de Gustave Malher offrira au chant une place intéressante. Toujours dans l’excellence, Elisabeth Platel présentera Les Démonstrations de l’Ecole de Danse en avril.

    LesEnfantsDuParadisProgramme.jpgL’Histoire de Manon et les adieux d’Aurélie Dupont chargeront d’émotions l’atmosphère de Garnier. Suivront le poétique 'Paris disparu' des Enfants du Paradis de José Martinez, et, la reprise de L’Anatomie de la sensation de Wayne McGregor, ce dernier ballet clôturera la saison avec l’Ensemble Intercontemporain.

    Après ces nombreux pas, voici quelques justes notes... Philippe Jordan domptera, de septembre à juillet, pas moins de neuf Symphonies de Beethoven. Alors que l’Amphithéâtre proposera des Rencontres plus intimistes avec le Ballet, et les Convergences ingénieuses de Christophe Ghristi. Le Festival d’Automne consacrera un cycle aux œuvres de Luigi Nono, et Rameau prendra possession de Garnier en s’y exposant pour l’hiver. Sous la direction de Christian Schirm, l’Atelier Lyrique lancera de nouvelles productions et une création : Maudits les innocents, en décembre.

    La Traviata mise en scène par Benoît Jaquot et la voix formidable de Dimitri Hvorostovsky, puis une nouvelle production du Barbier de Séville, et, l’ardente Tosca de Béatrice Uria-Monzon dans une toute nouvelle production, s’installeront à Bastille.

    Ce sera ensuite la découverte de l’Enlèvement au Sérail de Zabou Breitman, les accents fervents de Puccini selon la mise en scène de Jonathan Miller pour La Bohème, le légendaire Don Giovanni de Michael Haneke, le retour de Karita Mattila dans Ariane à Naxos, et l’absolue pureté Wilsonienne de Pelléas et Mélisande. Michel Plasson voyagera entre Bastille à Garnier, en mars et en avril, pour la direction musicale de Faust et Le Cid. Robert Carsen fera entrer une lumière incomparable sur la scène de Bastille avec Rusalka de Dvorak et La Flûte enchantée, en avril et jusqu’en juin.

    alceste-cOpéra-national-de-Paris-Agathe-Poupeney-728x485-620x413.jpgIl est à remarquer, une œuvre lyrique inattendue, Le Roi Althus de Chausson, qui précédera l’Alceste d’Olivier Py dans les décors éphémères de Pierre-André Weitz. Enfin, la somptueuse Angela Gheorgiu fermera la grande maison pour l’été dans le rôle de Adriana Lecouvreur de Cilèa.

    Il est aisé de constater que cette énumération n’est pas exhaustive, la composition de la saison de l’Opéra national de Paris est encore bien plus riche et bien plus haute en couleurs. Ainsi, 2014/2015 est la promesse d'une saison brillante pour accueillir l’arrivée de Stéphane Lissner et Benjamin Millepied, ce nouveau duo artistique fera ses premiers pas sur une terre déjà fertile.

    Aujourd’hui, il est à souhaiter que le souffle de contemporanéité absolue - qui a été projeté par la fine intelligence de Gérard Mortier (1), sur la scène de l’Opéra Bastille, pour Tristan et Isolde (2) de Wagner dans une mise en scène de Peter Sellars et argumenté par l’art maîtrisé de Bill Viola - soit un exemple pour tous et n’ait de cesse de créer des passerelles entre les arts.

    Laurence Caron-Spokojny

    1. Gérad Mortier est décédé le 9 mars 2014, il fut Directeur de l’Opéra national de Paris entre 2004 et 2009

    2. Cette œuvre sera reprise en avril 2014 et sera dédiée à Gérard Mortier.


    Entretien avec Philippe Jordan : Tristan und... par operadeparis
     

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  • Mary Prince à la Manufacture des Abbesses, jusqu'au 22 mars

    909123802.jpgMary Prince se tient là, droite et fière, sur la scène de la Manufacture des Abesses, elle raconte son histoire.

    En 1831, le récit de Mary Prince fut le premier témoignage écrit avant l’abolition de l’esclavage qui fut prononcée le 27 avril 1848 par ces mots : «Le sol de France affranchit l'esclave qui le touche». Puis, très tardivement, en mai 2001, l’esclavage est reconnu comme crime contre l’humanité par une loi initiée par Christiane Taubira.

