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  • Les derniers jours de l'exposition ”Living rooms” de Robert Wilson au Louvre

    louvre,robert wilson,marina bramovic,living roomsExposer son appartement dans les salons du Louvre est un privilège réservé au metteur en scène Bob Wilson. En 2008, Bob Wilson avait déjà mis en scène ses funérailles à la demande de l’artiste déjantée Marina Bramovic*, c’est dire à quel point la mise en scène ne supporte aucune limite pour Bob Wilson. 

    Lire la suite de l'article, ICI

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  • ”A suivre!”, les Fables d’Isabeau de R. au Théatre de Dix-Heures

    jean michel joyeau,michel miletti,isabeau de r,hélène de serres,théâtre de dix-heures,juste pour rire« Le Cabaret des arts » fut la première enseigne du lieu, puis « La lune Rousse » en 1904 pour enfin être baptisé le  Théâtre de Dix-Heures  en référence au roman de Courteline « Les linottes » en 1912 : « Je vous dis que l’homme qui fondera un théâtre de Dix heures, pratique, confortable, élégant et où on ne jouera que des pièces gaies – car les heures ont leurs exigences – gagnera une fortune, par la force des choses, par le seul fait qu’il aura étanché une soif. »

    Cette prédiction littéraire s’est avérée juste. Le Théâtre de Dix-Heures, sur le trépidant boulevard de Clichy, mêle adroitement têtes d’affiches et

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  • Picasso, céramiste à la Cité de la Céramique de Sèvres jusqu’au 19 mai 2014

    picasso,cité de la céramique de sèvresLors de l’exposition annuelle des potiers de Vallauris en 1946, Picasso rencontre Suzanne et George Ramié, les propriétaires d’une fabrique de céramique, l’atelier Madoura. Picasso y réalise ses premières œuvres en céramique puis 4500 œuvres suivront jusqu’en 1971. Picasso considère avoir trouvé une façon  de démocratiser son œuvre ; depuis la libération, Picasso est inscrit au parti communiste, son engagement date de la période de la guerre d’Espagne, il confiera à André Malraux : « J’ai fait des assiettes, on peut manger dedans. »

    L’œuvre céramique de Picasso a investi le dernier étage de la très belle Cité de la Céramique de Sèvres : c’est un éblouissement. La sensualité des courbes de ses femmes, aux hanches généreuses et à la taille élancée, côtoie la foule déchaînée de ses chères corridas alors que faunes, et chèvres délicates, se partagent les vitrines lumineuses de l’exposition. Lire l'article.

    Vase aux danseuses ou bacchanale, Pablo Picasso, 24 juillet 1950. Grand vase à col évasé, terre cuite rouge, gravée et peinte à l'engobe ocre. Pièce unique. Collection particulière. (c) Succession Picasso 2013 ; crédit photo : Maurice Aeschimann.

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  • Le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat... Le Béjart Ballet Lausanne est au Palais des Con

    maurice béjart,palais des congrès,le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat

    "...Il y a un peu plus de trente ans, au milieu de la surprenante musique de Berlioz entrecoupée de bombardements et de bruits de mitrailleuses, un Frère Laurent peu conventionnel s’écriait devant Jorge Donn et Hitomi Asakawa : “Faites l’amour, pas la guerre !”.
    Aujourd’hui, Gil Roman, qui a à peu près l’âge de la création de mon Roméo et Juliette, entouré de danseurs qui n’ont jamais vu ce ballet répond : “Vous nous avez dit : faites l’amour, pas la guerre. Nous avons fait l’amour, pourquoi l’amour nous fait-il la guerre ?”.
    Cri d’angoisse d’une jeunesse pour laquelle le problème de la mort par l’amour s’ajoute à celui des guerres multiples qui n’ont pas cessé dans le monde depuis la soi-disant FIN de la dernière guerre mondiale !
    Mes ballets sont avant tout des rencontres : avec une musique, avec la vie, avec la mort, avec l’amour… avec des êtres dont le passé et l’œuvre se réincarnent en moi, de même que le danseur que je ne suis plus, se réincarne à chaque fois en des interprètes qui le dépassent.
    Coup de foudre pour la musique de Queen. Invention, violence, humour, amour, tout est là. Je les aime, ils m’inspirent, ils me guident et, de temps en temps dans ce no man’s land où nous irons tous un jour, Freddie Mercury, j’en suis sûr, se met au piano avec Mozart.
    Un ballet sur la jeunesse et l’espoir puisque, indécrottable, optimiste, je crois aussi malgré tout que The Show Must Go On, comme le chante Queen."
     Maurice Béjart
     
    "Le Presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat..." par le Béjart Ballet Lausanne, musique de Queen et Mozart, costumes de Gianni Versace, au Palais des Congrès , du 4 au 6 avril : immanquable !
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  • Reprise de ”Mademoiselle Julie”, du 1er octobre au 3 novembre 2019 au Théâtre de l'Atelier

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  • ”Noire La Vie méconnue de Claudette Colvin” par Tania de Montaigne au Rond-Point des Champs-Elysées

    noire la vie méconnue de claudette colvin, tania de montaigne,stéphane foenkinos,joseph truflandier,laurence fontaine,claire choffel-picelli,pierre-alain giraud,lola prince,984 productions,theatre du rond-point des champs-Élysées

    Alabama, bus de 14h30, 2 mars 1955. Claudette Colvin, du haut de ses quinze ans, refuse de céder sa place à un passager blanc. Condamnée à la prison, elle plaide non coupable et attaque la ville. Claudette Colvin écrit le début de l’histoire dont Rosa Parks sera un peu plus tard la Mère du mouvement des droits civiques. Son nom, il faut l’avouer personne ne le connaît, mais soixante ans plus tard en 2015, aux éditions Grasset, l’écrivaine, Tania de Montaigne veille au grain et rétablit les oublis de l’histoire, Claudette Colvin est sur le papier. Cet écrit est récompensé par le prix Simone Veil 2015 et est finaliste du Grand prix des lectrices de ELLE 2016. 

    Naviguant entre incarnation, témoignage et plaidoyer, Tania de Montaigne, aussi comédienne, dépasse l’écriture pour porter Claudette Colvin sur scène, en chair et en os, c’est au Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées.

    Elle entre, toute droite dans une robe qui flotte légèrement autour d’elle comme une robe d’écolière dont on a défait les ourlets parce que l’enfant a trop grandi. De son regard franc Tania de Montaigne balaie les rangs du public avec assurance, une conquérante. La comédienne, auteure des mots qui vont naître, est là pour en découdre. Tania de Montaigne invite l’assistance : « Prenez une profonde inspiration, soufflez, et suivez ma voix, désormais, vous êtes noir, un noir de l'Alabama dans les années cinquante… ». Le décor est planté, des rideaux de gaz, impalpables, s’animent d’un choix précis de photos et de vidéos avec lesquelles la comédienne orchestre des dimensions cinématographiques, musicales et politiques des années 50, une époque. L’esthétisme est résolument noir et blanc, deux teintes qui vont si bien ensemble, et pourtant… il est question d’un combat. Le metteur en scène Stéphane Foekinos rythme l’espace avec élégance, il a créé ce spectacle en  2019 au Centre Dramatique National de Rouen avant de s’installer au Rond-Point, là où se tient ce soir-là l’épicentre bouillonnant de l’émancipation des Afro-Américains, juste en bas des Champs-Élysées. Le public peine à respirer, livré au charme pur et puissant de Claudette et de Tania dans la moiteur de ce territoire subtropical parcourut de fleuves et de rivières. Fébrilement, certains osent compter sur leurs doigts les petites dizaines d’années qui séparent notre époque de ce qui nous est raconté ici. Tristesse. Désarrois. Révolte. Scandale. Effroi. Ces sentiments cruels transpercent de leurs petites flèches acérées nos consciences européennes, toujours si bien pensantes. A y réfléchir, la piqûre de rappel faite par Tania de Montaigne, à moins que ce soit une claque pour nous réveiller, laisse une plaie ouverte qui ne cesse de suinter. Une proposition artistique plus que nécessaire.

    Laurence Caron

    *La captation de ce spectacle - produite par Arnaud Bertrand (984 production) et Philippe Thulier (adltv) et réalisée par François Hanss - a été diffusée le 19 mars 2021 sur France 5.

    * L’Assignation, Les Noirs n’existent pas - Prix Botul et Prix de la laïcité ; du même auteur, à lire chez Grasset (entre autres).

    *Tournée à suivre : ANGOULÊME (16), VILLARD BONNOT (38), MONACO (98), LYON (69), ROMANS SUR ISÈRE (26), UCCLE (BELGIQUE), NOGENT SUR OISE (60), CLUSES (74), SAINT SÉBASTIEN SUR LOIRE (44) DARDILLY (69), MIRAMAS (13), AMIENS (80), RENNES (35).