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  • ...il reste quelques jours pour aller voir l'exposition Jean Marais à Eléphant Paname

    jean marais,elephant panameL’exposition "Jean Marais" proposée entre les murs d’Eléphant Paname s’intitule «L’histoire d’une vie». La vie telle qu’elle est racontée, celle qui est vécue avec toute son universalité : son injustice, ses coups de grisou et ses coups de chance. Et, c’est le cas pour Jean-Alfred Villain-Marais ; l’homme, loin d’être destiné au départ à une vie aussi artistiquement riche, laisse entrevoir par ses traces et objets intimes (lettres bouleversantes, mots touchants, passions griffonnées, déclarations hâtives, œuvres picturales inachevées ou accomplies, modelages patients, photos intimes et célèbres…) à quel point il était fait pour déchaîner les passions et faire vibrer les émotions, les attirer, les remuer et aussi les transformer. Jean Cocteau ne s’y est pas trompé... Lire l'article

     

     

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  • Médée, poème enragé, selon Jean-René Lemoine, à la MC93 de Bobigny : the ultimate experience

    Christophe Ouvrard,médée poème enragé,Romain Kronenberg,Jean-René Lemoine
,Damien Manivel,François Menou-Dominique Bruguière
,Bouchra Jarrar
,mc93 bobigny,Zelda Soussan,Médée aime, tue et fuit… puis Médée aime, tue et fuit, encore et toujours.

    La magicienne ne conçoit aucune limite à son amour lorsqu’elle l’offre, et aucune limite si cet amour lui est repris. Eternelle amoureuse, esclave sentimentale ou manipulatrice vengeresse, Médée déifie les passions, elle donne la vie comme un cadeau ou la reprend comme une punition, suit les battements de son cœur et répond à ses affres passionnelles avec une logique et une froideur implacable.

    Pour l’avoir écrit et composé, et pour lui donner souffle, Jean-René Lemoine impose un être hybride, homme, femme, démon, ange, dieu, déesse. Jamais violente, ni hystérique, l'autorité du comédien est toute en nuances, envoûtante…
    Il absorbe mon oxygène, il m’oblige à me plier à son propos par une écoute attentive, vouée. Aucune sortie possible, la magicienne fait son œuvre, nous sommes emmenés au delà des mers, le soleil est à son zénith et seule la poussière soulevée par le passage d’un char ou le galop d’un cheval vient troubler ce bleu méditerranéen.  Parfois, je tente de jeter un œil de côté pour échapper au magnétisme, juste une seconde pour respirer, je cherche à restaurer une sorte d’équilibre entre les émotions qui me submergent et l’immobilisme de mon corps, mais la lutte s’avère vaine, aussitôt rattrapée, terrassée, je me laisse à nouveau envelopper par la toute-puissante histoire.

    La présence souveraine et délicate de Jean-René Lemoine laisse échapper quelques chaudes mélopées, cette création musicale de Romain Kronenberg est salvatrice. En l’espace d’une heure trente, à la fois terrien puis aérien, Jean-René Lemoine quitte les Hommes pour rejoindre les dieux de la mythologie grecque. Parmi eux, l’auteur et comédien incarne éperdument mais toujours dans la juste mesure, une performance profonde totalement hors du commun. Impossible de m’en sortir indemne –applaudissements– je suis meurtrie par cette Humanité qui se bat contre elle-même, mais forte et riche de cet art parfait et abouti. Ce dimanche après-midi, je retrouve un soleil de plomb, je respire, Médée ne me quittera plus.

    « Médée, poème enragé » est un rendez-vous entre notre Humanité et la monstruosité qu’elle nourrit, celle-ci est racontée dans toute son universalité sur un ton qui n’appartient à aucun espace temps ou bien à tous. Jean-René Lemoine offre une performance qui dépasse le concept du « spectacle », il s’agit d’une expérience bouleversante qui donne à voir l’invisible.

     

    A Bobigny, au début des années 90, j’ai découvert Sellars, Wilson, Découflé... - chocs - lumières - il semble que la Maison de la Culture de la Seine Saint-Denis poursuive toujours, avec zèle, l’action culturelle initiée par Malraux dans les années 60. Il est impératif de réserver vos places pour ce spectacle et d’éveiller votre curiosité pour la suite de la programmation en 2014.