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  • ”Un vivant qui passe” au Théâtre de l'Atelier, lecture de Sami Frey

    CLAUDE LANZMANN,UN VIVANT QUI PASSE,Sami Frey,Franck Thévenon,Vincent Butori,Théâtre de l’Atelier,shoah,Maurice Rossel,circ1943, Maurice Rossel, délégué du CICR (Comité International de la Croix-Rouge) visite le camp d’Auschwitz, l’échange avec le chef du camp est courtois. A la Kommandantur, les nazis sont « fiers de leur travail», Rossel aperçoit quelques baraquements, croise des groupes de prisonniers « israélites », maigres, tenues rayées et calotte sur la tête, ce sont leurs regards qu’il retient. Pour ce qui est des moyens d’extermination, il n’est témoin de rien, il n’a rien à en dire, rien à rapporter. Lui savait bien sûr que c’était « terrible », en Suisse personne n’ignorait que les prisonniers civils ne revenaient pas de ces camps, mais personne n’avait conscience de « la masse »… Près d’un an plus tard, Theresienstadt, ville forteresse au nord-est de Prague, une sorte de ghetto modèle, est sa prochaine étape. Rossel constate un traitement particulier et une organisation qu’il considère comme « privilégiée » dans ce camp Potemkine, une ville qu’il juge « presque normale ». C’est du théâtre, il l'admet, les nazis ont tout organisé pour sa venue, cependant il s’étonne de la docilité des « israélites »…

    En 1979, pendant le tournage du film documentaire Shoah, Claude Lanzmann recueille les propos de Maurice Rossel, cet échange est filmé, retranscrit et édité.

    Sur la scène du Théâtre de l’Atelier, Sami Frey fait renaitre ce dialogue, une sorte de marqueur historique, comme un coup de frein brutal, un récit de l’épouvante. L’intelligence se sent si démunie face à l’ignorance tandis que l’humanité se questionne. Comment un tel manque de conscience est-il possible ? De cette sobriété de ton qui caractérise le travail du cinéaste, des cris d’horreur s’étouffent quelque part, cela Sami Frey le fait ressentir de tout son être. Pendant un peu plus d’une heure, le public du Théâtre de l’Atelier respire au rythme de l’acteur. De l’habileté de l’intervieweur à retenir son indignation face au manque total d’empathie du témoin, Sami Frey enchaîne, sautant d’un personnage à l’autre, avec une technique fine et aisée, délicat et puissant, sa distinction et sa réserve naturelle subliment le propos. Le ton est profond, d’une sincérité si limpide et si évidente, la cruauté est à son comble. Cette interview est un prétexte pour illustrer en somme que le statut de spectateur n’implique pas forcément la passivité.

    A l’heure de la disparition des derniers témoins de la Shoah, le rôle de l’art n’a jamais été aussi essentiel.

    Laurence Caron  

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  • Nicolas de Staël au Musée d’Art Moderne de Paris jusqu'au 21 janvier 2024

    « Le peintre Nicolas de Staël vient de trouver tragiquement la mort à Antibes. Il était au comble du succès…  Il était revenu exténué de New-York, mais heureux, amusé, de s'y être malgré tout imposé… » écrit André Chastel, le 25 mars 1955 dans Le Monde. Alors que sa peinture explose de mille feux, Nicolas de Staël, à quarante-et-un an, tire le rideau définitivement sur la vie. Voué à son art, son obsession de la peinture n’a pas été suffisante pour le sauver entièrement de la mélancolie qui a embrumée sa vie. Pourtant, l’aristocrate, apatride et orphelin, a toujours su camoufler par un vif enthousiasme et des éclats de rire cette enfance rayée par la révolution russe de 1917, cette excessivité n'était pas de bon augure...

    « C’est si triste sans tableaux, la vie, que je fonce tant que je peux. »

    Guidé par l’amour qu’il porte aux femmes de sa vie et à ses enfants, il crée une famille tout en souhaitant fréquemment y échapper pour rejoindre une solitude qu’il juge nécessaire à son inspiration. Refusant de faire un choix entre figuration et abstraction, Nicolas de Staël n’a de cesse de mener une quête acharnée pour une autre peinture, égarant les galeries, marchands et collectionneurs loin derrière lui, il perturbe l'ordre établi en ne refaisant jamais le même tableau et fait de son art un territoire d’expérimentation illimité.

    « Toute ma vie, j'ai eu besoin de penser peinture, de voir des tableaux, de faire de la peinture pour m'aider à vivre, pour me libérer de mes impressions, de toutes les sensations, de toutes les inquiétudes auxquelles je n'ai trouvé d'autre issue que la peinture.» Lettre de Nicolas Staël à Théodore Schempp

    Avec plus de 1000 tableaux et autant de dessins, Nicolas de Staël laisse les preuves de son obsédante enquête sur les secrets de la lumière et des couleurs, sans pour autant abandonner le sujet pour la forme. De ce questionnement magnifique et bouleversant le Musée d’Art Moderne livre une lecture toute aussi passionnante. Le parcours est à la fois grandiose, par la richesse des propositions picturales, et intime, par ces illustrations et précieuses archives qui laissent entrevoir, si cela est possible, l’artiste et peut-être l'homme…

    LC

    (cd photo : Nicolas de Staël, Agrigente, 1954, Huile sur toile, 60 x 81 cm, Collection particulière, © Photo Annik Wetter © ADAGP, Paris, 2023).

    "L'espace pictural est un mur mais tous les oiseaux du monde y volent librement à toutes profondeurs". Nicolas de Staël

    Un extrait du documentaire Nicolas de Staël, la peinture à vif de François Lévy-Kuentz, co-écrit avec Stéphane Lambert et Stephan Lévy-Kuentz et produit par Martin Laurent, Temps Noir, en coproduction avec ARTE France, est présenté en permanence dans les salles de l’exposition et diffusé dans son intégralité sur ARTE le 24 septembre 2023.

    Le catalogue de l’exposition approfondir encore la connaissance du travail du peintre, grâce à des textes sur sa relation aux maîtres du passé et à son contemporain Georges Braque, ou encore son rapport au paysage et à la nature morte. L'ouvrage contient également un entretien des commissaires avec Anne de Staël, fille aînée de l’artiste, ainsi que le texte intégral et inédit du « Journal des années Staël » de Pierre Lecuire, écrivain, éditeur et ami proche de Staël.

    L’exposition Nicolas de Staël est organisée par le Musée d'Art Moderne de Paris en étroite collaboration avec la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, où elle sera présentée du 9 février au 9 juin 2024. Avec le soutien d'ING, Linklaters et Perella Weinberg Partners.

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  • FIN DE PARTIE au Théâtre de l'Atelier : Prolongation jusqu'au 16 avril !

    fin de partie,samuel beckett,jacques osinski,denis lavant,frédéric leidgens,claudine delvaux,peter bonke,yann chapotel,catherine verheyde,hélène kritikos,pierre grobois,Éditions de minuit,theatre de l’atelier22/01/2023.

    Au Théâtre de l’Atelier le spectacle commence dans la salle : les soirs de premières la fréquentation fourmille de comédiens et comédiennes, ils ont le regard vif qui porte loin et le salut fraternel, avec une assiduité sans failles ils viennent soutenir et applaudir leurs copains. Alors que le pays gronde son mécontentement face aux réformes annoncées, ici personne ne discute et encore moins attend les directives gouvernementales pour décider l’âge de la retraite, il n’est pas question d’arrêter de jouer, jamais. A ce propos, le théâtre de la Place Charles Dullin tient sa programmation au plus près du temps qui passe, le sujet de « Fin de partie » est d’ailleurs très nécessairement inspirant. Dont acte.

    La pièce, écrite en 1957 par Samuel Beckett, est un huis-clos tragi-comique dont la savoureuse étrangeté littéraire traite de la dégradation des corps, de la fuite des esprits, de l’impotence des sentiments, et pas seulement… Cette inévitable et cruelle fin d’existence, Beckett l’attaque comme une énigme, il apporte des indices teintés d’humour noir, truffés de répliques corrosives, parfois tendres, en ne s’épargnant pas d’aller enquêter au fin fond de nos âmes, recoins sombres, affres et autres tourments.

    L’espace est indéfinissable, un peu démesuré, résolument abstrait. Comme si les angoisses existentielles de Samuel Beckett ne suffisaient pas à égarer ses personnages, Yann Chapotel, à la scénographie, et Jacques Osinski, à la mise en scène, œuvrent pour embarquer avec eux la salle toute entière dans l’envers du décors. Le tour est adroit, le spectateur sans défense, piégé dans l’immobilité passive des rangs de velours, assiste au drame. Un drame miroir, un peu, forcément.

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    Frédéric Leidgens est Hamm, il nous accueille dans sa demeure tel un roi shakespearien. Paralysé, coincé dans un fauteuil-trône, il a perdu l’usage de la vue comme celui de ses espérances. De ses grandes et belles mains fines, le vieillard fantasque exprime les derniers mouvements de la vie tout autour de lui comme les derniers soubresauts d’un animal blessé. Une sorte de puissance presque machiavélique le tient en alerte lorsqu’il s’agit de tyranniser Denis Lavant (Clov). Souffre-douleur, un peu résigné, parfois révolté, attentif et infiniment touchant, Denis Lavant propose une partition dansante entre commedia dell’arte et mime, il est un pantin désarticulé au visage drôle ou émouvant, héritier légitime de Chaplin ou Marceau. Enfin, émergeants de cercueils aussi cylindriques que de grandes poubelles, les très malins,  Claudine Delvaux (Nell) et Peter Bonke (Nagg), apportent une part d’humanité qui vient nous saisir à des instants totalement inattendus.

    La pièce est annoncée pour durer 1h50, cependant on soupçonne les comédiens de jouer les prolongations, il est fort à parier qu'ils se délectent dans les formidables répliques de Beckett, qu'ils cherchent à révéler des mondes parallèles dont peut-être même l’auteur en ignorait l’existence, et qu'ils goûtent avec gourmandise autant les silences émus que les rires des spectateurs. Rarement, décors, interprètes, mise en scène, lumières jusqu’aux costumes ne se sont aussi bien accordés. « Fin de partie » au Théâtre de l’Atelier est une création artistique, dramatique et plastique qui restera pour toujours. Attention chef d’œuvre !

    Laurence Caron

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  • « Balance ton père » au Théâtre Lepic

    Balance ton père,theatre lepic,Soren Prévost,Philippe Lelièvre,Philippe Dusseau,Erling Prévost,Léo Lelièvre,Capucine Grou-Radenez,Claire Djemah,Philippe Sazerat« Je ne sais pas si j'ai manqué au cinéma français mais à moi le cinéma français a manqué follement, éperdument, douloureusement.» C’était en 1996, Annie Girardot s’est saisi du César pour son rôle dans « Les Misérables » de Claude Lelouch. Au même moment, je me souviens du murmure de mon voisin de canapé : « Foutu milieu, foutu métier, …»*.  Et oui ! A ceux qui pensent que le choix d’une carrière artistique est un métier d’amusements, et accessible à tous, je vous invite vivement à aller voir « Balance ton père » au Théâtre Lepic, Søren Prévost dit tout, il dévoile l’envers du décor avec une superbe franchise de cœur et d’esprit. Sans concession aucune, ni pour les autres et ni pour lui-même. Søren Prévost ouvre les vannes pour laisser déferler des vagues de poésie aux accents délicieusement absurdes, parfois douloureuse, jamais résignée et toujours drôle.

    Avec une très élégante distance, et une délicate politesse qui n’appartient qu’à lui, Søren Prévost se raconte, toujours humble. Un autoportrait qui transforme la confidence en un récit universel. Ce passage artistique, peut-être obligé, est un travail abouti, un langage commun aux grands auteurs et artistes où l’humour a cette faculté particulière de traduire la couleur des sentiments avec justesse. 

    Comme le sous-entend le titre de son spectacle, être le « fils de … » est un prétexte, même si l'on sait à quel point la charge est compliquée, Søren Prévost semble plutôt super à l’aise dans ses baskets. Ni blasé, ni aigri, le comédien livre son ressenti de ce foutu métier*, avec ses succès –qui ne sont pas forcément et précisément ceux attendus, ses traversées du désert - qui le catapultent en père au foyer super actif, et ses remises en question – une dualité abyssale entre le besoin d’être aimé, la peur de l’abandon, … et le père. De ce dernier, on en parlera finalement peu. Le sensible Søren n’a aucune intention de tuer le père pour exister, bien au contraire il lui rend un hommage attentionné entre ruptures et déstructurations du propos, cet humour unique, une « signature Prévost ». 

    Alors que la crise égotique tient son siège, Søren Prévost se livre par les voix de ceux qu’il aime, sa femme, ses enfants, son père et ses compagnons de cordée, des plateaux de télévision au théâtre, et puis enfin il parle de sa mère dans un flot de tendresse qui tire les larmes. Comme Jiminy Cricket quand il vient surprendre Pinocchio, une véritable surprise (et talentueuse) texture et rythme l’ensemble à la perfection, mais sur ce point je ne dis rien de plus.

    Søren Prévost est résolu à être libre dans sa façon de réinventer le genre "one-man show", une liberté habilement maîtrisée par Philippe Lelièvre qui dessine une mise en scène réjouissante avec ce don d’infuser chic et burlesque dans d’égales proportions.

    A la scène comme à la ville, Søren Prévost est un artiste complet qu’il faut vite aller applaudir au Théâtre Lepic. Bravo l’artiste ! Bravo les artistes !

    Laurence Caron

    *citation Michel Caron ;-)

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  • « 1h22 avant la fin » à la Scala

    1h22 avant la fin,matthieu delaporte,alexandre de la patellière,kyan khojandi,eric elmosnino,adèle simphal,marie cheminal,françois hubert,laurent béal didier brun,anne schotte,romain scrive,arthur lamon,léa moussy,stéphanie laurent,didier brun,jerome rebotier,la scala,mélanie et frédéric biessyDans la création artistique qu’il s’agisse de théâtre ou de cinéma c’est quand même plus sympa d’être à deux ! Impossible de ne pas penser au duo lumineux et culte formé par Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui. Le « tandem Jabac » selon l'expression inventée par Alain Resnais a créé notamment de formidables passerelles du théâtre au cinéma, comme pour Cuisine et Dépendances au Théâtre Montparnasse (1992), un triomphe qui a été projeté deux ans plus tard au cinéma, ou un Un air de famille au Théâtre de la Renaissance (1994) qui a suivi la même voie.  Comme leurs aînés, presque vingt plus tard, les complices Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte avancent eux aussi en duo. En 2010, ils ont fait un carton plein avec Le Prénom (mise en scène de Bernard Murat) au Théâtre Edouard VII, fait rare à Paris la pièce a été jouée près de 250 fois. Puis, ce succès théâtral a été prolongé dans sa version cinématographique pour être célébré en 2013 par les Césars des meilleur(e)s acteurs-trices pour Valérie Benguigui et Guillaume de Tonquédec.  « 1h22 avant la fin » qui se joue actuellement est leur nouvelle création, le texte est de Matthieu Delaporte, Alexandre de La Patellière l'a rejoint pour la mise en scène. Sur le boulevard de Strasbourg, Mélanie et Frédéric Biessy les ont conviés sous le toit de La Scala, un abri éclectique reconnu comme rassembleur de talents. Il est aisé de comprendre à quel point l’attente du public est grande… c’est la rançon du succès.

    « Pas facile de mettre fin à ses jours quand on cherche à vous assassiner »

    C’est le postulat de départ. Grinçante, délicieusement cynique, funeste et pourtant drôle, la comédie du duo La Patellière /Delaporte répond aux codes et au ton savoureux attendus. Mais pas uniquement. A un tournant de la pièce, j’ai pensé au « Visiteur » d’Eric-Emmanuel Schmitt (paru en 1993) pour la dimension ésotérique et aussi psychanalytique. Car, si le duo à cœur de nous faire rire c’est pour mieux parler de nous. Cette écriture est sans concession, elle trifouille des recoins obscurs comme la solitude et l’échec, ou bien la peur et le regret. Seulement avec le pouvoir magique de la scène et l’humour élégant des deux compères, le théâtre nous arrache du quotidien tout en nous offrant une certaine distance face aux évènements.

    S’interroger sur l’existence, s’arracher du réel pour finalement... en rire
    Entre la profondeur des sentiments jusqu’à leur noirceur et la volonté de divertir un large public, l’équilibre est extrêmement difficile à tenir. Le rythme de la pièce est parfois un peu hésitant, il semble faire trépigner Kyan Khojandi, dont le rôle difficile est pourtant sensé tenir la colonne vertébrale de cette tragi-comédie... Cependant, exceptionnel toujours, Éric Elmosnino avec son allure nonchalante qui le caractérise se débrouille de tout. La sincérité et la virtuosité du comédien transforment ce qui est de l’ordre de l’immatériel en poésie avec une maîtrise parfaite.  Et puis, il y a Adèle Simphal. La comédienne a la fragilité du verre, le coupant et l’éclat : une jeune artiste à suivre avec la plus grande attention.