    Laurence Caron-Spokojny

    Texte et mise en scène Jean-René Lemoine
 - Création musicale et sonore Romain Kronenberg avec Jean-René Lemoine et Romain Kronenberg Collaboration artistique Damien Manivel
 - Dispositif scénique Christophe Ouvrard
 - Costume Bouchra Jarrar
 - Lumières Dominique Bruguière
 Assistanat lumières François Menou - 
Assistanat à la mise en scène Zelda Soussan

    Médée poème enragé, ce texte est publié aux Solitaires intempestifs

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  • Gauthier Fourcade, dernière le 16 mars : dépêchez-vous !

    Gauthier Fourcade,comédie bastilleGauthier Fourcade à l’allure d’un Géo Trouvetou, le funambule s’élance sur la piste et tient l'équilibre pendant plus d'une heure et demie ; en dadaïste  averti, il jongle avec les mots, déroule sur la scène de la Comédie Bastille de fumeuses théories, et, entrelace jargon éclairé et complots linguistiques…

    Dans une mise en scène de François Bourcier, et, soutenu par la plume de Marc Gelas, "Le secret du Temps Plié" est un voyage aux confins de l'univers...
    drôle, sensible et savant ! 

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  • Génial ! L’« Etat de siège » d’Albert Camus au Théâtre de Poche-Montparnasse

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    Nous entrons dans un monde où «rien ne bouge», «tout va bien» en apparence, jusqu’au jour où La Peur vient bouleverser ce trompe-l’oeil moral et sociétal. La confusion est un terrain propice pour y faire naître ses valeurs : l’asservissement, l’obscurantisme et surtout la manipulation de l’opinion et des esprits mènent enfin à la résignation ; tout puissant Le Mal règne. 

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    L’Etat de siège fut créé en 1948 au Théâtre Marigny selon une mise en scène de Jean-Louis Barrault, sur une musique d’Arthur Honegger, des décors et costumes de Balthus, et, avec une distribution toute aussi ahurissante : Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Maria Casarès, Jean Desailly, Simone Valère, Pierre Brasseur, Pierre Bertin ... 

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    Au Théâtre Marigny, la pièce s’était installée pour trois heures, vingt-cinq comédiens dans des décors magistraux ; sur la scène du Poche-Montparnasse, six comédiens tiennent Etat de siège en moins d’une heure trente dans des décors de «poche».

    Il m’est hélas impossible de comparer les deux versions, celle de 1948 et celle d'aujourd'hui, mais il est aisé de constater que les procédés artistiques mis en place pour cette adaptation, avec les décors de Vincent Léger, les marionnettes de Juliette Prillard et la lumière de Jacques Puisais, s’accordent aux mouvements sénographiques et aux choix musicaux avec une rare efficacité. A tambours battants, les comédiens se jettent sur scène avec passion. L’esprit de troupe rafraîchissant gomme quelques inégalités de jeu, notamment lorsque le jeune Adrien Jolivet lance quelques tirades dos au public (?), mais Antoine Seguin (dans les pas de Pierre Brasseur) mène avec force la joyeuse équipe, et, les comédiens et comédiennes servent brillamment le texte en se partageant énergiquement et adroitement les rôles.

    Le sujet est grave, impitoyablement contemporain, et pourtant le génie infini de Camus le fait user de toutes les techniques théâtrales possibles, de la farce au mélodrame, rien ne lui échappe. C’est ainsi que le Théâtre retrouve sa fonction première, souvent oubliée dans nos salles : « la distraction », le divertissement, et cela la metteur en scène Charlotte Rondelez l’a très bien compris pour cette version au Poche-Montparnasse. Cette adaptation est bourrée d’inventions, tout en perspective, le décor proposé est ingénieux et offre un territoire d’expression transformable. Le ton, radicalement burlesque et savoureusement déjanté, permet de ratisser un large registre d’émotions. La bienveillance et la cruauté se côtoient au plus près de notre Humanité ; avec cette pièce, Albert Camus nous rappelle, à nouveau, et, à quel point, il demeure le plus grand des auteurs.

    Etat de siège est un divertissement intelligent et un instant délicieux à partager. Je préconise de s’inspirer de son propos, tant il respire la créativité, afin de nous rappeler, si justement, qu'il ne faut jamais abandonner la lutte ! Résistez.

    Laurence Caron-Spokojny

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