    Enfin, en ouverture, intermèdes ou virgules, la musique inventive de Jérôme Rebotier, exercé jusqu’alors aux musiques de films, fait aussi le grand écart : entre une profondeur émouvante incarnée notamment par des parties de violoncelle, et un humour léger texturé en « palala » qui font savoureusement penser à la grande tradition des films de comédie français…

    Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière ont un véritable don pour l’observation de notre espèce, ils saisissent les affres du temps, brossent des portraits tout en les parant d’humour pour qu’ils soient plus beaux...  « 1h22 avant la fin » est à découvrir jusqu’au 26 février à La Scala. Dans cette salle de spectacles, où l’architecture chaleureuse dessinée par Richard Peduzzi, tient sa promesse de vivier à succès, il est à noter la reprise de « Une Histoire d’amour » d’Alexis Michalik (Molière 2020) à 19h jusqu’au 26 mars.

    Laurence Caron

     

    Texte de Matthieu Delaporte
    Mise en scène Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière
    Avec Kyan KhojandiEric ElmosninoAdèle Simphal
    Scénographie – Marie Cheminal
    Régisseur général – François Hubert
    Lumières – Laurent Béal Didier Brun
    Costumes – Anne Schotte
    Construction Décor – Romain Scrive et Arthur Lamon 
    Assistante – Léa Moussy
    Assistante scénographie – Stéphanie Laurent 
    Assistant lumière – Didier Brun

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  • Les couleurs de l’abstraction de Sonia Delaunay au Musée d’Art Moderne de Paris, jusqu’au 22 février 2015

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  • Misery jusqu’au 6 janvier 2019 au Théâtre Hébertot

    théâtre hébertot,misery,stephen king,daniel benoin,jean-pierre laporte,francis lombrail,myriam boyer,viktor lazlo,rob reinerMyriam Boyer n’est pas une femme comme les autres. Elle a des supers pouvoirs. Elle a le don, par exemple, de transformer l’ombre en lumière…

    Ce pouvoir, elle a commencé à l’exercer sur elle. Sauvée par sa découverte du théâtre d’un destin qui ne s’annonçait pas des plus heureux, à chaque étape de son ascension elle a fait naître des étoiles sous ses pas. En 1977, elle reçoit le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Série Noire d’Alain Corneau. Vingt ans plus tard, elle est reconnue meilleure comédienne par l’académie des Molières dans Qui a peur de Virginia Woolf ? d’Eward Albee. Puis, à nouveau vingt ans se passent pour qu’un second Molière la félicite pour La vie devant soi de Romain Gary.

    En janvier 2014, dans « Chère Elena » de l’auteur russe Ludmilla Razoumovskaïa, elle avait bouleversé le public du Poche-Montaparnasse. Aujourd'hui, la comédienne est, jusqu’au 6 janvier 2019, sur la scène du Théâtre Hebertot aux coté de Francis Lombrail dans le duo tragique de Stephen King « Misery ».

    Misery fût porté à l’écran par Rob Reiner en 1990 (scénario de William Goldman), un chef d’œuvre Oscarisé, interprété par James Caan et Katy Bathes.

    Dans cette adaptation de Viktor Lazlo, Myriam Boyer est Annie Wilkes, elle est la « fan n°1 » de Paul Sheldon joué par Francis Lombrail, l’auteur à succès de la saga Misery. Au dehors, un blizzard neigeux obscurcie le ciel. Cloué au lit par un accident de voiture alors qu’il se dirigeait vers New-York, Paul Sheldon n’a aucun moyen d’échapper à sa terrifiante geôlière Annie Wilkes. Déterminée, la psychopathe a son idole à sa merci. Elle veut influencer l’auteur, elle souhaite notamment ressusciter son héroïne Misery dont Paul Sheldon tente de se défaire. On devine Stephen Kings se projeter dans le rôle de Paul Sheldon pour y dérouler les affres de l’écrivain à succès… 

    Le décor a une verticalité démesurée, il donne un sentiment de vertige, comme pour des insectes piégés par le sucre qui restent collés au fond d’un verre. La mise en scène de Daniel Benoin et la scénographie de Jean-Pierre Laporte se rythment de séquences vidéos dont l’utilité laisse perplexe, et gâche un peu l’atmosphère rendue suffisamment âpre par le jeu des comédiens et par le texte. Sauf, lorsque les comédiens s’échappent, vers une sorte d’envers du décor qui apparaît sur un écran noir et blanc et dont l’éclairage a la blancheur des asiles psychiatriques tels que le cinéma les représente. 

    Francis Lombrail est assez discret quant à son jeu, sa souffrance ne paraît pas à la hauteur des douleurs infligées par sa tortionnaire ; heureusement, quelques notes d’humour, dont Stephen King acidule cyniquement ses répliques, sont efficaces. Mais, l’ambiance n’est pas à la fête, Annie Wilkes est un monstre machiavélique pour lequel Myriam Boyer déploie une palette de sentiments inouïs. Entre ses traits crispés et ses froides manipulations, Myriam Boyer filtre quelques intentions tendres. Le jeu de la comédienne est tout en nuance. Annie Wilkes est assoiffée d’amour tout en étant absolument dénuée du moindre sentiment d’empathie. L’être instable déchaîne une violence d’une froideur terrifiante. Glaciale. 

    Myriam Boyer livre une interprétation si fine que malgré nos craintes portées par la tension du suspens, on en sort indemne, réjouis même. Avoir vu Myriam Boyer sur scène est un tel bonheur !

    Laurence Caron

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  • ”Danser sa vie”; art et danse de 1900 à nos jours...

    Le titre "Danser sa vie" est emprunté à la danseuse Isadora Duncan, pionnière de la danse moderne : « Mon art est précisément un effort pour exprimer en gestes et en mouvements la vérité de mon être. (...) Je n’ai fait que danser ma vie », explique-t-elle dans son ouvrage Ma vie, publié en 1928.


    Le Centre Pompidou consacre une exposition sans précédent aux liens des arts visuels et de la danse, depuis les années 1900 jusqu’aujourd’hui. Sur plus de deux mille mètres carrés sont présentées près de 450 œuvres : des chefs-d’œuvre de l’art du XXème siècle, de Matisse à Warhol; des chorégraphies qui marquèrent des moments clefs d’un siècle de danse, de Nijinski à Merce Cunningham ; et des œuvres d’artistes contemporains inspirés par la danse, d’Olafur Eliasson à Ange Leccia.

    À travers un parcours en trois actes, l’exposition montre la passion de l’art et de la danse pour le corps en mouvement.

     

    Au Centre Georges Pompidou, du 23 NOVEMBRE 2011 - 2 AVRIL 2012, galerie 1, niveau 6


    A noter, aujourd'hui, dans les Inrockuptibles, le programme complet de VIDEODANSE, en complément de l'expo. 

    De l'expressionnisme au flamenco, en passant par les danses hip-hop, indienne ou orientale, la danse contemporaine s'inscrit entre les styles pour que surgissent des figures improbables et que se crée une communauté inédite.

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  • Cyrano de Bergerac a l’âme musicale au Théâtre du Ranelagh

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    Le rôle ! Il est le plus jubilatoire, le plus lyrique, le plus fantasque mais aussi le plus casse-gueule. La verve d’Edmond Rostand n’a pas d’égal pour donner vie à Cyrano de Bergerac. La sincérité fait l'homme et le meilleur des hommes, fidèle, attentif, poète, tour à tour sombre et lumineux, drôle, bouillonnant et un brin soupe au lait juste ce qu’il faut pour attirer sur lui les flammes de ses adversaires si nécessaires à son besoin héroïque de se surpasser. Il est seul alors qu’ils sont cent, elle est belle alors qu’il est laid, toute l’empathie du monde se penche sur son cas. Il me semble que le chef d'oeuvre d'Edmond Rostand révèle une des parties les plus belles de notre Humanité. 

    L’œuvre jouée à chaque coin de rue est en ce début d’automne au sein du Théâtre du Ranelagh. Entre les murs précieux, ouvragés de chêne sculpté, la prose d’Edmond Rostand raisonne et sans perdre leur souffle la compagnie du Grenier de Babouchka lui donne une vie musicale. En musique en effet, au son du violon de Petr Ruzicka, les tirades célèbres s’articulent sur une scène dépouillée. Fond noir. L’espace est laissé libre au verbe et à la musique, les comédiens s’engagent dans quelques combats de cape et d’épée et renouent ainsi avec un théâtre spectaculaire. Le violon donc, initialement imaginé par Rostand lui-même, crée des intermèdes paisibles et colorés aux répliques exaltées et rend l’affaire tout à fait séduisante. Sur une mise en scène endiablée de Jean-Philippe Daguerre, l’ambiance est à la Commedia dell’arte, la troupe du Grenier de Babouchka prend un plaisir à jouer très communicatif. Stéphane Dauch est un Cyrano sensible et  drôle, le comédien se jette à corps perdu sur la scène et offre au public, tour à tour hilare ou ému, une véritable performance.

    Un spectacle pour tous, et en particulier si vous souhaitez : « chanter

    Rêver, rire, passer, être seul, être libre,

    Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,

    Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,

    Pour un oui, pour un non, se battre, — ou faire un vers… »* ;

    ce Cyrano de Bergerac est absolument à rencontrer.

    Laurence Caron-Spokojny

     

    *Cyrano de Bergerac – Edmond Rostand

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  • Niki de Saint Phalle au Grand Palais atteint sa cible en plein coeur !

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  • Woudwork 1 et Pas./parts de William Forsythe au Palais Garnier

    William Forsythe fait de sa danse une oeuvre plastique vivante. Les corps se déroulent et s’enroulent emportés par un vent démoniaque, les jambes battent, infiniment hautes, et, magnifiées par des bras qui s’élèvent vers un ciel conquis. Puis une accalmie, dans une précision d’horloger, les chorégraphies, de Woudwork 1 puis celle de Pas./parts, de William Forsythe décortiquent la danse avec une science exacte et harmonieuse sur les sons de Thom Willems. Une sorte d’étude cognitive du mouvement, la danse de William Forsythe éveille des sensations insoupçonnées nées d'une intuition raisonnée. L’intelligente alternance, lumière chaude - lumière crue, musique lancinante - stridente ou fortement rythmée, espace comblé – vide vertigineux, tient en alerte sans jamais faiblir sur le plateau noir du Palais Garnier qui ne m’a jamais paru aussi grand. Avec ce chorégraphe, le ralenti est intense autant que le vide est dense !

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  • L’Avare par le Grenier de Babouchka au Théâtre le Ranelagh

    Didier Lafaye,Philippe Arbeille,Olivier Girard,Pierre Benoist,David Mallet,Grégoire Bourbier,Mariejo Buffon,Stéphane Dauch,Etienne Launay,Bruno Degrines,Armance Galpin,Antoine Guiraud,David Ferrara,Stéphanie Wurtz Avec Cyrano et Le Cid, la troupe du Grenier de Babouchka nous a déjà régalé en ces lieux, pour cette fois il s’agit de l’Avare. Les pièces de Molière sont souvent jouées et reprises à toutes les sauces pourtant pour qui ne connaît pas les cinq actes, ou bien au contraire souhaite s'en délecter à nouveau, de cette comédie de caractère à la partition endiablée, cet Avare proposé au Théâtre le Ranelagh est idéal.

    Caricaturé à l’extrême, l'Avare se vautre dans le plaisir de posséder son argent au détriment du reste. Tyrannique avec ses domestiques, égoïste avec ses enfants, sexiste avec les femmes, l’Avare est définitivement un personnage odieux même si sur les planches du Ranelagh l’humeur est aux rires et le personnage phare et ses acolytes sont loin d'être antipathiques.

    Le Grenier de Babouchka offre une interprétation amusante, légère, assurément accessible au plus grand nombre comme l’aurait souhaité Molière. Les comédiens de la troupe sont tous formidables et ont un plaisir à jouer qui gagne le public. Parfois quelques traits caricaturaux semblent inutiles, il manque peut-être de quelques nuances de jeu, mais à quoi bon chipoter,  il en vaut mieux trop que pas assez, c’est le parti pris du metteur en scène Jean-Philippe Daguerre, l’écriture si intelligente de Molière suffit, le ton est à l’expressivité truffé de burlesque qui visent à se faire comprendre de tous. Louis de Funès quelque part planqué dans les hauts des cintres doit certainement veiller au grain... Les éclats de rire du jeune public sont la preuve d'une pièce réussie et le festin ne s’arrête pas là, il est à remarquer les somptueux et élégants costumes de Catherine Lainard qui signe un ensemble résolument chic par ces velours gris et soies orangées infusant la lumière. La place est belle pour ce Molière qui revigore l’esprit, oxygène les neurones et muscle les zygomatiques. Si vous avez un enfant (dès 8 ans) ou un ado sous la main (même très grand), embarquez-le !

    Laurence Caron

    A suivre, dans tout Paris : 
    Théâtre Michel
    Le Médecin malgré lui - Du 15 Octobre 2017 au 29 Avril 2018 
    Le Bourgeois gentilhomme - Du 19 Février 2017 au 21 Mai 2018 

    Théâtre Saint-Georges
    Les Fourberies de Scapin - Du 07 Octobre 2017 au 02 Juin 2018 
    Le Malade imaginaire - Du 14 Octobre 2017 au 12 Mai 2018 

    Théâtre Le Ranelagh
    L'Avare - Du 23 Septembre 2017 au 14 Janvier 2018 
    Cyrano de Bergerac - Du 21 Octobre 2017 au 10 Mai 2018 
    Le Cid - Du 18 Novembre 2017 au 19 Mai 2018

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  • Les 30 ans de la Géode = 30 films ! Du 7 avril au 30 juillet

     

    image003.jpgA l’occasion de son 30ème anniversaire, La Géode organise, du 07 avril au 05 juillet, un festival dédié aux documentaires d’exception dans les spectaculaires formats “pellicule 15/70 pour écran géant hémisphérique” et ”3D relief”.

    Pendant trois mois, les spectateurs auront l’occasion unique d’apprécier de trés nombreux films inédits. 

    Le festival présentera également une rétrospective des grands films qui ont marqué l’histoire de La Géode.

    Voyage à l’ère glaciaire, plongées en apnée avec les requins blancs, immersion dans les mondes invisibles, excursions à Madagascar avec les lémuriens… Ces films s’adressent à tous les publics et sont synonymes de découvertes et de sensations fortes.

    Au programme également, pour le plaisir des petits et des plus grands des week-ends thématiques : “spécial Dinosaures” (18/19 avril), “spécial Bestioles” (30/31 mai), “spécial Océans” (6/7 juin)

    Pendant le festival, le public décidera lui-même de la suite de la programmation de La Géode. Les spectateurs sont invités à noter les films afin de décerner “un prix du Public”. Le film primé sera à l’affiche de La Géode dès le mois d’octobre.

     

     LA GÉODE - 26 AVENUE CORENTIN CARIOU. 75019 PARIS - MÉTRO : LIGNE 7 - TRAMWAY : T3B - BUS : 75, 139, 150, 152 - ARRÊTS PORTE DE LA VILLETTE -

    INFORMATIONS ET RÉSERVATIONS 

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  • « Double Je », jusqu’au 16 mai au Palais de Tokyo

    double je,palais de tokyo,Franck Thilliez

    « Double Je » au Palais de Tokyo est une exposition intelligente. Le concept s’appuie sur une intrigue policière imaginée par Franck Thilliez. Il s’agit d’une enquête palpitante et extrêmement détaillée sur les métiers des artisans d’art. 

     

    Au delà de sa mise en scène romancée et de sa scénographie qui flirtent intimement entre la meilleure littérature du genre Polar et un rendu cinématographique bourré de références, « Double je » est une découverte sur ce qu’il se fait de mieux en matière d’artisanat d’art. Les ancestrales et minutieuses techniques des plumassiers, brodeurs, céramistes, ébénistes et autres n’hésitent pas aussi à créer des liens, évidents et parfois surprenants, avec les nouvelles technologies les plus pointues. Radicalement pop, un brin rockn’roll, les artisans d’art aux talents époustouflants, de savoir et d’expérience, s’inscrivent ainsi dans une exposition artistique fascinante, et, donnent véritablement l’envie aux plus jeunes de s’engager dans une de ces voies ou bien encore, pour les autres, d’en faire l’apologie !

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Kinship au Théâtre de Paris : Vittoria Scognamiglio, Isabelle Adjani et Niels Schneider

    franck joucla castillo,barnabé nuytten,dominique bruguière,dominique borg,théâtre de paris,vittoria scognamiglio,isabelle adjani,niels schneiderLe Théâtre de Paris, comme le Théâtre Hébertot et « Les cartes du Pouvoir », est à l’heure américaine avec un autre auteur contemporain : Carey Perloff. "Kinship" conte l'histoire d’un amour brisé, librement inspirée par le Phèdre de Racine.
    Comme hachés au couteau, les tableaux de Kinship s’enchaînent sur un rythme qui avale le temps, 1h40 sans entracte. L’ambiance est dépouillée, l'espace est réservé aux sentiments. Trois comédiens : Niels Schneider est un très juste et très passionné jeune premier, Vittoria Scognamiglio est une mère et amie, émouvante et sincère, et Isabelle Adjani est la femme amoureuse, et elle est… Elle est Isabelle Adjani.

    Le portrait de la star, une photographie en noir et blanc, descend des cintres, comm

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  • « La danse du diable » de Philippe Caubère : l'art diabolique !

    philippe caubère,maurice béjart,jean babilée,théâtre de l'athénée,la danse du diablePhilippe Caubère est un comédien hors normes…n’est-ce pas ce qui est souhaitable pour un artiste ? Concentré, sensible et grandiloquent, le comédien est absorbé par le cheminement de l’histoire qu’il raconte, et par le souffle qu’il déchaîne pour donner vie à chacun de ses personnages, tant et si bien que parfois, il semble oublier un peu son public… La salle du Théâtre de l’Athénée est comble, un public déjà conquis s'abandonne à son idole. Philippe Caubère articule un show diabolique, le spectacle porte terriblement bien son titre « La danse du diable ».

    Le comédien est seul en scène, fantasque et inconséquent, il s’exhibe, il bouscule, il s’offre totalement. Il étend ses bras et franchit d'un pas la scène, il embrasse et embrase l’espace ; s’il le pouvait, il viendrait bouffer l’oxygène de la salle dans son entier et pourquoi pas le public par la même occasion !
    Vorace, il est un monstre, indomptable, inépuisable, un animal sauvage au jeu de scène sophistiqué, à aucun moment il ne lâche son auditoire, il est partout, même lorsqu’il échange un accessoire ou un costume, il ne quitte pas les planches. En une esquisse finement griffée, il rattrape l’attention qui parfois tente de s’égarer lors de ces plus de trois heures de spectacles... C'est un débordement génial, trop de mots, trop de gestes, trop d’émotions, trop de rires, trop d’étonnements, et trop, bien trop long... 

    philippe caubère,maurice béjart,jean babilée,théâtre de l'athénée,la danse du diableMarathonien du drame et de la drôlerie, il avance, force monumentale, sorte de bulldozer littéraire, il dessine sans retenue un langage recherché composé de fines observations, d'une prose existentielle, d'un militantisme idéologique, de la poésie de l’enfance ou de profondeurs abyssales ponctuées de quelques superficialités inattendues.
    Philippe Caubère est Le Molière d’Ariane Mouchkine, le plus bouleversant, celui qui restera à jamais inégalé, il est aussi un metteur en scène et un très grand auteur. Résolument engagé dans ses actes et choix artistiques, il est autant contestataire que provocateur s’il juge la cause nécessaire.

    Depuis plus de trente ans « La danse du diable » rebondit entre cour et jardin, inonde les parterres de spectateurs enthousiastes ; au fil des improvisations du comédien, la matière brute se lisse ou s’effrite, s’affine ou s’épaissie. La scène est toujours trop étroite pour Caubère, le public n'est jamais assez nombreux, à l’image d’un Johnny Halliday pour qui il dessine des instants cultes : offrons-lui un stade ! Il est un immense comédien, sa technique de jeu irréprochable le maintient dans une certaine mesure (heureusement), il s’emporte, il ne s’arrête jamais, il a tant de choses à dire, tant de choses à montrer, et puis il est tellement libre !
    Le monde est trop petit pour Philippe Caubère et peut-être que le temps l’est aussi : le comédien dédie cette « Danse du diable » à Jean Babilée qui interpréta « Le Jeune Homme et la mort » (Maurice Béjart) plus de 200 fois, il créa ce ballet à 20 ans et il le dansa encore à plus de 60 ans…

    Laurence Caron-Spokojny

    « La Danse du Diable évoque autant qu’elle raconte, car c’est un spectacle comique et fantastique, c’est-à-dire poétique, l’enfance et l’adolescence d’un enfant du pays provençal, Ferdinand Faure, dans les années 1950 à 1970. Les Chartreux, Saint-Louis, le parc Borély, et même le château de Picasso à Vauvenargues en sont les "décors". Bien connus des Marseillais, ils seront découverts par les autres. De Gaulle, Sartre, Mauriac, Malraux, Johnny, Roger Lanzac, Lucien Jeunesse, Gaston Defferre, François Billoux, "Souliounoutchine", la panoplie des stars de ce temps-là sera au rendez-vous. La Danse du Diable, c’est surtout le portrait de Claudine Gautier ("nom de jeune fille…"), mère de l’auteur et de son double imaginaire, qui mène tout le monde, le récit et la représentation elle-même, à un train d’enfer et sous sa férule impitoyable, son imagination débordante, son bagout intarissable. On verra aussi que l’histoire était finalement plus triste qu’on aurait pu l’imaginer d’abord, quand on aura compris que cette logorrhée joyeuse n’était que la course à perdre haleine contre le seul adversaire qui finit pas toujours gagner : la mort ! »

     

    [Philippe Caubère, le 1er juillet 2013]
    La Danse du Diable a été créée le 3 mars 1981 au Ciné Rio de Bruxelles, dirigé par Stéphane Verrue et Christian Baggen.

     

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  • ”King-Kong Théorie” au Théâtre de l'Atelier

    15216314672688.jpgPercutée en plein vol. Lors d’un voyage en auto-stop, Virginie Despentes est violée, elle a dix-sept ans. Plus rien ne sera comme avant. La trajectoire est déviée, pas forcément dans la direction que l’on imagine. Au delà des apparences, au delà d’un féminisme établi, Virginie Despentes s’inquiète de la condition de la femme dans un essai biographique féroce « King-Kong théorie » édité chez Grasset en 2006.

    La prostitution, la pornographie, rien n’est épargné, ni personne. L’adaptation théâtrale de Valérie de Dietrich et Vanessa Larré s’extrait de l’écriture dense et serrée de l’auteure pour se délier sur la scène du Théâtre de l’Atelier.

     

    Il n’y a pas que de la violence. Lorsqu’un propos se révèle trop fort, trop douloureux, trop cru, le livre peut se refermer, s’abandonner quelques instants, même s’oublier. Au théâtre il n’existe pas d’autres sorties de secours que celles indiquées par les petits rectangles lumineux vert et blanc. Tout est vécu en direct, en vrai. Par exemple, il y a cet aparté intelligent qui interrompt le flux des mots, les comédiennes se tournent vers le public et un peu d’humour rafraîchit l’atmosphère lourde de ce mois de juin parisien. Un moment suspendu, drôle même s’il demeure profond, pendant lequel nous reprenons notre respiration et échappons quelques minutes à ces interrogations criantes. Ces monstres qu'on ne sait toujours pas bien nommer.  

    Les comédiennes Anne Azoulay, Marie Denardaud et Valérie de Dietrich peuvent tout dire. Sans rougir. Sans faiblir. Puissantes et aériennes elles maîtrisent le texte sauvage. Ce qui pourrait paraître grossier ou vulgaire ne l’est pas, jamais. La mise en scène de Vanessa Larré a pour unique souci de faire briller ses interprètes. Elle offre tout l’espace nécessaire pour exprimer la liberté d'expression du propos, incisif et intrusif.
    Des coups de dents, de griffes et de gueule sont adroitement donnés par le trio, ça vise juste. On aimerait presque que cela soit moins juste au regard de notre actualité. Pourtant le sujet est inévitable, brûlant. Il est à souhaiter que le sujet se ringardise, à jamais. 

    Virginie Despentes s’éloigne de toutes les formes de militantisme, définitivement pas politiquement correcte. Virginie Despentes est une résistante. L'adaptation de King Kong Théorie au Théâtre de l’Atelier est une piqûre de rappel ou plutôt une grande baffe, indispensable, un partage théâtral qui lutte contre toutes les formes d’endormissement. Régénérant. A voir absolument, évidemment. 

    Laurence Caron

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  • Hot House au Théâtre du Lucernaire est une maison bourrée de talents !

    Il fait froid, c'est l'hiver. Roote, Gibbs, Cutts, Lush, Lamb et Tubb sont les cadres d'une institution vouée au repos et au bien être de leurs patients. 
    Mais aujourd'hui, le jour de Noël, la neige s'est changée en boue... Le matricule 6457 est mort, et le 6459 vient d'accoucher d'un fils... Ça n'était jamais arrivé. L'institution est en danger.

    Fanny Decoust,Benjamin Bernard,Grégory Corre,valéry forestier,erwan laurent,lucernaire,hot house,laurence caron-spokojnyLes comédiens, Fanny Decoust, Benjamin Bernard et Grégory Corre, retenez bien ces trois noms là, forment le collectif AA ; ajoutez Valéry Forestier, le metteur en scène, et, la musique d’Erwan Laurent : voici un décapant HOT HOUSE au toujours très novateur Théâtre du Lucernaire.

    HOT HOUSE a été créée le 24 avril 1980 au Hampstead Theatre de Londres dans une mise en scène de son auteur Harold Pinter, puis en France au Théâtre de l'Atelier en 1986 dans une mise en scène de Robert Dhéry. 
    Enfant légitime du Théâtre de l’absurde ou du Théâtre de la Catastrophe (mouvements 1950-1970), HOT HOUSE met en exergue la dérive des relations humaines dans un espace clôt (une maison de repos), radicalement déraisonnable, une forme de schizophrénie s’empare du personnel administratif du lieu, une folie malsaine…

    fanny decoust,benjamin bernard,grégory corre,valéry forestier,erwan laurent,lucernaire,hot house,laurence caron-spokojnyPourtant, devant la gravité d’un tel propos, cherchant à dénoncer sans relâche l’incohérence du monde, si important pour son auteur - Harold Pinter fut un ardent défenseur des droits de l’Homme - les artistes du collectif AA déroulent l’ensemble avec une légèreté formidable. La frontière physique qui sépare la scène et le public est effacée, les comédiens s’adressent au public, en vrai. Le ton est donné, il sera hystérique du début à la fin, dingue. L’absurdité régnante et la sophistication extrême de la plume d’Harold Pinter ne constituent pas un obstacle, le décor se monte et se démonte, il glisse, les comédiens aussi, rythme, élégance, fluidité, presque un ballet, et le tout tenu par une tension qui ne flanche pas, la performance des acteurs est époustouflante. Hier soir, c’était la première représentation, quelques nuances ont manqué (on devient très exigent devant la qualité) : infimes articulations. Mais l’ensemble est admirable, moderne, voici enfin de jeunes artistes qui vont puiser dans ce qu’il y a de mieux dans notre histoire théâtrale, Peter Sellars et Bob Wilson ne peuvent les renier, sous l'oeil bienveillant de Samuel Beckett...

    Précipitez vous sans attendre une seconde, réservez vos places, il s’agit sans nul doute d’une des meilleures pièces  de cette saison !

    Le théâtre du Lucernaire demeure ainsi une source de talents intarissable. A explorer encore et encore…

    Laurence Caron-Spokojny

     

    HOT HOUSE de PINTER du 13 novembre au 11 janvier 2014, du mardi au samedi à 21H00. 

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  • « LA SOCIETE DES LOISIRS» au Petit Théâtre de Paris : « dé-Raison et sentiments »

     

    la_societe_des_loisirs_-_theatre_de_paris-9d1b4.jpgMarie et Marc sont heureux, très heureux. Ils ont un métier  stressant mais épanouissant. Une très belle maison, même si la piscine demande beaucoup d’entretien. Un enfant adorable, mais qui pleure beaucoup. Et bientôt un deuxième enfant. Par manque de temps, cette fois,  ils ont choisi l’adoption : une petite chinoise, ils sont doués pour la musique, les chinois, et comme un piano trône dans le salon autant qu’il serve.   Bref un couple épanoui, moderne,  un couple modèle… enfin presque…  

     

    L’auteur canadien François Archambault fut récompensé pour « La Société des loisirs » par « Le masque du texte original » à la soirée des Masques en 2004 (Prix théâtraux remis au Québec). Oscillant adroitement entre le Drame Bourgeois du 18ème siècle et le Théâtre de l’Absurde du 20ème siècle, François Archambault projette, sur les planches du Petit Théâtre de Paris, les angoisses métaphysiques d’un couple. Ces bobos (Cristiana Réali et Philippe Caroit), très bien installés socialement, semblent perdus dans une existence dénuée de sens, sans idéaux. Ce soir là, leur vie se cristallise sur deux autres personnages, l’ami, Stéphane Guillon, et sa toute jeune conquête, Lison Pennec. Il s'avère que le sexe pourrait être un échappatoire à leur questionnement, peut-être un moyen d’atteindre autre chose, une chose qu’ils n’ont pas...

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    Et l’écriture se délie, profonde et infiniment drôle ; à la fois accusateur et plein de compassion, François Archambault n’épargne pas ses personnages. Somptueuse, Cristiana Réali délivre ici une performance tenue, du début à la fin, par une constance de jeu d'une force incroyable. A ses côtés, (le beau) Philippe Caroit se glisse dans le costume du « mari parfait », un peu faiblard, le rôle est difficile, peu importe il s’applique à mettre sa partenaire en valeur même lorsque son personnage dérape, il a l’élégance (très) rare de lui laisser le beau rôle pour répondre aux exigences de son personnage. Lison Pennec, dans le rôle de « l’aventure d’un soir », est nullement impressionnée par les trois grands comédiens qui l’entourent, elle sait imposer son personnage avec un jeu délicat qui lui aussi évite de tomber dans toutes les ornières grotesques de ce type de rôle. Quant à l’ami, c’est Stéphane Guillon, l’humoriste s’échappe un temps de sa fonction connue pour renouer avec sa formation première « comédien ». Après ce rôle, au cynisme dégingandé, un brin pervers, et toujours aussi charismatique, Stéphane Guillon a maintenant le devoir d’accepter de jolis rôles tout en continuant à nous abreuver de son humour transgressif.

    Enfin, en plus du ton qui saurait plaire à Woody Allen, il y a quelque chose de très cinématographique dans la mise en scène, un jeu de lumière rythme les scènes, le décor est soigné, les personnages se déplacent avec un naturel déconcertant. Stéphane Hillel dessine une mise en scène avec un regard juste, le texte et les comédiens sont toujours autant mis en valeur, le metteur en scène s’attache à l’essentiel avec grand soin, le résultat est chic, très chic.

    "La Société des Loisirs" part en tournée, elle saura montrer au public à quel point il n’y a rien de mieux qu’un moment passé au théâtre lorsque le théâtre est aussi bien servi !  

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Les rapposters de Zaven Najjar : 100 jours, 100 posters, 100 lyrics

     zaven najjar,watchout,anne lecerf,laurence caron-spokojny,rap,tumblrwatchoutA l’heure où les oeuvres sur papier tentent à être de plus en plus retranscrites et diffusées en numérique, de jeunes artistes utilisent internet comme support de création à part entière : une façon de rester connecter à leur environnement en temps réel et librement. 
    Dans ce vivier foisonnant de talents, le tri n’est pas toujours facile à faire, que ce soit pour la musique, l’écrit, les arts plastiques ou bien l’image. A la croisée des chemins, des rencontres sont possibles, il s’agit souvent d’artistes protéiformes, des artistes émerveillés qui puisent leur inspiration dans un quotidien où les arts se mêlent adroitement, et, où la frontière entre le culturel et le social n’existe pas. Et ce quotidien se renouvelle chaque matin… 


    zaven najjar,watchout,anne lecerf,laurence caron-spokojny,rap,tumblrwatchoutC’est le cas pour Zaven Najjar.

    Depuis 2010, Zaven Najjar, diplômé de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs, flirte avec les limites de l’univers pictural, qu’elles soient animées ou mobiles il jongle avec tout ce qui peut se faire en matière d’images. Directeur artistique, photographe, matte-painter ou bien encore réalisateur de courts métrages et de clips, Zaven Najjar parvient à traduire son imaginaire avec justesse. 

    Comme on relève un défi, pour canaliser son inspiration ou bien encore sous la forme d’un exercice de style, Zaven Najjar décide, un matin, de créer 100 affiches sur 100 jours en hommage au rap sur Tumblr.

    zaven najjar,watchout,anne lecerf,laurence caron-spokojny,rap,tumblrwatchoutChaque jour Zaven Najjar illustre des lyrics choisis du rap au hip-hop. Les accents et sons rythmés de Kanye West, Oxmo Puccino, IAM ou Gil Scott Heron sont perçus graphiquement, la musique s’écrit autrement. Pour certains morceaux musicaux, français ou américains, Zaven n’était pas encore né, peu importe la musique n’a pas d’âge : pas de message délivré, pas de chronologie établie, pas de manifeste non plus, l’intention de Zavan Najjar n’est pas de retracer une histoire exhaustive du rap, il s’agit de ressenti, une déclaration d’amour radicale, sensible.

    A seulement 26 ans, Zaven Najjar déroule un parcours déjà bien fourni, il semblerait qu’après le rap ce soit la pop culture qui lui fasse des appels du pied, un tout autre registre… à suivre avec la plus grande attention.

     

    Laurence Caron-Spokojny

     


    Zaven Najjar expose jusqu’au 17 novembre à la BNF dans le cadre de l’exposition :

    «Graphisme contemporain et patrimoine(s)» : 

    L’exposition présente un choix de travaux de graphistes réalisés dans les années 2000, en France, pour un lieu, une collection, ou une manifestation à caractère patrimonial. 


     Pour en savoir plus http://www.watchout.fr

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  • Sinbad le Marin fait une escale au Musée National de la Marine

    Sinbad le Marin était originaire d’Oman ; il n’est pas question d’en douter, les contes des Mille et une Nuits ont puisé ici leur inspiration, bercés par le souffle du vent dans les voiles cousues de fibre de coco de ces bateaux de bois précieux, ces cuivres rosés, ces soieries chatoyantes et ces courageux omanais à la fois pêcheurs et aventuriers.

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    Serti par l’Océan Indien au sud et par le Golfe arabique au nord, le sultanat d’Oman est un bijou dont l’éclat a été particulièrement étincelant dès le VIIème siècle avec l’ouverture de la route de la soie qui s’est avancée dans le sillage de la route des épices, du cuivre et de l’encens.
    Il est aujourd’hui possible de faire ce voyage en descendant au métro Trocadéro à Paris, le Musée National de la Marine propose jusqu’au 5 janvier 2014, l’exposition «Oman et la mer». L’exposition est un peu petite, c’est dommage. Le sujet est fascinant et ces 
    voyages proposés par ces intrépides marins omanais mériteraient que l’on s’y attarde plus longtemps 

    Cette exposition temporaire est pourtant un très bon prétexte pour parcourir à nouveau les salles impressionnantes du musée. Ici, l’archi-minuscule des maquettes rivalise avec l’archi-grandiose des sculptures, représentations et peintures. La collection exceptionnelle de peintures de marine, les paquebots, les sous-marins, les cuirassés, les voiliers et les bateaux à vapeur, les poupes et autres ornements nous rappellent que la présence humaine sur les fleuves et océans continue à nourrir nos désirs de conquête et à écrire l’histoire.

    Aussi pour échapper à la grisaille qui s’installe peu à peu, le vent du large est à prendre au Musée National de la Marine, la houle est bonne et le dépaysement est assuré pour les grands et les petits. Bon vent !

    Laurence Caron-Spokojny

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  • « Azzedine Alaïa est l’aristo de la générosité » disait Arletty

    Après quatre années de travaux (dont on ne voyait plus la fin) le Palais Galliera, temple flamboyant dédié à la mode, ouvre ses portes à la première monographie à Paris consacrée au couturier Azzedine Alaïa, jusqu'au 26 janvier 2014.  Enfin !


    Alaïa en réouverture du Palais Galliera 

    azzedine alaïa,laurence caron-spokojny,musée galliera,angelin preljocajArletty avait raison ! Voici un homme qui aime éperdument la beauté, celle des  hanches, épaules, jambes, et taille, celle des courbes et lignes qui font que le corps de la femme symbolise la grâce et l’élégance à part entière. Il ne s’agit pas d’un couturier tout à fait ordinaire (bien que la haute-couture ne le soit jamais), il s’agit tout d’abord d’un sculpteur du corps (il est diplômé des Beaux arts de Tunis en Sculpture), ainsi il moule soie, mousseline, gaze, cuir, laine bouillie et perles directement sur le corps de la femme. Les tissus épousent le corps par de savantes découpes en biais, les matières choisies, souvent novatrices, glissent comme de l'eau afin d'accompagner le mouvement au plus près de sa justesse. (photo de droite : Grace Jones en Azzedine Alaïa par Greg Gorman, 1991)

    524650f63570bed7db9f718a.jpgRécemment Azzedine Alaïa a inventé les costumes de la création chorégraphique «Les Nuits» d’Angelin Preljocaj. Esthète cinématographique, il s’inspire aussi des costumes militaires (sublimes pièces à manches), de l’univers du spectacle, et surtout de ses muses Arletty, Grace Jones, Farida Khelfa, Greta Garbo ou Tina Turner, et bien d'autres pour lesquelles il érige des autels dignes des déesses de la mythologie en leur offrant des robes d’amazone ou d’elfe… Cet homme  aime les gens, infiniment, et il le montre, autant dans ses créations que dans ses attentions privées.

    Le bon couturier dévoile les charmes du corps féminin avec une délicate autorité, le corps se fond en armure, la démarche se fait alors plus altière, assurée, les ondulations du corps marquent le rythme, le port de tête est souverain.

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    L’intention artistique d’Azzedine Alaïa a une dimension politique, la femme s’émancipe, affirme son indépendance, sa différence et sa féminité ne sont plus cachées sous de sinistres tailleurs ou exhibées dans des décolletés obscènes. La révolution prend les armes de l'esthétisme pour se couler dans une revendication féministe audacieuse, une ode à la femme, tout le temps sexy, ludique et drôle aussi, et à jamais conquérante.

    Merci Monsieur Alaïa. 

    Laurence Caron-Spokojny

    * L’exposition est à poursuivre dans la salle Matisse du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

     

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  • ”La chanson de l'éléphant” est un air formidable !

     

    la chanson de l'éléphant,laurence caron« The Elephant Song » de Nicolas Billon a vu le jour au sein d’un atelier d’écriture à Montréal, puis joué au Festival Stratford du Canada, l’élégant texte est pour la première fois présenté en France sur les planches toujours aussi novatrices du Petit Montparnasse.

    C’est un personnage fragile et puissant, celui de Michaël, enfermé dans un asile de fous, qui marque les premiers pas sur scène de Jean-Baptiste Maunier (très jeune star à l’issue du film les Choristes de Christophe Barratier en 2004). Exercé au jeu par l’école de Lee Strasberg de New-York, Jean-Baptiste Maunier, du haut de ses 22 printemps, livre une démonstration qui semble puiser au plus profond de lui-même, il ne s’épargne rien, les tourments de son personnage vibrent, douloureusement, méthodiquement il décortique, analyse, digère et donne. Intense et physique, il y a quelque chose de Brando dans ce grand gamin là mais aussi quelque chose de Jean-Louis Barrault, une poésie discrète, un genre de s'excuser...

    En face, Pierre Cassignard donne une leçon différente au jeune acteur, d’un jeu plus classique mais tout aussi fervent, maîtrisé, il est ce psychiatre aussi directeur de son établissement ; sa performance est remarquable. Tandis que Christine Bonnard rythme les scènes par ses apparitions sincères et délicates dans le rôle de l’Infirmière Peterson.

    La différence d’âge des deux acteurs, leur façon de jouer, et, l’écriture fine de chacun des rôles, opposent les deux protagonistes pour apporter toute sa justesse au propos. D’Amour il est évidemment question mais il s’agit de celui qui se cache, celui qui asservit, le pervers, celui qui ordonne et détermine les choses de la vie dès le départ et qui paralyse le libre arbitre pourtant si essentiel à notre humanité. Le metteur en scène, Bruno Dupuis, orchestre l’ensemble avec une grande simplicité apparente, la part belle est laissée au jeu des comédiens, emportés par la fluidité du texte, les déplacements sur scène scandent des sentiments bourrés de paradoxes… qui raisonnent encore.

    La vidéo de Léonard et le décor très cinématographique de Sophie Jacob renforcent l'ambiance de thriller psychologique, la silhouette d'Alfred Hitchcock semble parfois se dessiner et les couloirs de l'hôpital psychiatrique de "Vol au dessus d'un nid de coucou" s'étirent derrière la porte.

    Tout d’abord circonspect, puis intrigué, déstabilisé, puis tout à fait bouleversé, il est impossible d’en sortir indemne.

    Magnifique, allez-y.  

    Laurence Caron-Spokojny

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  • ”Salaud, on t'aime” de Claude Lelouch, sur les écrans le 2 avril

    claude lelouch,cinéma,sandrine bonnaire,johnny halliday,eddy mitchellEntrer dans une salle de cinéma est comme embarquer sur un formidable vaisseau. Ses destinations inconnues, dessinées par l’ombre, la lumière et la couleur, invitent aux voyages, à des aventures fabuleuses, à des rêves inaccessibles ou à des fantasmes inavoués. Le voyage promet souvent, comme en littérature, de sublimer nos vies et d'apporter la nourriture, impalpable et nécessaire, à notre imagination.
    Cela n’est pas le cas pour tous les genres de cinéma, il y a aussi les films qui parlent de 'nous'. Du domaine de l'intime, avec ou sans pudeur, le décryptage s'étend parfois jusqu'aux confins de nos âmes. Il s’agit aussi d’une initiation au voyage, le trajet s’avère encore plus mouvementé que la traversée d’une page historique ou d’un conte fantastique. C’est le cinéma de Claude Lelouch, il raconte des histoires de vies, les nôtres ou celles d’à côté, mais aussi les siennes. Le réalisateur flirte parfois avec un certain réalisme, les petites histoires deviennent alors de grandes histoires, et il les raconte comme si elles étaient des fresques épiques.

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